Nathalie Mälzer-Semlinger 
Translator

on Lyrikline: 16 poems translated

from: francoščina to: nemščina

Original

Translation

[On a fait des bottes de pluie et des sacs avec des écoliers]

francoščina | Jean-Marc Desgent


      On a fait des bottes de pluie et des sacs avec des écoliers, certains habillés, d’autres tout déshabillés, qui se sont effondrés dans leur caveau de sécurité. On les a nettoyés, rapiécés après les avoir frappés sur ma bouche.

      Alors, je me suis mis à tourner dans la non-histoire du monde avec de la toupie qui est un jouet bien joli, avec du crâne béant comme un précipice qui est un jouet bien savant.

                                                 ***

      J’ai l’âme tombée avec le bien, avec le beau ou ce qui me ressemble. Je suis plusieurs personnes portées disparues : toi et toi, la descente sur terre, les bras en croix pour rien ou pour caresses communes. Je n’ai pas d’années; mes chiens, mes poupées, mes enfants occupent mon trou de tête. Je n’ai que des blessés gravement, moi ou moi : je suis la misère des pauvres (qu’on croit disparus, mais qui reviennent sans cesse) rampant à la recherche de ce qu’ils ne savent pas nommer, qui ont les ailes traînant dans leur propre souillure ou sont à couper le souffle dans le sens littéral.

                                                  ***

      Moi, pas la vie, toi, dans mon existence tout entière occupant de moins en moins d’espace pratique. Moi, pas dans la cage, toi, avec les furieux, les forçats dans des cellules fabriquées, surpeuplées pour des raisons qui n’appartiennent qu’à la fin de la pensée. Je sors de mon cadavre emprunté, comme dit la maladie de quelqu’un ou l’épiphanie de l’autre. Je suis beaucoup avec mes langues dans les corps percés, cavernes imitant la voûte céleste ou laissant s’échapper l’animal d’eux-mêmes…

© Jean-Marc Desgent
Audio production: Union des écrivains et des écrivaines québécois

[Gummistiefel und Beutel hat man aus Schülern gemacht]

nemščina

      Gummistiefel und Beutel hat man aus Schülern gemacht, die in ihrer Sicherheitsgruft, manche bekleidet, andere ganz unbekleidet, zusammengebrochen sind. Sie wurden gereinigt und geflickt, nachdem man ihnen auf meinen Mund geschlagen hat.


Daraufhin bin ich durch die Nicht-Geschichte der Welt getaumelt mit Kreisel, der ein recht hübsches Spielzeug, mit klaffendem Schädel wie ein Abgrund, der ein recht gelehrtes Spielzeug.


                                         ***


      Meine Seele hat es mit dem Guten, dem Schönen getroffen oder dem, was mir gleicht. Ich bin mehrere vermisst gemeldete Personen: du und du, die Rückkehr auf Erden, die Arme ausgebreitet für nichts oder für gewöhnliche Liebkosungen. Ich bin jahrlos; meine Hunde, meine Puppen, meine Kinder bevölkern das Loch meines Kopfes. Ich habe nur Schwerverletzte, mich oder mich: ich bin das Elend der Armen (die man für vermisst hält, die aber ständig wiederkehren), die umher kriechen auf der Suche nach Unsagbarem, deren Flügel besudelt sind vom eigenen Makel oder die einem buchstäblich den Atem verschlagen.


                                          ***


      Ich, nicht das Leben, du, in meinem ganzen Dasein immer weniger praktischen Raum einnehmend. Ich, nicht im Käfig, du, mit den Zornigen, den Zwangsarbeitern in übervölkerten Zellen, angefertigt aus Gründen, die nur dem Ende des Denkens eignen. Ich schlüpfe aus meiner geliehenen Leiche, wie jemandes Krankheit sagt oder eines anderen Epiphanie. Mit meinen Zungen stecke ich häufig in den durchbohrten Körpern und Gruften, die das Himmelsgewölbe nachahmen oder das Tier aus sich herauslassen ...

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch: Nathalie Mälzer-Semlinger

[Voici la grande machine de ma robe de mariée]

francoščina | Jean-Marc Desgent


      Voici la grande machine de ma robe de mariée éveillée, endormie.
L’amour prend la forme d’un cheval de fer qui fait le vent des fous, les rails sont lancés, je suis traversé par les états-nations (on n’a pas connu plus tragique), le rythme est langue normale : homme-femme, homme-femme, cœur-cœur, peur-peur et j’entre en gare.

