Césure - IV.


Y a-t-il quelqu'un ? La question ne semble pas absurde malgré la déso-lation des lieux. A y réfléchir, il doit bien y avoir une âme en sursis. Elle hante les parages. Il a appris à déclamer pour masquer ses demandes. Il a même fini par ne plus rien attendre, laissant les mots dire à leur guise. D'ailleurs, ce ne sont pas les mots qui disent mais la manière ou le regard d'accompagnement. Avec le temps le stock se réduit considérablement. Il n'ose plus puiser dans le lexique. Ce qu'il sait dire, il ne sait plus le dire. C’est à peine s’il articule. Cet amour, par exemple, qui est là. Tatouage au dos d’une main. Il est bien là. Dans le miroitement. Et lui-même au bord des larmes et du rire. A peine s'il distingue les traces du campement au milieu des débris.  



Il se remémore sans hésitation tous les vers des poètes anciens.

© Editions WIGWAM
Iz: Césure. [Collection Wigwam #59]
Rennes: Editions WIGWAM, 2006
Avdio produkcija: Literaturwerkstatt Berlin 2010

Zäsur - IV.


Ist jemand hier? Die Frage scheint nicht absurd, auch wenn die Gegend trostlos wirkt. Recht bedacht, spukt gewiss unerlöst eine Seele umher. Er hat gelernt zu deklamieren, um seine Wünsche zu verbergen. Bis er keinerlei Erwartung mehr hatte und die Wörter für sich sprechen ließ. Sprechend sind ohnehin nicht die Wörter, sondern der Ton oder der begleitende Blick. Mit der Zeit versiegen seine Vorräte. Er wagt nicht mehr, aus dem Sprachschatz zu schöpfen. Weiß nicht mehr zu sagen, was er zu sagen weiß. Kann kaum noch artikulieren. Diese Liebe zum Beispiel, die einfach da ist. Tätowierung auf dem Rücken der Hand. Einfach da. Aufblitzend. Und er selbst am Rande der Trä-nen, zwischen Weinen und Lachen. Kaum mehr erkennt er die Spuren des La-gers inmitten der Trümmer.



Er kann ohne Zögern die Verse der Dichter zitieren.

Aus dem Französischen von Regina Keil-Sagawe unter Mitwirkung von Stephan Egghart