Nicole Brossard
Villes avec un visage
parce qu’il vaut mieux soupirer
au-delà de nos croyances et plus loin
la solitude encore
voici que tu la déploies
devant toi comme quelqu’un qui veut
toute la mer pour soi
son infaillible lumière d’emportement
sans avoir peur de la peur
ni du vent méticuleux
qui annule au passage les pensées dociles
villes couchées en chien de fusil
comme le font un jour les civilisations
puisque nous rêvons en continu
d’un autre rêve déjà un autre rêve confondu
aux nuits de déluge et de chagrin