Katja Roloff 
Translator

on Lyrikline: 41 poems translated

from: français, portugais to: allemand

Original

Translation

Au plus clair de la lumière [66] [Lis le monde lis les livres puise leur]

français | Diane Régimbald

© Éditions du Noroît
from: Au plus clair de la lumière. Chant pour l’enfant qui revient
Montréal: Éditions du Noroît, 2021
Audio production: Haus für Poesie, 2023

66 [Lies die welt]

allemand


Aus dem Französischen von Katja Roloff

Au plus clair de la lumière [65] [Traduis les récits les épopées des]

français | Diane Régimbald

© Éditions du Noroît
from: Au plus clair de la lumière. Chant pour l’enfant qui revient
Montréal: Éditions du Noroît, 2021
Audio production: Haus für Poesie, 2023

65 [Übersetze]

allemand


Aus dem Französischen von Katja Roloff

Au plus clair de la lumière [63] [Danse n’arrête pas de danser dans le]

français | Diane Régimbald

© Éditions du Noroît
from: Au plus clair de la lumière. Chant pour l’enfant qui revient
Montréal: Éditions du Noroît, 2021
Audio production: Haus für Poesie, 2023

63 [Tanz]

allemand


Aus dem Französischen von Katja Roloff

Au plus clair de la lumière [62] [Commence à te débarrasser de l’inutile]

français | Diane Régimbald

© Éditions du Noroît
from: Au plus clair de la lumière. Chant pour l’enfant qui revient
Montréal: Éditions du Noroît, 2021
Audio production: Haus für Poesie, 2023

62 [Beginn dich von unnötigem zu lösen]

allemand


Aus dem Französischen von Katja Roloff

Au plus clair de la lumière [56] [Finis l’histoire avec moi l’histoire qui]

français | Diane Régimbald

© Éditions du Noroît
from: Au plus clair de la lumière. Chant pour l’enfant qui revient
Montréal: Éditions du Noroît, 2021
Audio production: Haus für Poesie, 2023

56 [Beende die geschichte mit mir]

allemand


Aus dem Französischen von Katja Roloff

Au plus clair de la lumière [55] [Écris soif écris jour écris nuit écris]

français | Diane Régimbald

© Éditions du Noroît
from: Au plus clair de la lumière. Chant pour l’enfant qui revient
Montréal: Éditions du Noroît, 2021
Audio production: Haus für Poesie, 2023

55 [Schreib durst]

allemand


Aus dem Französischen von Katja Roloff

Au plus clair de la lumière [53] [Secoue ta pensée éclate ses circuits]

français | Diane Régimbald

© Éditions du Noroît
from: Au plus clair de la lumière. Chant pour l’enfant qui revient
Montréal: Éditions du Noroît, 2021
Audio production: Haus für Poesie, 2023

53 [Schüttle dein denken]

allemand


Aus dem Französischen von Katja Roloff

Au plus clair de la lumière [43] [Grandis un temps tes mains dans la]

français | Diane Régimbald

© Éditions du Noroît
from: Au plus clair de la lumière. Chant pour l’enfant qui revient
Montréal: Éditions du Noroît, 2021
Audio production: Haus für Poesie, 2023

43 [Wachse eine zeit lang]

allemand


Aus dem Französischen von Katja Roloff

Au plus clair de la lumière [23] [Dresse ton visage – la mer attend]

français | Diane Régimbald

© Éditions du Noroît
from: Au plus clair de la lumière. Chant pour l’enfant qui revient
Montréal: Éditions du Noroît, 2021
Audio production: Haus für Poesie, 2023

23 [Hebe dein gesicht]

allemand


Aus dem Französischen von Katja Roloff

Au plus clair de la lumière [20] [Aime ta langue ce qu’elle échappe]

français | Diane Régimbald

© Éditions du Noroît
from: Au plus clair de la lumière. Chant pour l’enfant qui revient
Montréal: Éditions du Noroît, 2021
Audio production: Haus für Poesie, 2023

20 [Liebe deine sprache]

allemand


Aus dem Französischen von Katja Roloff

Au plus clair de la lumière [13] [Mange la nuit mange le jour mange]

français | Diane Régimbald

© Éditions du Noroît
from: Au plus clair de la lumière. Chant pour l’enfant qui revient
Montréal: Éditions du Noroît, 2021
Audio production: Haus für Poesie, 2023

13 [Iss die nacht]

allemand


Aus dem Französischen von Katja Roloff

Au plus clair de la lumière [10] [Vois la dérive des êtres qui réfugient]

français | Diane Régimbald

© Éditions du Noroît
from: Au plus clair de la lumière. Chant pour l’enfant qui revient
Montréal: Éditions du Noroît, 2021
Audio production: Haus für Poesie, 2023

10 [Sieh wie die wesen abdriften]

allemand


Aus dem Französischen von Katja Roloff

Au plus clair de la lumière [7] [Crée des mots ouvre-les fissure-les]

français | Diane Régimbald

© Éditions du Noroît
from: Au plus clair de la lumière. Chant pour l’enfant qui revient
Montréal: Éditions du Noroît, 2021
Audio production: Haus für Poesie, 2023

[7] [Schöpfe Wörter]

allemand


Aus dem Französischen von Katja Roloff

Au plus clair de la lumière [1] [Cours fais courir la pensée]

français | Diane Régimbald

© Éditions du Noroît
from: Au plus clair de la lumière. Chant pour l’enfant qui revient
Montréal: Éditions du Noroît, 2021
Audio production: Haus für Poesie, 2023

01 [Lauf]

allemand


Aus dem Französischen von Katja Roloff

Au plus clair de la lumière [5] [Force le sort de tes origines]

français | Diane Régimbald

© Éditions du Noroît
from: Au plus clair de la lumière. Chant pour l’enfant qui revient
Montréal: Éditions du Noroît, 2021
Audio production: Haus für Poesie, 2023

05 [Zwing das schicksal deiner wurzeln]

allemand


Aus dem Französischen von Katja Roloff

TU ES NÉ EN PLEINE NUIT EN PLEINE MER

français | Jean-François Poupart

Tu es né en pleine nuit en pleine mer
parmi des millions de pieuvres noires
et pour revenir à la vie tu dois boire
toutes les larmes de tous les enfants de l’océan
un nouveau-né en haut de l’escalier vacille
papillonnant comme un condamné à mort
puis toute la vie l’échappe et chaque marche
le frappe au cœur puis à la tête
il se noie dans les algues et les prières
ne respire plus tout près du sol
où l’on meurt résolument

parmi les rouilles les désespérés les éviscérés
l’océan noir à la fin de l’escalier le recrache
son corps se relève seul parmi les revenants
il a toutes les lumières du monde
les yeux secs des enfants terribles
je lui lave les joues avec ma salive
il ressuscite et portera le monde

