Theresa Benkert 
Translator

on Lyrikline: 3 poems translated

from: 法文 to: 德文

Original

Translation

CANTILÈNES (extrait)

法文 | Marie-Célie Agnant

Aborde ce corps
tel l’archéologue
dépoussière le joyau enseveli
parcours vallons collines grottes et jardins
ici nul plumage trompeur
les arbres portent fleurs et flambeaux
ici tant d’effervescence de splendeurs tues
les morsures sont de cristal
j’ai tissé un linceul pour l’égo
et dans le silence des nuits
j’écoute le chant des étoiles

J’ai la nostalgie de l’abandon
tremblante rivière détournée de son lit
je poursuis ce rêve d’un lointain royaume
sans décombres ni escaliers achalandés
Un royaume rien que pour moi
sans portes ni fenêtres
pour accueillir toute la lumière du monde
et celle de tes yeux
Me manque cet orage qui au mitan du jour
démembre les corps
me manquent le poids du baiser
nos souffles engloutis par les sables du désir
dans les vallons de nos draps

Ouvre-moi une porte dans les nuages
je veux la franchir
accéder aux îles fabuleuses
où vivent chercheurs de rêves banquistes illusionnistes
J’ai faim de délires de trémolos
offre-moi une ligne plus loin que l’horizon

Je voudrais tant pour une fois
être femme sans armure
sans autre histoire
que celle de ta bouche
Berce mon cœur avec un conte de fées
où tu joues tous les personnages
je te laisserai cueillir mes songes et saisir à pleines mains
la fulgurance de mes désirs
puis de ma langue et de mes dents sur ton corps
j’écrirai
notre pacte secret

Invente-moi un rituel
je me ferai lune pleine
lune ronde
lune bleue
Ivre et curieuse
infatigable
j’épellerai tes cils
je nommerai tes pores
Mes bras mes seins mes cuisses
et la fleur de mon nombril
te rappelleront alors cette langue oubliée des humains

© Pleine lune
from: Femmes des terres brûlées
Montréal: Pleine lune, 2016
Audio production: Haus für Poesie, 2020

Kantilenen (Auszug)

德文

Nähere dich dem Körper
wie ein Archäologe
entstaube den begrabenen Juwel
durchstreife Täler Hügel Grotten und Gärten
hier kein trügerisches Gefieder
die Bäume tragen Blüten und Fackeln
hier so viel Aufruhr verschwiegener Schönheiten
die Bisse sind aus Kristall
ich habe ein Leichentuch für das Ego gewebt
und in der Stille der Nächte
höre ich den Gesang der Sterne

Ich sehne mich nach Verlassenheit
zitternde aus ihrem Bett geleitete Flussader
ich verfolge diesen Traum eines fernen Königreichs
ohne Trümmer oder belebte Treppen
Ein Königreich für mich allein
ohne Türen oder Fenster
um alles Licht der Welt aufzunehmen
und das deiner Augen
Mir fehlt dieses Gewitter das mitten am Tag
die Körper spaltet
mir fehlen die Schwere des Kusses
unser Atem verschluckt vom Sand der Begierde
in den Tälern unserer Laken

Öffne mir eine Tür in den Wolken
ich will sie durchschreiten
zu den fabelhaften Inseln gelangen
wo Traumsucher Gaukler Zauberkünstler leben
Ich hungere nach Delirien nach Tremolos
schenke mir eine Linie weiter als der Horizont

Ich würde so gern einmal
Frau ohne Rüstung sein
ohne eine andere Geschichte
als die deines Munds
Wiege mein Herz mit einem Märchen
in dem du alle Figuren spielst
ich lasse dich meine Träume pflücken und die Hände füllen
mit dem Funkeln meiner Sehnsüchte
und dann mit Zunge und Zähnen auf deinem Körper
schreibe ich
unseren geheimen Pakt