      Je suis la pauvre passion, immenses verrières de toi, moi, pourtant, on met à jour mon sexe et l’autre sexe : toi, moi, les étrangers du visible, les apeurés d’être avant ou devant le monde, pendant et après le sang qui roule sur la caisse de nos corps. Et mes deux ressemblances : l’animal de moi en chacun, mais pour personne et la tristesse des attouchements (ils sont les détruits du sens qu’on donne à n’importe quoi).

      À partir de là, je deviens mortel pour vrai et fin de non-recevoir, aussi roche poreuse que corps en passoire comme lorsque nous nous donnons aux anges.

                                                                   ***

      On est l’objet du massacre comme on dit les objets du désir : on est moins que la fente bleue, argentée, bleue, argentée devant soi aux voilures coupées (le volatile de fin coton est une vue de l’esprit), on est sans tremblements ou autres agitations qui connaissent bien la loi de la pesanteur.

                                                                                  ***

      Plus on fait l’abstraction, plus il est facile de tuer la fille avec garçon effiloché. Je suis longue volée de plombs comme un rideau tombé… Et ça tombe, les deux amoureux !

      Je fais le pont entre leurs deux cuisses, ma bouche, ma langue, ma dyslexie sont moitié-moitié : à droite, un peu de vie encore, à gauche, un peu de souffle court, cuisse droite, un peu l’odeur, cuisse gauche, un peu la mort,  au centre, un peu d’eau



vinaigrée suant des hanches percées, gauche, droite, gauche, droite et jusqu’au vide.

      Ça nous apprendra, toi, moi, à vouloir donner tout.

© Jean-Marc Desgent
Audio production: Union des écrivains et des écrivaines québécois

[Sieh die große Maschine meines Brautkleids beim Wachen]

nemščina

      Sieh die große Maschine meines Brautkleids beim Wachen, beim Schlafen. Die Liebe nimmt die Gestalt eines Eisenpferds an, aus dem entsteht der Wind der Narren, die Schienen laufen, Nationalstaaten ziehen durch mich hindurch (das ist der Höhepunkt der Tragik), der Rhythmus ist normale Sprache. Mann-Frau, Mann-Frau, Herz-Herz, Schmerz-Schmerz, so fahr ich in den Bahnhof ein.

      Ich bin die arme Leidenschaft, maßlose Glaswände von dir, von mir, dennoch werden mein und das andere Geschlecht auf den neuesten Stand gebracht, du, ich, die Fremden des Sichtbaren, die fürchten, sie kämen oder stünden vor der Welt, während und nach dem Blut, das über den Kasten unserer Körper schlingert. Und meine beiden Ähnlichkeiten: das Tier aus mir in jedem, doch für niemanden und die Traurigkeit der Berührungen (sie sind die Zerstörten des Sinns, den man jedwedem Ding verleiht).

      Von da an werde ich wahrhaft sterblich und abschlägig bescheidend, poröser Fels auch wie ein geseihter Körper wenn wir uns den Engeln hingeben.

                                        ***


      Man ist Objekt des Blutbads wie es Objekt der Begierde heißt: man ist weniger als die blaue, silberne, blaue, silberne Ritze vor einem selbst mit dem abgeschnittenen Tragwerk (das Federvieh aus feiner Baumwolle ist eine Geistesansicht), man ist frei von Zittern oder anderen Unruhen, die das Gesetz der Schwerkraft so gut kennen.

                                        ***


      Je stärker man abstrahiert, desto leichter ist es, das Mädchen mit zerfastertem Jungen zu töten. Ich bin ein langer Bleihagel der fällt wie ein Vorhang ... Und wie das fällt, ihr Liebenden!

Ich schlage die Brücke zwischen ihren beiden Schenkeln, mein Mund, meine Zunge, meine Legasthenie sind halb und halb: rechts, noch ein wenig Leben, links, ein wenig Kurzatmigkeit, rechter Schenkel, ein wenig Geruch, linker Schenkel, ein wenig Tod, in der Mitte, ein wenig Essigwasser, das aus den zersiebten Hüften sickert, links, rechts, links, rechts und bis in die Leere.

      Es wird uns, dir, mir, eine Lehre sein, alles geben zu wollen.

