Kad bi ovom stihu bilo dano sivjeti

Kad bi ovom stihu bilo dano sivjeti
kao što na Šipanu sivi razvalina,
ništa drugo ne bih želio doživjeti
no da se u riječima bilježi silina

kojom vrijeme prohodi, ko negda Frančezi
kroz Grad, s kugom, gladi, ratom, revolucijom,
noseći što donose suše, tuče, snijezi,
kad, sjena po sjenu, biva stijena drukčijom.

Ali samo naoko, jer u svojoj srži
kamen protiv teže već se uči letjeti,
uporno sve sličniji misli što ga drži –

stih bi tako pamtio sve zbog čega šuti
cijeli otok, znajuć ne znati i nè htjeti
kad mu divljim beskrajem zarastaju puti.

© Zvonimir Mrkonjić
从: Šipanski soneti
Dubrovnik: Ogranak Matice hrvatske Dubrovnik, 1992
录制: Udruga radio mreža 2008

Si à ce vers il était donné de devenir gris

Si à ce vers il était donné de devenir gris,
comme sur Šipan* est grise la ruine,
je souhaiterais ne rien vivre d'autre que ceci:
que dans les mots la force se burine

avec laquelle le temps passe, comme jadis les Français
à travers la Ville, avec peste, famine, guerre, révolution,
apportant ce qu'apportent sécheresses, grêles, gelées,
quand, ombre après ombre, la pierre subit ses mutations.

Mais ce n'est qu'apparence, car selon sa nature
la pierre déjà contre la pesanteur à la pensée qui l'endure –

ainsi le vers se souviendrait de tout ce pour quoi se tait
l'île entière, sachant renoncer au savoir et à volonté
quand ses chemins s'embroussaillent de sauvage démesure.


* Šipan est une île située au large de Dubrovnik; elle est le
lieu de résidence habituel de Zvonimir Mrkonjić. Dans le quatrain
suivant, "le Ville" ne peut désigner, pour tout familier de ces
parages, que Dubrovnik, laquelle fut ravagée par l'armée napoléonienne.  

Traduction: Borka Legras et Fernand Cambon