Jean Portante

francoščina

Daniel Samoilovich

španščina

extrait de POINT D‘INTERROGATION

JE LIS MON HISTOIRE dans les yeux
de ma mère
la table est mise et
mon père est mort
et je flotte

dans la cuisine comme
une odeur d'huile
d'olive puis viennent
les soldats et
comptent nos fourchettes


UN AUTRE JOUR nous jouons
et le couteau glisse
et se cloue dans le sol
à deux doigts
de là il y a une ville

on flâne dans le centre
on lèche les vitrines et
la lame se glisse
sans bruit dans le coeur
de la plus vieille statue

L'ARBRE EST UN ASCENSEUR vers
les fruits qui mûrissent
là où ils attendent
une échelle ne suffit plus
même la main doit

être plus grande que
d'habitude et les feuilles
se réjouissent
elles aussi des
progrès de la science

IL NEIGE SUR L'ÉCRAN de la
télévision dans mes
yeux il y a un hiver
et dans les tiens
une avalanche de désir

cela est sans doute dû à
l'antenne collective dis-tu
ou et c'est moi qui
le pense au solitaire
comique de la situation


ENTRE LA PORTE ET LE PLANCHER il
y a un trait très fin de lumière
et des pas de l'autre
côté qui imitent
l'ombre tu es donc encore là

et mes pas à moi n'imitent
rien qui attend qui les pas
de l'autre côté les miens
ou ceux qui n'imitent rien
ceux qui imitent l'ombre


CETTE SALLE À MANGER est en progression
demain la table et les chaises
pendront du plafond
la porte sera à l'envers et
le téléphone sonnera huit fois

il y a un but dans la marche
des choses nous ne sommes
qu'à mi-chemin puis tout
sera comme avant et le
téléphone sonnera huit fois

© Éditions phi, 44 rue du Canal
L - 4004 Esch-sur-Alzette, Luxembourg
www.phi.lu
Iz: Point. Poèmes. Avec dessins de Marek Szczesny
Esch-sur-Alzette, Luxembourg: Éditions PHI, 1999
ISBN: 2-87962-113-5
Avdio produkcija: 2000 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin

[LEO MI HISTORIA]

LEO MI HISTORIA en los ojos
de mi madre
la mesa está servida y
mi padre está muerto
y yo floto

en la cocina como
un olor de aceite
de oliva después vienen
los soldados y
cuentan nuestros tenedores


OTRO DÍA jugamos
y el cuchillo se desliza
y se clava en el suelo
a dos dedos
de allí hay una ciudad

paseamos sin rumbo por el centro
miramos los escaparates y
la hoja se desliza
sin ruido en el corazón
de la estatua más vieja


EL ÁRBOL ES UN ASCENSOR hacia
los frutos que maduran
allí donde esperan
una escalera no alcanza
incluso la mano tiene que

ser más grande que
de costumbre y las hojas se
alegran
también ellas de los
progresos de la ciencia


NIEVA SOBRE LA PANTALLA del
televisor y en mis
ojos hay un invierno
y en los tuyos una
avalancha de deseo

esto es sin duda debido a
la antena colectiva dices
o y soy yo el que
lo piensa en lo solitario
cómico de la situación


ENTRE LA PUERTA Y EL SUELO hay
un trazo muy fino de luz
y pasos del otro
lado  que imitan
una sombra entonces aún estás ahí

y mis pasos no imitan
nada quién espera a quién los pasos
del otro lado los míos
o aquellos que no imitan nada
aquellos que imitan la sombra


ESTE COMEDOR está en marcha
mañana la mesa y las sillas
colgarán del techo
la puerta estará al revés y el
teléfono sonará ocho veces

hay un objetivo en la marcha
de las cosas no estamos
más que a medio camino después todo
será como antes y el
teléfono sonará ocho veces

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