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch: Nathalie Mälzer-Semlinger

[On voit l’avion maman partout]

francoščina | Jean-Marc Desgent


      On voit l’avion maman partout et papa est encore dans l’espoir de le voir plonger…

      On est comme ça nous les porteurs de cendres sur le front, les coureurs de baisers jamais en croix, on est comme ça avec nos boîtes pour nous contenir, pour empaqueter nos trous de personne. Toi, avec une grande enjambée dans le ciel de nuit, moi, avec un paquet sous le bras que j’apporte de l’autre côté du monde. Toi, moi en flammes, en tournant, ça descend et c’est beau, toi, dans ta carlingue d’homme de bien, moi, n’y pense même pas : il faut imaginer mon corps quasi transfiguré par la brûlure et la surprise de ma vie… Ça fait la tête étonnée, ça fait l’être et son imposture, ça fait la tête de l’être (ç’aurait pu aussi se dire « ça fait la tête de l’autre », mais ça ne me regarde pas, ça ne pèse pas lourd dans l’ossement des désirs)… Une tête de l’être, ça se brise comme une vitre, ça fait la musique aiguë, coupante, parfois délicate, parfois, non, petits morceaux bleus, petits morceaux argentés, bleus, argentés, bleus et la lumière qu’on croirait que c’est possible.

      On ne prend pas le temps de balayer les éclats de verre dans les places publiques, c’est l’entrepôt ou l’amour avec ses caisses et sa prophétie très vieille ou très drôle… Il faut l’image de ce qui a été coupé dans la langue, il faut la langue coupée.

      À chacun, sa nuit de cristal!

© Jean-Marc Desgent
Audio production: Union des écrivains et des écrivaines québécois

[Das Flugzeug Mama sieht man allerorts]

nemščina

      Das Flugzeug Mama sieht man allerorts und Papa ist noch voller Hoffnung, dass es abstürzt ...

      So sind wir, die Träger von Asche auf der Stirn, die Jäger von Küssen, die niemals verkreuzen, so sind wir, mit unseren Schachteln, zum Zweck uns zu enthalten, unsere Niemandslöcher zu packen. Du, mit großem Schritt durch den nächtlichen Himmel, ich, unterm Arm ein Paket, das ich mitbringe von der anderen Seite der Welt. Du, ich in Flammen, in Kreisen, es geht abwärts und ist schön, du im Flugzeugrumpf eines Geachteten, ich, denk nicht mal daran: man muss sich meinen Körper verklärt vorstellen, verklärt von der Brandwunde, der Verwunderung meines Lebens ... es setzt ein erstauntes Gesicht auf, es setzt das Sein auf und dessen Schein, es setzt ein Sein-Gesicht auf (man hätte auch so sagen können »es setzt ein Ander-Gesicht auf«, doch das geht mich nichts an, das wiegt nicht schwer im Gebein des Begehrens) ... ein Sein-Gesicht zerbricht wie eine Scheibe, macht schrille, grelle, mitunter auch zarte Musik, mitunter, nein, kleine blaue Splitter, kleine silberne Splitter, blau, silbern, blau und ein Licht, dass man es für möglich hält.

Man nimmt sich nicht die Zeit, die Glasscherben von den öffentlichen Plätzen zu fegen, es ist eine Lagerstätte oder die Liebe mit ihren Kisten und ihrer Prophezeiung, uralt oder urkomisch ... Her mit dem Bild des in die Zunge Geschnittenen, her mit der abgeschnittenen Zunge.

      Jedem seine Kristallnacht!

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch: Nathalie Mälzer-Semlinger

[Nous empruntons le sentier de terre battue...]

francoščina | Stéphane Despatie

Nous empruntons le sentier de terre battue
d'autres battent la nostalgie

nous touchons les petites roches et l'herbe
comme une branche de l'arbre généalogique

nous évitons les racines   et le sol
marécageux
comme les maladies qui font écrire

© Écrits des Forges
from: Ce qu’il reste de nous
Trois-Rivières: Écrits des Forges, 2006
Audio production: 2007, Literaturwerkstatt Berlin

[Wir schlagen den Pfad der gestampften Erde ein]

nemščina

Wir schlagen den Pfad der gestampften Erde ein
andere sind mit Sehnsucht geschlagen

wir berühren die kleinen Felsen und das Gras
wie den Zweig eines Stammbaums

wir meiden die Wurzeln und den Boden
der sumpfig
wie die Krankheiten die zum schreiben bewegen

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch: Nathalie Mälzer-Semlinger

QU’APPORTERONS-NOUS AVEC NOUS DANS LA NUIT

francoščina | Paul Chamberland

Qu’apporterons-nous avec nous dans la nuit
où nous nous enfonçons?

