[Benedetta tu a distanza]

Benedetta tu a distanza
  la più innocente tra le cose lontane
  nicchia di tavolo e mela
  una sfera un piano e contro l'alta fiamma del fuoco
  le due forme congiunte a scavare il nitore di un vano.
  Nulla in realtà ci chiama
  eppure ci accostiamo agli oggetti
  quasi fossero gli echi di una voce
  l'annuncio indifeso di altre vite.
  L'acqua nera, la sagoma del cane contro il molo.
  Nessuno può dirli ricordi e fischiare davvero come allora
  ma noi vediamo le tre stanze, lo scatto
  di chi ancora viveva
  e a un tratto gli armadi ci rimandano
  un fuoco errante la stella incerta di un viso.
  Nulla è compiuto nulla è ancora profondo.
  C'è solo il tonfo di una calce improvvisa
  e queste grida tra felci che sferzano le schiene
  grida che non capiamo come accade nel buio agli inseguiti.
  Alberi, corpi, folate contro i muri.
  Basta un gesto: il rovescio di un gomito che spegne una candela.
  Di colpo diventiamo ciò che aveva tremato.

Extraído de: Notti di pace occiddentale
Roma: Donzelli, 1999

[Que tu sois bénie à distance]

Que tu sois bénie à distance
la plus innocente d’entre les choses lointaines
niche de table et pomme
une sphère un plan et contre la haute flamme du feu
les deux formes unies pour creuser la propreté d’une pièce.
Rien ne nous appelle en réalité
et pourtant nous nous approchons des objets
comme s’ils étaient presque les échos d’une voix
l’annonce sans défense d’autres vies.
L’eau noire, la silhouette d’un chien contre le quai.
Personne ne peut les appeler souvenirs et siffler vraiment comme
                                                          [avant
mais nous voyons les trois pièces, le ressort
de celui qui était encore vivant
et soudainement les armoires nous renvoient
un feu fuyant l’étoile incertaine d’un visage.
Rien n’est accompli rien n’est profond encore.
Seul reste le bruit sourd d’une chaux imprévue
et ces cris parmi les fougères qui fouettent les dos
cris que nous ne comprenons pas comme il arrive à ceux que l’on
                                                                        [poursuit dans l’obscurité.
Arbres, corps, rafales contre les murs.
Un geste suffit : le revers d’un coude qui éteint une chandelle.
D’un coup nous devenons cela qui avait tremblé.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino