Pierre Nepveu
Histoire
Histoire
Des mots perdus traversaient ma chambre.
Je prenais pour âme le tournant d'une saison.
(Parfois les ruisseaux brûlent au fond du sommeil,
et toute la vie est une forêt sans feuilles).
Il y eut des histoires, là-bas.
Cloisons levées entre les mondes.
Des automnes de cierges, des printemps de velours.
On chanta des hymnes sous les chênes
au bord de vieux fleuves aux noms démodés.
Des enfants crurent qu'on changeait de siècle, déjà.
Et leurs kyrielles de chiens, et les voisins fous.
Une race dans chaque rue, chaque maison,
avec leurs langues mourantes qui pavoisaient.
O musique! Nous aurions pu les apprendre
en tendant l'oreille et le cœur,
au-delà des vitres et du vent devenu
notre frère dans l'émoi, dans l'exercice
d'effleurer pour mieux vivre.