Bettina Hartz 
Translator

on Lyrikline: 1 poems translated

from: немецкий to: французский

Original

Translation

CLARETTA

немецкий | Dieter M. Gräf

ihr rosa Telefon mit der extra langen Leitung
auf dem Serviertisch, damit sie besser warten
kann auf ihn, oder, stundenlang, im Zodiakal

zimmer des Palazzo Venezia, bis er kommt, für
ein paar Minuten, Quickfick oder Geige spielen;
mit ihm Chopin hören, Gedichte lesen. Er, Sohn

eines Schmieds, gewaltsamster Leser Mörikes:
Ja, das ist alles, was uns bleibt, zu Rahn. Fand
ihn mit dem Band, leergeräumter Schreibtisch;

streute gerne deutsche Wörter ein, wenn er keine
Entsprechung finden mochte: spurlos, immer mehr
verschwanden so. Hat Klopstocks Messias über

setzt, Übung für ganz schwere Finger, hat die
Pontinischen Sümpfe trockengelegt, als ein
cholerischer Halbgott, bevor er der deutschen

Sprache gänzlich erlag. Sprach Deutsch, wenn er
mit Hitler konferierte, der sandte ihm in der Kiste
den Gesammelten Nietzsche, Goldschnitt, blaues

Saffianleder: all sein Hab und Gut als Gefangener
auf dem Gran Sasso. Dolmetschte gar bei Besprechungen,
so weit kam’s, musste aber nachlesen, was genau

besprochen wurde, in den Protokollen. You’re
the top. You’re Mussolini
, sang Cole Porter in
seiner Glanzzeit, aber nun ist das nur noch einer,

alt und krank. Der Duce des Führers ist nicht mehr,
den Rest stellen die Deutschen auf in Salò;
auf der Via Nomentana lagen die Partei

abzeichen wie ein goldglänzender Teppich, und
die gelben Fluten des Tiber schwemmten Hunderte
von weggeworfenen Uniformen dem Meer zu –

die hinzurichtenden Verschwörer, der Ducellino ...
Als Faschistenführer ein Wrack, hält durch ...
wurde er denn ... „geliebt“, „als Mensch“? All

die Filme, die da laufen, zehnmal heftiger als sonst.
Ho preferito così – Claretta Petacci in: Die
Rolle ihres Lebens
, lässt sich nicht mehr abziehen

von ihrer Haut, ist ganz und gar letzte Geliebte;
und als sie ihm nachreiste, gab sie sich hin,
der Legende, wunschlos, was nähere Umstände

anging, zu allem bereit, so wie ein guter Faschist,
ein guter Partisan. Der Showdown bei Dongo.
Bekommt „so jemand“ den Tod, den er „verdient“?

Manche verdienen Geld, manche verdienen sich
ihren Tod, zahlen sich ein im Unmaß;
barbarisch, so ein Hundert-Mann-Tod, für ihn

und Claretta Petacci. Zuerst in die gewöhnlichste
Gewöhnlichkeit abfahrende Achterbahn, bevor
sie hochschnellt in ein Gleißen, das nicht

vorgesehen ist. Läppische, beiläufige Festnahme
im Konvoi, apathisch geworden, hat sich gerade
noch eine deutsche Uniform übergestreift, geht

einfach mit, sitzt da, vor irgendwem. Irgendwo
in der Pampa lässt er aus sich Der unsichtbare Mann
machen: Kopf in eine feste Hülle von Verbandsstoff

gewickelt, Mund und Augen als drei schwarze
Schlitze inmitten eines Knäuels weißer Watte.

In der Zöllnerkaserne; in der abgelegenen Berghütte.

Er, mit diesem monströs verbundenen Kopf,
Claretta mit hohen Absätzen, im Regen da hinauf.
Man sagt: ihre einzige gemeinsame Nacht, bei

diesen Bauersleuten, Feld der Resistenza, nicht besonders
bewacht, die hielten sie für ganz nette Leutchen.
Nur die Wimperntusche fiel auf, und dass sie ins Kissen

geweint hatte, bevor man sie durch die Gegend fuhr,
bis man einen Platz fand, geeignet zum Abknallen.
Das war ihr erster Tod. Dann ging es weiter. Auf

geladene Leichen, auf den Lastwagen aus Dongo,
mit weiteren, nach Mailand; die kahlgeschorenen
Faschistinnen, denen man mit roter Farbe Hammer

und Sichel auf die Stirn malte, Piazzale Loreto.
Dort ausgelegt auf dem Boden, jetzt durfte jeder mal:
spucken, treten, draufsetzen und pissen. Rache, oder

dafür, ihn vergöttert zu haben, geträumt, er erschiene
plötzlich im kleinen Leben und höbe es hoch, mit
seinem Fick, seinem Händedruck, Zeilen von seiner Hand,

in die jetzt einer ein Zepter hineinlegt, verhöhnt wie
der Judenkönig, ist er jetzt, in der allerletzten Minute nach
der allerletzten, den schon etwas breiigen Kopf auf dem Schoß

von Claretta Petacci, ihre lichtblaue Unterwäsche;
auch Partisan, denn dieser Platz ist für 15
von Deutschen Erschossene, wird nun mit den Füßen,

ist Petrus, einer, der nicht mehr er ist, wird
mit den Füßen an den Querträger
dieser ausgebrannten Tankstelle gehängt,

daneben Claretta, ihr an den Knien vom
Partisanengürtel zusammengehaltener Rock,
und die Gerarchen. Was für eine


bibel

                                                          schlimme


Gnade.