© Jean-François Poupart
from: Tombe Londres Tombe
Montréal: Éditions Poètes de brousse, 2006
Audio production: UNEQ

DU KAMST NACHTS AUF HOHER SEE ZUR WELT

allemand

Du kamst nachts auf hoher See zur Welt

in einem Schwarm schwarzer Kraken

zu den Lebenden kehrst du nur zurück

wenn du alle Tränen im Ozean trinkst die seine Kinder vergießen

oben auf der Treppe droht ein Neugeborenes zu kippen

wie ein zum Tode Verurteilter zittert es

mit einem Mal lässt das Leben es los jede Stufe

trifft es ins Herz dann am Kopf

es ertrinkt in Algen und Gebeten

atmet nicht mehr dicht am Boden

wo man entschlossen stirbt


zwischen den Übeln den Verzweifelten den Ausgeweideten

spuckt der schwarze Ozean es am Ende der Treppe aus

sein Körper erhebt sich als einziger unter den Wiedergängern

es trägt alle Lichter der Welt in sich

hat die trockenen Augen störrischer Kinder

ich wasche ihm die Wangen mit Speichel

es erwacht und wird die Welt tragen

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch von Katja Roloff

LU – Tom Reisen

français | renshi.eu [GR-LU-IT-EE-SE-HU-PT-GR]

Une multitude de mains
Tranchées et
Changées en pierre
Une multitude de pierres
Au bord des tranchées

Wir schaufeln ein Grab...

Racines déracinées
Refusant d'abjurer
Voraces figures de proue
Dépeçant la nuit

           our time
has holes that are black and unfilled

Que d'ombre nous avons bu en chemin
Et tes enfants, Niobé, qui aurait pu les énumérer?
Les causes de ton chagrin?
Nos Lumières longtemps
Ne luisirent guère plus
Que les Lanternes des morts

© Tom Reisen
Audio production: renshi.eu @ poesiefestival berlin 2012

Luxemburg – Tom Reisen

allemand

Ein Meer von Händen

Abgetrennt und

Verwandelt in Stein

Ein Meer von Steinen

An trennenden Gräben


Wir schaufeln ein Grab …


Entwurzelte Wurzeln

Verweigern Bekehrung

Galionsfiguren mit gierigen Mäulern

Reißen die Nacht


our time

has holes that are black and unfilled


Nur Schatten tranken wir auf dem Weg

Und Deine Kinder, Niobe? Wer hätte sie aufzuzählen vermocht?

Die Ursachen Deines Leides?

Lange glimmten unsere Lichter

Kaum klarer auf

Als Totenlichter

Übersetzung aus dem Französischen von Katja Roloff

[Les saisons sont frappées de cens]

français | Nathalie Ronvaux

Les saisons sont frappées de cens

Redevances et abandon
des esprits
des nuances
des sens pour le cens

Les visions floutées
précipitent des corps d'âmes

Précipitent des corps d'âmes
Corps
caractères autonomes
dans les fosses rétrécies
des censeurs

Et les unanimes
disent aux corps
de ne plus voir
disent aux corps
de regarder
dans l'iris
des yeux
floutés

Reliques
hivernales

Les peaux de leurs mots délogés
deviennent fragments
deviennent fragments séquestrés

Et les yeux floutés
Regard unanime
réduisent les peaux
Corps exotiques
singuliers
au silence

Ils démembrent
les inflexions

Suspendent les lambeaux
de couleurs
d'esprits et de sens
à des cordes sans linge

Peloton aérien

Paroles
clampées

Les peaux
déchirées de leurs mots
Draps de corps d'âmes évidés
observent les origines
épient les unanimes

À la surface des globes
les vents et épitaphes
se lèvent
Empruntent
les diamètres
infinis

S'incarnent
blizzard
Crachats
de grésil

Fustigés
les corps de mots
arborent aux vents
des silhouettes
Draps fantômes
navires irréels

Et les floutés
unanimes
crient à fendre les flots
crient aux chairs des mots
de ne plus voir
crient aux mots
aux mots sans chair
d'être l'iris
des yeux floutés

À des cordes sans linge
Soupirs
soupirent
les langues tranchées

Et dans les fosses
Dans les fosses
rétrécies
Dans les fosses
rétrécies
des étroits

Stalactites
clamp
ées

Paroles
hivernales

Mises insalubres
des nuances
à silence

© Nathalie Ronvaux
Audio production: Haus für Poesie / 2018

[Für die Jahreszeiten fällt Zensus an]

allemand

Für die Jahreszeiten fällt Zensus an

Abgabe und Aufgabe
von Geistern
von Nuancen
von Sensus für Zensus

Die unkenntlichen Gesichte
fällen Seelenkörper aus

Fällen Seelenkörper aus
Körper
Für sich stehende Zeichen
in die engen Gruben
der Zensoren

Und die Einstimmigen
heißen die Körper
nicht mehr zu sehen
heißen die Körper
hineinzuschauen
in die Iris
dieser Augen
der unkenntlichen

Relikte
des Winters

Die Häute ihrer vertriebenen Wörter
werden Fragmente
werden gefangene Fragmente

Und die unkenntlichen Augen
Einmütiger Blick
machen die Häute eng
Exotische Körper
einzigartig
mundtot

Sie zerstückeln
die Tonfälle

Hängen die Fetzen
von Farben
Geistern und Sinnen
an wäschelose Leinen

Luftkommandos

Abgeklemmte
Worte

Die Häute
ihrer Wörter zerrissen
Tücher hohler Seelenkörper
die Ursprünge beschattend
die Einstimmigen bespähend

Auf der Oberfläche der Kugeln
Winde und Grabinschriften
machen sich auf
Nehmen
die Durchmesser
die unendlichen

Werden leibhaftig
Blizzard
Ausgespuckte
Graupelschauer

Gegeißelte
Körper von Wörtern
halten den Winden
Silhouetten entgegen
Geistertücher
unwirkliche Schiffe

Und die Unkenntlichen
Einstimmigen
schreien, dass sich die Fluten teilen
schreien ins Fleisch der Zeilen
dass sie nicht mehr sehen sollen
schreien den Wörtern zu
sie seien die Iris
unkenntlicher Augen

An wäschelosen Leinen
Seufzen
Seufzen
die abgehackten Zungen

Und in den Gruben
In den Gruben
den verengten
In den Gruben
den verengten
der engen

