Pierre Nepveu
Musiques
Et là, faufilant une solitude intime
pour composer le temps, nous nous jetons
dans des romans-fleuves et pour l'âme
nous la lavons dans le jazz ou dans Pergolese,
un chant de femmes à l'abri des fenêtres,
des malheurs au ventre et des animaux
à visage humain. Des accords
de neuvième scandent la nuit,
nous penchons vers le prochain
bémol, espérant la lumière
entre piano et trompette comme si
l'amour du monde et de nous-mêmes
était une musique, une voix au loin
qui nous tire vers les oiseaux-
frères, outardes et pluviers,
et cet hiver nous survolerons
peut-être les premières tempêtes
vers des chambres nouvelles, des noms
qui caressent et des fleurs de sable.