Gioia Kayaga 
Translator

on Lyrikline: 1 poems translated

from: francoščina to: angleščina

Original

Translation

Modesta

francoščina | Gioia Kayaga

Elles t'ont appelée « Modesta »,
Un prénom qui sonne comme un esclavage ;
une injonction à tenir sa place, à rester sage
Une toute première leçon qui fait déjà si mal :
les « nègres de maison » n'ont ni sexe, ni race,
depuis des siècles, les femmes aussi... asservissent les femmes
Modesta, comme on déchire une page négligeable ;
Ma fille : voici ta cage en héritage :
sois fragile, naïve et délicate
Modesta, comme on refuse de noircir une case ;
puisque les règles semblent immuables,
Un point final pour commencer une phrase.

Elles t'ont appelée Modesta,
Te préparant dès la naissance à baisser le regard
imaginant que tu ne laisserais pas de trace
Elles t’ont appelée Modesta,
Ils t’ont appelée Modesta
te voyant perdre la course avant même le top départ
éphémère comme des pas qui s'effacent
Ils t’ont appelée Modesta

Ils t’ont dit qu’une femme ça ne rêve pas trop grand:
Dans les salons du pouvoir et des messieurs importants,
ça apporte à boire et ça ferme la porte en sortant
Ils t’ont dit qu’une femme ça ne veut pas changer les choses,
ça se plie aux règles, aux lois qu’on lui impose,
ça ne se bat qu’avec les armes que l’homme lui propose
Ils t’ont dit qu’une femme ça s’plie en quatre pour sa famille,
ça se sacrifie, ça accumule la fatigue,
… et ça se console en faisant du shopping le samedi
Ils t’ont dit qu’une femme, ça sourit, ça rougit,
ça dit merci quand on lui fait un compliment pourri,
ça se contente de rapports où ce n’est jamais elle qui jouit

Ils t'ont appelée Modesta,
Te préparant dès la naissance à baisser le regard
imaginant que tu ne laisserais pas de trace
Ils t’ont appelée Modesta,
Elles t’ont appelée Modesta
te voyant perdre la course avant même le top départ
éphémère comme des pas qui s'effacent
Elles t’ont appelée Modesta

Sans consulter les oracles ; tu as éliminé chaque obstacle,
refusé d’être raisonnable, envoyé au diable leur morale ;
échangé les jupes des nonnes contre celles des gitanes
Sans même un Dieu à servir, tu es partie en Djihad
une liberté à conquérir : faire exploser leurs barricades !
Il a fallu se battre, apprendre à manier la poudre,
jusqu’à sacrifier parfois ceux qui enferment dans leurs tabous
Loin des dogmes, églises, politiques, gourous ;
loin des hommes qui te demandent de dire “toujours”,
loin des femmes sentinelles, jalouses,
tu es devenue souveraine : libre de tes choix, de tes amours

Elles t'ont appelée Modesta, mais tu n'es plus “Modesta”
Tu es à jamais immorale, immortelle,
Tu es indécente femme fatale et obscène
Tu es sensuelle, épicée, rebelle, libérée
Elles t'ont appelée Modesta, mais tu n'es plus “Modesta”
Tu n’es plus “Modesta”, tu es amoureuse du tumulte,
Tu n'es plus "Modesta", tu es marginale,
Tu es une majuscule, sûrement pas un point final

© Frolli Gioia Joy Slam
from: L'art de la joie CD
Skinfama, 2019
Audio production: Haus für Poesie, 2019

Modesta

angleščina

She called you “Modesta”,
A name that sounds like a slave;
an order to stay in line, an order to behave
The very first lesson, already so painful:
“house niggers” don t have a sex or a race,
for centuries women have enslaved women
Modesta, like tearing up an insignificant page
My daughter: here is your cage as inheritance
be fragile, naive and delicate
Modesta, like the refusal to shade in a box;
since the rules seem unchangable ,
A final full stop to start a phrase.

They called you Modesta,
Have taught you since birth to drop your gaze 
imagining you wouldn’t leave a trace 
They called you Modesta, Modesta...
They called you Modesta, 
seeing you lose the race before the start 
ephemeral like disappearing steps along the path.
They called you Modesta, Modesta...

They told you women don’t have big dreams:
In the back rooms of power and important men,
women bring the drinks and close the door behind them
They told you women don’t want to change things,
they obey the rules, the laws imposed on them,
they only fight with weapons given to them by men
They told you women sacrifice for their family,
they give up themselves, exhaust themselves,
...and are consoled with shopping on weekends
They told you women smile and blush
and say thank you for a lousy compliment,
with disapointing sex, even when they don't cum, they are content

They called you Modesta,
Have taught you since birth to drop your gaze 
imagining you wouldn’t leave a trace 
They called you Modesta, Modesta...
They called you Modesta, 
seeing you lose the race before the start 
ephemeral like disappearing steps along the path.
They called you Modesta, Modesta...

Without consulting oracles, you eliminated every obstacles,
refused to be reasonable, sent their morals down to hell;
for the dresses of a gypsy she exchanged the robes of nuns 
Without even a God to serve, you left to join Jihad
a freedom to win: to blow up their barricades!
You had to fight, learn how to handle gun powder
even sometimes sacrificing those who enclose in their taboos
Far from dogma, churches, politics, gurus;
far from the men who tell you to say “always”,
far from the jealous women, sentinels,
free to choose, free to love : you became sovereign

They called you Modesta, but your are not longer “Modesta” 
You are forever immoral, immortal, 
You are indecent, obscene, femme fatale
You are spicy, rebellious, liberated, sensual 
They called you Modesta, but you are not longer “Modesta” 
You are no longer “Modesta”, you love chaos, 
You are no longer “Modesta”, you are marginal, 
surely not a full stop, You are a capital

Translated by Gioia Kayaga