Nathalie Bontemps 
Translator

on Lyrikline: 4 poems translated

from: арабский to: французский

Original

Translation

(المتلصّص)

арабский | Golan Haji

من ثقبين في قلبِ الشجرة
       ينظرُ إلينا الضوء
        مثل طفلٍ يلهو بالصور
            اسمهُ الموت،
     ويرى كيف اقتُلِعتِ الزهور
      فاقتلَعتْ جذورُها عظامنا.

في مدنٍ شُيَّدت من أصواتِ الموتى
   أمكنةٌ لن ندخلَها لأنها مثلنا
        بعيدةٌ مكروهةٌ رخيصة،
      أرقامٌ ترفعُ رؤوسَها وتفسدُ الأحاديث؛

كنا غُرَفاً على سطحِ العالم
    بناها الضوءُ من الصمت
      يستأجرها طلبةٌ وعمّالُ بناءٍ مفلسون،
     وتظلّلها دائماً
         كلماتٌ كثيرةٌ وسخة.

© Golan Haji
Audio production: Haus für Poesie, 2019

Le voyeur

французский

Par deux trous dans le cœur de l’arbre
la lumière nous regarde
comme un enfant qui s’amuse avec des images
et qui s’appelle la mort.
Il voit comme les fleurs ont été arrachées
alors leurs racines ont arraché nos os.

Dans des villes érigées avec les voix des morts
des lieux où nous ne pénètrerons pas
car ils sont comme nous
- lointains, haïs, médiocres –
chiffres qui lèvent la tête et polluent les paroles ;

nous étions des chambres sur le toit du monde
bâties de silence par la lumière,
louées par des étudiants et des ouvriers en bâtiments, tous fauchés
ombragées toujours
par tant de mots sales.

Traduit de l'arabe par Nathalie Bontemps

الابن الثامن

арабский | Golan Haji

 أيُّها الغريب،
       يا توأمي و سفّاحَ أوقاتي،
 أرجوك:
 هادئاً مثلي اصعدِ الدرج،
        كأنك تدوسُ ترابَ أبيك.
 خفّفْهُ ما استطعتَ:
        خفقَ نعليك القاسيين على الحجارة الوسخة.
 صامتاً اعبرْ كتلك الغيمة،
           أو اختفِ كهذه النملةِ التي تتسلّقُ جدارَ العالم.
لا تنظرْ أحداً و لا تطرِقْ
 لا تبصقْ على بابي إذا صفقتهُ سهواً
 لا تقفْ ولا تضحكْ ولا تتكلّمْ
       أمام الأبواب:
     ثمة من تخيفهُ وأنت تدنو.
       ثمة من يراكَ وحشاً من دون أن تدري.

© Golan Haji
Audio production: Haus für Poesie, 2019

Le huitième fils

французский

Toi l’étranger,
toi mon jumeau, bourreau de mes instants,
je t’en prie :
Comme moi, monte l’escalier tranquillement,
comme si tu foulais les cendres de ton père.
Amortis ta marche autant que tu le peux :
Le dur claquement de tes pas sur les pierres sales
Passe, silencieux comme le nuage,
ou disparais comme cette fourmi qui escalade le mur du monde.
Ne regarde personne, ne frappe pas
Ne crache pas sur ma porte si je la claque distraitement
Ne t’arrête pas, ne ris pas, ne parle pas
devant les portes :
il y a quelqu’un que tu effraies lorsque tu approches.
Il y a quelqu’un qui voit en toi un monstre, sans que tu t’en doutes.

Traduit de l'arabe par Nathalie Bontemps

ضوء آذار

арабский | Golan Haji

انظُرْ:
الغيمةُ فوق رأسك
       مثل بطنِ حيوانٍ تحبُّ أن تداعبه،
الثلجُ يغطّي في الظلّ
           حجراً وكسرةَ خبز.
أتسمعُ الريحَ بين غصونِ الخوخ المزهرة؟
هل فهمتني؟
إنهُ الصباح،
الهواءُ أصفى من عيوننا
    ولا أحدَ يتركُ أثراً في مرآة.


© Golan Haji
Audio production: Haus für Poesie, 2019

Lumière de mars

французский

Regarde :
Le nuage au-dessus de ta tête
est comme le ventre d’une bête que tu aimerais caresser.
La neige recouvre dans l’ombre
une pierre et un morceau de pain.
Entends-tu le vent dans les branches du pêcher en fleurs ?
M’as-tu compris ?
C’est le matin,
l’air est plus limpide que nos yeux
et personne ne laisse de trace dans le miroir.

Traduit de l'arabe par Nathalie Bontemps

هِلال

арабский | Golan Haji


رقّقتَ ألمك.

صبياً، على الحدود، وضعْتَهُ كفلسٍ تحت عجلاتِ القطارات
وتقَلّدَتْهُ في الحقول فتاةٌ أحببتَها

علّمك المهرّبون كيف تضربهُ رويداً رويداً
في الليل بمطارقِ اللصوص
وتُخفي بصماتِك عنه أمام الآخرين

 بالصمتِ رقَّقتَه، بالمشي الطويل
حتى شفَّ وقسا
كظفرٍ مقصوص توارى في بِساطِ الزمن

وحين عثرتَ عليه
كان قمراً أنْحَلَهُ الحبّ
علّقتَهُ إلى سماءِ روحك
وسهرْتَ وحدك منتظراً آذانَ العيد.

© Golan Haji
Audio production: Haus für Poesie, 2019

Croissant

французский

Tu as poli ta douleur.

Enfant, à la frontière, tu l’as posée comme un sou sous les roues des trains
Et, dans les champs, une fille que tu aimais s’en est fait un collier.

Les contrebandiers t’ont appris à la frapper tranquillement
la nuit, avec les marteaux des voleurs,
et à cacher aux autres les empruntes que tu y laisses.

Tu l’as poli en te taisant, en marchant longuement,
jusqu’à ce qu’elle devienne dure et transparente
comme un ongle coupé, enfoui sous le tapis du temps.

Et quand tu l’as retrouvée,
c’était une lune émaciée par l’amour.
Tu l’as accrochée au ciel de ton esprit,
et tu as veillé seul, attendant l’aube de la fête*.

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En arabe : « adhan al-îd ». Littéralement : l’appel à la prière de la fête, ici l’Aïd al-fitr, ou fête de fin du Ramadan. Quand le croissant de lune apparait dans le ciel, on sait que le mois de jeûne vient de se terminer. On attend alors l’appel à la prière, à l’aube suivante, qui vient le confirmer. (NDLT)

Traduit de l'arabe par Nathalie Bontemps