Branko Čegec

I felt his gaze the moment he entered.
medium height, broad shoulders, grey hair.
maybe from germany. I didn't hear him speak.
I crouched above the box with fish pate, pasting prices.
my white duster heavily unbuttoned, almost completely, I realized.
nothing underneath. it was a sultry day, and a duster
makes you feel cramped. I liked to leave my panties at home.
I'm not especially pretty, the way I am, delicate and freckled,
though with tall islanders legs, shaped by rocks and thickets.
finished by waves, scirocco and gale taking turns.
maybe I'm not a beauty, but my legs are really lovely.
he stood petrified. couldn't avert his eyes.
as if he never saw a woman's tuft. or, perhaps,
he never saw it under a duster. it gave it
a special softness and enigmatic quality. and
that little curl shiny in the counterlight: as if I
flung a fish-hook behind a cape and a fish swallowed it
instantly and wouldn't let it go. I already intended
to get up, when his stare pinned me down. I couldn't move.
it was a hypnotic paralysis, or even something worse.
then the story got screwed up by an italian with a fat lady.
he walked in, yelling and storming between the customers.
together with that woman he positioned himself between us,
in front of the refrigerator with milk and cheeses.
nice moments are clearly short-lived. I saw the grey head
move to the cashier. I rose and buttoned up
three accidentally loose buttons. is it tuesday today?
after work i'll stay home. that's all one gets from certain days.

alors qu'il était à la porte, j'ai senti son regard.
de taille moyenne, aux larges épaules, aux cheveux argentés.
je ne sais pas s'il était allemand. je ne l'ai pas entendu parler.
accroupie au-dessus de la caisse aux pâtés de poisson, je collais les prix.
ma robe-tablier blanche était déboutonnée haut. trop haut, j'ai compris alors.
je ne portais rien en dessous. il faisait chaud, et l'uniforme
ne laissait pas trop de place. j'aimais oublier ma culotte.
je ne pense pas être particulièrement belle. je suis petite, mes joues sont tachées de son,
pourtant, mes jambes sont fines, modelées par la pierre et par le maquis de l'île.
dessinées par les ondes, tour à tour par le sirocco et par la bora.
peut-être ne suis-je pas une pin-up, mais j'ai une sacrée belle paire de jambes.
il est resté pétrifié. ne pouvait plus détacher son regard.
comme si jamais auparavant il n'avait vu la toison féminine. il se peut
qu'il ne l'ait jamais vue sous une robe-tablier blanche. elle lui donnait
une douceur particulière, la rendait mystérieuse. et une petite boucle
accentuée par le contre-jour : comme si j'avais jeté un hameçon nu
dans la mer derrière le promontoire. le poisson a mordu tout de suite et
désormais ne voulait plus s'affranchir. je voulais déjà me lever,
mais son regard m'a clouée à la caisse. je ne pouvais plus bouger du tout.
c'était une paralysie hypnotique, ou un cas encore plus grave.
un italien accompagné de sa femme obèse a foutu cette histoire en l'air.
Il est entré dans le magasin en criant et s'est fait une place parmi tous
les clients. avec sa femme il s'est installé entre nous deux,
devant le frigo rempli de lait et de fromages.
les beaux moments sont éphémères, évidemment. j'ai vu la tête argentée
s'éloigner vers la caisse. je me suis levée et j'ai boutonné
trois boutons dégagés par hasard. sommes-nous mardi aujourd'hui ?
après le boulot je resterai chez moi. certains jours il ne faut pas demander mieux.

2004-08-10

schon als er eintritt spüre ich wie er mich anstarrt.
mittelgroß, breite schultern, leicht graues haar.
ein deutscher? weiß nicht – er hat ja noch nichts gesagt.
ich hocke über dem karton mit fischpasteten und klebe preisschilder auf.
mein weißer kittel, weit aufgeknöpft, zu sehr – wie ich nun merke.
nichts drunter. ein schwüler tag, und ein kittel
engt sowieso ein.ich vergess gern mein höschen
ich bin nicht besonders schön. eher klein und sommersprossig,
aber mit den beinen einer insulanerin, schlank, geformt von stein
und gestrüpp.
vollendet von wellen, im wechsel von südwind und bora.
vielleicht bin ich keine schönheit, aber beine habe ich wirklich schöne.
er stand versteinert da, sein blick geffeselt.
als hätt’ er nie den flaum einer frau gesehen. oder womöglich
nie unter einem weißen kittel. der  gibt ihm
besondere zartheit und ein geheimnis. und dieses kleine löckchen
das hervorsticht im gegenlicht: als hätte ich die blanke angel
ausgeworfen ins meer hinter dem kap und ein fisch flugs
nach ihr geschnappt
und jetzt lässt sie ihn nicht mehr los. ich will schon aufstehen,
als mich sein blick an den karton heftet. ich kann mich nicht mehr bewegen.
wie eine Hypnose oder irgendwie schlimmer.
die sache versaute  ein italiener mit einer matrone.
kommt der doch in den laden, schreit und tobt vor all den
kunden. mit der matrone stellt er sich zwischen uns,
vor das kühlregal mit milch un käse.
schöne augenblicke sind offenbar kurz. ich seh den grauen kopf
sich zur kasse entfernen. stehe auf und mache
drei zufällig aufgegangene knöpfe zu. ist heute dienstag?
nach der arbeit bleib ich zu haus. von manchen tagen darf man nicht
zuviel verlangen.

2004-8-10