Il professore

Non vedete la cartella che oscilla
nelle mie passeggiate solitarie?
Io seguo uno che non si fa mai prendere
è là dietro l’angolo
scappa ridendo il dio delle parole
da trent’anni lo inseguo per le strade.

Ero il primo della classe, mia madre
mi comprò gli occhiali con la montatura d’oro
per andare a studiare.
Poi cominciai a sentire le voci
e i giorni diventarono parole, i mesi
volumi senza l’indice, ragni
si nascosero nella mia cartella.
Ma chiamatemi professore
quando mi vedete col mio passo
nella stagione che fa più chiari
i segni dell’alfabeto vegetale
e la pioggia risillaba i cespugli: allora
nella mia testa le parole brillano
come topinambur,
dietro il cancello il fico
torce i suoi rami come un anacoluto.

© 1992 Edizioni Casagrande, Bellinzona
Extraído de: Il colore della malva
Bellinzona: Edizioni Casagrande, 1992
Produção de áudio: 2000 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin

Le professeur

Vous ne voyez pas la serviette qui se balance

dans mes balades solitaires?

J’en traque un qui ne se fait jamais prendre

il est là au coin de la rue

il se sauve en riant le dieu des mots

depuis trente ans que je lui cours après.


J’étais le premier de la classe, ma mère

m’avait acheté des lunettes cerclées d’or

pour aller aux études.

Et puis j’ai commencé à entendre ces voix,

les jours sont devenus des mots, les mois

des volumes sans table, des araignées

se sont fourrées dans ma serviette.

Mais appelez-moi professeur

quand vous repérez ma démarche

à la saison qui clarifie

les signes de l’alphabet végétal

quand la pluie détache à neuf les syllabes

des rocailles: alors les mots reluisent dans ma tête

comme topinambour,

derrière la grille le figuier

tord ses rameaux comme une anacoluthe.

Traduit de l’italien par Christian Viredaz et Jean-Baptiste Para
© Editions Empreintes, Lausanne 1996
tiré de: Alberto Nessi: La Couleur de la mauve — Il colore della malva. Lausanne: Editions Empreintes, 1996