Abgeklemmte
Stalaktiten

Worte
des Winters

Werden ungesund
Schattierungen
stumm

aus dem Französischen übersetzt von Katja Roloff

[Ce sont des voix]

français | Nathalie Ronvaux

I

Ce sont des voix
à naître

Ni mortes
ni vivantes

Des voix d’ailes

Et chaque respiration
réveille
un battement
fragile

presque inaudible



II

Je m’enfuis

Je m’échappe

Je me disperse
et me multiplie

Alors les écrits
de poussière
et de sable
s’affrontent
et
grondent



III

Au matin
le soleil
sauve
les naufragés

Il délivre
les voix
de tempêtes
prises entre les écueils
du temps sans lune

© Nathalie Ronvaux
from: Vol de nuit à ciel ouvert
Editions Phi, 2014
Audio production: Haus für Poesie / 2018

[Diese Stimmen sind]

allemand

I

Diese Stimmen sind
im Werden

Weder tot
noch lebendig

Flügelstimmen

Und jeder Atemzug
weckt
einen Schlag
fragil

kaum hörbar



II

Ich fliehe

Ich entkomme

Ich zerstreue
vervielfältige mich

So geraten die Schriften
aus Staub
und aus Sand
in Gegensatz
und
grollen



III

Am Morgen
rettet
die Sonne
die Schiffbrüchigen

Sie befreit
die Stimmen
von Stürmen
verfangen zwischen Klippen
der mondlosen Zeit

aus dem Französischen übersetzt von Katja Roloff

[Avant de rejoindre]

français | Nathalie Ronvaux

I

Avant de rejoindre
sa source
l’encre brûle
les points rayonnants
et trouble
les éléments
en équilibre

II

Le calme
précède
au prochain
matricide

© Nathalie Ronvaux
from: Vol de nuit à ciel ouvert
Editions Phi, 2014
Audio production: Haus für Poesie / 2018

[Vor der Rückkehr]

allemand

I

Vor der Rückkehr
zur Quelle
verbrennt die Tinte
die Strahlpunkte
und stört
die Elemente
in ihrem Gleichgewicht

II

Auf Ruhe
folgt bald
noch ein
Muttermord

aus dem Französischen übersetzt von Katja Roloff

[Lorsque Dieu]

français | Nathalie Ronvaux

Lorsque Dieu
frappera à ma porte
ma maison
s’écroulera

Les amis possèdent un double des clefs

© Nathalie Ronvaux
from: Vol de nuit à ciel ouvert
Editions Phi, 2014
Audio production: Haus für Poesie / 2018

[Wenn Gott]

allemand

Wenn Gott
an meine Tür klopft
wird mein Haus
einstürzen

Freunde besitzen einen Zweitschlüssel

aus dem Französischen übersetzt von Katja Roloff

Les casiers du temps

français | Nathalie Ronvaux

Les rayons, les étagères portent 
la trace des premières jeunesses, des
premiers amours, des premiers
          ? ... & ... ET      qu'importé.

          Les râles se sont englués au dos 
des charpentes. Se sont des couches 
superposées de ...

                                   de? 
Qu'importé.

Elles   ne   cessent   de   prendre    en 
épaisseur et plus nous nous, ...
                                                    plus ?
          La sève est là,           elle
s'englue,        s'enduit et

          s'accouple     avec    les
assemblages d'armatures
                         qui      composent
          l'immuable.

          Le geste
est le soutien du corps ET le châssis le 
pilier des sens.

          Tout passe

          ou presque et dans l'iris des 
nouveaux jours les anciens

sont déjà anciens.

          Les racines se sont couchées et 

          restaurent les mémoires

-  branches  écartées,  charnelles  aux 
lumières -

          elles signent éros & Vénus.

          Demain, le tronc sera cime, 
d'ici-là il faut tailler 
creuser le chêne.

          Des   parties   d'ossatures   ont 
peuplé les translucidités

          Chairs dénudées

et les organes se sont emplis 
de bois

de  vaisseaux   chargés   de  vides   en 
suspension.

Les duramens flottent, tels des coeurs
allongés.
Imputrescibles
ils sont           embarcations
Au tournant des caps          ils
font chavirer
les corps        d'air et de
poumons
tuméfiés


          Tout passe ou presque

          Et nos cuirs 
          chancellent

          en surface
                                  se divisent


Les enveloppes se séparent

elles  s'alignent dans  les  casiers  du 
temps.

Des cloisons d'eau   font
peaux neuves
                    Des organes - paroles, 
écorces - pantomimes
                              rejoignent  l'écoulement 
des berges inhabitées.

Nos membres sont des fissures de la 
réalité


Entre hier et        ?
                                                  hier ?
Mouvements
Rythme
brassent les fécondités pigmentées.

Naviguant sur des blancs

          -    parfois trop vastes, parfois trop
                pétrissables
                mais parfois seulement -

la lumière est ivresse. 

Une avarice. 

Fleuve

goulu
qui bénéficie de l'usure des âges.


                                               Substances 

Essence & Moelle 

Dans les replis cousus

des récits
                              les collines et les 
                    rochers 
jaillissent en abondance.

Ils s'engouffrent, se troublent et se 
jettent dans... 
             dans?

Qu'importé !

          De        toutes       voiles,        ils
s'échappent,    se  couvrent de  résidu
terrestre   et  écument  à   toutes   les
blancheurs

          écument          ?

Dans les entrepôts des existences, les
étagères   cultivent   les   patines,   les
poussières,                                          les
déjà,
les retours                     ET       ?

les encore...
          encore ?

          Dans    l'attente    d'un    instant 
lézard, les tout se sont juxtaposés

Ils

                                        morcèlent        les 
                           temps

                                        à l'infini

© Nathalie Ronvaux
from: Il n’y a rien … Il y a tout …
Edition Au coin de la rue de l’Enfer, 2016
Audio production: Haus für Poesie / 2018

Die Fächer der Zeit

allemand

          Die       Ablagen,       die       Regale      tragen
die      Spur      der      ersten    Jugendjahre,      der
ersten Lieben,                 der                 ersten
            ? ... & ... UND                 egal.

          Die Trauermäntel  stecken  auf dem Rücken
des  Gebälks im  Leim.          Sind   geschichtete
Lagen    aus ...
                                               aus?
Egal.

Sie     gewinnen     in     stetigem     Schichten    an
Dichte und je mehr wir uns, ...
[nicht]                                                 mehr?

          Der Saft ist da,                     er
verleimt,         verteilt und

          paart sich                                          mit                           den
Verbindungen im Balkenwerk
                                               sie                             bilden
          das Unveränderliche.

          Die Geste
ist  der Halt  des Köpers UND der Rahmen  der
Grundpfeiler der Sinne.

          Alles geht vorbei

          oder fast und in der Iris
neuer Tage sind alte

schon alt.

          Die Wurzeln haben sich schlafen gelegt und

          beleben die Erinnerungen

-    gespreizte      Zweige,       fleischlich       im     Licht     -

          unterzeichnen mit eros & Venus.

          Morgen  ist   der   Stamm  Krone,
bis dahin ist sie zu schneiden
die Eiche auszulichten.

          Teile        von Skeletten         sind         in
die Transparenzen gewachsen

          Kahles Fleisch

und die Organe sind gefüllt
mit Holz

mit           Gefäßen         voll         schwebender
Vakua.

Die   Kernhölzer   treiben,  so   wie  Herzen
von langem Wuchs.
Unverweslich
sie sind                                     Boote
Beim Wenden
kentern mit                                  ihnen
die Körper                          aus Luft und aus
schwellenden
Lungen

          Alles geht vorbei oder fast

          Unsre Häute
          schwanken

          auf der Oberfläche
                                                           teilen sich

Die Hüllen gehen auseinander

sie   reihen sich  auf   in   den  Fächern  der
Zeit.

Scheidewände         aus Wasser          bilden
neue Häute
                          Organ – Worte,
Rinden – Pantomimen
        verrinnen   mit   dem  Sand
unbewohnter Ufer.

Unsere       Glieder      sind     Risse     in     der
Wirklichkeit

Zwischen gestern und         ?
                                                                  gestern?

Bewegungen
Rhythmus
durchwirken pigmentreiche Fruchtbarkeiten.

Weiße Flecken befahrend

              -    manchmal zu weit, manchmal  zu
                    formbar
                    aber manchmal nur -

ist das Licht Trunkenheit.

Ein Geiz.

Fluss

der giert
dem zufließt, was die Zeitalter fordern.

                                                                   Substanzen
Essenz & Mark

Aus den vernähten Falten

der Geschichten
                                                 schießen Hügel und
                                      Felsen
in Hülle und Fülle empor.

Sie    stürzen   sich,  trüben   sich   ein   und
ergießen sich in ...
                         in?

Egal!

                           Mit       allen      Segeln      ent-
kommen  sie,    bedecken     sich   mit   Erd-
Rückständen     und     schäumen   in   allen
Weißtönen

            schäumen                          ?

In  den  Lagern  der  Existenzen  stehen  die
Regale, dort wachsen die Patinaschichten, die
Stäube,                                                                  die
schons,
die Wege zurück zu           UND     ?

die nochs ...
                        noch?

          An  den Zeitritzen  Eidechsen ab-
passend, stehen die alles nebeneinander

Sie

                                       zerstückeln                 die
                        Zeiten
                                        in Unendlichkeit

aus dem Französischen von Katja Roloff

A Misericórdia dos Mercados

portugais | Luís Filipe Castro Mendes

Nós vivemos da misericórdia dos mercados.
Não fazemos falta.
O capital regula-se a si próprio e as leis
são meras consequências lógicas dessa regulação,
tão sublime que alguns veem nela o dedo de Deus.
Enganam-se.
Os mercados são simultaneamente o criador e a própria criação.
Nós é que não fazemos falta.

© Luís Filipe Castro Mendes
from: A Misericórdia dos Mercados
Lisboa: Assírio & Alvim, 2014
Audio production: Casa Fernando Pessoa / RDP

Die Barmherzigkeit der Märkte

allemand

Wir leben von der Barmherzigkeit der Märkte.
Wir werden nicht gebraucht.
Das Kapital reguliert sich selbst und die Gesetze
sind nichts als die logischen Folgen der Selbstregulierung,
so erhaben, dass einige darin den Finger Gottes sehen.
Sie täuschen sich.
Die Märkte sind Schöpfer und Schöpfung zugleich.
Und gerade wir werden nicht gebraucht.

Aus dem Portugiesischen von Katja Roloff

A Bela Adormecida

portugais | Luís Filipe Castro Mendes

Alguém dorme, respira,
Com o frio da mente a debruar-lhe o corpo
E os cegos desejos de si arredados.
Alguém a quem eu não diria palavras
que não fossem tardias e ausentes
como as da poesia.
Alguém que, como tu, me vai esquecer.

Alguém respira, o corpo contra a treva,
as palavras do esquecimento como faúlhas acesas
no coração da morte.
Dorme, silencia
- e quem irá depositar mais palavras
sobre as nossas cinzas?

Inventasse eu a noite, que ainda assim me esquecerias!
Desse-te eu todas as palavras que sobram do fim do mundo,
a ternura estremecida, a música mais leve –
- nada poderemos fazer. Deita-te ao meu lado.
O filme parou. As bobines giram no vazio
e só a luz fria arde sobre a tela. Amor que a nenhum amado
amor perdoa. A nenhum amado.
Esta mesma noite tu me irás esquecer.

© Luís Filipe Castro Mendes
from: Os amantes Obscuros
Lisboa: Quetzal Editores, 1999
Audio production: Casa Fernando Pessoa / RDP

Dornröschen

allemand

Jemand schläft, atmet,
die Geisteskälte säumt den Körper
und die blinden Begierden, die ihm fernliegen.
Jemand, dem ich nichts sagen würde
als solche Worte, verspätet und abwesend  
wie die der Poesie.
Jemand, der mich, wie du, vergessen wird.

Jemand atmet, gegen die Finsternis lehnend,
die Wörter des Vergessens wie Staubfunken
im Herzen des Todes.
Schläft, schweigt
— und wer soll dann mehr Worte
auf unsere Asche legen?

Wenn ich die Nacht erfände — du würdest mich trotzdem vergessen!
Wenn ich dir alle Wörter schenkte, die übrigbleiben vom Ende der Welt,
das größte Schaudern vor Zärtlichkeit, die zarteste Musik —
— wir sind machtlos. Leg dich zu mir.
Der Film ist aus. Die Spulen drehen sich leer
und nur kaltes Licht brennt auf der Leinwand. Liebe, die keinem Geliebten
Liebe verzeiht. Keinem Geliebten.
Und in dieser Nacht wirst du mich vergessen.

Aus dem Portugiesischen von Katja Roloff

Gestos

portugais | Luís Filipe Castro Mendes

Gestos,
apenas gestos. A minuciosa ternura
posta nas coisas imediatas,
nas que duram contra a noite,
nas que acendem lâmpadas precárias
e contêm o silêncio, o silêncio,
como se a música fossem
e nela nos viéssemos
perder.

Gestos,
tu ouves?
Nem o teu coração pode dar guarida
a tanto silêncio da terra.

Se agora mesmo devagar nos anoitecesse
e se, mergulhados numa aguda nostalgia
ou na recordação de um rosto,
nos desencontrássemos do mundo,
só esse gesto viria resgatar-nos,
a nós, feridos de amor e de sentido.

Por isso, hoje só posso dizer
o que o teu coração abandonou.

