Nathalie Bittoun-Debruyne 
Translator

on Lyrikline: 7 poems translated

from: 加泰罗尼亚文 to: 法文

Original

Translation

Escric cartes que no rebràs

加泰罗尼亚文 | Meritxell Cucurella-Jorba

escric cartes que no rebràs
des de la terra d’on vinc
i on no moriré
una taca de tinta
una llàgrima de lluna
i una gota de mi
sobre
blanc
paper
infinit
m’empaita el negre
avui demà sempre
obro la porta de F·U·G·I·D·A
busco
àngels
i te’m regales
crec
amb por
també
com jo
personatges
buscant vermell
personatges
fent l’amor
amb l’home-dona
invisible
espasmes muts
el crit
l’ofec
l’oblit
d’un acte inexistent
continua
dius
per què
pregunto

el temps perd hores
i la sintaxi comes

© author
from: Intemperància roig encès
El Gall Editor, 2009
Audio production: Catalunya Ràdio

J’écris des lettres que tu ne recevras pas

法文

j’écris des lettres que tu ne recevras pas
de la terre d’où je viens
et où je ne mourrai pas
une tache d’encre
une larme de lune
et une goutte de moi
sur
blanc
papier
infini
le noir me poursuit
aujourd’hui demain toujours
j’ouvre la porte de D - É - R - O - B - A - D – E
cherche des anges
et tu te m’offres
je crois
intimidé
aussi
comme moi
personnages cherchant l’écarlate
personnages faisant l’amour
avec l’homme-femme
invisible
spasmes muets
le cri
la suffocation
l’oubli
d’un acte inexistant
continue
dis-tu
pourquoi
je demande
le temps perd des heures
et la syntaxe des virgules

Translated by Nathalie Bittoun-Debruyne

Aniversari

加泰罗尼亚文 | Sònia Moll

Avui,
aniversari del dolor.
Destapo, doncs, una altra ampolla negra
i torno a encendre les espelmes còmplices.

És l’hora de l’enyor estèril, l’hora
de plorar els esquelets d’aquelles naus
que mai no es van cremar i que van deixar-nos
les estelles podrides clavades al pulmó.

Enterrades en un pastís de cendres,
les espelmes esperen que les bufi
amb un poc menys d’agror que l’any passat.

Avui, però, sóc jo qui els faig l’ullet
i les convido a beure vi calent i a emborratxar-nos:

l’aniversari era ahir
i no vaig recordar-me’n.

© Sònia Moll
from: Non si male nunc
Sant Boi de Llobregat: Viena, 2008
Audio production: Catalunya Ràdio, 2019

Anniversaire

法文

Aujourd’hui,
anniversaire de la douleur.
Alors, je débouche une nouvelle bouteille noire
et rallume les bougies complices.

C’est l’heure du regret stérile, l’heure
de pleurer les squelettes de ces vaisseaux
qui n’ont jamais brûlé et qui nous ont laissé
des échardes pourries
plantées dans les poumons.

Enterrées dans un gâteau de cendres,
les bougies attendent que je les souffle
avec un peu moins d’aigreur que l’ainée dernière.

Aujourd’hui, pourtant, c’est moi qui leur fais un clin d’oeil
et les invite à boire du vin chaud
et à nous saouler:

l’anniversaire, c’était hier,
et je l’avais oublié.

Translated by Nathalie Bittoun-Debruyne

[Sota un cel tan baix que la nua rovira s’hi fon]

加泰罗尼亚文 | Antoni Clapés

Sota un cel tan baix que la nua rovira s’hi fon
                                                                       emergeixes
paisatge aturonat  —  vinya esmotxada  —  camp en guaret  —  terra èbria
                                                                                  de bruna serenor

                                                                       infantesa convocada.

Inútil recórrer un i altre cop itineraris ja fressats — memòria que colpeja l’ara
                         com un improbable vent que revé
espill que només reflecteix la nit.

L’obstinat record del record  —  dolor del record del no record.

El mal de viure  —  cortrencador.

© Antoni Clapés
from: La llum i el no-res
Meteora, 2009
Audio production: Institut Ramon Llull

[Sous un ciel si bas que la chênaie dépouillée s’y fond]

法文

Sous un ciel si bas que la chênaie dépouillée s’y fond

                                                            tu émerges

paysage vallonné  —  vigne écimée  —  champ en jachère  —  terre ivre de brune
                                                                                                          sérénité

                                                            enfance invoquée.


Inutile de parcourir inlassablement des chemins battus  —  mémoire qui frappe le
                                                                                                     maintenant
                            comme un vent improbable qui revient

                                                                     miroir ne reflétant que la nuit.

Traduit par Nathalie Bittoun-Debruyne
. La lumière et le néant, Café Central 2009

[On ets, aqui al davant...]

加泰罗尼亚文 | Víctor Sunyol

On ets, aquí al davant, donat a l’aire,
donat al buit, dissolt en la mirada?
Tanta llum entenebra l’hora
i fa l’espai etern;
d’estar només.

Suspens
pregunta abissada
—el temps s’esbalça per l’ull en atura—
on ets, d’estar?