Erfinde mir ein Ritual
ich werde zum vollen Mond
runden Mond
blauen Mond
Trunken und neugierig
unermüdlich
ich buchstabiere deine Wimpern
ich benenne deine Poren
Meine Arme meine Brüste meine Schenkel
und die Blüte meines Nabels
erinnern dich dann an diese von den Menschen vergessene Sprache

Aus dem Französischen übersetzt von Theresa Benkert

ENFANCE (extrait)

法文 | Marie-Célie Agnant

Rien de plus beau que cette maison
des jours d’avant
dans son jardin le vent
de branche en branche
se promenait
démesure – folie douce
Les cheveux en bataille de la vigne
où les enfants jouaient à se cacher
Les raisins acides
sur nos lèvres
avaient aussi un goût de flammes
le pied de fruit à pain
ses feuilles en éventail
et dans le grand bassin
nos rêves remorqués
par la chevelure
des sirènes

Nos rêves pur-sang ailés
dans ces nuits plus que ténèbres
voyaient défiler des caravanes de mystérieux secrets

Puis l’orage
les arbres bruissaient leur tristesse
le vent n’était plus qu’une effroyable brûlure

Dans cette maison des jours d’avant
je n’avais pas encore appris
à avoir peur de ma propre ombre
***

© Pleine lune
from: Femmes des terres brûlées
Montréal: Pleine lune, 2016
Audio production: Haus für Poesie, 2020

Kindheit (Auszug)

德文

Nichts Schöneres als dieses Haus
vergangener Tage
in dessen Garten der Wind
von Zweig zu Zweig
spazieren ging
maßlos – sanft verrückt
Die widerspenstigen Haare der Rebe
wo die Kinder Verstecken spielten
Die sauren Trauben
auf unseren Lippen
schmeckten auch nach Flammen
der Brotfruchtbaum
mit seinen Blättern wie Fächer
und im großen Teich
unsere Träume getragen
vom wallenden Haar
der Sirenen

Unsere beschwingten Vollblutträume
in diesen Nächten tiefster Finsternis
sahen Karawanen rätselhafter Geheimnisse vorbeiziehen

Dann das Gewitter
die Bäume säuselten ihre Traurigkeit
der Wind war nur noch ein furchtbares Brennen

In diesem Haus vergangener Tage
hatte ich noch nicht gelernt
meinen eigenen Schatten zu fürchten
***

Aus dem Französischen übersetzt von Theresa Benkert

LA DERNIÈRE SAISON DE DÉSARROI

法文 | Marie-Célie Agnant

Il voyait venir la dernière saison
cherchait ses souvenirs
Mais n’existaient en lui que l’océan de la canne
l’océan du ciel

Bleu du ciel vert de la canne

Il s’arrêtait cherchait encore
marmonnait que ses souvenirs
s’étaient sans doute érodés
sur le fil du temps
Ils s’effritaient
pour se marier peut-être
à cette terre sur laquelle il était né
et qui ne savait rien de lui

Il disait aussi (une manière de rire)
il avait toujours aimé rire
du moins avant ce temps de désarroi
il disait que l’odeur âcre de la bagasse
est comme une odeur de fiel elle ronge tout

Elle avait pénétré en lui jusqu’à devenir une seconde chair
elle l’avait colonisé le dépouillant de sa propre chair
Elle lui avait tenu lieu de vie sa seule mémoire

Il se demandait quand même
si la vie pour certains êtres
peut se résumer
à cette seule et unique chose
un parfum une odeur
celle de la canne brûlée
la seule qui l’accompagnait
depuis toujours

Une terreur indicible grandissait en lui
lorsqu’il imaginait cette chose qu’il savait être son âme
(il avait quand même la certitude d’en avoir une)
elle aussi rongée
par ce parfum âcre de bagasse
son âme peu à peu érodée
soumise au même traitement
que son corps

Autrement
comment comprendre toute sa vie
hypothéquée
tout le long de sa vie un unique horizon
une seule saison la canne
et la honte

