Linda Maria Baros 
Translator

on Lyrikline: 5 poems translated

from: allemand to: français

Original

Translation

[schmale Schatten]

allemand | Ulrike Almut Sandig

ich werde vom Flirren der Bäume im Licht nichts
sagen, auch nicht von den Bäumen an sich.

kein Wort von der Buche im Hinterhof der Ärztin
deren Tochter im Schlafzimmer stirbt, kein Wort

vom Blauglockenbaum im eigenen Hof, unter dem
ich und du bis spät in der Nacht sitzen und so tun

als sei die Tochter der Ärztin nur in den Gedichten
die ich aufschreibe, echt. ich werde vom Flirren

der Bäume im Licht nur die Kronen preisgeben
die Kronen der Bäume im kreiselnden Wind und

die Nadeln, die immer grün sind, daran. ich werde
so tun, als sei nur das hitzige, flimmernde Licht

eingestickt in die Kronen der Fichten, ganz echt.
aber nicht ihre eng stehenden Stämme darunter, nie
schmale Schatten, der Wald, die Bäume an sich.

© Schöffling & Co. 2011
from: Dickicht. Gedichte
Frankfurt am Main: Schöffling & Co., 2011

[les ombres grêles]

français

je ne dirai rien sur le frémissement des arbres dans la lumière,
ni sur les arbres eux-mêmes.

pas un mot sur le hêtre dans l’arrière-cour de la maison du médecin
dont la fille se meurt dans une chambre, pas un mot

sur l’arbre à clochettes bleues dans la cour de ma maison, sous lequel
toi et moi nous sommes assis jusqu’à très tard dans la nuit sous lequel

nous faisons comme si la fille du médecin n’était réelle que dans
ces poèmes que j’écris. du frémissement des arbres dans la lumière

je ne dirai que les cimes
les cimes des arbres qui tournoient dans le vent,

aux aiguilles toujours vertes. je ferai
comme si seule la lumière incandescente,

brodée dans les cimes des pins, scintillante, était vraiment réelle.
et non leurs troncs serrés étroitement là-dessous les uns contre les autres,
les ombres grêles, la forêt, les arbres eux-mêmes, jamais.

traduit par Linda Maria Baros
Versschmuggel, poesiefestival berlin 2011

[Jagdlied]

allemand | Ulrike Almut Sandig



hier sind die Tiere. hier sind die Ställe, hier hast du Stroh. wo keiner was aufsagt, wo keiner da ist, der‘s aufschreiben wird, wo die Sprache ein Pferd ist mit Schaum vor dem Mund, wo einer die Zügel verramscht hat, wo dein eignes verrücktes, blutjunges Tier am Straßenrand steht, wo’s scharrt mit den Hufen und immer dann durchgeht, wenn unsere Lider gleichzeitig zucken und ein Dritter mit seinen Augäpfeln rollt, wo’s durchgeht und neben der Straßenmarkierung zum Bildrand hin klein wird, kleiner und dahin verschwindet, wo Licht brennt und wo alle Anderen wohnen. genau dort sind die grell bunten, klingenden Pferde. dort sind die Ställe und drinnen liegt Stroh. mein Schlaf, deine Ohren, mein Jagdlied – sei still! dort warn wir richtig. dort warn die Ställe und drinnen lag Stroh.

© Schöffling & Co. 2011
from: Dickicht. Gedichte
Frankfurt am Main: Schöffling & Co., 2011

[chant de chasse]

français


voici les animaux. voici les écuries, voici la paille. ici, où personne ne récite, où personne n’écrit, où le langage est un cheval à la bouche écumante, où l’on a égaré la bride, où ton animal à toi, qui est tout jeune et fou, se tient au bord du chemin, où il gratte avec les sabots et s’emballe alors que frémissent nos paupières et qu’une autre personne fait rouler ses globes oculaires, où il s’emballe et rétrécit, tandis qu’il longe les bandes blanches de la route jusqu’au bord de l’écran, il rétrécit encore, il disparaît, là où il y a de la lumière et où habitent les autres. c’est bien là qu’il y a des chevaux qui tintent, aux couleurs éclatantes. c’est là qu’il y a les écuries et de la paille dedans. mon sommeil, tes oreilles, mon chant de chasse – tais-toi ! c’est là que nous étions bien. c’est là qu’il y avait les écuries et de la paille dedans.


traduit par Linda Maria Baros
Versschmuggel, poesiefestival berlin 2011

[alles wird immer noch da sein]

allemand | Ulrike Almut Sandig

fest steht, alles wird immer noch da sein.
auch nach dem wieder zu lange Schlafen
dem dich und mich selber Vergessen dabei
dem gleichfalls vergessenen Spätfilm von
gestern, sogar nach allem, was vorgestern
kurz, aber spurlos verschwand, als ich gerade
nicht hinsah: Messer und Gabel und Schere
und Licht aus dem Kühlschrank und Salz
aus dem Brot, Hopfen und Malz und mein
eigener Körpergeruch und auch, dass nichts
fest stand, auch das war ja immer noch da.

