Antonella D’Agostino 
Translator

on Lyrikline: 107 poems translated

from: italien to: français

Original

Translation

[Non si era perso...]

italien | Remo Fasani

Non si era perso, il tesoro di Priamo.
I calici, i diademi, le collane,
scomparsi da decenni, ora di nuovo
brillano agli occhi e fanno lieti i cuori.

A vederli e toccarli è la vertigine
del tempo che ci prende e ci trasporta.
Solo del tempo? Anche del destino,
1'impareggiabile, a loro congiunto.

Ilio era la rocca che, più splendida,
sorgeva sulla faccia della terra
e fu distrutta e non rimase l'orma.

Solo queste reliquie la ricordano;
e sono tue, Europa, sono sacre.
Vedi in esse il tuo dramma originale.

© Remo Fasani
from: Sonetti morali
Bellinzona: Casagrande, 1995
Audio production: H.Strunk / M.Mechner, literaturWERKstatt berlin, 2003

[Il n’était pas perdu …]

français

Il n’était pas perdu, le trésor de Priam.
Les calices, les diadèmes, les colliers,
disparus depuis des décennies, maintenant à nouveau
brillent aux yeux et rendent heureux les cœurs.

Les voir et les toucher donne le vertige
du temps qui nous prend et nous transporte.
Seulement du temps ? Du destin aussi,
l’incomparable, qui se lie à eux.

Ilion était le rocher, le plus splendide,
qui surgissait sur la face de la terre
et fut détruit en ne laissant aucune trace.

Que ces reliques en souvenir;
et elles sont tiennes, Europe, elles sont sacrées.
En elles tu y vois ton drame originel.

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Misery non deve morire

italien | Valerio Magrelli

Il professor Terribile fruga dentro la bara di Petrarca.
Terribile è quest’opera di necrologia,
recensione di polvere,
critica del sudario.
Ma il professor Terribile fruga anche dentro il cranio
di Petrarca,
casomai vi restasse una quartina
avanzata,
una quartina di tenebra.
Terribile è l’amore di chi legge
e non vorrebbe smettere di leggere
nemmeno fra le ossa di chi scrisse.
 
 
__________

Nota. Nella mattinata di martedì 18 novembre 2003, all'interno dell'arca sepolcrale di Francesco Petrarca presso Arquà Petrarca, Vito Terribile Wiel Marin, professore onorario di anatomia patologica nell'Università di Padova, ha avviato una ricognizione scientifica sui resti mortali del poeta, promossa dalla Fondazione Cassa di Risparmio di Padova e Rovigo. In tempi di Tomb Raider, ha rilevato Marco Giovenale, l’evento rappresenta “una specie di PAC: Poetografia Assiale Computerizzata”.

© Valerio Magrelli
from: Disturbi del sistema binario
Turin: Einaudi, 2006

Misery ne doit pas mourir

français

Le professeur Terrible fouille dans le cercueil de Pétrarque.
Terrible est cette œuvre nécrologique,
recension de poussières,
critique du suaire.
Mais le professeur Terrible fouille aussi dans le crâne
de Pétrarque,
si par hasard il en restait un quatrain
avancé,
un quatrain de ténèbres.
Terrible est l’amour de celui qui lit
et ne voudrait cesser de lire
quand bien même ce serait entre les os
de celui qui écrivit.


_________ 

N.d.A. Au matin du mardi 18 novembre 2003, à l’intérieur de l’arche sépulcrale de Pétrarque près de Arquà Petrarca, Vito Terribile Wiel Marin, professeur émérite d’anatomie pathologique à l’Université de Padoue, a procédé à une identification scientifique de la dépouille du poète, commanditée  par la Fondation Caisse d’Épargne de Padoue et Rovigo. À l’époque de Tomb Raider, a remarqué Marco Giovenale*, l’événement représente « l’équivalent d’un PAC : Poétographie Axiale Computérisée ».

* N.d.T. Poète italien contemporain

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Maggio, notte

italien | Antonella Anedda

                                                                             a mia madre e mio padre


Vento di maggio da Bonifacio a Corte, maestrale dalle Bocche a ritroso fino a Santa Teresa e a sud del sud fino al Campidano. Arcipelaghi a stella e furore di bellezza senza dei. Le mucche sfilano per la festa di Sant'Efisio con le corna circondate di fiori, avanzano con il mare luce-bianca sul dorso.

Laggiù - l'orizzonte. Qui - nella stanza - muore il cane più amato con il muso socchiuso alla luce quasi finito da una mano invisibile.

from: Notti di pace occidentale [Notturni]
Roma: Donzelli, 1999

Mai, nuit

français

                                                                      à ma mère et mon père

Vent de mai de Bonifacio à Corte, mistral depuis les Bouches à reculons jusqu’à Santa Teresa et au sud du sud jusqu’au Campidano. Archipels en étoile et fureur de beauté sans dieux. Les vaches processionnent pour la fête de Sant’Efisio avec leurs cornes entourées de fleurs, elles avancent avec la mer lumière-blanche sur leur dos.

Là-bas – l’horizon. Ici – dans la chambre – le chien préféré meurt avec son museau entrouvert à la lumière presque achevé par une main invisible.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Vedi, qui tutto è già accaduto.]

italien | Antonio Santori

Vedi, qui tutto è già accaduto.
Gli uomini stanno provando
a rilassarsi. Il giorno ha gli occhi
aperti e il sole è un istante.
Fa stare tutti zitti.
Come se davvero non esistessi.

Vedi, anche tu sei distante
e involuto. Irritante, mentre
firmi il tuo patto. Come se
non mi vedessi, come se io
fossi la notte, esatta e perversa,
introversa, come l’unghia del gatto.

Vedi, tutte le parole vivono
ormai lo sfratto, come se
davvero non esistessi, come se
mai avessimo avuto un senso
e qualcuno da sempre
provasse a contarci

(D’un tratto penso
che se riuscissi a emergere
diventerei pulsante.
Prova a pensarci. Avresti
due cuori. Come tua madre
prima che tu nascessi).

from: NCE 1996. (2° ed. I Quaderni del Battello Ebbro-L’Albatro Edizioni, 2000)

[Tu vois, ici tout est déjà arrivé.]

français

Tu vois, ici tout est déjà arrivé.
Les hommes sont en train d’essayer
de relaxer. Le jour a les yeux
ouverts et le soleil est un instant.
Il fait taire tout un chacun.
Comme si vraiment je n’existais pas.

Tu vois, toi aussi tu es distant
et compliqué. Irritant, tandis que
tu signes ton pacte. Comme si
tu ne me voyais pas, comme si
moi j’étais la nuit, exacte et pervertie,
introvertie, telle l’ongle du chat.

Tu vois, tous les mots vivent
désormais l’expulsion, comme si
vraiment je n’existais pas, comme si
jamais nous n’avions eu un sens
et quelqu’un depuis toujours
essayait de nous compter

(Je pense tout à coup
que si je réussissais à émerger
je deviendrais pulsation.
Essaie d’y penser. Tu aurais
deux cœurs. Comme ta mère
avant que tu naisses).

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Tu insegnavi ai ragazzi]

italien | Antonio Santori

Tu insegnavi ai ragazzi
la follia. Forse per questo
ti preoccupavi di fingere.
Sognavi versi afatici,
una piccola libreria
da stringere, un sogno
di metallo, denso di cornici.
Avevi compreso di essere
inaudito, di vivere
come i suoni delle radici
o come il senso della corsa
del cavallo, verso il mondo
immenso. Non avevi amici,
se non i tuoni e le stanze
dove a volte ti creavi,
o il giallo furibondo
negli occhi di Euridice
e la borsa in cui stivavi
rivolte e danze.
Non intendevi essere felice.
A volte sognavi di entrare
nella pelle, di entrare
dolcemente, freddamente.
Come la pioggia
che scende dentro il mare.
Perché come il mare
sentivi di essere settembre,
di proteggere l’odore
dell’animale ribelle,
sgusciante nell’acqua luminosa.
Non chiedevi l’amore. Sognavi
di inseguirlo nell’aria
sospettosa della terra del Nome,
tra i silenzi delle cose,
dove un giorno hai dormito
come un colore […]

from: NCE 1996. (2° ed. I Quaderni del Battello Ebbro-L’Albatro Edizioni, 2000)

[Tu enseignais aux enfants]

français

Tu enseignais aux enfants
la folie. Sans doute pour cela
tu te préoccupais de faire semblant.
Tu rêvais de vers  aphasiques,
une petite bibliothèque
pour serrer contre toi, un songe
de métal, dense de cadres.
Tu comprenais que tu étais
inouï, que tu vivais
comme les sons des racines
ou comme le sens de la course
du cheval, vers le monde
immense. Tu n’avais pas d’amis,
sinon les tonnerres et les chambres
où parfois tu t’inventais,
ou le jaune furibond
dans les yeux d’Eurydice
et la bourse dans laquelle tu entassais
danses et révoltes.
Tu ne voulais pas être heureux.
Parfois tu rêvais d’entrer
dans ta peau, d’entrer
doucement, froidement.
Comme la pluie
qui descend dans la mer.
Parce que comme la mer
tu croyais être septembre,
tu croyais protéger l’odeur
de l’animal rebelle,
glissant dans l’eau lumineuse.
Tu ne demandais pas l’amour. Tu rêvais
de le suivre dans l’air
méfiant de la terre du Nom,
entre les silences des choses,
où tu as dormi un jour
comme une couleur […]

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Torna, mi dice...]

italien | Remo Fasani

.
Torna, mi dice,
ora che puoi, alla tua terra,
rivalica da nord a sud le Alpi.
Odo la voce, e non l'ascolto.
Perché, da quando vivo
tra gente d'altre usanze e d'altra lingua,
è scorso il tempo, oh tanto,
e anche la mia terra, adesso, è un'altra.
Non è su questo o quel versante:
è la terra del limes, del confine,
ma anche del convegno,
l'incontro di due anime in un petto.
Una, l'antica, e l'altra, la novella,
straniere, sì, anzi nemiche,
ma che un giorno depongono le armi,
si trovano e si sentono una sola
fraterna anima... E nel nostro tempo
d'esilii e migrazioni, di travaglio,
anima nuova per un mondo nuovo.

© Remo Fasani
from: A Sils Maria nel mondo
Castel Maggiore (Bo): Book Editore, 2000
Audio production: H.Strunk / M.Mechner, literaturWERKstatt berlin, 2003

[Reviens, me dit-elle…]

français

Reviens, me dit-elle,
maintenant que tu le peux, à ton pays,
traverse encore du nord au sud les Alpes.
J’entends la voix, et je ne l’écoute pas.
Car, depuis que je vis
au milieu de gens de langue et de mœurs différents,
le temps s’est écoulé, oh! beaucoup,
et ma terre aussi, maintenant, elle est une autre.
Elle n’est pas de ce côté ou de cet autre :
c’est la terre du limes, de la frontière,
mais aussi de la réunion,
de la rencontre de deux âmes dans une poitrine.
Une, l’ancienne, et l’autre, la nouvelle,
étrangères, oui, ennemies plutôt,
mais qui un jour déposent les armes,
se retrouvent et se sentent une seule et même
âme fraternelle… Et en nos temps
d’exils et de migrations, de tourments,
âme nouvelle pour un monde nouveau.

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Tócchi di biacca della]

italien | Donata Berra

Tócchi di biacca della
chora a rocca
balzi spaccati a picco, capre
fitte corna orecchie
dritte d'asini saccenti
Giove stizzito raffiche
di venti, ampie
vele alte sulle scotte
fuori staccate nicchie di chiesette
s'alza di scatto e fugge il cane giallo.

© Donata Berra
from: unveröffentlichtem Manuskript
Audio production: 2001 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin

[Touches de céruse de la]

français

Touches de céruse de la
chôra sur le rocher
escarpements coupés à pic, chèvres
cornes nombreuses oreilles
pointues d’ânes pédants
Jupiter irrité rafales
de vents, amples
hautes voiles sur les écoutes
dehors niches détachées de petites églises
le chien jaune se lève d’un bond et s’enfuit.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Stai, e riposa, e non chiarire il sogno]

italien | Donata Berra

Stai, e riposa, e non chiarire il sogno.
Non ti hanno chiesto a moneta l’amore,
ma a condizione. E ti hanno ferita?
Ah disse poi ancora la regina
mandatemi qualcuno che sappia
le parole che non mi hanno insegnato,
e anche il buffone, che pianga.
Il caso è risolto.
Passiamo ad altro.

© Donata Berra
from: unveröffentlichtem Manuskript
Audio production: 2001 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin

[Reste, et repose-toi, et n’explique pas le rêve]

français

Reste, et repose-toi, et n’explique pas le rêve.
Ils ne t’ont pas demandé l’amour en monnaie,
mais à condition. Et t’ont-ils blessée ?
Ah! dit ensuite encore la reine
envoyez-moi quelqu’un qui sache
les mots qui ne m’ont pas été enseignés,
et même le bouffon, qu’il pleure.
Le cas est résolu.
Passons à autre chose.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Sempre mi scordo di te, sempre]

italien | Donata Berra

Sempre mi scordo di te, sempre
mi perdo, ardo per altro, guardo
agli incanti, dove attenti
stanno in agguato trabocchetti,
lacci, e la ventura. Inseguo
i mulinelli tutti,
l'aria sventata dei libecci in fuga
su verso il bosco che ignaro trascolora
e si dipinge ancora
avanti il sonno.
Cerco qua e là
come a caccia di mirtilli,
fuori disegno,
spinta e malsicura.

Se ti ritrovo, se a te ritorno, è allora
alla stagione degli alberi di cachi
coi neri rami nudi carichi d'oro.

© Verlag Im Waldgut / Donata Berra
from: Maria, schräg an einen Pfosten gelehnt / Maria, di sguincio, addossata a un palo. Gedichte / Poesie. Aus dem Italienischen übersetzt von J. Kelter
Frauenfeld: Im Waldgut, 1999
ISBN: 3-7294-0285-4
Audio production: 2001 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin

[Toujours je t’oublie, toujours]

français

à Roberto

Toujours je t’oublie, toujours
je me perds, je brûle pour autre chose, je regarde
les enchantements, où attentifs
les pièges sont aux aguets,
les lacets, et le destin. Je poursuis
tous les remous,
l’air étourdi du libeccio  en fuite
en haut vers le bois qui ignare pâlit
et encore se dépeint
avant le sommeil.
Je cherche ici et là
comme à la cueillette des bleuets,
hors dessin,
poussée et chancelante.

Si je te retrouve, si je reviens à toi, je reviens alors
à la saison des arbres de kakis
ses noires branches nues chargées d’or.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Se ogni volta che ]

italien | Elisa Biagini

Se ogni volta che
sudo ti perdessi sarei
a buon punto:

non torneresti in
gola la mattina ma
sindone di te nel mio
lenzuolo.

© Einaudi Editore
from: L'ospite
Torino: Einaudi Editore, 2004
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2008

[Si chaque fois que]

français

Si chaque fois que
je sue je te perdais je serais rendue
à bon port :

tu ne reviendrais point dans
ma gorge le matin mais
suaire de toi sur mon
drap.

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Se ho scritto è per pensiero]

italien | Antonella Anedda

a M.M.   
  
Se ho scritto è per pensiero
perché ero in pensiero per la vita
per gli esseri felici
stretti nell'ombra della sera
per la sera che di colpo crollava sulle nuche.
Scrivevo per la pietà del buio
per ogni creatura che indietreggia
con la schiena premuta a una ringhiera
per l'attesa marina - senza grido - infinita.
Scrivi, dico a me stessa
e scrivo io per avanzare più sola nell'enigma
perché gli occhi mi allarmano
e mio è il silenzio dei passi, mia la luce deserta
- da brughiera -
sulla terra del viale.
Scrivi perché nulla è difeso e la parola bosco
trema più fragile del bosco, senza rami né uccelli
perché solo il coraggio può scavare
in alto la pazienza
fino a togliere peso
al peso nero del prato.

from: Notti di pace occidentale
Roma: Donzelli, 1999

[Si j’ai écrit c’est par inquiétude]

français

à M.M.

Si j’ai écrit c’est par inquiétude
car j’étais inquiète pour la vie
pour les êtres heureux
enlacés dans l’ombre du soir
pour le soir qui soudainement s’effondrait sur les nuques.
J’écrivais pour la pitié de l’obscurité
pour chaque créature qui recule
le dos pressé contre une balustrade
pour l’attente marine – sans cri – infinie.
Écris, me dis-je
et moi j’écris pour avancer plus seule dans l’énigme
car les yeux m’alarment
et mien est le silence des pas, mienne la lumière déserte
- de bruyère –
sur la terre de l’allée.
Écris parce que rien n’est protégé et le mot bois
tremble plus fragile que le bois, sans branches ni oiseaux
parce que seul le courage peut creuser
en haut la patience
jusqu’à enlever du poids
au poids noir du pré.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Saltata. Sono stata]

italien | Antonio Santori

Saltata. Sono stata
saltata. Una sera
lui parlerà di me,
dirà: peccato, non averla
mai incontrata,
e berrà vino di Francia
dimenticando ancora
la mia vita.
Riderà, raccontando
di altri libri e di donne
perdute nell’Oceano.
Non mi rimpiangerà.
Io che potevo cambiarla
la sua vita.
Mi ha semplicemente
ignorata.
Ha scorso veloce
la pagina accanto
(il viso infuriato)
chiudendo di scatto
il libro pregiato
in cui sono nata.

from: NCE 1996. (2° ed. I Quaderni del Battello Ebbro-L’Albatro Edizioni, 2000)

[Sautée. J’ai été]

français

Sautée. J’ai été
sautée. Un soir
il parlera de moi,
il dira: dommage, ne l’avoir
jamais rencontrée,
et il boira du vin de France
oubliant encore
ma vie.
Il rira, en parlant
d’autres livres et de femmes
perdues dans l’Océan.
Il ne me pleurera pas.
Moi qui pouvais la changer
sa vie.
Il m’a simplement
ignorée.
Il a tourné rapidement
la page d’à côté
(le visage en furie)
fermant brusquement
le livre précieux
où je suis née.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[quando alla fine]

italien | Elisa Biagini

quando alla fine
scriverò il tuo

nome, sarà

dopo, sarà

su una sedia
che se la legge

il fuoco, sarà

per  poco e
senza voce.

© Einaudi Editore
from: L'ospite
Torino: Einaudi Editore, 2004
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2008

[quand à la fin]

français

quand à la fin
j’écrirai ton

nom, ce sera

après, ce sera

sur une chaise
si le feu

la lisait, ce sera

pour peu de temps et
sans voix.

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[pulire per]

italien | Elisa Biagini

pulire per
fare il presente
perpetuo,
la mancanza
d’atmosfera
della luna
dove niente
mai cade:
il tuo è un
paradiso senza
vento, senza
pieghe,
incrinature.

© Einaudi Editore
from: L'ospite
Torino: Einaudi Editore, 2004
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2008

[nettoyer pour]

français

nettoyer pour
rendre le présent
perpétuel,
le manque
d’atmosphère
de la lune
où rien
ne tombe jamais :
le tien est un
paradis sans
vent, sans
plis,
fêlures.

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Prima di cena]

italien | Antonella Anedda

Prima di cena, prima che le lampade scaldino i letti e il fogliame degli alberi sia verde-buio e la notte deserta. Nel breve spazio del crepuscolo passano intere sconosciute stagioni; allora il cielo si carica di nubi, di correnti che sollevano ceppi e rovi. Contro i vetri della finestra batte l’ombra di una misteriosa bufera. L’acqua rovescia i cespugli, le bestie barcollano sulle foglie bagnate. L’ombra dei pini si abbatte sui pavimenti; l’acqua è gelata, di foresta. Il tempo sosta, dilegua. Di colpo, nella quiete solenne dei viali, nel vuoto delle fontane, nei padiglioni illuminati per tutta la notte, l'ospedale ha lo sfolgorio di una pietroburghese residenza invernale.


Ci sarà un incubo peggiore
socchiuso tra i fogli dei giorni
non sbatterà nessuna porta
e i chiodi piantati all’inizio della vita
si piegheranno appena.
Ci sarà un assassino disteso sul ballatoio
il viso tra le lenzuola, l’arma posata di lato.
Lentamente si schiuderà la cucina
senza fragore di vetri infranti
nel silenzio del pomeriggio invernale.
Non sarà l’amarezza, né il rancore, solo
- per un attimo - le stoviglie
si faranno immense di splendore marino.
  
Allora occorrerà avvicinarsi, forse salire
là dove il futuro si restringe
alla mensola fitta di vasi
all’aria rovesciata del cortile
al volo senza slargo dell’oca,
con la malinconia del pattinatore notturno
che a un tratto conosce
il verso del corpo e del ghiaccio
voltarsi appena,
andare.

from: Residenze invernali
Crocetti, 1992

[Avant le dîner]

français

Avant le dîner, avant que les lampes ne chauffent les lits et que le feuillage
des arbres ne devienne vert-noir et la nuit déserte. Dans le court espace du
crépuscule défilent des saisons entières et méconnues; le ciel alors se charge
de nuages, de courants qui soulèvent bûches et ronces. Contre les vitres de la
fenêtre bat l’ombre d’une tempête mystérieuse. L’eau renverse les buissons,
les bêtes chancellent sur les feuilles mouillées. L’ombre des pins s’abat sur les
planchers; l’eau est gelée, de la forêt. Le temps s’arrête, disparaît.
Soudainement, dans le calme solennel des allées, dans le vide des fontaines,
dans les pavillons éclairés toute la nuit, l’hôpital resplendit tel une résidence
de Saint-Pétersbourg en hiver.

Il y aura un cauchemar pire
entrouvert entre les feuilles des jours
aucune porte ne claquera
et les clous plantés au commencement de la vie
plieront à peine.
Il y aura un assassin étendu sur le palier
son visage dans les draps, l’arme à ses côtés.
Lentement la cuisine s’entrouvrira
sans le bruit des vitres brisées
dans le silence d’un après-midi d’hiver.
Ce ne sera pas l’amertume, ni la rancune, seule
- pour un instant – la vaisselle
deviendra immense d’une splendeur marine.

Alors il faudra s’approcher, monter peut-être
là où le futur s’étrécit
à l’étagère remplie de pots
à l’air renversé de la cour
au vol sans déploiement de l’oie,
avec la mélancolie du patineur nocturne
qui d’un coup connaît
le sens du corps et de la glace
se tourner à peine,
s’en aller.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Posso? Posso diventare lui?]

italien | Antonio Santori

Posso? Posso diventare lui?
Diventare quello che lui
immagina.

Ma se sono questa pagina!
Sono solo questa pagina.
Questa pagina che dice
Sono questa pagina.

Questa
pagina.

Questa pagina che vuole
uscire da questa pagina.
Uscire da questa pagina…
Senza fingere di non capire.
Uscire significa

entrare.
Essere un altro
che non scrive.
Come me (non fingere
di non capire).
Uscire significa
diventare.
Diventare quello che lui
(che io?)
immagina.

Posso uscire e diventare
(questa pagina?)
Posso? Posso diventare lui?[…]

from: NCE 1996. (2° ed. I Quaderni del Battello Ebbro-L’Albatro Edizioni, 2000)

[Puis-je? Puis-je devenir lui?]

français

Puis-je? Puis-je devenir lui?
Devenir celui
qu’il imagine.

Mais si je suis cette page!
Je suis seulement cette page.
Cette page qui dit
Je suis cette page.

Cette
page.

Cette page qui veut
sortir de cette page.
Sortir de cette page…
Sans faire semblant de ne pas comprendre.
Sortir signifie

entrer.
Être un autre
qui n’écrit pas.
Comme moi (ne fais pas semblant
de ne pas comprendre).
Sortir signifie
devenir.
Devenir celui que lui
(que je?)
imagine.

Puis-je sortir et devenir
(cette page?)
Puis-je? Puis-je devenir lui?[…]

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Poi c’erano le sere, quasi]

italien | Antonio Santori

Poi c’erano le sere, quasi
silenziose, dal letto sentivi
i rumori degli altri, di operaie
accaldate, di impiegati bambini
persi nelle loro collezioni.
Contavi le pecore smarrite,
le organizzavi, assaltavano
sempre il pastore idiota
con cui ti identificavi.

