Giorgio Orelli

итальянский

Antonella D’Agostino, Francis Catalano

французский

In poco d’ora

In quella parte dell'anno non più giovinetto
che tuttavia uno, se muore, muore d'inverno,
la ragazza che viaggia sul diretto
del San Gottardo, in diagonale
con me e di fronte all'anziana signora
che l'accompagna (parlano insieme tedesco)
è ticinese, torna a Zurigo per cura,
ed io penso: « Ahi, tant’è pallida
che morte è poco più. Certo ha i giorni contati
(mi ha detto che non va meglio), forse
questa compita signora è la moglie del medico... Spesso
così: quando uno, nel Ticino, dopo aver speso soldi e soldi, gli dicono
che non c'è più niente da fare,
va a Zurigo. O a Lourdes ».
                                             Poi, durante la sosta
in non so quale stazione, sentiamo improvvisa la pioggia
picchiare sul tetto del treno, ed io dico: « Laggiù nel Ticino
non piove da mesi, perciò mi rallegra quest'acqua »,
ed è allora che tutto si sposta come tra sole e pioggia
e ringavagno la speranza, ché la ragazza, venuta a sedersi
fra la signora e me, dice a un tratto che il male di cui soffre
non è poi tanto grave, si tratta soltanto
di una storia un po' lunga alla spina dorsale,
ed è contenta, pallida di un pallore consueto.

© Giorgio Orelli
Из: Sinopie
Milano: Arnoldo Mondadori Editore, 1977
Аудиопроизводство: H.Strunk / M.Mechner, literaturWERKstatt berlin, 2003

En peu de temps

En ce temps de l’année non plus très jeune
puisque quand on meurt, on meurt en hiver,
la fille qui voyage à bord du direct
du Saint-Gothard, de biais
avec moi et devant la vieille dame
qui l’accompagne (ensemble elles parlent allemand)
est tessinoise, elle rentre à Zurich pour se soigner,
et je pense : « Aïe ! elle est si pâle
presque autant que la mort. Pour sûr, ses jours sont comptés
(elle m’a dit que ça ne va pas mieux), peut-être
cette dame polie est-elle la femme du médecin… Souvent
il en est ainsi : quand, dans le Tessin, quelqu’un a dépensé
                                        [beaucoup d’argent et après on lui dit  
qu’il n’y a plus rien à faire,
il s’en va à Zurich. Ou à Lourdes ».
                                         Ensuite, à l’arrêt
de je ne sais plus quelle gare, nous entendons une pluie soudaine
battre sur le toit du train, et moi je dis : « Là-bas dans le Tessin
il ne pleut pas depuis des mois, voilà pourquoi cette eau me réjouit »,
et c’est alors que tout se déplace comme entre soleil et pluie
et je reprends espoir, car la fille, venue s’asseoir
entre moi et la dame, dit tout à coup que la maladie dont elle souffre
après tout n’est pas si grave, qu’il s’agit seulement
d’une histoire un peu plus longue à l’épine dorsale,
et elle est contente, pâle d’une pâleur normale.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino