Yves Préfontaine
Pollens
Pollens
Je reviens de si loin,
d’une vie d’ellipse dans la fureur des hommes.
Il me faut renommer chaque chose,
la remettre en son lieu
pour connaître à nouveau la distance parcourue
et la saveur du temps.
Un caillou m’a parlé
que je n’ai pas entendu.
Vie maigre,
racine condamnée.
Dans le bruit,
dans le bruit guerrier des hommes aux faces étroites,
dans le bruit,
le fracas des nations de proie,
je n’entendais plus que la surface érodée des jours en armes.
Mais retourner au premier pollen,
au feu même amoindri d’une parole juste,
je retrouverai peut-être le caillou qui me parlait.
Toutes choses sont paroles
et paroles sont pollens
pour la beauté d’une croissance.