Hélène Monette
NOS AÏEUX ÉTAIENT CERNÉS
Nos aïeux étaient cernés
ça finissait en queue de poisson, et encore
ça prenait long de corde
des pièges dans la tête et un nœud dans la main
des poils humains au-dessus du reptile
immenses navires et foules de nains
aux jambes de paysans, têtes d’enfants
corps de serpents
la chaleur, elle devait être fantasque
le ciel comme l’univers, imprévus
par-dessus le monde sur les flots
les corps gluants comme un pont de bateau
en haute mer
il pleut des cordes sur l’océan
que personne n’a encore vu
rêve fourbu, brillant azur gothique
fatigue inconnue
sur la corde-à-linge du bateau
les chemises mises à sécher
la mélancolie des cavernes
les ailes des anges
tout prend l’eau
petites conquêtes, grosses pertes
et ainsi de suite, boum boum
depuis les poissons