Nelle strade le ruote
di biciclette, era strano
sentirle sui tombini,
i suoni stanati, i suoni
là fuori sembravano
eterni.
Come i ragazzi nudi
sui prati pieni di sigarette.

Ti sentivi nei letti
degli altri, nelle loro
lenzuola, convocavi
le gambe intrecciate,
le schiene, ti toglievi
gli ombretti.

Era strano sentire
i bambini nel sonno,
sembravano morti,
allenavi il tuo udito
sugli alberi improvvisati,
persi nei loro vuoti.
Si sentivano i corpi stormire,
addormentati. Si sentivano
i sogni.

from: NCE 1996. (2° ed. I Quaderni del Battello Ebbro-L’Albatro Edizioni, 2000)

[Ensuite il y avait les soirées, presque]

français

Ensuite il y avait les soirées, presque
silencieuses, du lit tu entendais
les bruits des autres, d’ouvrières
en sueur, d’employés enfants
perdus dans leurs collections.
Tu comptais les brebis égarées,
tu les organisais, elles prenaient
toujours d’assaut le berger idiot
auquel tu t’identifiais.

Dans les rues les roues
des bicyclettes, il était étrange
de les entendre sur les plaques d’égout,
les sons sortis de leur trou, là dehors
les sons paraissaient
éternels.
Comme des garçons nus
sur des prés remplis de cigarettes.

Tu te croyais dans les lits
des autres, dans leurs
draps, tu convoquais
les jambes croisées,
les dos, tu enlevais
ton fard.

Il était étrange d’entendre
les enfants dans leur sommeil,
ils paraissaient morts,
tu exerçais ton ouïe
sur les arbres improvisés,
perdus dans le vide.
On entendait les corps bruire,
endormis. On entendait
les rêves.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Per trovare la ragione di un verbo]

italien | Antonella Anedda

Per trovare la ragione di un verbo
 perché ancora davvero non é tempo
 e non sappiamo se accorrere o fuggire.

Fai sera come fosse dicembre
 sulle casse innalzate sul cuneo del trasloco
 dai forma al buio
 mentre il cibo s’infiamma alla parete.

Queste sono le notti di pace occidentale
 nei loro raggi vola l'angustia delle biografie
 gli acini scuri dei ritratti, i cartigli dei nomi.

Ci difende di lato un'altra quiete
 come un peso marino nella iuta
 piegato a lungo, con disperazione.

from: Notto di pace occidentale
Roma: Donzelli, 1999

[Pour trouver la raison d’un verbe]

français

Pour trouver la raison d’un verbe
car vraiment il n’est pas encore temps
et nous ne savons pas s’il faut accourir ou s’enfuir.

Tu fais le soir comme si c’était décembre
sur les caisses montées aux angles du déménagement
tu donnes forme à l’obscurité
tandis que la nourriture s’enflamme sur le mur.

Voici les nuits de paix occidentale
dans leurs rayons vole l’étroitesse des biographies
le grain foncé des portraits, les bandes des noms.

De côté une autre quiétude nous défend
tel un poids marin dans la toile de jute
longtemps plié, avec désespoir.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Per questo mi sognavi.]

italien | Antonio Santori

Per questo mi sognavi.
Mi sognavi distesa
come una donna prima
dell’amplesso. Ero io
l’amore? Ero io l’attesa?
Ogni volta mi sentivi
diversa ma mi chiamavi
con lo stesso nome.
Ero la tua cantina, la tua
discesa. La tua vita,
la tua morte, irrisolta.
Così la mattina ti svegliavi
in difesa della tua sorte.
Del tuo mazzo di chiavi,
delle porte che aprivi
e chiudevi, dei tuoi scaltri
colleghi. Mi lasciavi al di là.
Come una storia noiosa,
come il furto del cuore
degli altri. Al di là di te.
Come una cosa.

from: NCE 1996. (2° ed. I Quaderni del Battello Ebbro-L’Albatro Edizioni, 2000)

[Pour cela tu rêvais à moi.]

français

Pour cela tu rêvais à moi.
Tu rêvais à moi étendue
comme une femme avant
l’étreinte. C’était moi
l’amour? C’était moi l’attente?
À chaque fois tu me sentais
différente mais tu m’appelais
par le même nom.
J’étais ton cellier,
ta descente. Ta vie,
ta mort, irrésolue.
Ainsi le matin tu te réveillais
en te défendant contre ton destin.
Contre ton trousseau de clés,
contre les portes que tu ouvrais
et fermais, contre tes collègues
astucieux. Tu me laissais de l’autre côté.
Comme une histoire ennuyante,
comme le vol du cœur
des autres. De l’autre côté de toi.
Comme une chose.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Non ho più richiesto di altre voci]

italien | Donata Berra

Non ho più richiesto di altre voci
gli amici, che i bei suoni soavi
degli amori, e della coppia in crisi.
Non ho gridato, più, che almeno due domande
voglio strappare a questa vita breve
non li ho inchiodati ai ferri corti a dire
a aprire, duri, a luce d’intelletto
quello che suona, a noi mortali, acre.

Sono venuti a cena a parlottare fitto
tra le polpette al sugo e freudiane
letture d’anime d’altri e di ragù:
e ho mandato una vecchina gaia
profumata di cero e senza denti
a chiudere le porte del tempio di Giano.

© Donata Berra
from: unveröffentlichtem Manuskript
Audio production: 2001 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin

[Je n’ai plus demandé d’autres voix]

français

Je n’ai plus demandé d’autres voix
les amis, que les beaux sons suaves
de l’amour, et du couple en crise.
Je n’ai crié, pas plus, qu’au moins deux questions
que je veux arracher à cette vie brève
je ne les ai pas contraints à dire
à ouvrir, durs, à la lumière de la raison
ce qui, pour nous mortels, sonne âcre.

Ils sont venus dîner pour chuchoter serré
entre les boulettes sauce tomate et les freudiennes
lectures d’âmes d’autrui et la sauce à la viande :
et j’ai envoyé une petite vieille heureuse
parfumée de chandelle et édentée
fermer les portes du temple de Janus.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Non esiste innocenza in questa lingua]

italien | Antonella Anedda

Non esiste innocenza in questa lingua
  ascolta come si spezzano i discorsi
  come anche qui sia guerra
  diversa guerra
  ma guerra - in un tempo assetato.
  Per questo scrivo con riluttanza
  con pochi sterpi di frase
  stretti a una lingua usuale
  quella di cui dispongo per chiamare
  laggiù perfino il buio
  che scuote le campane.

  ***
  C'è una finestra nella notte
  con due sagome scure addormentate
  brune come gli uccelli
  il cui corpo indietreggia contro il cielo.
  Scrivo con pazienza
  all'eternità non credo
  la lentezza mi viene dal silenzio
  e da una libertà - invisibile -
  che il Continente non conosce
  l'isola di un pensiero che mi spinge
  a restringere il tempo
  a dargli spazio
  inventando per quella lingua il suo deserto.
   
  La parola si spacca come legno
  come un legno crepita di lato
  per metà fuoco
  per metà abbandono.

from: Notti di pace occidentale
Roma: Donzelli, 1999

[L’innocence n’existe pas dans cette langue]

français

L’innocence n’existe pas dans cette langue
écoute comme les discours se fragmentent
comme ici aussi c’est la guerre
guerre différente
mais guerre pourtant – dans un temps assoiffé.
C’est pour cela que j’écris avec réticence
avec quelques brindilles de phrase
serrées contre une langue usuelle
celle dont je dispose pour appeler
au loin l’obscurité même
qui secoue les cloches.

***

Il y a une fenêtre dans la nuit
avec deux silhouettes obscures endormies
brunes comme les oiseaux
dont le corps recule contre le ciel.
J’écris avec patience
à l’éternité je n’y crois pas
la lenteur me vient du silence
et d’une liberté – invisible –
que le Continent ne connaît pas
l’île d’une pensée qui me pousse
à réduire le temps
à lui donner de l’espace
en inventant pour cette langue-là son propre désert.

La parole se fend comme du bois
comme du bois elle crépite de côté
à moitié feu
à moitié abandon.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Miracoli. Giardini. Tu che rincorri]

italien | Antonio Santori

Miracoli. Giardini. Tu che rincorri
la nuvola magica. Poi altari. Un ramo
d’olivo e il filo bianco di lana.

Ancora: non arriva nessuno. Ancora:
non è strano? Immagina, mi dico.
Immagina la gara. La stanza.
La penombra.
La spada. E quel crogiuolo di nomi
e di sangue che è il mostro.
Figlio del toro bianco dalla lingua
stregata. Vocabolario sfuggente.
Di parole senza sesso.
Immagina, mi dico, l’immensa
sciarada quando lui colpirà.

Ancora: il filo non si tende.
Ancora: non è strano?
Dove sarai adesso, quale stupida
mano ha sospeso il tuo nome?
Se tu fossi morto…
al di là… Se tu fossi morto
io avrei più un senso?
Appoggiata a questo ingresso.
La mano alzata, buffa,
nel mio cuore.

from: NCE 1996. (2° ed. I Quaderni del Battello Ebbro-L’Albatro Edizioni, 2000)

[Miracles. Jardins. Toi qui cours]

français

Miracles. Jardins. Toi qui cours
après le nuage magique. Autels ensuite. Un rameau
d’olivier et le fil blanc de la laine.

Encore: personne n’arrive. Encore:
c’est étrange, non? Imagine, je me dis.
Imagine la compétition. La chambre.
La pénombre.
L’épée. Et ce creuset de noms
et de sang qui est le monstre.
Fils du taureau blanc à la langue
ensorcelée. Vocabulaire fuyant.
De mots sans sexe.
Imagine, je me dis, l’immense
charade quand il frappera.

Encore: le fil ne se tend point.  
Encore: c’est étrange, non?
Où seras-tu maintenant, quelle main
stupide a suspendu ton nom?
Si tu étais mort…
au-delà… Si tu étais mort
moi j’aurais plus de sens?
Appuyée contre cette porte d’entrée.
La main levée, drôle,
dans mon cœur.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Miei versi, andate...]

italien | Remo Fasani

Miei versi, andate. E se al futuro
vi porta il destino, il segreto,
narrate come il tempo nostro
fu pieno di bene, di male,
ma come sempre fu nutrita
fra noi la speranza del meglio.
Dite che questa sarà ancora
la sorte umana e come passa
dagli uni agli altri e non ha fine.

© Remo Fasani
from: Novenari
Audio production: H.Strunk / M.Mechner, literaturWERKstatt berlin, 2003

[Allez, mes vers… ]

français

Allez, mes vers, allez. Et si vers le futur
vous amène le destin, le secret,
racontez combien notre temps
fut rempli de bien, de mal,
mais comme toujours parmi nous
fut nourri l’espoir du meilleur.
Dites que ceci sera encore
le sort humain et comment il passe
des uns aux autres et n’a pas de fin.

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Maria che nel suo dolce stile ...]

italien | Giorgio Orelli

Maria che nel suo dolce stile
ama la perla del superlativo
assoluto. D'un nerobarbuto:
«Che schifo!» proclama, «il mio nonno
è morbidissimo». D'un sasso:
«Fregalo con la mano, è calduccissimo».
Oppure dice che le piace il giallo
perché è oro orissimo. E: «II rosa
è bello perché è bellissimo».
                                                    E come
in altalena quando spinge spinge
e con le foglie infinite del platano
s'inciela.

© Garzanti
from: Il collo dell’anitra
Milano : Garzanti, 2001
Audio production: H.Strunk / M.Mechner, literaturWERKstatt berlin, 2003

[Maria qui dans son doux style… ]

français

Maria qui dans son doux style
aime la perle du superlatif
absolu. D’un noir barbu :
« C’est dégoûtant! » proclame-t-elle, « mon grand-père
est très moelleux ». D’une pierre :
« Frotte-la avec ta main, elle est très très chaude ».
Ou elle dit aimer le jaune
car il est or très or. Et : « Le rose
est beau car il est très beau ».

                                               Et comme
sur une balançoire quand elle pousse et pousse
et avec les feuilles infinies du platane
monte au ciel.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[io ti respiro]

italien | Elisa Biagini

io ti respiro
e sudo un
verso,
macchiando
la maglietta di
vocali.