Rien.

Que ce Rien assourdisse l’oreille des sourds.
Ce qu’au meilleur d’elle-même a rêvé l’humanité
est à trouver dans chaque fois une vie,
— dans des tronçons.

Aveugle-toi d’humus,
fouis
et désenfouis,
— exhume.

© Paul Chamberland
from: Au seuil d’une autre terre
Éditions du Noroît, 2003
Audio production: UNEQ

Was werden wir mit uns führen in der Nacht

nemščina

Was werden wir mit uns führen in der Nacht
in die wir versinken?

Nichts.

Auf dass dieses Nichts die tauben Ohren betäube.
Was die Menschheit in ihrem edelsten Kern geträumt
war stets ein Leben zu finden
– in jedem Teilstück.

Verschließe die Augen mit Humus,
scharre
und scharre aus
– exhumiere

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch: Nathalie Mälzer-Semlinger

[Tu dérives...]

francoščina | Stéphane Despatie

Tu dérives
tu crois qu'on s'en moque
et tu te mets nu comme les chiens de la ville

tu dérives organisé jusqu'à la moindre brûlure
dans ta tête un toc bruyant qui détache tes hémisphères

tu inventes des mots
et les mots t'inventent une tendresse
mais tes phrases s'effritent
et nous nous effritons dans tes pensées

tu dérives sous le torrent
les joints de tes os t'éclatent
un accord du corps
plaque le ciel
dans ta pupille nocturne
sur tes morceaux d'enfance

tu te crois ton double dans le trouble où ta mère se consume
tu mords ta main greffée dans la culpabilité du jour

de ton autre main
tu nourris ton chien blanc d'ange

© Écrits des Forges
from: Ce qu’il reste de nous
Trois-Rivières: Écrits des Forges, 2006
Audio production: 2007, Literaturwerkstatt Berlin

[Du driftest ab]

nemščina

Du driftest ab
du glaubst, wir pfeifen drauf
und ziehst dich nackt aus wie die Hunde der Stadt

du driftest ab organisiert bis in die kleinste Verbrennung
in deinem Kopf ein lautes Klopf das deine Halbkugeln löst

du erdichtest Wörter
und die Wörter erdichten dir Zärtlichkeit
doch deine Sätze splittern
und wir splittern in deinen Gedanken

du driftest ab unterm Wildbach
die Fugen deiner Knochen sprengen dich
ein Akkord des Körpers
schlägt über deine Kindheitsstücke
in deiner nächtlichen Pupille
den Himmel an

du hältst dich für einen Irren in den Wirren, wo deine Mutter sich verzehrt
du beißt dir in die Hand, gepropft in die Schuldigkeit des Tages

und nährst mit der anderen
deinen engelsweißen Hund

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch: Nathalie Mälzer-Semlinger

Scantate à Beckett

francoščina | Michel Garneau

Everything sopping wet under a black sky.
Only bright spot a blackbird.

Samuel Beckett
Ussy-sur-Marne
lettre à son oncle Jim et sa femme Peggy
1968


tout est trempe sous un ciel noir
éclairé par un seul merle
j’ai laissé la ville derrière
trop bruyante et même trop fière

moi je me cherche du vide
enfin ce qui lui ressemble
je suis du bord du silence
mais c’est pas la mort que j’aime

j’ai laissé la ville derrière
trop bruyante et même trop fière
j’aime la vie en son haleine
en son souffle et son battement

je suis du bord du silence
mais c’est pas la mort que j’aime


**

© Michel Garneau
Audio production: Union des écrivains et des écrivaines québécois

Skantate an Beckett

nemščina

Everything sopping wet under a black sky
Only bright spot a blackbird.

Samuel Beckett
Ussy-sur-Marne
Brief an seinen Onkel Jim und seine Frau Peggy
1968


Alles träufelt unter schwarzem Himmel
eine Amsel einzig heller Punkt
die Stadt ließ ich in weiter Ferne
zuviel Hochmut und Gelärme

nach Leere suche ich
oder etwas in der Art
ich stehe auf der Seite der Stille
doch liebe ich nicht den Tod

die Stadt ließ ich in weiter Ferne
zuviel Hochmut und Gelärme
ich liebe das Leben in ihrem Atem
ihrem Treiben, ihrem Puls

ich stehe auf der Seite der Stille
doch liebe ich nicht den Tod

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch: Nathalie Mälzer-Semlinger

rispetti

francoščina | Michel Garneau

1-

toujours et sans cesse elle goûtait la menthe
jusqu'au creux du ventre tremblait en l'amour
elle le voulait en elle dès le bleu du jour
l'homme jeune ne pouvait vouloir meilleure amante

mais il fallait lui dire qu'on la voulait
car pour elle dormir seule c'était trop laid

d'un amant à l'autre elle se lavait les dents
elle était bien propre avec du mordant