© Frankfurter Verlagsanstalt, 2008
from: Buch Vier. Gedichte
Frankfurt am Main : Frankfurter Verlagsanstalt, 2008
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin, 2012

CLARETTA

французский

son téléphone rose avec fil extra long
sur la table roulante, pour l’attendre plus
aisément, ou, des heures entières, prête à

l’accueillir dans la pièce zodiacale du Palazzo Venezia,
quelques minutes, baise éclair ou jouer du violon ;
ensemble écouter Chopin, lire des poèmes. Lui, fils

d’un forgeron, lecteur de Mörike des plus violents ;
oui, c’est tout ce qui nous reste, à Rahn. Le trouvait
avec le recueil, sans rien d’autre sur le bureau ;

aimait insérer ça et là des mots allemands, quand
aucun équivalent ne lui venait : spurlos, toujours
plus disparaissaient ainsi. A traduit La Messiade

de Klopstock, et exercice pour des doigts très lourds,
il a asséché les Marais Pontins, véritable demi-dieu
colérique, avant de succomber totalement sous

la coupe de la langue allemande. Langue qu’il parla,
quand il conféra avec Hitler, qui lui envoya dans une
caisse l’œuvre complète de Nietzsche, dorée sur tranche,

maroquin bleu : ce fut là tout son bien comme prisonnier
au sommet du Gran Sasso. Fit même l’interprète à des
conférences, en était venu jusque là, mais devait relire

et vérifier ce qui avait été strictement débattu. You’re
the top. You’re Mussolini
, chantait Cole Porter porté en
son temps de gloire, mais à présent ce n’est plus qu’un homme

du commun, vieux et malade. Le duce du Führer n’est plus,
ce qu’il en reste les allemands l’installent à Salo ;
sur la Via Nomentana une jonchée d’insignes du parti

tel un tapis brillant comme de l’or, et les flots
jaunes du Tibre charriaient vers la mer des
centaines d’uniformes qu’on y avait jetés, que ça disparaisse

les conjurés à exécuter, le Ducellino ...
Comme dirigeant fasciste une épave. Tient bon …
fut-il alors … »aimé«, »en tant qu’être humain ?« Tous les

films qui tiennent l’affiche, dix fois plus violents que d’habitude.
Ho preferito cosi ― Claretta Petacci dans : Le rôle
de sa vie
, plus question d’y perdre sa peau bêtement,

elle est corps et âme la dernière amante,
et lorsqu’elle voyagea pour le revoir, elle se donna à lui,
entra dans la légende, sans chipoter pour ce qui était

des détails, prête à tout, comme un bon faschiste,
un bon partisan. Le Showdown près de Dongo.
»Tout un chacun comme ça« a-t-il la mort qu’il »mérite« ?

Pour les uns l’argent au mérite, pour les autres savoir
mériter leur mort, s’en remettre à elle à l’excès ;
barbare, la mort d’une centaine d’hommes, pour lui

et Claretta Petacci. Banalité la plus banale
d’abord d’un grand huit qui s’emballe, avant
de se propulser dans une brillance tout à fait

imprévue. Arrestation incidente et stupide
dans le convoi, devenue apathique, venait juste
de se passer un uniforme allemand, va

bel et bien avec, assise là, devant n’importe qui.
Quelque part en pleine brousse il se fait de lui-même
L’homme invisible : tête enveloppée dans une solide

gaine de bandage, bouche et yeux comme trois fentes
noires au beau milieu d’une pelote de coton blanc.

Dans la caserne des douaniers ; dans un refuge isolé.

Lui, avec ce monstrueux pansement à la tête,
Claretta et ses hauts talons, sous la pluie là-haut.
Ce qu’on a dit : leur seule nuit commune, chez

ces paysans, zone de la résistance, pas particulièrement
surveillée, ils les prirent pour des petites gens bien gentils.
On remarqua alors son mascara, et qu’elle avait pleuré

sur l’oreiller, avant qu’on les trimballe en voiture
jusqu’à trouver une place appropriée pour les descendre.
Ce fut leur première mort. Puis ça continua. Sur

un camion de Dongo chargé de cadavres, avec d’autres,
direction Milan, des femmes faschistes tondues
à qui on avait peint en rouge sur le front

marteau et faucille, Piazzale Loreto. C’est là,
qu’exposés sur le sol, chacun pouvait à présent :
cracher, donner des coups de pied, s’asseoir sur eux et pisser.

Vengeance ou pour l’avoir déifié, rêvé, à tous il semblait
soudain de peu d’envergure qu’il déployait pourtant large,
à coups de baise, de poignées de main, de mots signés de sa main,

dans laquelle voilà qu’on met un sceptre, et c’est honni
comme le roi des juifs qu’il est à présent, dans la toute dernière
minute après la toute dernière, la tête déjà bien en bouillie

sur le giron de Claretta Petacci, ses dessous d’un bleu lumineux ;
partisan aussi, car cette place est bien celle des 15 fusillés
par les allemands, il est pris maintenant par les pieds,

le voilà Saint-Pierre, lui qui n’est plus rien est pendu
par les pieds à la barre transversale
de cette station-service calcinée, à côté  

Claretta, sa jupe maintenue aux genoux
par une ceinture de partisan,
et les gerarchi. Quelle drôle de

biblique

                                    mauvaise


grâce.

Traduction: Joël Vincent,
avec la collaboration de Bettina Hartz