Toutes ces paroles l’assaillaient
mais pensait-il aussi
ces mots
ces pensées assurément
ne valaient pas grand-chose
n’avaient pas de sens
le monde était ainsi fait
d’un côté la fatalité
cette sorte de loi
immuable
comme les levers et les couchers du soleil
de l’autre les vainqueurs

Les vainqueurs dictaient
édictaient
régissaient
décidaient par exemple
que les bras qui ne servent plus à rien
comme au temps que l’on nomme temps jadis
et qui n’a de jadis que le nom
eh bien oui
ces bras
pouvaient être coupés
jetés aux pourceaux
Tout comme jadis

On le regardait avec étonnement
lui renchérissait
Du revers de sa main sèche
cette main inutile
il écrasait une larme
puis il ajoutait
que lui
n’avait jamais appris à lire ou à écrire
Faut croire que pour couper la canne
il n’en fallait pas autant

Mais il savait par instinct
que l’impuissance porte en son sein
sa propre culpabilité
engendre mépris et suspicion
rage ou indifférence

À l’âge de poser ses vieux os à l’ombre
les vainqueurs le dépouillent
de ce qui lui restait d’existence lui
ses enfants
les enfants de ses enfants
toute sa descendance
aujourd’hui
plus de terre plus de lieu plus de patrie
Comme jadis personne au monde
aucune parole
à même de casser le verdict

On dit souvent que les choses
tout comme les êtres
ont un double visage
tout dépend de l’angle
du regard que l’on porte
Mais il a beau compter les années
l’angle demeure le même
le visage
celui de l’injustice amère

Et il se tient aujourd’hui
ni plus ni moins courbé sur cette terre ingrate
ni plus ni moins accablé par les morsures avides du soleil
ni plus ni moins abusé par l’indifférence du monde
il se tient léger
dépouillé de tout
sauf des débris de son existence
enfermé dans son cœur
sans traces de haine
sans bruissement d’espoir

Tout passe comme est passée sa jeunesse
tout passe comme est passée sa vie
«Tout passe comme ont passé mes bras qui désormais ne servent
       plus à rien
Et ma vie»
Il parlait ainsi
et quelque chose
un nuage lourd traînait dans son regard
De sa bouche édentée il souriait
ramenait sur ses épaules
les lambeaux d’une casaque
espérait draper un restant de dignité
et disait ainsi
Ma vie peut s’en aller cette nuit
comme s’en va le soleil
mais avant que cela ne s’accomplisse
il faut bien passer le restant des jours
Comment vivre quand on n’a plus de bras
plus de pays
plus de terre
plus d’avenir
plus d’espoir
Qu’il est sombre ce crépuscule de mon existence
qu’elle est triste ma dernière saison de désarroi

© Pleine lune
from: Femmes des terres brûlées
Montréal: Pleine lune, 2016
Audio production: Haus für Poesie, 2020

Die letzte Saison der Verzweiflung

德文

Er sah der letzten Saison entgegen
suchte seine Erinnerungen
Doch in ihm existierte nur das Zuckerrohrmeer
das Himmelsmeer

Himmelblau zuckerrohrgrün

Er hielt inne suchte weiter
murmelte dass seine Erinnerungen
wohl verwittert seien
im Laufe der Zeit
Zu Staub zerfallen
vielleicht um eins zu werden
mit der Erde auf der er geboren wurde
und die nichts von ihm wusste

Er sagte auch (eine Art zu lachen)
gelacht hatte er immer gern
zumindest vor dieser Zeit der Verzweiflung
er sagte der beißende Geruch der Bagasse
sei wie der Geruch von Galle er zerfresse alles

Er hatte sich in ihm festgesetzt wurde zur zweiten Haut
hatte ihn kolonisiert der eigenen Haut beraubt
hatte sein Leben eingenommen seine einzige Erinnerung

Und doch grübelte er
ob sich das Leben mancher Wesen
auf eine einzige Sache
beschränken kann
einen Duft einen Geruch
den Geruch brennenden Zuckerrohrs
der einzige der ihn begleitete
seit eh und je

