Édith Azam
[Une parole, vite, sans trace...]
[Une parole, vite, sans trace...]
Une parole, vite, sans trace. Une balle en granit incrustée dans la peau : je bascule ma tête s’ouvre et c’est à la fin de la lumière. Je lis dans les veines de ma gorge, dans les veines de ma gorge, dans les veines... Le vide et la terreur, ce n’est pas le début, non non, c’est la terreur. Effacer effacer. Paysage irréel, son mat, solitude : Du sable dans la tête. Respiration. Respiration coupée. Lui ses doigts tremblent sur la table. Elle : a des partis pris. Elle cherche l’assassin de l’imaginaire. Les bruits du corps : dedans les voitures. L’énervement ronge les dents, ronger les dents nous rouille. La géographie n’a pas de mesure. Ils parlent tous les deux à présent. Mais ça ne fonctionne pas, leur phrase est agrammaticale, leur longue et même phrase qui tourne en boucle : obligé. Comment ça s’est fini ? je suis partie, et c’est très bien comme ça. Mais un mot me gêne, une exclusion, une précision injustifiée. C’est possible, oui, exactement, il faudrait supprimer, supprimer : l’assassin de l’imaginaire. Le vent s’engouffre, il gèle. Il gèle des oiseaux, ma tête s’ouvre, les veines de ma gorge… je bascule, je ne peux m’arrêter de basculer, basculer. Le crissement d’un rideau de fer, la ligne de chemin de fer, les mensonges c’est dans les yeux, c’est dans les coins, aux commissures, mais ferai pas de commentaires. Si je me trompe oui, je suis prête à faire ça, réintégrer ma friche, plus faire de commentaire.