Danièle Marcoux 
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Original

Translation

LO QUE NO ES SUEÑO

西班牙文 | Claudio Rodríguez

Déjame que te hable en esta hora
de dolor con alegres
palabras. Ya se sabe
que el escorpión, la sanguijuela, el piojo,
curan a veces. Pero tú oye, déjame
decirte que, a pesar
de tanta vida deplorable, sí,
a pesar y aun ahora
que estamos en derrota, nunca en doma,
el dolor es la nube,
la alegría, el espacio,
el dolor es el huésped,
la alegría, la casa.
Que el dolor es la miel,
símbolo de la muerte, y la alegría
es agria, seca, nueva,
lo único que tiene
verdadero sentido.
Déjame que con vieja
sabiduría, diga:
a pesar, a pesar
de todos los pesares
y aunque sea muy dolorosa y aunque
sea a veces inmunda, siempre, siempre
la más honda verdad es la alegría.
La que de un río turbio
hace aguas limpias,
la que hace que te diga
estas palabras tan indignas ahora,
la que nos llega como
llega la noche y llega la mañana,
como llega a la orilla
la ola:
irremediablemente.


                                  De Alianza y condena (1965)

© Clara Miranda
from: Claudio Rodríguez, Poesía Completa (1953-1991)
Barcelona: Tusquets Editores, 2001

CE QUI N'EST PAS UN RÊVE

法文

Permets-moi de te parler, en ce moment

de douleur, avec des mots

de joie. Tout le monde sait bien

que le scorpion, la sangsue, la punaise,

guérissent parfois. Mais écoute-moi, laisse-moi

te dire que, en dépit

de tant de vie si déplorable, oui,

en dépit et même maintenant

que nous sommes rompus, jamais vaincus,

la douleur est la nuée,

la joie, l'horizon,

la douleur est l'invitée,

la joie, la maison.

Car la douleur est le miel,

le symbole de la mort, et car la joie

est vive, sèche, nouvelle,

la seule chose qui possède

véritablement un sens.

Avec toute la sagesse

du monde, laisse-moi dire que :

en dépit, en dépit

de tous les dépits

et bien qu'elle soit très douloureuse et bien qu'elle

soit même immonde parfois, toujours, toujours

la vérité la plus profonde c'est la joie.

Celle qui d'une sombre rivière

rend les eaux claires,

celle qui fait que je te dise

ces paroles si indignes à présent,

celle qui nous arrive comme

arrive la nuit et arrive le jour

comme sur la rive la vague

arrive :

irrémédiablement.

Traduit par Danièle Marcoux
In: CLAUDIO RODRÍGUEZ, CINCO POEMAS. poesía Hiperión
Madrid: Ediciones Hiperión, 2007

ALTO JORNAL

西班牙文 | Claudio Rodríguez

Dichoso el que un buen día sale humilde
y se va por la calle, como tantos
días más de su vida, y no lo espera
y, de pronto, ¿qué es esto?, mira a lo alto
y ve, pone el oído al mundo y oye,
anda, y siente subirle entre los pasos
el amor de la tierra, y sigue, y abre
su taller verdadero, y en sus manos
brilla limpio su oficio, y nos lo entrega
de corazón porque ama, y va al trabajo
temblando como un niño que comulga
mas sin caber en el pellejo, y cuando
se ha dado cuenta al fin de lo sencillo
que ha sido todo, ya el jornal ganado,
vuelve a su casa alegre y siente que alguien
empuña su aldabón, y no es en vano.


                                  De Conjuros (1958)

© Clara Miranda
from: Claudio Rodríguez, Poesía Completa (1953-1991)
Barcelona: Tusquets Editores, 2001

GAGES JOURNALIERS

法文

Heureux celui qui un jour part humblement

et s'en va de par les rues, comme tous les autres

jours de sa vie, qui ne s'attend à rien quand

tout à coup, surpris, regardant droit au ciel

il voit, tendant l'oreille au monde, il perçoit,

en avançant, que monte le long de ses pas

l'amour de la terre, marchant toujours, il ouvre

son cher atelier, dans ses mains son métier

brille bien propre, et c'est alors qu'il nous l'offre

de tout son cœur aimant, puis marche au travail

en chancelant comme un premier communiant

qui ne se tiendrait plus de joie, et après

quand il se rend compte finalement à quel point

sa journée a été simple, ses gages en poche,

il rentre content en sentant que quelqu'un

cogne pour lui à sa porte, et ce n'est pas en vain.

Traduit par Danièle Marcoux
In: CLAUDIO RODRÍGUEZ, CINCO POEMAS. poesía Hiperión
Madrid: Ediciones Hiperión, 2007

LIBRO PRIMERO, I

西班牙文 | Claudio Rodríguez

Siempre la claridad viene del cielo;
es un don: no se halla entre las cosas
sino muy por encima, y las ocupa
haciendo de ello vida y labor propias.
Así amanece el día; así la noche
cierra el gran aposento de sus sombras.
Y esto es un don. ¿Quién hace menos creados
cada vez a los seres? ¿Qué alta bóveda
los contiene en su amor? ¡Si ya nos llega
y es pronto aún, ya llega a la redonda
a la manera de los vuelos tuyos
y se cierne, y se aleja y, aún remota,
nada hay tan claro como sus impulsos!
Oh, claridad sedienta de una forma,
de una materia para deslumbrarla
quemándose a sí misma al cumplir su obra.
Como yo, como todo lo que espera.
Si tú la luz te la has llevado toda,
¿cómo voy a esperar nada del alba?
Y, sin embargo —esto es un don—, mi boca
espera, y mi alma espera, y tú me esperas,
ebria persecución, claridad sola
mortal como el abrazo de las hoces,
pero abrazo hasta el fin que nunca afloja.


                                  De Don de la ebriedad (1953)

© Clara Miranda
from: Claudio Rodríguez, Poesía Completa (1953-1991)
Barcelona: Tusquets Editores, 2001

LIVRE PREMIER, I

法文

La clarté toujours nous arrive du ciel;

c'est un don : non pas lové au creux des choses

mais bien au-dessus d'elles, les enveloppant

pour mieux les mettre au monde et en mouvement.

Ainsi s'ouvre le jour; ainsi la nuit

s'enferme entre les quatre murs de l'ombre.

Et c'est vraiment un don. Qui rend les êtres

de plus en plus diffus? Quelle voûte immense

les enrobe de son amour? Si à peine

disparue, elle nous revient à la ronde

de la même façon dont tu voles, s'approchant,

et que même au loin, quand elle plane sur les ombres,

il n'y a rien de plus net que ses élans!

Oh clarté, clarté toujours si assoiffée

d'une forme ou d'un corps qui pourrait l'aveugler,

et qui se consume une fois son œuvre terminée.

Comme moi, comme tout ce qui nous tient en haleine.

Si toute la lumière par toi s'est échappée,

quel autre espoir l'aube pourrait-elle m'apporter?

Et, cependant — c'est vraiment un don —, mes lèvres,

et mon âme, et toi, me tiennent en haleine,

enivrante poursuite, clarté d'un seul parage

mortelle comme l'étreinte d'une gorge,

mais qui jusqu'au bout jamais ne relâche.

Traduit par Danièle Marcoux
en: CLAUDIO RODRÍGUEZ, CINCO POEMAS. poesía Hiperión
Madrid: Ediciones Hiperión, 2007