On ets, al teu davant, donat a l’aire,
donat al buit, dissolt en la mirada?

© Víctor Sunyol
from: Stabat
Barcelona: Proa, 2005
Audio production: LiteraturWERKstatt Berlin 2008

[où es-tu, ici devant...]

法文

où es-tu, ici devant, livré à l'air,
livré au vide, dissous dans le regard?
toute cette lumière enténèbre l'heure
et rend l'espace éternel;
rien que d'exister.

suspension
question engloutie
–le temps bascule dans l'œil en arrêt–
où es-tu, si tu existes?

où es-tu, devant toi, livré à l'air,
livré au vide, dissous dans le regard?

Traduit par Nathalie Bittoun-Debruyne

per També I

加泰罗尼亚文 | Víctor Sunyol

sense com cap sense
—cap res—


quan ja ni sempre
ni mai
quan ja no res
per


—sense—
on
o quan
o ser
sense
—sempre—


des de (morir)
només
amb
i tot


per mai
per mai
—de—


sempre sense
per mai

la por del desig

Làpida hebraica del cementiri jueu de Girona
Cantera & Millàs 185  n. 14.651    
110 x 54 x 32 cm.   s. XIV – XV
...la seva memòria sigui per la vida perdurable, tingui pau.
Inscripció molt esborrada, difícilment llegible.

© Víctor Sunyol
from: Des d’ara
Barcelona: Proa, 2005
Audio production: LiteraturWERKstatt Berlin 2008

POUR AUSSI I

法文

sans comme aucun sans
–aucun rien–


quand plus ni toujours
ni jamais
quand rien ne plus
pour


–sans–

ou quand
ou être
sans
–toujours–


depuis (mourir)
seulement
avec
et tout


pour jamais
pour jamais
–de–


toujours sans
pour jamais

la peur du désir

    Pierre tombale hébraïque du cimetière juif de Montjuïc, Gérone
    n. 14.651     110 x 54 x 32 cm.   Cantera & Millàs  185
    XIVe - XVe siècles
    …que sa mémoire soit à jamais perdurable, que la paix l'accompagne.
    Inscription très effacée, pratiquement illisible.

Traduit par Nathalie Bittoun-Debruyne

Dorm

加泰罗尼亚文 | Víctor Sunyol

Dorm.
Torna al teu lloc tan sols record,
al bell somni d’aire.

Desperta.
Torna a l’oblit que en tu fulgura,
a l’enyor d’un somni.


Som record d’un dia fràgil,
rerefons d’una memòria.
Som d’un somni que somia.


Recorda,
i que el record et sigui el temps de l’oblit.
Oblida,
i que l’oblit et dicti el pas del record.


Recorda.
Oblida.
Dorm.

© Víctor Sunyol
from: I si no neva? (Aèria)
Barcelona: Café Central, 2002
Audio production: LiteraturWERKstatt Berlin 2008

Dors

法文

Dors.
Retourne à ta place rien qu'un souvenir,
au beau rêve d'air.

Réveille-toi.
Retourne à l'oubli qui fulgure en toi,
au regret d'un rêve.


Nous sommes le souvenir d'un jour fragile,
arrière-fond d'une mémoire.
Matière d'un rêve qui rêve.


Souviens-toi,
et que le souvenir te soit le temps de l'oubli.
Oublie,
et que l'oubli te dicte la voie du souvenir.


Souviens-toi.
Oublie.
Dors.

Traduit par Nathalie Bittoun-Debruyne

Anit

加泰罗尼亚文 | Albert Roig

I m’ho ha de dir la matinada,
esmelegant-se, insomnes?

I l’esglai que t’ha pres, i a l’anar a caure—
I quina v’ritat deia, que l’esgarres?

I els ràpids neguits de la pols
ara,

la fulla inesperada de l’insecte,
les mans i els coves acabats de collir,
la mala herba que et creix, tendre
verd rabiant, fum viva,

esta aigua, dolcesa, verí, que encens i vesses
quina mà me l’aboca, quin vent
pluig?

Que és verda l’aigua,
la vestidora!

Té, tremolós gris àlic,
les cordes dels sols en terra caigudes,
vent plata d’oliveres, plata
de verd
núvol.

© Albert Roig
from: Córrer la taronja
Empúries, 2002
Audio production: Institut Ramon Llull

Hier soir

法文

Et c'est l'aube qui doit me le dire,
en geignant, insomniaques?
 
Et cet effroi qui t'a pris, et ce faillir tomber--
Et quelle vérité disait-elle, pour que tu gaffes?
 
Et les brusques sursauts de la poussière
maintenant,
 
la feuille inespérée de l'insecte,
les mains et les paniers à peine cueillis,
la mauvaise herbe qui sur toi pousse, tendre
vert rageur, fumée vivante,
 
cette eau, douceur, venin, que tu allumes et verses
quelle main me la sert, quel vent
pluvieux?
 
Comme elle est verte l'eau,
l'habilleuse!
 
 
Tiens, frissonnant petit flamant gris,
les cordes des soleils tombées par terre,
vent d'argent d'oliviers, argent
de vert
nuage.

Traduit par Nathalie Bittoun-Debruyne
Arbre à Paroles, 2010