© Einaudi Editore
from: L'ospite
Torino: Einaudi Editore, 2004
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2008

[je te respire]

français

je te respire
et sue un
vers,
en tachant
mon T-shirt de
voyelles.

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[In questa luce gialla]

italien | Elisa Biagini

In questa luce gialla
di febbre, d’incidente, tu

raccogli i miei
capelli come funghi

controlli uno ad
uno, fossero ancora vivi,

gli occhi che m’invadono
come maiuscole.

(qui il tempo diventa una
spirale, scuro come

l’uvetta, tutto
grinze).

© Einaudi Editore
from: L'ospite
Torino: Einaudi Editore, 2004
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2008

[Dans cette lumière jaune]

français

Dans cette lumière jaune
de fièvre, d’accident, tu

recueilles mes
cheveux comme des champignons

tu vérifies un par
un, comme s’ils étaient encore vivants,

les yeux qui m’envahissent
comme des majuscules.

(ici le temps devient une
spirale, noir comme

des raisins secs, tout
crispé).

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Ho orecchie anche]

italien | Elisa Biagini

Ho orecchie anche
nei bracci,
aperte come pori
a bersi l’aria,
l’acqua, gli
atomi di questo
discorso,

come una stanza
riempita di
biglie.

© Einaudi Editore
from: L'ospite
Torino: Einaudi Editore, 2004
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2008

[J’ai des oreilles aussi]

français

J’ai des oreilles aussi
dans les bras,
ouvertes comme des pores
pour boire l’air,
l’eau, les
atomes de ce
discours,

comme une chambre
pleine de
billes.

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Hai mai pensato]

italien | Antonio Santori

Hai mai pensato
di essere Dio?
Io sì, sempre,
se il filo intrecciato
che la vita
degli uomini omette
è la scrittura infinita.
Tu lo sai, perché come
gli altri lo hai saltato.
Il filo che tiene
e salva la vostra
sortita  di marionette
sono io.
Sono io, costretta
all’attesa, l’impercorribile,
la dipanata
che anche
se letta è da sempre
saltata.
Tu ladrone poeta.
Tu lo sapevi da sempre
che in questa pagina
saltata
è la tua vita.

Antonio?
Tu col viso infuriato…
sul bancone dei libri.
Tu ragazzo
distratto e represso… Antonio…

Dove sarai
adesso?

from: NCE 1996. (2° ed. I Quaderni del Battello Ebbro-L’Albatro Edizioni, 2000)

[N’as tu jamais pensé]

français

N’as tu jamais pensé
être Dieu?
Moi oui, toujours,
si le fil enchevêtré
que la vie
des hommes omet
est l’écriture infinie.
Tu le sais, car comme
les autres tu l’as sauté.
Le fil qui tient
et sauve votre
entrée en scène de marionnette
c’est moi.
C’est moi, contrainte
à l’attente, l’impraticable,
la désenchevêtrée
qui même
lue est depuis toujours
sautée.
Toi le poète voleur.
Tu le savais depuis toujours
que sur cette page
sautée
se trouve ta vie.

Antonio?
Toi avec ton visage furibond…
sur le banc des livres.
Toi garçon
distrait et réprimé… Antonio…

Où seras-tu
à présent?

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Eccoti scarlatta primavera]

italien | Donata Berra

Eccoti scarlatta primavera
vieni e soccorri prima che ritorni
la tenèbra notte
a riaprire la memoria, a trattenere
l'assenso, fioco, al germogliare

e fosse solo pure
di quiete begonie domestiche.

© Donata Berra
from: unveröffentlichtem Manuskript
Audio production: 2001 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin

[Te voici printemps écarlate]

français

Te voici printemps écarlate
viens et porte secours avant que ne revienne
la nuit de ténèbres
pour rouvrir la mémoire, pour retenir
l’assentiment, faible, donné au bourgeonnement

n’était seulement celui
des calmes bégonias domestiques.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Davvero come adesso, l'ulivo sul balcone]

italien | Antonella Anedda

a Sofia


                              19,11,1993

Davvero come adesso, l'ulivo sul balcone
il vento che trasmuta le nubi. Oltre il secolo
nelle sere a venire quando né tu né io ci saremo
quando gli anni saranno rami
per spingere qualcosa senza meta
nelle sere in cui altri
si guarderanno come oggi
nel sonno - nel buio
come calchi di vulcano curvi nella cenere bianca.
Piego il lenzuolo, spengo l'ultima luce.
Lascio che le tue tempie battano piano le coperte
che si genufletta la notte
sul tuo veloce novembre.

from: Notti di pace occidentale
Roma: Donzelli, 1999

[Vraiment comme à présent, l’olivier sur le balcon]

français

à Sofia

                   11,19,1993

Vraiment comme à présent, l’olivier sur le balcon
le vent qui transforme les nuages. Au-delà du siècle
dans les soirs à venir quand ni toi ni moi n’y serons
quand les années seront des branches
poussant quelque chose sans but
dans les soirs où d’autres
se regarderont comme aujourd’hui
dans le sommeil – dans l’obscurité
comme des moulages de volcan courbés dans la cendre blanche.
Je plie le drap, éteins la dernière lumière.
Je laisse tes tempes frapper doucement les couvertures
la nuit s’agenouiller
sur ton novembre rapide.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Come una cosa.]

italien | Antonio Santori

Come una cosa.
Come le cose
del mondo che rimangono
cose. Cose ignote
e sole. Silenziose.
Tu lo sapevi da sempre
che io non ero là
ma nel dolore
delle cose, delle cose
del mondo che rimangono
cose. Io non ero là,
perché il dolore
è nella pagina piena
di cose, di cose ignote
e sole. Silenziose.
Tu lo sapevi da sempre
che io ero il nome
delle cose, nella pagina
infinita e stretta
su di sé, come una cosa.
Tu lo sapevi da sempre
che io ero là, la vita
stretta su di sé,
la dolorosa […]

from: NCE 1996. (2° ed. I Quaderni del Battello Ebbro-L’Albatro Edizioni, 2000)

[Comme une chose.]

français

Comme une chose.
Comme les choses
du monde qui demeurent
des choses. Choses inconnues
et seules. Silencieuses.
Tu le savais depuis toujours
que je n’étais pas là
mais dans la douleur
des choses, des choses
du monde qui demeurent
des choses. Je n’étais pas là,
car la douleur
est dans la page pleine
de choses, de choses ignorées
et seules.  Silencieuses.
Tu le savais depuis toujours
que moi j’étais le nom
des choses, dans la page
infinie et fermée
sur elle-même, comme une chose.
Tu le savais depuis toujours
que j’étais là, la vie
fermée sur elle-même,
la douloureuse […]

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Certo d’un merlo il nero ...]

italien | Giorgio Orelli

et già di là dal rio passato è 'l merlo
                                        deh, venite a vederlo.

                                                 (Petrarca, CV, 21 sg.)


Certo d'un merlo il nero
mazzo di fiori d'un rosso
sorpreso dalla morte
nel breve buio d'un sottopassaggio
l'indomani farfalla
enorme d'un nero
punteggiato di rosso
nessuna traccia del giallo aranciato
il terzo giorno crosta
sfaldantesi in squame
eczema dell'asfalto il quarto
girasole dai petali rari
raschietti di spazzacamino

MAI SCOMPARSO

così che di sull'orlo
più d'una nuova potè raccontarmi
lo spazzino-necroforo
esperto solo di trasmutazioni
rapide
          e in un mattino
pareva lentamente incenerirsi

ma nei fiati di nebbia del ritorno
ancora suppurava
toccati di bianco volani andavan variando
protesi verso piogge
sottili, già primaverili

ditelo ai merli sui marmi invernali
prima che i fiori del diavolo
moltiplichino il becco
delirino azalee

© Giorgio Orelli
from: Spiracoli
Milano : Arnoldo Mondadori Editore, 1989
Audio production: H.Strunk / M.Mechner, literaturWERKstatt berlin, 2003

[Certes d’un merle le noir]

français

et déjà du ruisseau le merle est au-delà :

Hélas, venez le voir.                                 


Pétrarque (105,21)*   

Certes d’un merle le noir
bouquet de fleurs d’un rouge
surpris par la mort
dans la brève obscurité d’un passage souterrain
le lendemain papillon
énorme d’un noir
pointillé de rouge
aucune trace du jaune orangé
le troisième jour croûte
s’exfoliant en écailles
eczéma de l’asphalte le quatrième
tournesol aux rares pétales
racloirs du ramoneur

JAMAIS DISPARU

C’est ainsi que sur le bord
il put me conter plus d’une nouvelle
le balayeur-fossoyeur
expert que de transmutations
rapides
          et en un matin
il paraissait devenir cendre lentement

mais dans les souffles de brouillard du retour
il suppurait encore
touchés de blanc les volants allaient changer
tendus vers les pluies
fines, déjà printanières

dites-le aux merles sur les marbres hivernaux
avant que les fleurs du diable
ne multiplient le bec
ne délirent les azalées





*Pétrarque, Canzoniere/Le Chansonnier, Bordas, Paris 1988

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Benedetta tu a distanza]

italien | Antonella Anedda

Benedetta tu a distanza
  la più innocente tra le cose lontane
  nicchia di tavolo e mela
  una sfera un piano e contro l'alta fiamma del fuoco
  le due forme congiunte a scavare il nitore di un vano.
  Nulla in realtà ci chiama
  eppure ci accostiamo agli oggetti
  quasi fossero gli echi di una voce
  l'annuncio indifeso di altre vite.
  L'acqua nera, la sagoma del cane contro il molo.
  Nessuno può dirli ricordi e fischiare davvero come allora
  ma noi vediamo le tre stanze, lo scatto
  di chi ancora viveva
  e a un tratto gli armadi ci rimandano
  un fuoco errante la stella incerta di un viso.
  Nulla è compiuto nulla è ancora profondo.
  C'è solo il tonfo di una calce improvvisa
  e queste grida tra felci che sferzano le schiene
  grida che non capiamo come accade nel buio agli inseguiti.
  Alberi, corpi, folate contro i muri.
  Basta un gesto: il rovescio di un gomito che spegne una candela.
  Di colpo diventiamo ciò che aveva tremato.

from: Notti di pace occiddentale
Roma: Donzelli, 1999

[Que tu sois bénie à distance]

français

Que tu sois bénie à distance
la plus innocente d’entre les choses lointaines
niche de table et pomme
une sphère un plan et contre la haute flamme du feu
les deux formes unies pour creuser la propreté d’une pièce.
Rien ne nous appelle en réalité
et pourtant nous nous approchons des objets
comme s’ils étaient presque les échos d’une voix
l’annonce sans défense d’autres vies.
L’eau noire, la silhouette d’un chien contre le quai.
Personne ne peut les appeler souvenirs et siffler vraiment comme
                                                          [avant
mais nous voyons les trois pièces, le ressort
de celui qui était encore vivant
et soudainement les armoires nous renvoient
un feu fuyant l’étoile incertaine d’un visage.
Rien n’est accompli rien n’est profond encore.
Seul reste le bruit sourd d’une chaux imprévue
et ces cris parmi les fougères qui fouettent les dos
cris que nous ne comprenons pas comme il arrive à ceux que l’on
                                                                        [poursuit dans l’obscurité.
Arbres, corps, rafales contre les murs.
Un geste suffit : le revers d’un coude qui éteint une chandelle.
D’un coup nous devenons cela qui avait tremblé.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Avrei preferito non esserci]

italien | Antonio Santori

Avrei preferito non esserci
mai stata.
Nel vento che mi apriva
(mi inseguiva)
inseguivo un’altra pagina
(nell’aria)
che diventava, come me,
una cosa inviolata,
non necessaria.
Eppure avrei potuto cambiare
la sua storia. Improvvisarla.
Dentro di me la gioia, l’intesa
sibillina che ci salva,
dentro di me la voglia
dell’attesa (dentro di me)
dentro di me la nostra storia.

Dentro di me.

