Hélène Monette
MON RAVIN EST UNE FORÊT
Mon ravin est une forêt
ma chute est dans la lumière
le buisson ardent frémit
les lézards se faufilent dans l’ombre du midi
chacun fait sa prière
pour sauver sa peau, protéger les siens
être unique au monde
Mon silence est un rêve
pour l’amour du ciel
mon chagrin c’est le monde
que je n’oublie jamais
Dans cette posture du prieur qui détourne les yeux
ne sourit jamais quand l’autre approche
comme menacé dans ses convoitises
Le saint que vous aimez était un étranger
avec deux mains, deux pieds, pas d’auréole
comment le regarderiez-vous s’il venait à vous maintenant
s’il était là, tout de suite, s’il venait à passer
un passant, un étranger
un gitan, un fou, un pauvre type
Pardonne-nous pour l’amour honni
pour le ciel gaspillé
l’autoroute en plein paradis
l’écran de fumée, la pensée magique
le dédain et ses lois
tout ce triste cirque, mon bon François