Christian Viredaz, Jean-Baptiste Para
francês
Il professore
Non vedete la cartella che oscilla
nelle mie passeggiate solitarie?
Io seguo uno che non si fa mai prendere
è là dietro l’angolo
scappa ridendo il dio delle parole
da trent’anni lo inseguo per le strade.
Ero il primo della classe, mia madre
mi comprò gli occhiali con la montatura d’oro
per andare a studiare.
Poi cominciai a sentire le voci
e i giorni diventarono parole, i mesi
volumi senza l’indice, ragni
si nascosero nella mia cartella.
Ma chiamatemi professore
quando mi vedete col mio passo
nella stagione che fa più chiari
i segni dell’alfabeto vegetale
e la pioggia risillaba i cespugli: allora
nella mia testa le parole brillano
come topinambur,
dietro il cancello il fico
torce i suoi rami come un anacoluto.
Extraído de: Il colore della malva
Bellinzona: Edizioni Casagrande, 1992
Produção de áudio: 2000 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin
Le professeur
Vous ne voyez pas la serviette qui se balance
dans mes balades solitaires?
J’en traque un qui ne se fait jamais prendre
il est là au coin de la rue
il se sauve en riant le dieu des mots
depuis trente ans que je lui cours après.
J’étais le premier de la classe, ma mère
m’avait acheté des lunettes cerclées d’or
pour aller aux études.
Et puis j’ai commencé à entendre ces voix,
les jours sont devenus des mots, les mois
des volumes sans table, des araignées
se sont fourrées dans ma serviette.
Mais appelez-moi professeur
quand vous repérez ma démarche
à la saison qui clarifie
les signes de l’alphabet végétal
quand la pluie détache à neuf les syllabes
des rocailles: alors les mots reluisent dans ma tête
comme topinambour,
derrière la grille le figuier
tord ses rameaux comme une anacoluthe.
© Editions Empreintes, Lausanne 1996
tiré de: Alberto Nessi: La Couleur de la mauve — Il colore della malva. Lausanne: Editions Empreintes, 1996