Hélène Monette
C’ÉTAIT UN JOUR DE TORNADE
C’était
un jour de tornade
c’était comme un rêve trépidant, une formule magique
un coup de vent
qui dans la forêt
qui entre le balcon et la porte ouverte
les autres sur l’immense galerie grise ou verte
nous étions terrorisés et souriants
comme à la veille d’un naufrage
toutes sortes de bêtes nous dévoraient
et il pleuvait
comme il pleuvait
certains parlaient
certains bûchaient les sentiers
pour dégager la fin du monde de l’effondrement
par les rigoles par bienveillance
certains tressaillaient à chaque éclair
d’autres recueillaient les grêlons à pleines mains
en aimant la matière et le monde
certains faisaient les cent pas
d’autres cherchaient à se lier
en pleine tempête
et puis, tandis que quelqu’un ailleurs
entretenait une conversation, un cercle, une tribu
les autres, estomaqués
avaient les yeux rivés sur l’atmosphère
nous étions des visages, de si beaux visages
dix-sept ou trente-deux
dans la forêt
perpétuelle et finale
comme le dernier mouvement d’une symphonie
peut-être que nous le verrons, le déluge
frêles, grandioses
comme des marins en haute mer
mon mousse, mon capitaine
ma princesse, mon écureuil
mon ami
mon beau petit bonhomme