© Schöffling & Co. 2011
from: Dickicht. Gedichte
Frankfurt am Main : Schöffling & Co., 2011

[tout sera encore là]

français

c’est clair que tout sera encore là.
même après avoir dormi trop longtemps
après t’avoir oublié pendant ce temps-là, comme je l’ai fait avec moi,
après le film d’hier soir, également oublié,
même après tout ce qui a disparu avant-hier pour un instant,
sans laisser de traces, juste au moment
où je détournais le regard : le couteau et la fourchette et les ciseaux
et la lumière dans le frigo et le sel
dans le pain, une goutte d’eau dans la mer et mon
odeur à moi et c’est aussi clair que rien
n’était clair, ça aussi avait toujours été là.

traduit par Linda Maria Baros
Versschmuggel, poesiefestival berlin 2011

[Süden]

allemand | Ulrike Almut Sandig

fest steht, du kannst hier nicht bleiben. fest
steht auch, du kommst hier nicht raus. fest
stehst du selber, du taugst nicht zum Reisen
du taugst nicht zum Wegsein, einmal musst
du weg sein, aber das ist noch so lange hin
wie alles lang hin ist, was unsichtbar bleibt:

die alten, befreundeten Schmerzen im Kopf
und dass sie nicht wieder weggehen werden
zuhaus‘ nicht und auch nicht im Süden, der
ebenfalls unsichtbar bleibt, wie weit du ihm
nachreist, ist ganz gleich, denn Süden steht
immer im Süden. Süden im Festkleid. Süden

im Wind. am aufgerissenen Fenster. als Kind.

© Schöffling & Co. 2011
from: Dickicht. Gedichte
Frankfurt am Main: Schöffling & Co., 2011

[le Sud]

français

c’est clair que tu ne peux pas rester ici. c’est
aussi clair que plus jamais tu ne sortiras d’ici. tu
es clairement immobile, tu n’es pas fait pour voyager,
tu n’es pas fait pour partir, il te faudra partir un jour,
mais d’ici là beaucoup de temps passera
c’est ce qui arrive aux choses qui restent invisibles :

de bonnes vieilles douleurs amies au-dedans de la tête
qui ne partiront plus
que tu te trouves chez toi ou dans le Sud, lequel
reste, lui aussi, invisible, aussi loin que tu ailles pour le rejoindre
mais peu importe, parce que le Sud reste
toujours au Sud. le Sud en habits de fête. le Sud

sous le vent. devant la fenêtre ouverte. comme un enfant.

traduit par Linda Maria Baros
Versschmuggel, poesiefestival berlin 2011

[meine Freunde]

allemand | Ulrike Almut Sandig


verloren ging mir ein Freund, dem ich weh getan hatte. verloren ging mir ein zweiter, den hatte ich einfach so:

grundlos vergessen. verloren ging mir jener grasgrüne Plastikring meiner Freundin, und etwas später ging mir verloren die Freundin an sich. der genaue Grund, weswegen ich sie verlor, ist mir ebenfalls und ebenso grundlos abhanden gekommen. das macht aber nichts! das liegt auf der Hand: meine Freunde befinden sich in der Kampfzone des Waldes, wo selbst die Bäume verschwinden, und bücken sich unter dem Wind. einer von ihnen trägt einen Plastikring, grasgrün, am Finger, den hab ich an anderer Stelle schon einmal gesehen.

© Schöffling & Co. 2011
from: Dickicht. Gedichte
Frankfurt am Main: Schöffling & Co., 2011

[mes amis]

français



j’ai perdu un ami que j’avais blessé. ensuite, j’en ai perdu un autre, je l’avais oublié sans raison :

tout simplement. j’ai perdu la bague plastique, vert pomme, que mon amie m’avait donnée ; quelque temps après, j’ai perdu mon amie, elle aussi. pourquoi je l’avais perdue, je ne le savais pas non plus, sans raison. cela ne fait pourtant rien ! cela ne fait aucun doute : à la lisière de la forêt, dans la zone de combat, là où même les arbres disparaissent, il y a mes amis qui se rabougrissent sous le vent. l’un d’eux porte une bague vert pomme, plastique ; j’ai déjà dû la voir quelque part.


traduit par Linda Maria Baros
Versschmuggel, poesiefestival berlin 2011