France Théoret
Intérieurs
Intérieurs
Bruits de fond continuels, il faut développer l’oubli. Au conditionnel, vivre l’impossible, comme si on avait fait tous les deuils. Il y eut une promesse, cette unique certitude dont on ne sort pas indemne. Il faut s’endeuiller, piège de l’esseulée captive. Les bruits assourdissants syncopés la nuit, interruptions venues de l’intérieur, déplacements, fixations jusqu’au nom qui n’a pas de nom. Espace intérieur violé. Passages sans fin, épuisement nerveux. Le langage se révèle autre. Il n’y avait personne, il n’y aura personne au bout de l’attente.
Occuper le jour jusqu’au bout de ses forces jusqu’à n’en plus pouvoir dormir. Ce qui tombe sous les sens finit par boucher les sens. L’image mentale aveugle le réel qui fait retour, charge considérable. Voix éraillée. Une femme surparle à bout de bras. Des silences obscurs m’ont fait devenir cette femme intérieur au rêve avalé, poursuivi, figure nodal, traversée par la violence passée, endettée par la mémoire commune. Elle vient d’où il fut demandé l’immobilité, la reproduction, le rien, elle perd son corps, forcée par un désir ravageur. Que sont nos forces réelles ?
Éclats saisonniers. Temps polyphoniques. Écrire demande quelqu’un à la pointe des mots. Femme qu’as-tu fait du lieu clos, qu’est devenu ton intérieur ? Quel consentement ancestral a dévasté ton rêve ? Quelle parole, force de loi, envahissement total, cadavérique cauchemar, portes ouvertes infranchissables, murs calcinés visibles traces temporelles ont signé l’absence de lieu ? Une femme poursuit le rêve miné d’un lieu arraisonné. Qui a signé l’arrêt ? Certains jours, il faudrait s’empierrer jusqu’aux yeux. Oh ! ne plus bouger !