Habib Tengour
Césure - IV.
Césure - IV.
Y a-t-il quelqu'un ? La question ne semble pas absurde malgré la déso-lation des lieux. A y réfléchir, il doit bien y avoir une âme en sursis. Elle hante les parages. Il a appris à déclamer pour masquer ses demandes. Il a même fini par ne plus rien attendre, laissant les mots dire à leur guise. D'ailleurs, ce ne sont pas les mots qui disent mais la manière ou le regard d'accompagnement. Avec le temps le stock se réduit considérablement. Il n'ose plus puiser dans le lexique. Ce qu'il sait dire, il ne sait plus le dire. C’est à peine s’il articule. Cet amour, par exemple, qui est là. Tatouage au dos d’une main. Il est bien là. Dans le miroitement. Et lui-même au bord des larmes et du rire. A peine s'il distingue les traces du campement au milieu des débris.
…
Il se remémore sans hésitation tous les vers des poètes anciens.