Dentro di me la gioia,
la strada silenziosa
senza porta.
Non andare. Non andare.
Non c’era una volta…

from: NCE 1996. (2° ed. I Quaderni del Battello Ebbro-L’Albatro Edizioni, 2000)

[J’aurais préféré ne jamais y être]

français

J’aurais préféré ne jamais
y être.
Dans le vent qui m‘ouvrait
(me suivait)
je suivais une autre page
(dans l’air)
qui devenait, comme moi,
une chose inviolée,
non nécessaire.
Et pourtant j’aurais pu changer
son histoire. L’improviser.
À l’intérieur de moi la joie, l’entente
sibylline qui nous sauve,
à l’intérieur de moi le désir
de l’attente (à l’intérieur de moi)
à l’intérieur de moi notre histoire.

À l’intérieur de moi.

À l’intérieur de moi la joie,
la route silencieuse
sans porte.
Ne pas aller. Ne pas aller.
Il n’était pas une fois…

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Aperta la finestra...]

italien | Remo Fasani

Aperta la finestra,
sentii il vento. Soffia quasi sempre
in quest'alto paese,
di cui è l'anima e il messaggio.
Ma la mattina presto
è ancora calmo e solo a poco a poco
si leva lungo la giornata,
poi decresce e si posa verso sera,
dà luogo al mito della notte.
Oggi invece è già forte
al nascere del giorno:
lo vedo come curva gli alberi
e immette nelle cime la sua onda,
il suo moto oceanico.
Ché anche il vento, in questa valle aperta,
è aperto senza fine:
spira tra cielo e terra
e viene da lontano e va lontano.
E oggi con la sua segreta
animazione parla di una cosa
che chi sa dove accade
nel vasto mondo: una rivoluzione,
un gran risveglio, un misterioso evento.

© Remo Fasani
from: II vento del Maloggia
Bellizona: Casagrande, 1997
Audio production: H.Strunk / M.Mechner, literaturWERKstatt berlin, 2003

[La fenêtre ouverte…]

français

La fenêtre ouverte,
je sentis le vent. Il souffle presque toujours
dans ce haut village,
dont il est l’âme et le message.
Mais tôt le matin
il est calme encore et seulement peu à peu
il se lève durant le jour,
puis il baisse et se pose vers le soir,
donne lieu au mythe de la nuit.
Aujourd’hui pourtant il est déjà fort
au point du jour :
je vois comme il plie les arbres
et introduit dans les sommets son onde,
son mouvement océanique.
Car le vent aussi, dans cette vallée ouverte,
est ouvert à l’infini :
il souffle entre ciel et terre
et il vient de loin et va loin.
Et aujourd’hui avec sa secrète
animation il parle d’une chose
qui arrive qui sait où
dans le vaste monde : une révolution,
un grand réveil, un événement mystérieux.

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

[Anche questi sono versi di guerra]

italien | Antonella Anedda

a Nathan Zach


Anche questi sono versi di guerra
Composti mentre infuria, non lontano, non vicino
Seduti di sghembo a un tavolo rischiarato da lumi
Mentre cingono le porte di palme
Anche questo è un canto verso Dio
Che chini lo sguardo sui suoi vermi e ci travolga
Amati e non amati.
Non una tregua - un dono
Per questa terra folgorata.

from: Notti di pace occidentale
Roma: Donzelli, 1999

[Ces vers aussi sont des vers de guerre]

français

à Nathan Zach

Ces vers aussi sont des vers de guerre
Composés tandis qu’elle fait rage, non loin, non près
Assis de biais à une table éclairée par des lumières
Tandis qu’ils ceignent les portes de palmes
Ce chant aussi est un chant adressé à Dieu
Pour qu’il baisse son regard sur ses vermisseaux et nous emporte
Aimés et non aimés.
Pas une trêve – un don
Pour cette terre foudroyée.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

La famiglia del poeta

italien | Valerio Magrelli

Ci amiamo tanto
ma ogni cozzo è un lampo,
qui dentro, stretti stretti,
vicini ogni momento
in un sacchetto annodato dalla sorte:
si sente forte come
per gli urti ticchettiamo!
Da noi non fa mai notte,
c'è sempre uno sprazzo che scocca
illuminandoci appena ci tocchiamo.
Noi ci vogliamo bene,
ma di un bene che abbaglia
e certe volte scotta.
Noi siamo la famiglia
delle pietre focaie.

© Valerio Magrelli
from: Disturbi del sistema binario
Turin: Einaudi, 2006

La famille du poète

français

Nous nous aimons beaucoup
mais chaque choc est un éclair,
ici à l’intérieur, très tassés,
tout près à chaque instant
dans un petit sac noué par le destin :
très fort on entend les cliquetis
lorsque nous nous entrechoquons!
Chez nous il ne fait jamais nuit,
une étincelle jaillit toujours
nous illumine à peine nous nous touchons.
Nous nous aimons,
mais d’un amour qui aveugle
et brûle à l’occasion.
Nous sommes la famille
des pierres à fusil.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

QUESTE CONCHIGLIE

italien | Vivian Lamarque

Queste conchiglie che ho trovato
saremo noi
noi acquietati levigati
senza più dolori
di bei colori
poseranno le orecchie su di noi
per ascoltare
che rumore fa
 il mare.

from: Poesie 1972 - 2002
Milano: Arnoldo Mondadori Editore, 2002
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2008

CES COQUILLAGES

français

Serons-nous
ces coquillages que j’ai trouvés
nous apaisés lisses
sans plus aucune douleur
aux belles couleurs
ils poseront leur oreille sur nous
pour écouter
le bruit que fait
la mer.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

VITA

italien | Paolo Ruffilli

L'accendersi e
lo spegnersi
(per caso?) della vita
la traccia luminosa
la scia che lascia
dietro a sé
quello che è stato
amato o non amato
comunque sconosciuto
la gioia e il lutto:
precipitato, tutto,
nel cieco vaso
tra le braccia del buio.
L'orma appassita
eppure, intanto,
rifiorita
di ogni cosa.
L'ombra e l'odore
neppure più il colore
il pensiero pensato
della rosa.

VIE

français

La vie qui s’allume
et s’éteint
(par hasard?)
la trace lumineuse
la traînée qu’elle laisse
derrière elle
ce qui a été
aimé et point aimé
pourtant inconnu
la joie et le deuil:
précipité, tout,
dans le vase aveugle
entre les bras de l’obscurité.
La trace fanée
et pourtant, en attendant,
refleurie
de chaque chose.
L’ombre et l’odeur
pas même plus la couleur
la pensée pensée
de la rose.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

VIAGGIO

italien | Paolo Ruffilli

Poi, alla fine,
mi metto in moto
nonostante
la tentazione di restare
nelle zone più vicine
in vista del mio noto.
Ma, in compenso, parto
solo per tornare.
Non so neanch'io
cos'è che vale
e mi convince,
quale pensiero...
un'intuizione certa
un sesto senso
che mi spinge,
la coscienza fulminante
di una scoperta
paradossale,
che bisogna perdersi
per potersi davvero
ritrovare.

VOYAGE

français

Puis, à la fin,
je me mets en marche
nonobstant
la tentation de rester
dans les zones plus rapprochées
à la vue du connu.
Mais, en retour, je pars
rien que pour revenir.
Je ne sais pas moi-même
ce qui compte
et me convainc,
quelle pensée…
une intuition certaine
un sixième sens
qui me pousse,
la conscience fulminante
d’une découverte
paradoxale,
qu’il faut se perdre
pour pouvoir vraiment
se retrouver.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

VERSO LA SERA DELLA VITA

italien | Vivian Lamarque

Verso la sera della vita
nomi e cognomi li dimentichiamo
per esercitarci a quel silenzioso
mondo addormentato
dove forse nessuno chiama
né è chiamato.

from: Poesie 1972 - 2002
Milano: Arnoldo Mondadori Editore, 2002
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2008

VERS LE SOIR DE LA VIE

français

Vers le soir de la vie
nous oublions noms et prénoms
pour nous exercer à ce silencieux
monde endormi
où peut-être personne n’appelle
ni n’est appelé.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Una vita fuoriposto

italien | Claudio Pozzani

Forte con i forti
debole con i deboli
incapace ad obbedire
non adatto a comandare
tangendo il successo
sempre un passo indietro
ed il corpo troppo avanti

Forte con i forti
debole con i deboli
ho distrutto vite
senza fare prigionieri
trascinando le catene
per tenermi sveglio

Ho lasciato una scìa umida e nera
come lumaca ulcerosa e maledetta
Ho lasciato in eredità
un banco vuoto
in una classe d'asilo

Forte con i forti
debole con i deboli.

© Claudio Pozzani
from: Saudade e Spleen
Paris: Alchimies Poétiques, Éditions Lanore, 2001
ISBN: 2-85157-196-6
Audio production: 2006, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

Une vie déplacée

français

Fort parmi les forts
faible parmi les faibles
incapable d’obéir
pas fait pour commander
frôlant le succès
toujours un pas à reculons
et le corps trop en avant

Fort parmi les forts
faible parmi les faibles
j’ai détruit des vies
sans faire de prisonniers
tout en traînant mes chaînes
pour me garder éveillé

J’ai laissé un sillon noir et humide
comme un escargot ulcéreux et maudit
J’ai laissé en héritage
un siège vide
dans la classe de maternelle

Fort parmi les forts
faible parmi les faibles.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Tutto in una volta

italien | Nanni Balestrini

Vi cercò un divertimento, papaveri nella schiena
obliquo nella mente, la cicatrice e un percorso
per i sensi obbligato, fino al nuovo disordine
dibattendo utile e dolce, si viveva
sulla riva) in antico con troppo scarsa sicurezza
del fiume) per avere la possibilità di provare

le maggiori città, la perplessità e la penosa
stanchezza di chi abbattono le loro mura
si trova di fronte i fossati di castelli
problemi insolubili vengono colmati (e
il piú a lungo possibile dilatali intanto
standoci dentro, aspettando il momento

buono in un'atmosfera d'inquietudine perché
suonano sempre, la casa l'elefante
ha imprigionato troppo cresciuto) il cielo
nuvole immobili rigavano di strisce
lunghe rosse (la rotazione addominale
l'occhio di montone, mettiti al mio posto

o dormi pure se hai voglia, ricorda una cosa
qualunque, mentre passa chiudendoli lo stormo
non accadrà nulla d'imprevisto) la lezione
di anatomia del Dr Joan Deyman (frammento
resta al tuo posto, il ginocchio aperto
tutto si riempie di (e il seguito vi è noto

non appena l'invasione è compiuta, l'insolazione
verificata e il bottone torcendo, tipico
della civiltà del miele l'oculista disse) o
altre maniere per conservare robusta
o lungamente la serenità di (chi sa ciò che fa
di chi vive nel clima milanese (è salvo.

© Nanni Balestrini
from: Tutto in una volta : 50 poesie per 50 anni
Spinea - Venezia: Edizioni del Leone, 2003
ISBN: 88-7314-068-8
Audio production: 2006, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

De cette manière

français

Voici les nœuds, voilà les cicatrices,
les vêtements que tu as portés, la saison inattendue
sur l’asphalte où encore nous vivrons, ce nuage
qui ressemble assez à la théière déjà

froide, avec le visage de quelqu’un qui est malade,
bleu comme le restaurant, la distance,
bien qu’il soit neuf heures, les préparatifs
presque achevés, pavots distillés,

croyant en mes yeux, dépassant du toit
sur les cimes des pins coupés, mais
tu trahis le titre, garantie aux passants,
que presque tous sont partis, ils se cachent

nécessaires et la barque que tu ne trouves
jamais, mais nécessaire parce que nous traversons
quoique nous ne regardons pas et où
nous voyons si même il n’y a pas de remède et ils passent

encore incertains les lieux où
les limites nettement marquées nous révèlent…
Puis le ciel devra bien changer. Comme moi je pourrais
changer d’un coup de sujet et peu de gens s’en

apercevraient, le bruit qui fouille encore
sourd les heures de l’après-midi, et profond
et les cailloux que tu as sous le dos ou la fugue
de substantifs rongés par les structures bouleversées –

toutefois rien de nouveau, la pierre ponce
sur les coudes, s’il n’y a de place que pour un seul de nous
et à peine sorti de la maison il rencontre quelqu’un,
tu rencontres quelqu’un, si tu as compris combien je t’attends

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

TUNNEL

italien | Paolo Ruffilli

È all'improvviso,
dentro il tunnel
che non finisce mai,
nell'aria morta
che pizzica alla gola.
Tutte le volte
che ci sono già passato.
Eppure, no, non vale
che lo ricordi,
lo anticipi una sola.
Picchio nel muro
e lì mi rendo conto,
dentro il percorso
cieco e uguale
specchio di me
a una mia spoglia,
di ciò che è stato
di come, in fondo
e contro ogni mia voglia,
io sia cambiato.

