Jean-Marc Desgent
[On voit l’avion maman partout]
jezik: francoščina
Prevodi:
nemščina ([Das Flugzeug Mama sieht man allerorts])
[On voit l’avion maman partout]
On voit l’avion maman partout et papa est encore dans l’espoir de le voir plonger…
On est comme ça nous les porteurs de cendres sur le front, les coureurs de baisers jamais en croix, on est comme ça avec nos boîtes pour nous contenir, pour empaqueter nos trous de personne. Toi, avec une grande enjambée dans le ciel de nuit, moi, avec un paquet sous le bras que j’apporte de l’autre côté du monde. Toi, moi en flammes, en tournant, ça descend et c’est beau, toi, dans ta carlingue d’homme de bien, moi, n’y pense même pas : il faut imaginer mon corps quasi transfiguré par la brûlure et la surprise de ma vie… Ça fait la tête étonnée, ça fait l’être et son imposture, ça fait la tête de l’être (ç’aurait pu aussi se dire « ça fait la tête de l’autre », mais ça ne me regarde pas, ça ne pèse pas lourd dans l’ossement des désirs)… Une tête de l’être, ça se brise comme une vitre, ça fait la musique aiguë, coupante, parfois délicate, parfois, non, petits morceaux bleus, petits morceaux argentés, bleus, argentés, bleus et la lumière qu’on croirait que c’est possible.
On ne prend pas le temps de balayer les éclats de verre dans les places publiques, c’est l’entrepôt ou l’amour avec ses caisses et sa prophétie très vieille ou très drôle… Il faut l’image de ce qui a été coupé dans la langue, il faut la langue coupée.
À chacun, sa nuit de cristal!