2-

elle parlait peu gouluement elle écoutait
elle buvait lentement savait attendre
rien ne l’humiliait elle était trop tendre
elle donnait et c’est prendre qui lui coûtait

alors tous nous la traitions comme un chien
il nous semblait même qu’elle y mettait du sien

on la flattait d’une main fumant de l’autre
en attendant qu'en sa bonté on se vautre


3-

on se servait d'elle la fille menthe
on la dévorait comme un petit bonbon
innocents tellement elle goûtait bon
il ne fallait même pas qu'on lui mente

dans le noir de mon coeur la nommais la sainte
elle nous absolvait entendait nos plaintes

all the sad young men elle nous guérissait
de tout son sexe doux elle nous bénissait

© Michel Garneau
Audio production: Union des écrivains et des écrivaines québécois

Rispetti

nemščina

1-

stets nach Minze schmeckte ihr Kuss
bei der Liebe bebte sie bis in die Scham
und wollte schon morgens dass er in sie kam
wer könnte da träumen von größerem Genuss

doch wollte sie hören, dass wir sie begehrten
und mochte nicht schlafen ganz ohne Gefährten

die Zähne putzte sie peinlich genau
nach jedem der Freier: Biss hatte die Frau.


2-

sie hörte uns zu, selber sprach sie nicht viel
bedächtig trank sie, verstand es zu warten
nichts erniedrigte sie, sie schenkte mit zarten
Händen, zumal ihr das Nehmen missfiel

darum behandelten wir sie wohl schlecht
auch schien es als sei es ihr letztendlich recht

man tätschelte sie bloß mit einer Hand
und rauchte bis man bei ihr Einlass fand


3-

wir benutzten die Minzefrau rein zum Vergnügen
und verschlangen sie wie ein Zuckerstück
gar unschuldig wähnten wir uns vor Glück
denn wir brauchten sie nicht einmal zu belügen

ich hielt sie für heilig im tiefsten Herzen
erlöste sie uns doch von Sünde und Schmerzen

all the sad young men sie machte uns gesund
mit ihrem Geschlecht und ihrem Minzemund.

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch: Nathalie Mälzer-Semlinger

Orchidée nègre

francoščina | Anthony Phelps

Orchidée nègre tresse sauvage de mon désir   
tes yeux de foudre en vacances rejettent l’ailleurs
saignant le pain de mes guitares
voleuses d'été de tous mes lieux de pierres
Quand ma mémoire en friches prend appui sur le zinc
tes raisins bousculent mon rhum
Ah ! droiture des mots par-dessus les tuiles
que la vie est belle   
quand tu défais ta blouse drogue des yeux
et que ma charge de paysages
chante son air de flûte
Et quand tu fais glisser ta jupe
mon chapeau de paille-flamme
vole jusqu'au mât des oiseaux
coiffe les tours pressées de l'église paroissiale
et la ville laisse couler sa géographie
qui nous emporte
petites ruelles aux mains chaleureuses des portails
pavés luisants qui lorgnent sous la robe des femmes
jardin d'adolescents qui se flairent et se mesurent
et l'unique terrasse de San Miguel de Allende
danse sa gigue
entre touristes qui vont et viennent
dans le lent midi mexicain

Orchidée nègre
la vie est douce quand tu t'allonges à mes côtés
et lorsque ton miracle écarte son amande
le ciel nous tombe sur le tête
Tous les fantômes nous font face
et cette même voix vorace avide
nous parle entre épiderme
éblouissant l'absence des montagnes
Et face à face dans notre rire mûrissant
nous reprenons mesure exacte de notre profondeur
et la sagesse entre nous deux élève son épi
et de nouveau nous habitons nos sexes vierges
dans leur imprenable vision
J'écoute alors la pluie jouer avec ma joie
La montagne retrouvée dresse ses pins
entre nos murs en construction
Sueur et sang mêlés
nous refaisons les premiers pas du Paradis perdu
danse où l'eau se dévide de son lit