© Luís Filipe Castro Mendes
from: A Ilha Dos Mortos
Lisboa: Quetzal Editores, 1991
Audio production: Casa Fernando Pessoa / RDP

Gesten

allemand

Gesten,
nur Gesten. Die minuziöse Zärtlichkeit,
in die unmittelbaren Dinge gelegt,
in jene, die der Nacht trotzen,
in jene, die spärliche Lampen anzünden
und die Stille bergen, die Stille,
als wären sie die Musik
und wir gingen darin
verloren.

Gesten,
hörst du?
Selbst dein Herz kann nicht Herberge sein
für so viel Schweigen der Welt.

Wenn es jetzt Nacht um uns würde
und wir, tief in einer heftigen Wehmut
oder dem Erinnern eines Gesichts versunken,
mit der Welt nicht zusammen kämen,
so würde allein diese Geste uns retten,
uns von Liebe und Sinn Versehrte.

Darum kann ich heute nur sagen,
was dein Herz verlassen hat.

Aus dem Portugiesischen von Katja Roloff

A Ilha Dos Mortos

portugais | Luís Filipe Castro Mendes

Nunca, entre tanta serenidade,
Poderia pousar uma crispação, uma recusa
ou um brusco estremecimento do coração
desmedido. Não conhecer a paixão
é o privilégio dos mortos. Entre a mão e a barca,
entre o silêncio e a aridez,
entre a claridade
e o tremor
caem as sombras sobre a água como
a roupa se desprende e cai do corpo desejado,
entrevisto,
como de tanto amor se tece a Morte!

© Luís Filipe Castro Mendes
from: A Ilha Dos Mortos
Lisboa: Quetzal Editores, 1991
Audio production: Casa Fernando Pessoa / RDP

Die Insel der Toten

allemand

Nie könnte solche Seelenruhe
Stätte sein eines Zusammenzuckens, eines Verwehrens
oder einer Stichflamme im Herzen,
das maßlos wäre. Keine Leidenschaft zu kennen
ist das Privileg der Toten. Zwischen Hand und Barke,
zwischen Stille und Kargem,
zwischen Hellem
und Schaudern
fallen die Schatten aufs Wasser wie
die Kleider sich lösen und vom Körper fallen, begehrt,
erahnt,
aus so viel Liebe entspinnt sich der Tod!

Aus dem Portugiesischen von Katja Roloff

[Pour une seconde n’être et n’être que cela]

français | François Charron

Pour une seconde n’être et n’être que cela.

Là aussi un croisement de commencements et de fins
   tranquillement derrière.

Avec des hauts et des bas comme une énigme à résoudre
   à un pouce de ses yeux.

Il sera neuf heures si vous voulez dit-il dans une
   quinzaine de langues.

Pour ce qui est du passé toutes sortes de moyens
   remarquables qui ne remettent pas Adam en question.

Dont un centre qui ne cesse de bouger quelque chose qui en
   nous se retrouve autour.

© François Charron
Audio production: Union des écrivains et des écrivaines québécois

[Eine Sekunde nicht sein und nichts sein als das]

allemand

Eine Sekunde nicht sein und nichts sein als das.

Auch hier sich kreuzende Anfänge und Enden
    in aller Ruhe dahinter.

Mit Höhen und Tiefen wie ein Rätsel
    zentimeternah vor den Augen zu lösen.
    
Es wird dann neun Uhr sein wenn Sie so wollen sagt er in rund
    fünfzehn Sprachen.

Was die Vergangenheit angeht allerlei
    beachtliche Mittel die Adam nichts anhaben.

Wie etwa ein Zentrum in steter Bewegung etwas das sich auch
    in uns außen herum befindet.

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch von Katja Roloff

[Nous ne pouvions battre du jour]

français | Martine Audet

Nous ne pouvions battre du jour,
ni sur la lame d’un miroir
guérir de nos gestes,
mais pour ne pas crier,
pour ne pas crier,
nous écartions les bras
afin que, consolés du nombre
ou de sa vérité,
le ciel verse l'eau :

des rires bruyants
il est vrai.

© Martine Audet
from: Les Manivelles
Montréal: éd. de l’Hexagone, 2006
Audio production: Union des écrivains et des écrivaines québécois

[Wir konnten nicht mit den Tagen schlagen]

allemand

Wir konnten nicht mit den Tagen schlagen,
nicht auf der Klinge eines Spiegels
von unseren Gesten genesen,
doch um nicht loszuschreien,
um nicht loszuschreien,
breiteten wir die Arme aus,
damit, ob seiner tröstenden Zahl
oder Wahrheit,
der Himmel sein Wasser vergieße:

schallendes Lachen
es stimmt.

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch von Katja Roloff

[Les statues pleurent sur la solidité]

français | François Charron

Les statues pleurent sur la solidité qui n'existe pas les
    âmes sont dangereuses.

Je sens ce que je sens à quoi sert le hasard sinon à lire les
    étoiles.

Même le feu s'imagine qu'un fantôme éclatant se présenta à
    ma vue alors je recule.

L'obscurité pointe vers la coupure à tel point que mon cœur
    pense trou dans une feuille.

On aurait voulu réchauffer les arbres on se dépouille on
    sort regarder sa souffrance dans la matière.

Il est temps d'allumer sa lampe avec une douceur
    rassurante et aller vers la lumière même si la lumière
   est un mythe

© François Charron
Audio production: Union des écrivains et des écrivaines québécois

[Die Statuen beweinen die Festigkeit die es nicht gibt]

allemand

Die Statuen beweinen die Festigkeit die es nicht gibt die
    Seelen bergen Gefahr.

Ich spüre was ich spür wozu dient Zufall wenn nicht zur Deutung der
    Sterne.

Selbst das Feuer malt sich aus dass ein leuchtendes Gespenst sich zeigte
    meinem Blick also weiche ich.

Die Dunkelheit dringt so sehr auf den Schnitt dass mein Herz
    denkt Loch im Blatt.

Man hätte die Bäume wärmen wollen man entblättert sich schlüpft
      hinaus sein Leid in der Materie betrachten.

Es ist Zeit seine Lampe anzuschalten behutsam
     beruhigend und hin zum Licht zu gehen selbst wenn das Licht
     ein Mythos ist.

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch von Katja Roloff

[Le temps parfois nous rapportait des os]

français | Martine Audet

Le temps parfois nous rapportait des os,
le détail d'un mouvement
qui soulevait les roses,
à répétition,
nos plus rudes prières
(leurs bêtes humides et affolées).

Était-ce pour répondre du vide ?
du fin calibre des merveilles ?

Nous ne savions qui parlait,
qui, aimé en nos nuits,
frôlait la rouge découpe
d’obscurité.

© Martine Audet
from: Les Manivelles
Montréal: éd. de l’Hexagone, 2006
Audio production: Union des écrivains et des écrivaines québécois

[Die Zeit schleppte uns manchmal Knochen an]

allemand

Die Zeit schleppte uns manchmal Knochen an,
das Detail einer Regung,
Rosen hebend,
wieder und wieder,
unsere gröbsten Bitten
(ihre nassen wirren Tiere).