TUNNEL

français

C’est à l’improviste,
à l’intérieur d’un tunnel
qui ne finit jamais,
dans l’air mort
qui chatouille la gorge.
Toutes les fois
que j’y suis passé déjà.
Et pourtant, non, cela ne sert à rien
que je le rappelle,
l’anticipe encore.
Je frappe dans le mur
et là me rends compte,
à l’intérieur du parcours
aveugle et pareil
miroir de moi
à mes restes,
de ce qui a été
de comment, au fond
et contre toute ma volonté,
je suis changé.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Tentando

italien | Donata Berra

Tentando di uscire dal porto
gli incagli erano questi, nominabili:
gòmene draghe gru gialle
argani ruggini, rostri
scialuppe appese a corde
Maria, di sguincio, addossata a un palo.

La mano già sulla barra del timone
sganciate le marre, ma
la città che fa da àncora
il vecchio suona e non ha più sentore
se non del cambio tra la notte e il giorno
come quell'altro suo compagno a prua
gli occhi d'acqua, la giacchetta lisa
con una rosa, rosa rossa in mano.

© Verlag Im Waldgut / Donata Berra
from: Maria, schräg an einen Pfosten gelehnt / Maria, di sguincio, addossata a un palo. Gedichte / Poesie. Aus dem Italienischen übersetzt von J. Kelter
Frauenfeld: Im Waldgut, 1999
ISBN: 3-7294-0285-4
Audio production: 2001 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin

En tentant

français

En tentant de sortir du port
il y avait ces obstacles, on peut les nommer :
amarres dragues grues jaunes
cabestans rouilles, rostres
chaloupes attachées au cordage
Maria, de biais, adossée à un poteau.

La main déjà sur la barre de gouvernail
déprises les pattes, mais
la ville est une ancre
le vieillard joue et n’a plus vent de rien
que le changement entre la nuit et le jour
comme cet autre compagnon à la proue
ses yeux d’eau, sa petite veste élimée
et une rose, rose rouge à la main.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

SULLA TUA GOLA

italien | Paolo Ruffilli

La lieve curva della gola
nel pronunciare una parola,
l'ombra sul petto e
il taglio della mano
che sale lungo il fianco,
quel bianco incarnato
sfumato appena
in un ventaglio
di smagliature.
Tratti minimi, sia pure,
punti legati in un segmento:
forma colore consistenza.
Solo il dettaglio,
nel farsi oggetto
e luogo circoscritto
ai nostri sensi,
rende presente
e non più astratto
né più evanescente
o spento e vano
l'istinto a opporre
al tempo un'immanenza
fingendosi un istante
eterno il mondo
prima che la traccia
slitti via
cadendo a fondo.

SUR TA GORGE

français

La courbe légère de la gorge
lorsqu’un mot est prononcé,
l’ombre sur la poitrine et
la coupe de la main
qui remonte le long du flanc,
ce blanc incarnat
nuancé à peine
en un éventail
de vergetures.
Traits minimes, soient-ils,
points liés en un segment:
forme couleur consistance.
Seul le détail,
devenant objet
et lieu circonscrit
à nos sens,
rend  présent
et non plus abstrait
ni plus évanescent
ou éteint et vain
l’instinct à opposer
au temps une immanence
feignant un instant être
éternel le monde
avant que la trace
ne glisse loin
tombe à fond.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Sul nome di un'utilitaria della D.D.R che in tedesco significa

italien | Valerio Magrelli

Satelliti di un sistema solare  che si disfa,
di un nucleo che decade, libera particelle
e perde le sue perle dai fili di orbitali, chicchi
di un ticchettìo che grandinando
brillano sugli asfalti occidentali,
TRABANT rosa, beige, verde
pastello, carrozzine due tempi, tintinnanti
trabiccoli azzurrini, trine tremule,
TRABIS, patrie portatili, gingilli
di una classe fossile e stilizzata,
scatolette di latta in cui si accalca
una trepida, dolce borghesia comunista, reperti
minerali, auto di Topolino
che fuggite dal vostro pifferaio assassino,
 
ben arrivati ad Hameln, B.R.D. !

© Valerio Magrelli
from: Esercizi di tiptologia
Mailand: Arnoldo Mondadori Editore, 1992

D'après le nom d'une voiture utilitaire de la D.D.R. qui en allemand signifie «satellite».

français

Satellites d'un système solaire qui s'abîme,
d'un noyau qui choit, libère des particules
et perd ses perles du fil orbital, grains
d'un tic-tac qui, tombant comme grêle
brillent sur l'asphalte occidental,
TRABANT rose, beige, vert
pastel, cabriolet deux temps, tintinnabulantes
bagnoles azurées, dentelles tremblantes,
TRABIS, patries portatives, jouets
d'une classe fossile et stylisée,
boîtes de lait dans lesquelles se serre
une anxieuse et douce bourgeoisie communiste,
matériel minéral, auto de Mickey Mouse*
qui fuyez votre enchanteur assassin,

soyez les bienvenus à Hameln, B.R.D.!

  * N.d.T. « Topolino » en italien signifie à la fois Mickey Mouse, le personnage de Walt Disney, et une petite voiture, genre Coccinelle. Tout le poème se construit autour de la figure Trabant qui, en Allemagne, est une petite voiture et qui, aussi, veut dire « satellite ».

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Sto rifacendo la punta al pensiero

italien | Valerio Magrelli

Sto rifacendo la punta al pensiero,
come se il filo fosse logoro
e il segno divenuto opaco.
Gli occhi si consumano come matite
e la sera disegnano sul cervello
figure appena sgrossate e confuse.
Le immagini oscillano e il tratto si fa incerto,
gli oggetti si nascondono:
è come se parlassero per enigmi continui
ed ogni sguardo obbligasse
la mente a tradurre.
La poesia si fa quindi poesia,
dovendosi avvicinare al mondo
per separarlo dalla luce.
Anche il tempo subisce questo rallentamento:
i gesti si perdono, i saluti non vengono colti.
L’unica cosa che si profila nitida
è la prodigiosa difficoltà della visione.

© Valerio Magrelli
from: Ora serrata retinae
Mailand: Feltrinelli, 1980

J’aiguise ma pensée

français

J’aiguise ma pensée,
comme si le fil était usé,
le signe devenu opaque.
Les yeux se consument tels des crayons
et le soir ils dessinent sur le cerveau
des figures tout juste dégrossies et confuses.
Les images oscillent et le trait devient incertain,
les objets se cachent :
c’est comme s’ils parlaient
par le biais d’énigmes continues
et que chaque regard obligeait
l’esprit à traduire.
La myopie devient ainsi poésie,
devant se rapprocher du monde
pour le séparer de la lumière.
Le temps aussi subit ce ralentissement :
se perdent les gestes, les salutations
ne sont pas saisies.
La seule chose se profilant clairement
est la prodigieuse difficulté de la vision.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Spiracoli VI

italien | Giorgio Orelli

Col silenzio di cento ramarri
e tremito a sommo d'avide punte di luppolo
non ho visto sbucare dalla siepe
delle suore il serpente che sa tutto,
scendere pigro la cinta dove odora il sambuco,
portare sull'asfalto una tristezza
opaca, una delusa pazienza, raggiungere
il binario lucente e non
attraversarlo, restare
flesso su una rotaia,
                              poi (contrario
al taglio netto?) tornarsene calmo
all'istituto.

C'erano solo due donne, quella che s'è spaventata
perché vicina al muro a un tratto l'ha visto ondeggiare
sopra la testa, e l'altra che l'ha quasi accompagnato
verso la strada ferrata e mi ha detto che era lungo
un metro e più, d'un colore difficile da dire.

© Giorgio Orelli
from: Spiracoli
Milano: Arnoldo Mondadori Editore, 1989
Audio production: H.Strunk / M.Mechner, literaturWERKstatt berlin, 2003

Spiracoli VI

français

Avec le silence de cent lézards
et un tremblement au sommet des pointes du houblon avides
je n’ai pas vu depuis la haie
des religieuses sortir le serpent qui connaît tout,
descendre paresseux l’enceinte où embaume le sureau,
traîner sur l’asphalte une tristesse
opaque, une patience déçue, rejoindre
le rail brillant et ne pas
le traverser, rester
plié sur la voie ferrée,
                                       ensuite (contraire
à la coupure nette ?) s’en retourner paisiblement
à l’Institut.

Il y avait seulement deux femmes, celle qui a eu peur
car tout près du mur elle l’a vu soudainement ondoyer
par dessus sa tête, et l’autre qui l’a presque accompagné
vers la voie ferrée et m’a dit qu’il mesurait
plus d’un mètre, d’une couleur difficile à dire.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Sono

italien | Claudio Pozzani

Sono l’apostolo
lasciato fuori dall’Ultima Cena
Sono il garibaldino
arrivato troppo tardi allo scoglio di Quarto
Sono il Messia
di una religione in cui nessuno crede
Io sono l’escluso, l’outsider, il maledetto che non cede

Sono il protagonista
che muore nella prima pagina
Sono il gatto guercio
che nessuna vecchia vuol carezzare
Sono la bestia idrofoba
che morde la mano tesa per pietà
Io sono l’escluso, l’outsider, il maledetto senza età

Sono l’onda anomala
che porta via asciugamani e radioline
Sono il malinteso
che fa litigare
Sono il diavolo
che ha schivato il calamaio di Lutero
Sono la pellicola
che si strappa sul più bello
Io sono l’escluso, l’outsider,  un chiodo nel cervello

Sono la pallina del flipper
che cade un punto prima del record
Sono l’autorete
all’ultimo secondo
Sono il bimbo che ghigna
contro le sberle della madre
Sono la paura dell’erba
che sta per essere falciata
Io sono l’escluso, l’outsider, questa pagina strappata

© Claudio Pozzani
from: unveröffentlichtem Manuskript
Audio production: 2006, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

Je suis

français

Je suis l’apôtre
exclu de la Dernière Cène
Je suis le garibaldien
arrivé trop tard au rocher de Quarto
Je suis le Messie
d’une religion à laquelle nul ne croit
     Je suis l’exclu, l’outsider, le damné qui n’abandonne pas

Je suis le protagoniste
qui meurt à la première page
Je suis le chat borgne
qu’aucune vieille ne veut caresser
Je suis la bête hydrophobe
qui mord la main tendue avec piété
     Je suis l’exclu, l’outsider, le damné sans âge

Je suis l’onde anormale
qui emmène avec elle serviettes de plage et transistor
Je suis le malentendu
qui fait que l’on se dispute
Je suis le diable
qui a esquivé l’encrier de Luther
Je suis le film
qui se brise au mauvais moment
     Je suis l’exclu, l’outsider, un clou dans le cerveau

Je suis la boule du flipper
qui tombe un point avant le record
Je suis le but marqué dans son propre filet
à la dernière seconde
Je suis l’enfant qui ricane
derrière les gifles de sa mère
Je suis la peur de l’herbe
au moment d’être fauchée
     Je suis l’exclu, l’outsider, cette page arrachée

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Sera alpestre

italien | Remo Fasani

Una luce di vino
brucia sul filo delle nevi
e sulle rocce un brivido è sospeso.

Viene la notte,
poi viene il vento che ubriaco
urta le vecchie case
e si arrovella ancora in fondo ai sogni

Già su tutte le balze
aleggia la vertigine,
un falco stride lungo l'aria vuota.

Note:
V. 2, "filo": orizzonte (della montagna)

© Remo Fasani
from: Senso dell'esilio: 1944-45
Poschiavo: Edizioni di Poschiavo, 1945
Audio production: H.Strunk / M.Mechner, literaturWERKstatt berlin, 2003

Soir alpestre

français

Une lumière de vin
brûle sur la ligne des neiges
et sur les rochers un frisson est suspendu.

