Damir Šodan

хорватский

Mirjana Robin-Cerovic

французский

U VLAKU ZA CASCAIS

u vlaku za Cascais
vidio si najljepšu djevojku.

maslinaste puti
i oblih grudi
(poput Ornelle Muti)
imala je majicu
Dolce & Gabbana
i držanje Tereze Avilske
dok kontemplira koplje
kojom će je njezin kopljonoša
itd.

ali mora da ju je odbila
Wittgensteinova biografija
u tvojim rukama,
jer najednom se digla
i izašla u Estorilu,
a ti produžio za Cascais
s tužnim uvjerenjem
da si možda propustio
ženu svog
(ili barem nečijeg)  
života:  

Atlantiđanku lijepu
kao tijelo njenog neuhvatljivog narječja,  
sočno i šuškavo
poput one sambe
onog ljeta na Bohinju
kad ti je bilo osamnaest godina.

i što si mogao?
nastavio si čitati tu prokletu knjigu
s gorkom spoznajom
da su granice tvog jezika ipak
i granice tvog svijeta,  
koji je sve što je i slučaj.  
poput ovog
što ga ni mrtav ne bi prešutio.

© Damir Šodan

DANS LE TRAIN POUR CASCAIS

dans le train pour Cascais
tu as vu la plus belle des filles.

son visage à la peau tannée
ses seins ronds
(comme ceux d’Ornella Muti)
elle portait un t-shirt
Dolce & Gabbana
avec l’allure de Thérèse d’Avila
au moment où elle contemplait la lance
par laquelle le soldat qui la tenait
etc.

mais elle a dû être décontenancée
par la biographie de Wittgenstein
entre tes mains
car soudain elle s’était levée
pour descendre à Estoril
pendant que tu continuais pour Cascais
tristement convaincu
que tu as peut-être laissé filer
la jeune fille de ta
vie
(ou du moins de la vie de quelqu’un)

La belle de l’Atlantide
semblable au corps de son idiome insaisissable,
juteux et chuintant
ressemblait à cette samba

de jadis dans la ville de Bohinj
l’été de tes dix-huit ans.

mais que pouvais-tu faire?
tu as continué de lire ce livre maudit
avec la conscience amère
que les limites de ta langue
signent les limites de ton monde
entièrement dépendant du hasard.
semblable à celui-là
que je n’aurais accepté de soustraire à aucun prix. 

Traduction: Mirjana Cerovic-Robin