François Mathieu

francoščina

[Her mit dem Kelch, ich trinke, was ich muß...]

Her mit dem Kelch, ich trinke, was ich muß,
und meine Rechte stützt sich auf die Linke,
das ist die Erde, der ich schnell noch winke,
auch sie erträgt von oben jeden Guß,
und ihre Steine halten doch zusammen.
Es ist nicht not, von Sternen abzustammen,
um aus dem Toben heil hervorzugehen.
Ich trink den Zorn und bohre meine Zehen
durchs linde Laub hinab zum scharfen Lauch.
Metallen lärmt im alten Haselstrauch
ein winterharter Vogel über mir.
Ich weiß, ich brenne, ohne je bei dir
auch nur in Form des Weihrauchs anzukommen.
Von allen Sinnen einer steigt benommen
durchs Herz der Hasel in die Vogelkehle,
und meine Rechte zittert in der Linken.
Ein wenig Gold scheint ins Metall zu sinken
und läutet flüchtig für die arme Seele,
als stünde eine Wandlung ihr bevor.
Vom Himmelsrand neigt sich das Halbmond-Ohr
und täuscht mir Betenden Erhörung vor.

© Otto Müller Verlag
Iz: Die Bettlerschale
Salzburg : Otto Müller Verlag , 1956
Avdio produkcija: ORF Landesstudio Kärnten

[Par ici le calice, je bois ce que je dois...]

Par ici le calice, je bois ce que je dois,

et ma droite s’appuie sur ma gauche,

c’est la terre, à laquelle vite encore je fais signe,

elle aussi supporte de là-haut toute averse,

et pourtant ses pierres sont solidaires.

Il n’est pas nécessaire de descendre des étoiles

pour sortir indemne de la fureur.

Je bois la colère et enfonce mes orteils

dans le doux feuillage vers l’ail qui sent fort.

Dans le vieux coudrier au-dessus de ma tête,

un oiseau qui résiste à l’hiver fait un bruit de métal.

Je sais, je me consume sans jamais arriver chez toi

ne fût-ce que sous la forme de l’encens.

Tout sens perdu, l’un traverse le cœur du noisetier

et monte dans la gorge de l’oiseau,

et ma droite tremble dans ma gauche.

Un peu d’or semble s’enfoncer dans le métal

et sonne furtivement pour la pauvre âme

comme si sa métamorphose était proche.

Au bord  du ciel, la demi-lune penche son oreille

et, tandis que je prie, fait celle qui exauce ma prière.

Traduit par François Mathieu