Anne Perrier
Aire grecs (extraits)
Aire grecs (extraits)
extrait de: Le Joueur de flûte
Sur la route torride
Le crépitement brusque de fuyants sabots
Passe l'antique troupeau
Suivant la flûte invisible du dieu
Et s'enfonce indolente coulée solaire
Dans l'ombre douce des vieux arbres
Félicité
Toucher ici le cœur du jour
Et s'arrêter ô s'arrêter
Si l'on pouvait
Sous l'olivier où l'heure au goût de miel
Fond dans la bouche
* * *
Je meurs de soif au bord de l'eau du ciel
Ou bien est-ce la mer — tout ce bleu confondu
Egare mon désir
Ô dites-moi roseaux pliés
Sous le vent d'Afrique
Comment boire sans se tromper
De calice
* * *
L'île à la fin de l'été
Brûle d'un feu très doux
Comme un beau bijou d'ambre
Que par delà les mains des hommes
Les siècles se passent
* * *
Ici le temps
Est devenu lumière douce et danse
Enfantine du jour
Sous les profonds oliviers lares
Que la mort oublie
* * *
Ce n'est peut-être qu'en rêve
Que je retournerai là-bas
Où je suis restée
Que j'emplirai à nouveau ma corbeille
De figues bleues et d'herbes parfumées
Et que je dormirai
De l'ébloui sommeil du pauvre
Sur les marches du jour
* * *
Je suis la barque sous le ciel
Venant d'où l'on ne sait
Allant où l'on ne sait
Les vents immenses la soulèvent
Le plus fort l'habite
L'emporte en dansant sur les vagues
Très loin si loin
* * *
Si j'avais un jardin
Vaste comme la rêverie
Je m'en irais dormir au fond des giroflées
Dormir mourir
Dans le balancement des âges
Et le monde comme un cerceau
Continuerait sa course sur l'abîme
Astre fantôme jouet d'enfants
Aux yeux bandés