هِلال


رقّقتَ ألمك.

صبياً، على الحدود، وضعْتَهُ كفلسٍ تحت عجلاتِ القطارات
وتقَلّدَتْهُ في الحقول فتاةٌ أحببتَها

علّمك المهرّبون كيف تضربهُ رويداً رويداً
في الليل بمطارقِ اللصوص
وتُخفي بصماتِك عنه أمام الآخرين

 بالصمتِ رقَّقتَه، بالمشي الطويل
حتى شفَّ وقسا
كظفرٍ مقصوص توارى في بِساطِ الزمن

وحين عثرتَ عليه
كان قمراً أنْحَلَهُ الحبّ
علّقتَهُ إلى سماءِ روحك
وسهرْتَ وحدك منتظراً آذانَ العيد.

© Golan Haji
Production audio: Haus für Poesie, 2019

Croissant

Tu as poli ta douleur.

Enfant, à la frontière, tu l’as posée comme un sou sous les roues des trains
Et, dans les champs, une fille que tu aimais s’en est fait un collier.

Les contrebandiers t’ont appris à la frapper tranquillement
la nuit, avec les marteaux des voleurs,
et à cacher aux autres les empruntes que tu y laisses.

Tu l’as poli en te taisant, en marchant longuement,
jusqu’à ce qu’elle devienne dure et transparente
comme un ongle coupé, enfoui sous le tapis du temps.

Et quand tu l’as retrouvée,
c’était une lune émaciée par l’amour.
Tu l’as accrochée au ciel de ton esprit,
et tu as veillé seul, attendant l’aube de la fête*.

__________

En arabe : « adhan al-îd ». Littéralement : l’appel à la prière de la fête, ici l’Aïd al-fitr, ou fête de fin du Ramadan. Quand le croissant de lune apparait dans le ciel, on sait que le mois de jeûne vient de se terminer. On attend alors l’appel à la prière, à l’aube suivante, qui vient le confirmer. (NDLT)

Traduit de l'arabe par Nathalie Bontemps