Wollte sie für die Leere einstehen?
Für das kleine Kaliber der Wunder?

Wir wussten nicht, wer sprach,
wer, in unseren Nächten geliebt,
das in Dunkelheit geritzte
Rot streifte.

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch von Katja Roloff

[Le premier venu puis un autre c’est très spécial ici la]

français | François Charron

Le premier venu puis un autre c’est très spécial ici la
   parole semble de trop on ne frappe pas les trois coups.

Chacun pense dans l’électricité de cette sensation
   irremplaçable un corps repartira à mesure.

Pouvoir se reprendre si j’ai une chance d’exister réellement
   au moins de 10 à 20 minutes par jour.

Les jambes allongées sur la banquette on devient un
   personnage qui dépose sa tête à côté de son corps.

Disons une naïveté opaque une âme d’automne une vitre
   malade qui se couvre de poèmes.

Rien ne bloque le plaisir d’être imbriqué son cœur en état
   de rêve permanent chut le laboratoire n’en démord pas ça
   s’accélère avant de passer dans le sang comme du gaz.

© François Charron
Audio production: Union des écrivains et des écrivaines québécois

[Der Erstbeste dann der nächste sehr merkwürdig hier]

allemand

Der Erstbeste dann der nächste sehr merkwürdig hier jedes
   Wort scheint zu viel kein Vorhang geht auf.

Jeder denkt elektrisiert durch das unersetzliche
    Gefühl ein Körper kommt mit der Zeit wieder in Gang.

Sich fassen können wenn ich die Aussicht habe wirklich zu existieren
    wenigstens 10 bis 20 Minuten am Tag.

Mit den Beinen auf dem Polster wird man zu einer
    Figur die den Kopf neben dem Körper ablegt.

Sagen wir undurchsichtig naiv eine Herbstseele ein krankes
     Fenster das mit Gedichten beschlägt.

Nichts hemmt die Freude verflochten zu sein das Herz im
     dauernden Traumzustand psst das Labor lässt nicht davon ab es
     wird schneller bevor es ins Blut geht wie Gas.

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch von Katja Roloff

[De certains rêves]

français | Martine Audet

De certains rêves, nous possédions la langue.
Du vide, comme d’un amour,
nous épuisions l'élan extrême,
puis sa désespérance.

Nous avions vu la beauté
(un orient au cœur des lettres exécutées),
mais n’avions pu trouver de réponse au mal
qui battait en nous
et ce qui était resté
dans nos yeux,
avec le vent,

montait l’éclair.

© Martine Audet
from: Les Manivelles
Montréal: éd. de l’Hexagone, 2006
Audio production: Union des écrivains et des écrivaines québécois

[Von manchen Träumen]

allemand

Von manchen Träumen besaßen wir die Sprache.
Aus der Leere sogen wir,
wie aus einer Liebe, den äußersten Drang,
dann ihre Verzweiflung.

Wir hatten die Schönheit gesehen
(Orient im Herzen vollendeter Buchstaben),
doch nichts gefunden gegen das Übel,
das in uns pochte,
und was übrig blieb
in unseren Augen,
folgte dem Wind,

ritt den Blitz.

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch von Katja Roloff

RÉMINISCENCES

français | Madeleine Gagnon




J’entends le chant de la terre, on me croirait assise sur sa plus haute falaise, j’entends

La galerie est de travertin, marbré de rose, d’ocre et d’opale, j’entends jusque dans ma main

La main caresse cette poudre calcaire, ruisselle à mon tympan le bruit de la matière

Plus bas, très loin, la mer, ce pourrait être l’Atlantique mais c’est l’Égée d’enfance imaginée

J’entends le chant de la terre, tous les espaces m’habitent, l’oreille n’a pas de frontières

Au nord du quarante-neuvième parallèle, sur la plus haute falaise de grès sédimenté, j’entends le chant de la terre

Mes doigts suivent le filet rouge, mes doigts cherchent la mémoire des âges sous le quartz érodé

Sur le grain veineux, je palpe une brèche sonore, j’entends le chant de la terre

Par-delà tout désastre entrevu, au bord du gouffre nucléaire

Rivant le corps entier au moindre souffle chu des pulsations d’astres

J’entends le chant de la terre

À mes pieds dans ce Nord tout juste frigorifié que le printemps encore réchauffe

Je vois, ramassée fœtale en plein conglomérat, tassée au sein du galet de silex

L’image d’une sphère vivante, douée d’yeux et de bouche avec, enfouie comme en un songe

Une oreille qui vibre et qui écoute, je sais, je prends la roche au creux de ma main

J’entends le chant de la terre


© Madeleine Gagnon
from: À L’OMBRE DES MOTS - POÈMES 1964-2006
Éditions de l’Hexagone, 2007
Audio production: UNEQ

Leise Erinnerungen

allemand



Ich höre die Erde singen, man könnte meinen, ich säße auf ihrer höchsten
Klippe, ich höre

Der Stollen ist aus Travertin, von Rosa, Ocker und Opal durchzogen,
es klingt in meine Hand

Wenn meine Hand durch den Kalkstaub streicht, rinnt auf mein Trommelfell
das Geräusch des Steins

Tiefer, weit weg, das Meer, es könnte der Atlantik sein, doch
nein, es ist die See der Kindheit, Ägäisfantasie

Ich höre die Erde singen, alle Räume bewohnen mich,
das Ohr kennt keine Grenzen

Nördlich der neunundvierzigsten Breite sitz ich auf der höchsten
Klippe, auf Sandsteinsediment, ich höre die Erde singen

Mein Finger folgt dem roten Strang, mein Finger sucht das
Gedächtnis der Zeit im erodierten Quarz

Durch den geäderten Stein dringt Klang zu meiner Hand, ich höre die
Erde singen

Jenseits der Unheilsahnung, dem atomaren Abgrund nah,
lauscht jede Faser meines Körpers nach einem Hauch, der vom Pulsieren
der Sterne zeugt

Ich höre die Erde singen

Zu meinen Füßen, im frisch gefrorenen Norden, den der Frühling
noch wärmt

Sehe ich, embryonal im Konglomerat geborgen, eingepresst im
Feuerstein

Das Bild einer Kugel, die lebt, mit Augen und Mund gesegnet, und,
als stecke es in einem Traum

Ein Ohr, das bebt und horcht, ich weiß, ich lege den Stein in
meine Hand

Ich höre die Erde singen


Übersetzung aus dem kanadischen Französisch von Katja Roloff

LA TERRE EST REMPLIE DE LANGAGE

français | Madeleine Gagnon

Or sur le fleuve
ciel dedans
on s’en va dans les eaux
comme elles fondent au soleil :
les glaces

On n’en revient pas de l’éclat
tout tombe
et l’éclat se reprend à chaque main :
il coule

On n’y pense plus
soudain l’horizon s’ajuste
comme lentilles
regard au loin :
l’œil luit

On retourne sur ses pas
il y a devant scène
une image bouche ouverte
alors elle parle :
la pierre

L’oreille tendue
les mots s’éclipsent
en plein soir noir
la matière serait-elle
muette?