Orchidée nègre
secrète parure exhibée sans pudeur fausse
quel oiseau en reconnaissance de dettes
te laisserait gage de plumes et d'ailes
en toute décence tout appétit
Dans le drap du plaisir
et le temps si longtemps attendu
du pas de deux sur nos plages altérés
Il n'y a place que pour l'échange et le partage
et nos variables géométries
s'ajustent et se complètent

Cœur de dérive en robe de déraison
ah que la vie est douce au creux de ton amande
Orchidée toujours parée comme pour la noce
de nouveau nous habiterons nos sexes vierges
et de nouveau nos gestes emprisonnés
s'épanouiront en toute licence
dans la fidélité du sel et l'indulgence de l'encre

Orchidée nègre Pierre en attente
très peu je te laisse
Le chant de la fontaine dans la complicité de l'eau
Le jardin de nos mains
où le Présent entre tes seins fait son soleil
Peu très peu Orchidée nègre
Je te laisse mon testament de grenades
grains receleurs du jus doux-acide
et mon désert de l'écriture
ou parfois pousse une oasis

© Anthony Phelps
from: Orchidée nègre
Montréal : Triptyque , 1987
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2011

SCHWARZE ORCHIDEE

nemščina

Schwarze Orchidee wildes Flechtwerk meines Begehrens
deiner Augen müßige Blitze werfen das Anderswo zurück
lassen das Brot meiner Gitarren zur Ader
Sommerdiebe all meiner steinernen Orte
Wenn meine brache Erinnerung sich auf den Tresen stützt
drängen deine Trauben meinen Rum
Ah! Geradheit der Wörter über allem Tüll
wie schön ist das Leben
wenn du deine Bluse aufknöpfst Droge für die Augen
und meine Ladung Landschaft
ihr Flötenlied spielt
Und wenn du deinen Rock zu Boden gleiten lässt
fliegt mein lodernder Strohhut
hinauf zum Mast der Vögel
schmückt die eiligen Türme der Parochialkirche
und der Stadt entströmt eine Geographie
die uns fortschwemmt
kleine Gassen mit den herzlichen Händen der Portale
glänzendes Pflaster das unter die Kleider der Frauen schielt
Garten der Jugendlichen die sich näher kommen sich messen
und die einzige Terrasse von San Miguel de Allende
tanzt ihre Gigue
zwischen strömenden Touristen
in der trägen mexikanischen Mittagsstunde

Schwarze Orchidee
das Leben ist süß legst du dich neben mich
und wenn dein Wunder seine Mandel spreizt
fällt uns der Himmel auf den Kopf
Alle Geister bieten uns die Stirn
und dieselbe gefräßig-begierige Stimme
spricht zu uns von Haut zu Haut
überstrahlt das Fehlen der Berge
Und in unserem reifenden Lachen
vermessen wir dicht an dicht unsere Tiefen
die Weisheit zwischen uns erhebt ihre Ähre
und wieder bewohnen wir unser keusches Geschlecht
mit seiner unverbaubaren Sicht
Dann horche ich wie der Regen mit meiner Freude spielt
Und das wiedergefundene Gebirge stellt Pinien auf
zwischen unseren unfertigen Mauern
Mit Blut und Wasser
machen wir die ersten Schritte des verlorenen Paradieses
Tanz bei dem die Wasser das Flussbett enthaspeln

Schwarze Orchidee
verborgener Schmuck enthüllt ganz ohne falsche Scham
welcher Vogel hinterließe dir in Schuldanerkenntnis
Federn und Flügel als Pfand
voll Anstand voll Gier
Im Laken der Lust
und der lang herbeigesehnten Zeit
des Pas de Deux auf unseren verfälschten Stränden
gibt es Platz nur für Tauschen und Teilen
und unsere wandelbaren Geometrien
fügen und ergänzen sich

Driftendes Herz im Gewand der Unvernunft
ah, wie süß ist das Leben in der Tiefe deiner Mandel
stets wie zum Hochzeitsfest geschmückte Orchidee
wieder werden wir unser keusches Geschlecht bewohnen
und wieder werden unsere gefangenen Gebärden
sich zügellos entfalten
in der Treue des Salzes und der Duldsamkeit der Tinte