La nuit arrive,
puis arrive le vent qui ivre
heurte les vieilles maisons
et s’agite encore au fond des rêves

Déjà sur tous les escarpements
plane le vertige,
un faucon grince en longeant l’air vide.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

SE SUL TRENO

italien | Vivian Lamarque

Se sul treno ti siedi
al contrario, con la testa
girata di là, vedi meno
la vita che viene, vedi
meglio la vita che va.

from: Poesie 1972 - 2002
Milano: Arnoldo Mondadori Editore, 2002
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2008

SI DANS LE TRAIN

français

Si dans le train tu t’assois
en sens opposé, ta tête
tournée par là, tu vois moins
la vie qui s’en vient, tu vois
mieux la vie qui s’en va.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Ricordimenticado

italien | Claudio Pozzani

Corri in strada a provare!
Una strana aria respirerai.
Oggi motori cromati in splendide
vetrine semoventi
domani.... domani muti esseri nel tuo letto
Sono pochi gli anni destinati alla vita
sono pochi quelli per i sogni
Non vedi gente piangere per strada
retta sulle gambe stanche e umide d'ozio?
0 fai finta di non vedere?
E non t'interessa
una Lei piangente sulla tua spalla
con pelle liscia da bambina
con occhi lucidi e sudici d'amore?
Non t'interessa un cuore di pongo

che pulsa pulsa pulsa
dentro una scatola di carne?
Corri in strada a provare!
Gente in fila come a scuola
Gente che scontra
Gente robot
Guarda!
I palazzi invecchiati e smunti
che dilaniano il cielo con denti-balconi
Guarda!
Il fumo delle fabbriche
simile a soffi di draghi
simile a teschi di serpenti intrecciati
Corri in strada, non è finita...
Non vedi parole che sgorgano
come fiumi
da bocche-sorgenti sporche di menzogne?
E senti i temporali lontani?
Ne vedi i lampi ramificati
che agiscono a tenaglia sulle tue tempie?
I tuoi passi lasciano impronte a mezzaluna:
riesci a vedere al di là dell'orizzonte?
Ora, corri a casa a ricordimenticare!
Menti con bulloni allentati
Menti allentate con bulloni
Bulloni con menti allentate
Piove sangue sulla città
Ovatta vermiglia sulla città
Le auto corrono senza rumore
come un coltello dentro il burro
Ognuno dentro una casa/provetta
cavie di dilanianti esperimenti

Equazioni sanguinolente e interrogative....

Le domande inquinano la tua mente
come escrementi sui battistrada di un autobus
Dove il tuo corpo oscilla
Dove il tuo pensiero riposa
Dove il tuo sguardo dissolve le immagini
dal finestrino riflesse
                          Dormi!
quando le tue stanche membra odiano la luce
                          Dormi!
quando i tuoi occhi sono stufi di paesaggi
                          Dormi!
quando una luce, l'ultima, si spegnerà.

© Claudio Pozzani
from: Saudade e Spleen
Paris : Alchimies Poétiques, Éditions Lanore, 2001
ISBN: 2-85157-196-6
Audio production: 2006, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

Mnémoublié

français

Cours dans la rue pour voir!
Tu respireras un drôle d’air.
Aujourd’hui des moteurs en chrome dans de splendides
vitrines automobiles
demain… demain des êtres muets dans ton lit
Peu sont les années destinées à la vie
peu sont celles pour les rêves
Ne vois-tu pas les gens pleurer dans la rue
droits sur leurs jambes fatiguées et humides d’oisiveté?
Ou fais-tu semblant de ne pas voir?
Ça ne t’intéresse pas
celle qui pleure sur ton épaule
avec sa peau douce de petite fille
et ses yeux brillants barbouillés d’amour?
Ça ne t’intéresse pas un cœur de plasticine

qui bat bat bat
dans une boite de chair?
Cours dans la rue pour voir!
Des gens en rang comme à l’école
Des gens qui s’entrechoquent
Des gens robot
Regarde!
Les immeubles vieillis et pâles
qui déchirent le ciel avec leurs dents-balcons
Regarde!
La fumée des usines
pareille au souffle des dragons
pareille à des crânes de serpents emmêlés
Cours dans la rue, ce n’est pas fini…
Ne vois-tu pas les mots qui sourdent
comme des fleuves
des bouches-sources salies de mensonges?
Et entends-tu les orages lointains?
En vois-tu les éclairs ramifiés
qui tiennent lieu de tenaille sur tes tempes?
Tes pas laissent des traces en demi-lune:
parviens-tu à voir par delà l’horizon?
Maintenant, cours chez toi pour mnémoublier!
Esprits avec boulons desserrés
Esprits desserrés avec boulons
Boulons avec esprits desserrés
Il pleut du sang sur la ville
Ouate vermillon sur la ville
Les autos filent sans bruit
comme un couteau dans le beurre
Chacun dans sa maison/éprouvette
cobayes d’expériences déchirantes

Équations sanguinolentes et interrogatives…

Les questions polluent ton esprit
comme des excréments sur les pneus d’un autobus
Où ton corps oscille
Où ta pensée repose
Où ton regard dissout les images
reflétées par la fenêtre
Dors!
quand tes membres fatigués détestent la lumière
Dors!
quand tes yeux sont las des paysages
Dors!
quand une lumière, la dernière, s’éteindra.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Porta Westfalica

italien | Valerio Magrelli

Una giornata di nuvole, a Minden,
su un taxi che mi porta
in cerca di queste due parole.
Chiedo in giro e nessuno sa
cosa indichino - esattamente, dico -
che luogo sia, dove, se una fortezza
o una chiusa. Eppure il nome brilla
sulla carta geografica, un barbaglio,
nel fitto groviglio consonantico, che lancia
brevi vocali luminose, come l'arma
di un uomo in agguato nel bosco.
Si tradisce, e io vengo a cercarlo.
Il panorama op-art si squaderna tra alberi
e acque, mentre i cartelli indicano ora
una torre di Bismark, ora il mausoleo di Guglielmo,
la statua con la gamba sinistra istoriata
dalla scritta: "Manuel war da",
incisa forse con le chiavi di casa, tenue
filo dorato sul verde del bronzo,
linea sinuosa della firma, fiume
tra fiumi. Lascio la macchina, inizio a camminare.
Foglie morte, una luce mobile, l'aria gelata,
la fitta di una storta alla caviglia,
io, trottola che prilla, io,
vite che si svita. Nient'altro.
Eppure qui sta il segno, qui
si strozza la terra,
qui sta il by-pass, il muro
di una Berlino idrica in mezzo
a falde freatiche, bacini artificiali,
e la pace e la guerra e la lingua latina.
Niente. E mentre giro nella foresta penso
all'autista che attende perplesso,
all'autista che attende perplesso
e ne approfitta per lavare i vetri
mentre nel suo brusìo
sotto il cruscotto scorre sussurrando
il fiume del tassametro, l'elica del denaro,
diga, condotto, sbocco, chiusa dischiusa, aorta,
emorragia del tempo e valvola mitralica,
Porta Westafalica della vita mia.

© Valerio Magrelli
from: Esercizi di tiptologia
Mailand: Arnoldo Mondadori Editore, 1992

Porta Westfalica

français

Une journée nuageuse, à Minden,
dans un taxi qui m’emmène
à la recherche de ces deux mots.
Je demande autour et personne ne sait
ce qu’ils indiquent – exactement, je veux dire –
quel lieu c’est, où, une forteresse
ou un enclos. Pourtant le nom brille
sur la carte géographique, une lueur,
dans cet enchevêtrement serré de consonnes, qui lance
de brèves voyelles lumineuses, comme l’arme
d’un homme aux aguets dans le bois.
Il se trahit, et je viens le trouver.
Le panorama op-art s’étale entre les arbres
et les eaux, tandis que les panneaux indiquant qui
une tour de Bismark, qui le mausolée de Guillaume,
la statue avec la jambe historiée
par l’inscription : « Manuel war da »,
sans doute gravée à l’aide des clés de la maison, fil
ténu et doré sur le vert du bronze,
ligne sinueuse de la signature, fleuve
parmi les fleuves. Je laisse la voiture, commence à marcher.
Feuilles mortes, une lumière mobile, l’air gelé,
la douleur d’une foulure à la cheville,
moi, toupie qui tourne, moi,
vis qui se dévisse. Rien d’autre.
Pourtant réside ici le signe, ici
s’étrangle la terre,
ici se trouve le by-pass, le mur
d’une Berlin hydrique au milieu
de nappes phréatiques, de bassins artificiels,
et la paix et la guerre et la langue latine.
Rien. Et tandis que je me promène dans la forêt je pense
au chauffeur qui attend perplexe,
au chauffeur qui attend perplexe
et en profite pour nettoyer ses vitres
alors qu’en un bourdonnement
sous le tableau de bord coule en susurrant
le fleuve du taximètre, l’hélice de l’argent,
digue, conduit, embouchure, enclos déclos, aorte,
hémorragie du temps et valve mitrale,
Porta Westfalica de ma vie.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Piccola lode al pubblico della poesia

italien | Nanni Balestrini

Eccoci qui ancora una volta
seduti di fronte al pubblico della poesia
che è seduto di fronte a noi minaccioso
ci guarda e aspetta la poesia

in verità il pubblico della poesia non è minaccioso
forse non è neanche tutto seduto
forse c'è anche qualcuno in piedi
perché sono venuti così entusiasti e numerosi

o forse ci sono un po' di sedie vuote
ma quelli che sono venuti sono i migliori
hanno fatto questo grande sforzo proprio per noi
perchè poi mai dovrebbero minacciarci

il pubblico della poesia non minaccia proprio nessuno
è invece mite generoso attento
prudente interessato devoto
ingordo imaginifico un po' inibito

pieno di buone intenzioni di falsi problemi
di cattive abitudini di pessime frequentazioni
di mamme aggressive di desideri irrealizzabili
di dubbie letture e di slanci profondi

non è assolutamente cretino non
è sordo indifferente malvagio non è
insensibile prevenuto senza scrupoli non è vile
opportunista pronto a vendersi al primo venuto

non è un pubblico tranquillo benpensante credulone
senza troppe pretese
che se ne lava le mani
e giudica frettolosamente

è invece un pubblico che persegue degusta apprezza
lento da scaldare ma che poi rende
come direbbe Pimenta
e soprattutto è un pubblico che ama

il pubblico della poesia è infinito vario inafferrabile
come le onde dell'oceano profondo
il pubblico della poesia è bello aitante avido temerario
guarda davanti a se impavido e intransigente

mi vede qui che gli leggo questa roba
e la prende per poesia
perché questo è il nostro patto segreto
e la cosa ci sta bene a tutti e due

come sempre io non ho niente da dirgli
come sempre il pubblico della poesia lo sa benissimo
ma se lo dice tra sè e sè e non a alta voce
non solo perché è cortese volonteroso bendisposto

e in fondo anche cauto ottimista trattabile
ma sopratutto perché ama
ama di un amore profondo sincero irresistibile
di un amore tenace esclusivo lacerante

chi
ama il pubblico della poesia
fingete di chiedere anche se lo sapete benissimo
ma state al gioco perché siete svegli e simpatici

il pubblico della poesia non ama mica me
questo lo sanno tutti lui ama qualcun altro
di cui io non sono che uno dei tanti valletti
diciamo messaggeri se proprio vogliamo farci belli

il pubblico della poesia ama lei
lei e
solo lei e
sempre lei

lei che è sempre così imprevedibile
lei che è sempre così impraticabile
lei che è sempre così imprendibile
lei che è sempre così implacabile

lei che attraversa sempre col rosso
lei che è contro l'ordine delle cose
lei che è sempre in ritardo
lei che non prende mai niente sul serio

lei che fa chiasso tutta la notte
lei che non rispetta mai niente
lei che litiga spesso e volentieri
lei che è sempre senza soldi

lei che parla quando bisogna tacere
e tace quando bisogna parlare
lei che fa tutto quello che non bisogna fare
e non fa tutto quello che bisogna fare

lei che si trova sempre così simpatica
lei che ama il casino per il casino
lei che si arrampica sugli specchi
lei che adora la fuga in avanti

lei che ha un nome finto
lei che è dolce come una ciambella
e feroce come un labirinto
lei che è la cosa più bella che ci sia

il pubblico della poesia ama lei
chi
bravi lei la poesia
e come potrebbe il pubblico della poesia non amarla

perché ama la poesia vi chiederete
forse perché la poesia fa bene
cambia il mondo
diverte

salva l'anima
mette in forma
illumina rilassa
apre orizzonti

chissà ognuno di voi ha certamente i suoi buoni motivi
se no non sarebbe qua
ma meglio non essere troppo curiosi dei fatti degli altri
se si vuole evitare che gli altri ficchino il naso nei nostri

sia dunque lode al pubblico della poesia
lode al suo giusto nobile grande amore per la poesia
nel cui riflesso noi pallidi e umili messaggeri
viviamo grati e benedicenti