Dormir alors rêver
au reste l’aube verra
oiseau ou chat?
peut-être pas
 
Or sur fleuve
ciel dedans
on s’en va dans les jours
comme ils s’égrènent :
les instants

On n’en revient pas
la tombe ou l’ombre
et l’âme coule
entre les doigts :
du temps

© Madeleine Gagnon
from: À L’OMBRE DES MOTS - POÈMES 1964-2006
Éditions de l’Hexagone, 2007
Audio production: UNEQ

Die Erde ist von Sprache voll

allemand

Gold auf dem Fluss
Himmel darin
man verschwindet im Wasser so
wies in der Sonne schmilzt:
das Eis

Man verliert sich im Glanz
alles sinkt
der Glanz dem Greifen nah:
verrinnt

Man denkt nicht mehr daran
da stellt sich der Horizont ein
wie eine Linse
Blick in die Ferne:
das Auge leuchtet

Man tritt den Rückweg an
im Vordergrund
ein Bild mit offenem Mund
daraus spricht:
der Stein

Das Ohr gespitzt
Wortfinsternis
im Abendschwarz
ist die Materie denn
stumm?

Dann schlafen träumen
weiteres bringt das Morgenlicht
Spatz oder Katze?
vielleicht auch nicht

Gold auf Fluss
Himmel darin
man verschwindet in Tagen so
wie sie verstreichen:
die Augenblicke

Man verliert sich ganz
sinkt in Grab oder Schatten
die Seele rinnt
durch die Finger:
der Zeit

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch von Katja Roloff

FIN

français | Mario Brassard

Dans la plaine les preuves s’érodent
À vol d’oiseau on croirait un chat
Faisant ses griffes sur ta main
Mais le sang ne vient pas

Les vases cassés dans ta voix
Disent sans jamais la dire entière
La seconde qu’il faut pour disparaître

© Mario Brassard
from: La somme des vents contraires
Montréal: Éditions Les Herbes rouges, 2006
Audio production: UNEQ

ENDE

allemand

In der Ebene verwittern die Beweise
Aus der Vogelschau gleicht das einer Katze
Die an deiner Hand ihre Krallen wetzt
Doch es kommt kein Blut

Die Vasenscherben in deiner Stimme
Sprechen ohne sie anzusprechen
Von der Sekunde die zum Verschwinden reicht

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch von Katja Roloff

CHANT POUR UN QUÉBEC LOINTAIN

français | Madeleine Gagnon

LIMINAIRE




Il y a des pays qui se voient au lointain et ne peuvent autrement devenir prochains. Il y a des pays qui sont des corps, d’autres des livres et puis ils disparaissent dans la nuit des temps. Il y a des pays sans rives où de chaque côté on risque le vide, un peu comme les lits, ainsi le mien. S’y lever pour fouler le sol, tous les sols, demande un souffle, désir de jour, de veille.


Parfois tout s’abandonne au destin muet et les chapitres s’en vont dans le grand livre du silence éternel dont aucune contrée jamais ne revient.


Parfois aussi, des bribes au passage sont captées, le pas est emporté, la marche se poursuit et les lettres respirent avec les alvéoles d’air et de papier. Aucune garantie n’est alors exigée. Seule est tenue la promesse de la phrase, comme dans les mariages, alliances de métal et de mots.


Les rêves s’enchaînent entre deux êtres, les strophes défilent et se nouent. On regarde les pensées, on pense les images, la poésie s’occupe de tout.


Puis, il y a des retours, des adieux, des testaments, parfois la partance est pour de bon.


Il y a des scènes d’histoire, réminiscences en plein vol, et des paroles au-dessus des nuages.


Dans les bagages, il y a des choses laissées sans nom que les noms soudain ouvrent, les choses se déplient, elles volent avec leur nom de plume, elles ont des ailes jusqu’au chant.


On les écoute comme si le paradis perdu se découvrait enfin un territoire sur la carte de la Terre promise et Dieu n’a pas de corps pourtant, juste un nom, on l’avait oublié, on le sait maintenant.


Alors, on s’invente des géographies, des zones cadastrées, des maisons ancestrales plus vraies que les demeures spectrales, moins éloignées que les abris de survivance imaginées là-bas au bout du chemin long quand, par la fenêtre envisagés, les yeux de la lune sourient à la face de tout et de rien.


C’est là le temps du pacte entendu dans la nuit comme un univers clos. Le gong de la chair a sonné. C’est l’heure des pierres. Les pierres s’ouvrent et saignent, elles ont parlé. Dans leur mouvement subit le corps s’engage et signe tandis que la main suit.


Il y a des planètes remplies d’oreilles luxées. Mais aussi des planètes qui ont une bouche, des lèvres et un ventre qui donne la vie.




© Madeleine Gagnon
from: À L’OMBRE DES MOTS - POÈMES 1964-2006
Éditions de l’Hexagone, 2007
Audio production: UNEQ

Gesang für ein fernes Québec

allemand

Vorab




Es gibt Länder, die sind in der Ferne zu sehen und können anders nicht
nahestehen. Es gibt Länder, die Körper sind, andere wiederum Bücher, und
ihre Spuren verwehen. Es gibt Länder, die keine Ufer haben, dort kann
man von beiden Rändern stürzen, wie etwa aus Betten, so auch meines.
Dort aufstehen und Erde betreten, jeden Fleck, dafür braucht es Atem,
Drang nach Wachen, nach Tag.


Manchmal fügt sich alles dem stummen Schicksal, die Kapitel ziehen ins
große Buch der ewigen Stille, das ist die letzte Reise einer Gegend.

Manchmal auch, im Vorübergehen, sind Fetzen vernehmbar, mit schnellem
Schritt geht es weiter und die Buchstaben atmen mit Lungenflügeln aus
Luft und Papier. Dann wird keine Gewähr verlangt. Gehalten wird nur, was
der Satz verspricht, wie in der Ehe, Schmiedewerk aus Metall und aus
Worten.


Träume entspinnen sich zwischen zwei Wesen, eine Strophe gibt die
nächste. Man betrachtet Gedanken, man denkt Bilder, die Poesie nimmt
sich allem an.


Und dann sind da Rückkehr, Abschied, Testamente, manche brechen für
immer auf.


Da sind Szenen der Geschichte, vage Erinnertes mitten im Flug und über
den Wolken gesprochenes Wort.