Schwarze Orchidee Wartender Stein
Wenig sehr wenig vermache ich dir
Den Gesang der Quelle im verschworenen Wasser
Den Garten unserer Hände
wo die Gegenwart zwischen deinen Brüsten eine Sonne erschafft
Wenig sehr wenig schwarze Orchidee
Ich vermache dir mein Granatapfeltestament
Samen Hehler des süß-sauren Safts
und die Wüste meines Schreibens
der manchmal eine Oase entsprießt

Übersetzung von Nathalie Mälzer-Semlinger

muzain des hormones

francoščina | Michel Garneau

de bons savants qui savent faire ce genre de choses
ont calculé bien finement l’exact poids
de ce fin fondement de tous nos petits moi
et celles-là que je m’imagine roses

les hormones toutes les hormones du monde
toutes ensemble pèseraient onze tonnes
et tiendraient toutes en de modestes bondes
sur un grand fardier que la lumière inonde
pour que jusques aux fondements ça nous étonne

© Michel Garneau
Audio production: Union des écrivains et des écrivaines québécois

Muzain der Hormone

nemščina

Hohe Gelehrte die uns mit ihrem Wissen beschenken
haben jüngst das Gewicht jenes Stoffes bestimmt
der die Grundlage darstellt, für das, was wir sind
und so heißt es, dass was wir uns rosarot denken:


die gesamten Hormone, die unter der Sonne,
zusammen nur elftausend Kilogramm wögen
und Platz fänden in einer bescheidenen Tonne
auf einem Fardier, der zu unserer Wonne
im Sonnenlicht glänzt, dass wir staunen mögen

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch: Nathalie Mälzer-Semlinger

LA HERSE DE LA RAGE

francoščina | Paul Chamberland

La herse de la rage
racle un trop-plein de corps.

Dans ta mâchoire une mâchoire
— d’État! — claquénonce
sa loi hors loi,
la fringale thanatos.

Un Ézéchiel énergumène
halète d’un charnier à l’autre,
compte les os,
n’y arrive pas
et fout le reportage dans la déchiqueteuse.

Est-ce qu’un écrit pourrait encore prophétiser?

T’arrachent la chair,
veulent te voir pisser le sang,
savourent leur...
preuve.

D’un poing lustré à l’eau de Pilate
ils hissent le fétiche colombe
car ils d’apprêtent à ligoter
l’humanité
dans leurs traités de paix.

© Paul Chamberland
from: Comme une seule chair
Éditions du Noroît, 2009
Audio production: UNEQ

Die Egge des Zorns

nemščina

Die Egge des Zorns
schrappt eine Überfülle an Körper.

In deinem Kiefer ein Kiefer
– ein staatlicher! – knallkündet
sein rechtloses Recht,
die Thanatos-Gier.

Ein besessener Hesekiel
hechelt von einem Massengrab zum andern,
zählt die Gebeine,
scheitert
und wirft den Bericht in den Reißwolf.

Taugt ein Schreiben noch zum Prophezeien?

Zerreißen dein Fleisch,
wollen dein Blut  spritzen sehen,
genießen ihren ...
Beweis.

Noch glänzend vom Wasser des Pilatus reckt
ihre Faust den Taubenfetisch in die Höhe
denn sie schicken sich an
die Menschheit
in ihre Friedensverträge zu fesseln.

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch: Nathalie Mälzer-Semlinger

Dans la lande

francoščina | Suzanne Jacob

Dans la lande  dans la nuit
tu es venu me rejoindre
j’ai léché ta main
salée de naissance
tu m’as expliqué que d’autres galaxies
roulaient au-delà de notre histoire
je te croyais
c’est la raison pour laquelle j’ai voulu
compter encore une fois
tes cheveux un à un.

© Suzanne Jacob
from: Poèmes I-Gémellaires
Montréal: éditions du biocreux, 1981
Audio production: Union des écrivains et des écrivaines québécois

In der Heide

nemščina

In der Heide in der Nacht
hast du dich zu mir gesellt
deine Hand hab ich geleckt
die salzig von Geburt an
du erklärtest, weitere Galaxien
kreisten jenseits unserer Geschichte
ich glaubte dir
drum wollte ich
noch einmal jedes
deiner Haare einzeln zählen

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch: Nathalie Mälzer-Semlinger

JE TE TROUE

francoščina | Paul Chamberland

Je te troue,
tu me troues,
c’est fait sec et véloce
sous nos sourires crispés.
À fond de train
la dislocation du monde.

© Paul Chamberland
from: Comme une seule chair
Éditions du Noroît, 2009
Audio production: UNEQ

Ich löchere dich

nemščina

Ich löchere dich
du löcherst mich
schnelle heftige Stöße
mit gespanntem Lächeln.
in rasender Hast
die Auflösung der Welt.

