Patrick Beurard-Valdoye
Friederike MAYRÖCKER
Friederike MAYRÖCKER
Paris
MAISON DES ÉCRIVAINS
14. 05. 2004
Dame en noir une fois là au carré noir
la frange coulant sur le front et l’invisible de l’œil en découlant, uniment le noir des paupières khôlées
l’octogénaire encline au livre toute penchée sans lever l’œil, corps figé, tout l’immobile incliné en acte, seules les lèvres assez mouvantes, mauves, violacées, et la bouche se rétracte en regard du silence : sa minceur se crispe
les pages de gauche sont serrées entre index et majeur et les doigts de la main droite pressent la belle page, sinon le vague hors du manuel
entre la noirceur générale et le diaphane en sous-main le rouge jaquette de jour
maintenant
jure
d’une voix monocorde ponctuée de r viennois qui siffle ou chuinte, s’accorde sans puissance, rentrée dans la poitrine sans broncher, parfois en pointe
l’oxymore de Jandl
sans point d’orgue ôte ses lunettes les range dans l’étui qu’elle tient à l’œil sur la table lors des applaudissements, lève enfin les yeux, se dévoile, relève le défi que fixe l’auditoire – peut-être l’instant exclusif où plaisirs de l’auteur et du lecteur deviennent coïncidence – se dresse et salue sans sourire, découvrant fortuitement les incisives, puis tout se clôt
une fois là-bas