In ihm wuchs eine unsagbare Furcht
als er sich dieses Etwas vorstellte das seine Seele sein musste
(er war trotz allem überzeugt dass er eine hatte)
auch sie zerfressen
vom beißenden Duft der Bagasse
seine Seele nach und nach verwittert
derselben Behandlung unterzogen
wie sein Körper

Andernfalls
wie sollte man sein Leben verstehen
im Voraus belastet
sein ganzes Leben ein einziger Horizont
eine einzige Saison nur Zuckerrohr
und Scham

All diese Reden suchten ihn heim
aber er dachte auch
diese Worte
diese Gedanken
seien gewiss nicht viel wert
ergäben keinen Sinn
so sei die Welt eben
auf der einen Seite das Schicksal
dieses Gesetz
unerschütterlich
wie Sonnenauf- und Sonnenuntergang
auf der anderen die Sieger

Die Sieger bestimmten
verfügten
regierten
entschieden zum Beispiel
dass Arme die zu nichts mehr nutze sind
wie damals in der früheren Zeit
die von früher nur den Namen trägt
ja entschieden also
diese Arme
könne man abhacken
vor die Säue werfen
So wie früher

Man bedachte ihn mit Erstaunen
bekräftigte ihm
Mit dem Rücken seiner dürren Hand
dieser unnützen Hand
wischte er eine Träne weg
dann fuhr er fort
er habe
nie Lesen und Schreiben gelernt
Nun sollte man meinen für die Zuckerrohrernte
brauche es nichts dergleichen

Doch er wusste instinktiv
dass die Ohnmacht selbst
eine Schuld mit sich bringt
Verachtung und Argwohn
Wut oder Gleichgültigkeit hervorruft

Als die Zeit kam die alten Knochen im Schatten auszuruhen
raubten ihm die Sieger
was ihm vom Leben noch blieb ihm
seinen Kindern
den Kindern seiner Kinder
seiner ganzen Nachkommenschaft
heute
kein Boden kein Ort keine Heimat mehr
Wie früher kein Mensch auf der Welt
kein Wort
um das Urteil aufzuheben

Oft sagt man dass Dinge
wie Menschen
zwei Gesichter hätten
alles sei abhängig vom Blickwinkel
vom Auge des Betrachters
Doch vergeblich hatte er die Jahre gezählt
der Blickwinkel blieb derselbe
das Gesicht
nur das bitterer Ungerechtigkeit

Und heute steht er
nicht mehr und nicht weniger gebeugt auf diesem undankbaren Boden
nicht mehr und nicht weniger gequält von den gierigen Bissen der Sonne
nicht mehr und nicht weniger ausgebeutet von der Gleichgültigkeit der Welt
leicht steht er
allem beraubt
außer den Scherben seiner Existenz
verschlossen im Herzen
ohne Spuren von Hass
ohne das Säuseln von Hoffnung

Alles vergeht wie seine Jugend vergangen ist
alles vergeht wie sein Leben vergangen ist
„Alles vergeht wie meine Arme vergangen sind
zu nichts mehr nutze
Und mein Leben“
So sprach er
und etwas
eine schwere Wolke verhängte seinen Blick
Er lächelte mit zahnlosem Mund
zupfte die Fetzen eines Kittels
über den Schultern zurecht
hoffte sich in einen Rest Würde zu hüllen
und sagte
Mein Leben kann heute Nacht untergehen
wie die Sonne
doch bevor es so weit ist
müssen die mir noch bleibenden Tage vergehen
Wie soll man leben wenn man keine Arme mehr hat
kein Land
keinen Boden
keine Zukunft
keine Hoffnung
Wie düster ist mein Lebensabend
wie traurig meine letzte Saison der Verzweiflung

Aus dem Französischen übersetzt von Theresa Benkert
in: alba13 – http://www.albamagazin.de/" ">www.albamagazin.de