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch: Nathalie Mälzer-Semlinger

J’ignore

francoščina | Suzanne Jacob

Tu habites cette exacte dimension
toujours certain de l’espace
sûr et sans écart
de la mesure apprise,
tu sais.

Tandis que j’erre à l’intérieur de l’œuf
et que j’aperçois
par la fissure de la coquille bleue
une soif inconnue qui m’observe
minuscule ou immense,
j’ignore.

© Suzanne Jacob
from: Poèmes I-Gémellaires
Montréal: éditions du biocreux, 1981
Audio production: Union des écrivains et des écrivaines québécois

Keine Ahnung

nemščina

Du bewohnst eine genaue Dimension
deines Raumes stets gewiss
der sicher ist und nie abweicht
vom erlernten Maß,
du weißt.

Ich hingegen irre umher im Innern des Eis
und erblicke
durch den Riss der blauen Schale
einen unbekannten Durst, der mich belauert
ob nun winzig oder mächtig
keine Ahnung.

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch: Nathalie Mälzer-Semlinger

Quand je te dis

francoščina | Suzanne Jacob

Quand je te dis que je te possède,
je dis que ton existence possède son espace
à l’intérieur de moi.
Je te dis que ton existence à l’extérieur de moi
m’est parvenue
et que te voilà double.
Ton double ne partira pas en mer jeudi.
Si tu ne reviens pas de la mer, toi,
c’est ton double qui va se charger de ton existence,
et pour longtemps.

© Suzanne Jacob
from: Poèmes I-Gémellaires
Montréal: éditions du biocreux, 1981
Audio production: Union des écrivains et des écrivaines québécois

Wenn ich dir sage

nemščina

Wenn ich dir sage, dass ich dich besitze,
sag ich, dein Dasein besitzt seinen Raum
innerhalb meiner.
Ich sag dir dein Dasein außerhalb meiner
hat mich erreicht
und nun bist du geteilt.
Dein zweites du sticht Dienstag nicht in See.
Und kehrst du nicht von See zurück,
so nimmt das zweite Du dein Dasein an,
und zwar für lang.

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch: Nathalie Mälzer-Semlinger

L'exil quotidien

francoščina | Anthony Phelps

Mon ami aux yeux de plage
a peint une folle comme un cri de victoire
Alléluia le robinet n'a point perdu parole de soif

Mon ami aux jambes d'ailleurs
a peint une toile
pareille au chant des lendemains fraternels
Alléluia le robinet chante la vague
et les chiffons prennent le vent

Mon ami le poète a peint une toile
collage de seins de nudité féconde
collage du temps passé du revécu
collage du Pays balafré
et recousu dans sa chair vive

Mon ami le poète a peint une toile
et puis s'est étendu près de sa femme auréolée
nue dans son lit de fête
faisant chanter l'oiseau de ses doigts

Chiffonnier de l'exil
il coud des flaques de souvenirs
des poèmes de miel et de fracas
des chants fêlés aux barbelés du quotidien.

© Anthony Phelps
from: Motifs pour le temps saisonnier
Paris: Pierre Jean Oswald, 1976
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2011

TÄGLICHES EXIL

nemščina

Mein Freund mit den Strandaugen
hat ein Gemälde gemalt wie Siegesjubel
Halleluja der Wasserhahn kennt noch die Sprache des Dursts

Mein Freund mit den Beinen von anderswoher
hat ein Gemälde gemalt
gleich dem Gesang von brüderlicher Zukunft
Halleluja der Wasserhahn singt das Loblied der Welle
und die Lumpen blähen sich im Wind

Mein Freund der Dichter hat ein Gemälde gemalt
Collage aus Brüsten in fruchtbarer Nacktheit
Collage der vergangenen Zeit des noch einmal Erlebten
Collage geschundener Heimat
genäht bei lebendigem Leib

Mein Freund der Dichter hat ein Gemälde gemalt
und sich ausgestreckt bei seiner Frau
die nackt und lichtumkränzt im Hochzeitsbett
mit ihren Fingern dem Vogel ein Lied entlockt

Lumpensammler des Exils
er näht die Lachen der Erinnerung
Gedichte aus Honig und Lärm
am Stacheldraht des Alltags geborstene Lieder.

Übersetzung von Nathalie Mälzer-Semlinger