Im Gepäck liegen Dinge, die namenlos blieben, die sich durch Namen
plötzlich öffnen, die Dinge falten sich auf, sie fliegen, mit leichter Feder
benannt, beflügelt, Gesang.


Man lauscht, als erschließe das verlorene Paradies sich endlich ein Gebiet
auf der Karte des Gelobten Landes, Gott hat aber keinen Körper, einen
Namen nur, das war uns entfallen, jetzt ist es bekannt.


Man erfindet sich also Geographien, vermessene Zonen, alte Villen, echter
als die Mauern, in denen Spukgestalten hausen, nicht so weit weg wie die
Nischen, in denen wir überdauern, die wir fern, am Ende des Weges
wähnen, wenn, durchs Fenster besehen, die Augen des Mondes ein
Lächeln entgegnen auf alles und nichts.


Dies ist die Zeit des Paktes, der nachts wie ein geschlossener Kosmos
klingt. Das Fleisch ist eingeläutet. Die Stunde der Steine ist da. Die Steine
brechen auf und bluten, sie haben gesprochen. Ihrer jähen Bewegung
verschreibt sich der Körper, er unterzeichnet, die Hand aber folgt.


Es gibt Planeten voller verrenkter Ohren. Doch auch Planeten mit einem
Mund, mit Lippen und einem Leib, der Leben schenkt.

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch von Katja Roloff

CE MATIN DANS LONDRES

français | Jean-François Poupart

Ce matin dans Londres
un tigre passe avec un enfant dans la bouche
ils se détachent en morceaux
tombant l’un sur l’autre en bras en corps
en rayures noires sur l’espace trop vert
je raconte aux vieilles âmes aux Yéménites et aux punks
comment on t’embauma de lys tigre et de violettes
ils me racontent qu’il n’y a pas de bombes au paradis
que je n’ai plus à retenir ma blessure
il y a des anges pour me recoudre

© Jean-François Poupart
from: Tombe Londres Tombe
Montréal: Éditions Poètes de brousse, 2006
Audio production: UNEQ

HEUTE MORGEN IN LONDON

allemand

Heute morgen in London
streift ein Tiger umher mit einem Kind im Maul
sie zerfallen in Stücke
in ein Drunter und Drüber von Armen von Körpern
von schwarzen Streifen auf zu grüner Fläche
ich erzähle den alten Seelen den Jemeniten und den Punks
wie man dich mit Tigerlilien und Veilchen salbte
sie erzählen es gibt keine Bomben im Paradies
meine Wunde muss ich nicht länger halten
es gibt Engel die mich zusammenflicken

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch von Katja Roloff

À SOLEIL DONNÉ

français | Mario Brassard

Supposons trois araignées
Et puis n’en parlons plus

Dans l’arbre la nuit s’émiette
Ce n’est pas tant qu’il fait froid
Que la lune morte en plein vol

© Mario Brassard
from: Choix d’apocalypses
Montréal: Éditions Les Herbes rouges, 2003
Audio production: UNEQ

BEI GEGEBENER SONNE

allemand

Gehn wir von drei Spinnen aus
Und dann genug davon

Im Baum zerbröckelt die Nacht
Das liegt weniger an der Kälte
Als am Mond der im Flug erlosch

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch von Katja Roloff

À LONDRES CE MATIN DANS UN PARC TRÈS VERT

français | Jean-François Poupart

À Londres ce matin dans un parc très vert
une baleine à bosse échouée respire encore
des punks et des Yéménites
les premiers habitants de la terre
lui donnent les derniers sacrements
en gravant sur sa peau des paroles obscènes
tu manques d’eau nous on manque d’air
sous nos masques de bois sur nos corps de misère

les enfants ne rampent pas devant les miracles
ils se méfient de ce qui tombe du ciel
c’est Londres les branchies au soleil
échangeant sa peau contre l’espérance
et la nature humaine recouverte de sacs de sable
marquant sur la peau du parc un nouvel âge de pierre

© Jean-François Poupart
from: Tombe Londres Tombe
Montréal: Éditions Poètes de brousse, 2006
Audio production: UNEQ

IN LONDON HEUTE MORGEN IN EINEM SEHR GRÜNEN PARK

allemand

In London heute Morgen in einem sehr grünen Park
ist ein Buckelwal gestrandet er atmet noch
Punks und Jemeniten
die ersten Erdenbürger
ritzen ihm als letztes Sakrament
respektlose Worte in die Haut
dir fehlt es an Wasser uns an Luft
unter den Holzmasken auf unsern Elendskörpern
Kinder rutschen vor Wundern nicht auf Knien
wenn etwas vom Himmel fällt sind sie auf der Hut
das hier ist London mit Kiemen in der Sonne
tauscht es seine Haut gegen die Hoffnung
und die Natur des Menschen unter Sandsäcken
schreibt der Haut des Parkes eine neue Steinzeit ein

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch von Katja Roloff

ANIMAUX ANCIENS

français | Mario Brassard

C’est un rêve qui commence de dos
Comme toujours l’eau ne bout pas
À sa surface des copeaux d’allumettes

D’étranges animaux avancent au ralenti
Chacun de leurs pas dure une saison
Une fracture et le paysage se désamorce
La neige ne se rend plus

Loin dans un sommeil sans défaut
Les morts dictent leur première volonté

© Mario Brassard
from: La somme des vents contraires
Montréal: Éditions Les Herbes rouges, 2006
Audio production: UNEQ

TIERE AUS ALTER ZEIT

allemand

Dieser Traum beginnt rücklings
Wie immer kocht das Wasser nicht
An der Oberfläche Zunderspäne

Seltsame Tiere kriechen im Zeitlupengang
Jeder Schritt dauert eine Jahreszeit
Eine Verwerfung und die Landschaft entleert sich
Der Schnee gibt sich nicht mehr geschlagen

Fern in einem tadellosen Schlaf
Diktieren die Toten ihren ersten Willen

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch von Katja Roloff

CALCUL BLEU

français | Mario Brassard

Tu touches aux épaves sans respirer
Les poumons grands comme des seaux

L’oreille contre le chêne ne ment pas
La forêt sombre à distance

Tu me demandes combien de noyés
La mer a délavés pour arriver bleue à tes pieds

© Mario Brassard
from: La somme des vents contraires
Montréal: Éditions Les Herbes rouges, 2006
Audio production: UNEQ

BLAU GERECHNET

allemand

Du berührst Treibgut hältst den Atem an
Die Lungen eimerweit

Das Ohr an der Eiche lügt nicht
Der Wald sinkt in der Ferne

Du fragst mich wie viele Ertrunkene
Das Meer auswäscht bis es blau an deine Füße spült

Übersetzung aus dem kanadischen Französisch von Katja Roloff