Nino Muzzi

意大利文

Les Poètes boivent des martinis

Sylvia et Ann boivent des martinis dans le bar d’un hôtel à Boston.
Leurs robes aux motifs soyeux s’enroulent autour de leurs doigts;
elles se demandent s’il faut être hanté par la vaisselle

et les draps pour écrire des poèmes dans lesquels
les objets volent entre vers et prose, atterrissent
sur les murs de la cuisine et se fracassent au cœur

des images ou des phrases déclinées durant leurs années
d’apprentissage. Les deux femmes, ménagères averties,
écrivent sur les boîtes de macaronis, les mélanges à gâteau;

Betty Crocker est une muse, spatule à la main, elle
scande la mesure de leurs cris étouffés dans le garde-manger
de la cuisine. Les portes d’armoire claquent, le lavabo hurle

ses déchets accumulés par la famille. Sylvia et Anne boivent
des martinis, leur tête est lourde, le travail s’accumule
depuis leur départ de la maison. J’écoute leur conversation

cruelle et fatale, je suis derrière elles, subjuguée par
leur maîtrise des mots et de l’art ménager; émue je m’incline
devant leurs voix. Je n’ouvrirai pas le gaz de la cuisinière.

© Carole David
ÉDITIONS LES HERBES ROUGES, 2010
录制: UNEQ

I poeti bevono dei martini

Sylvia e Ann bevono dei martini al bar di un hotel a Boston.
I loro abiti dai serici motivi avvolgono le loro dita;
e si domandano se si debba essere assillati dalla rigovernatura

e dalle lenzuola per scrivere poesie dove
gli oggetti volano fra versi e prosa, atterrano
sopra i muri di cucina e si frantumino nel cuore

delle immagini o delle frasi declinate durante i loro anni
d’apprendistato. Le due donne, esperte casalinghe,
scrivono sulle scatole di maccheroni gl’ingredienti per dolci;

Betty Crocker è una musa che, spatola alla mano,
scandisce il ritmo dei loro gridi soffocati nella dispensa
della cucina. Le porte d’armadio sbattono, il lavabo urla

i rifiuti accumulati dalla famiglia, Sylvia e Anna bevono
dei martini, la loro testa è pesante, il lavoro si accumula
da quando sono partite da casa. Ascolto la loro conversazione

crudele e fatale, sono dietro di loro, soggiogata da
quella padronanza del linguaggio e dell’arte domestica; commossa
m’inchino alle loro voci. Non aprirò il gas del fornello.

Traduzione: Nino Muzzi