Nina Kibuanda
Le rire
Le rire
Un réveil et puis le rire
Le rire est là
Comme un petit
Morceau de toile
Linceul d’un siècle
A sa fin
Vieux et vieilli
Par sa puérilité
Un réveil et puis le rire
Le rire est là comme un linceul
Mais de qui le linceul
Toile des ans
Je cherche me mots attend !
Les mots, les mots, les mots bref !
Les mots justes
J’explore mon siècle
Je le dépèce
L’autopsie avec mon cerveau pour scalpel
Et le rire pour cadavre
Le rire est là comme un linceul
Mais sais-tu, toi
Si ce dont rient les marges
Dont les rangs se gonflent
Ne sera pas demain
Ce dont rira le monde
Ce dont on rit
Est toujours
Ce dont on se défait
On se défait
De son toit
De son corps
De toi, de l'autre
Et de l'ordre social
Putain d’ordre social
On se défait
Ceux qui rient
De leur auberge étoilée
Leur peau décharnée
Griller, cramer,
Venant de cambrousse
Exilé, clandestin sans papier
Esclaves étoilés
Filles et fils de Lumumba
Toujours à la recherche
Et qui font peur à l’autorité
Le rire est là comme un linceul
Tâche de sang
Tache d'encre
Sur papier blanc
Linceul collectif
Grégaire
Le rire organisé
Le rire gras
Quand les enfants sont maigres
Au carnaval d’une fin de siècle
Qui cherche son male
Le rire complice
Celui du bourreau
De monsieur l’agent
Du criminel de guerre
De la police
Le rire est là
Sans couleur propre
Saoul ou stone
Liquide ou produit
Qu’importe l’interdit
Le nouvel ordre n’est pas !
Car le rire est là
Comme un linceul
Et le sourire pour cercueil
Celui de la pute
Qui ouvre sa porte
A celle plus profond
De l’homme qui s’en va
Vers sa nuit
Rictus satisfait rejoindre
Le corps silencieux de l’officiel
A qui il pourra rire amer-ment
Quand même connard
Le rire est là comme un linceul
Et moi je ne sais plus soki nalingui yo
Nina KIBUANDA
Bruno VIEILLESCAZES