SEGRETISSIMO  
DA NON RIVELARE  
ASSOLUTAMENTE MAI
AL PUBBLICO DELLA POESIA

il pubblico della poesia ama la poesia
perché vuole essere amato vuole essere amato
perché si ama profondamente e vuole essere rassicurato
del suo profondo amore per se stesso

per sua fortuna il pubblico della poesia
crede solo di ascoltare la poesia
perché se la ascoltasse veramente capirebbe
la disperata impossibilità e inutilità del suo amore

e si prenderebbe a schiaffi dalla mattina alla sera
brucerebbe tutti i libri sulle piazze
si butterebbe in un canale
o finirebbe i suoi tristi giorni in un convento

CONCLUSIONE
LA POESIA FA MALE
MA PER NOSTRA FORTUNA
NESSUNO CI VORRÀ CREDERE MAI

© Nanni Balestrini
from: Tutto in una volta : 50 poesie per 50 anni
Spinea - Venezia: Edizioni del Leone, 2003
ISBN: 88-7314-068-8
Audio production: 2006, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

Petit éloge au public de la poésie

français

Nous voici une fois de plus
assis devant le public de la poésie
qui est assis devant nous menaçant
il nous regarde et attend la poésie

à vrai dire le public de la poésie n’est pas menaçant
il n’est peut-être pas tout assis
il y en a même qui sont debout
vu qu’ils sont venus enthousiastes et en si grand nombre

ou peut-être y a-t-il  un peu de sièges vides
mais ceux qui sont venus sont les meilleurs
ils ont fait ce grand effort spécialement pour nous
et pourquoi devraient-ils nous menacer

le public de la poésie ne menace vraiment personne
au contraire il est clément généreux attentif

et au fond aussi prudent optimiste affable
mais surtout parce qu’il aime
aime d’un amour profond sincère irrésistible
d’un amour tenace exclusif déchirant

qui
aime le public de la poésie
vous faites semblant de le demander quoi que vous le sachiez très bien
mais vous jouez le jeu car vous êtes délurés et sympathiques
 
le public de la poésie ce n’est pas moi qu’il aime
tout le monde le sait il aime quelqu’un d’autre
dont je ne suis qu’un des nombreux valets
disons messagers si nous voulons vraiment faire dans la dentelle

le public de la poésie l’aime
elle et
seulement elle et
toujours elle

elle qui est toujours si imprévisible
elle qui est toujours si impraticable
elle qui est toujours si imprenable
elle qui est toujours si implacable

elle qui traverse toujours au feu rouge
elle qui est toujours contre l’ordre des choses
elle qui est toujours en retard
elle qui ne prend jamais rien au sérieux

elle qui fait du tapage toute la nuit
elle qui ne respecte jamais rien
elle qui se dispute souvent et de bonne grâce
elle qui est toujours sans le sous

elle qui parle lorsqu’il faut se taire
et qui se tait lorsqu’il faut parler
elle qui fait tout ce qu’il ne faut pas faire
et ne fait pas tout ce qu’il faut faire

elle qui se trouve toujours tellement sympathique
elle qui aime le chahut pour le chahut
elle qui  s’accroche à des thèses indéfendables
elle qui adore la fuite vers l’avant

elle qui a un pseudo-nom
elle qui est sucrée comme une brioche
et féroce comme un labyrinthe
elle la plus belle chose qui soit

le public de la poésie l’aime
qui
voilà elle la poésie
et comment pourrait le public de la poésie ne pas l’aimer

pourquoi aime-t-il la poésie vous vous demanderez
peut-être parce que la poésie fait du bien
change le monde
divertit

sauve l’âme
met en forme
illumine relaxe
ouvre les horizons

chacun de vous qui sait a certainement de bonnes raisons
sinon vous ne seriez pas ici
mais il vaut mieux ne pas être trop curieux des affaires des autres
si on veut éviter que les autres fourrent leur nez dans nos affaires

que soit donc loué le public de la poésie
louanges à son juste noble grand amour pour la poésie
dans lequel reflet nous pâles et humbles messagers  
vivons reconnaissants et bénisseurs

TRÈS SECRET
À NE PAS DÉVOILER
ABSOLUMENT JAMAIS
AU PUBLIC DE LA POÉSIE

le public de la poésie aime la poésie
parce qu’il veut être aimé veut être aimé
parce qu’il s’aime profondément et veut être rassuré
sur son profond amour de lui-même

heureusement pour lui le public de la poésie
ne fait que croire qu’il écoute de la poésie
car s’il l’écoutait vraiment il comprendrait
l’impossibilité désespérée et l’inutilité de son amour

et il se giflerait du matin au soir
il brûlerait tous les livres sur les places publiques
il se jetterait dans un canal
ou finirait ses tristes jours dans un couvent

CONCLUSION
LA POÉSIE FAIT MAL
MAIS HEUREUSEMENT POUR NOUS
PERSONNE NE VOUDRA JAMAIS  LE CROIRE

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

PERSONE CON FIORI IN MANO

italien | Vivian Lamarque

Guardando delle persone
con dei fiori in mano
io non guardo le persone
io guardo i fiori in mano.
Svenuti stanno per lasciare l’aldiqua
oh qualcuno accompagni
il loro solitario andare
fino a Là.

from: Poesie 1972 - 2002
Milano: Arnoldo Mondadori Editore, 2002
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2008

PERSONNES AVEC DES FLEURS À LA MAIN

français

En regardant des personnes
avec des fleurs à la main
je ne regarde pas les personnes
je regarde les fleurs à la main.
Évanouies elles s’apprêtent à quitter l’ici-bas
oh! que quelqu’un accompagne
leur aller solitaire
jusque Là.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

PER VIA DI NASO

italien | Paolo Ruffilli

Ti ho vista in sogno
che mi correvi incontro
sorpresa e soddisfatta
di avermi ritrovato,
felice anch'io
sia pur sentendo
che mi sapevi
persuaso dell'inganno
e che il trasporto
era soprattutto il mio.
E nel cristallo
della mia visione
per via di naso
è stato, intanto,
che ti ho baciato
contro un muro giallo
tenendo tra le braccia
il tuo profumo.
Svegliatomi in affanno
mi ha preso il desiderio
e mi è bruciato dentro
tutto il giorno,
ma non volevo spegnerlo
beato, restando
a cuocermi nel forno.

AVEC LE NEZ

français

Je t’ai vue en rêve
tu courrais vers moi
surprise et satisfaite
de m’avoir retrouvé,
heureux moi aussi
même en sentant
que tu me savais
persuadé de l’illusion
et que l’élan
était surtout le mien.
Et dans le cristal
de ma vision
c’est avec le nez, enfin,
que je t’ai embrassée
contre un mur jaune
tenant ton parfum
entre mes bras.
Me réveillant essoufflé
le désir m’a pris
et a brûlé à l’intérieur de moi
toute la journée,
mais je ne voulais pas l’éteindre
béat, restant là
me laissant cuire au four.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

ottobre, notte

italien | Antonella Anedda


Accetta questo silenzio: la parola stretta nel buio della gola come una bestia irrigidita, come il cinghiale imbalsamato che nei temporali di ottobre scintillava in cantina. Livido e intrecciato di paglia, il cuore secco, senza fumo, eppure contro il fulmine che inchiodava la porta, ogni volta nel punto esatto in cui era iniziato la morte: l'inutile indietreggiare, il corpo ardente, il calcio del cacciatore sul suo fianco.



Chiudi gli occhi. Pensa: lepre, e volpe e lupo, chiama le bestie che cacciate corrono sulla terra rasa e sono nella fionda del morire o dell'addormentarsi sfinite nella tana dove solo chi è inseguito conosce davvero la notte, davvero il respiro.

from: Notti di pace occidentale [Notturni]
Roma: Donzelli, 1999

octobre, nuit

français

Accepte ce silence : le mot tassé dans le noir de la gorge comme une bête
raidie, comme le sanglier empaillé qui lors des orages d’octobre resplendissait
dans le sous-sol. Livide et tressé de paille, le cœur sec, sans fumée, et
pourtant contre l’éclair qui clouait la porte, chaque fois à l’endroit exact où la
mort avait débuté : le vain recul, le corps ardent, le coup de pied du chasseur
sur son flanc.

Ferme les yeux. Pense : lièvre, et renard et loup, appelle les bêtes qui
chassées courent en rase campagne et se trouvent dans la fronde de la mort
ou du sommeil épuisées dans la tanière où seul celui qui est poursuivi connaît
véritablement la nuit, véritablement le souffle.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

nkondi

italien | Elisa Biagini

Con tutto quel
metallo che ti è
dentro – calamita

del mondo -, mi
attrai le otturazioni,
i braccialetti.

Scivolo a te, col
tuo marsupio peso
di pasticche, le

conserve dei torti
subiti, da succhiarsi in
inverno per memoria:

le labbra lucenti di
quell’ascia che t’esce
di bocca.

© Einaudi Editore
from: L'ospite
Torino: Einaudi Editore, 2004
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2008

nkondi

français

Avec tout ce
métal
à l’intérieur de toi – aimant

du monde -, tu
attires mes obturations,
mes bracelets.

Je glisse vers toi, avec
ton marsupium lourd
de pastilles, les

conserves des dommages
subis, à sucer
l’hiver en souvenir :

les lèvres brillantes de
la hache qui sort
de ta bouche.

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

NELL'ATTO DI PARTIRE

italien | Paolo Ruffilli

Sarà che l'ho sentita
ogni volta uguale
e non è stata mai
una cosa astratta
ma proprio segnata
sulla pelle, fatta
azione materiale
che assale e
che cancella,
un'incisione dolorosa
una particella tolta
e consumata tutta
una limatura
in puncti loco
un accorciamento minimale.
Dipenderà, sia pure,
dalla mia natura...
però lo sperimento
nell'atto di partire
che tanto o poco
è già un morire.

DANS L’ACTE DE PARTIR

français

Sans doute l’ai-je sentie
chaque fois pareille
et jamais elle n’a été
une chose abstraite
mais vraiment inscrite
dans la peau, faite
action matérielle
qui assaille et
qui annule,
une incision douloureuse
une particule enlevée
et toute consumée
de la limaille
in puncti loco.
un raccourcissement minimal.
Cela dépendra, s’il en est,
de ma nature…
toutefois j’expérimente cela
dans l’acte de partir
qui un tant soit peu
est déjà mourir.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Nel cerchio familiare

italien | Giorgio Orelli

Una luce funerea, spenta,
raggela le conifere
dalla scorza che dura oltre la morte,
e tutto è fermo in questa conca
scavata con dolcezza dal tempo:
nel cerchio familiare
da cui non ha senso scampare.

Entro un silenzio cosí conosciuto
i morti sono piú vivi dei vivi:
da linde camere odorose di canfora
scendono per le botole in stufe
rivestite di legno, aggiustano i propri ritratti,
tornano nella stalla a rivedere i capi
di pura razza bruna.

                                Ma,
senza ferri da talpe, senza ombrelli
per impigliarvi rondini;
non cauti, non dimentichi in rincorse,
dietro quale carillon ve ne andate,
ragazzi per i prati intirizziti?

La cote è nel suo corno.
Il pollaio s'appoggia al suo sambuco.
I falangi stanno a lungo intricati
sui muri della chiesa.
La fontana con l'acqua si tiene compagnia.
Ed io, restituito
a un piú discreto amore della vita...

© Giorgio Orelli
from: L’ora del tempo
Milano: Arnoldo Mondadori Editore, 1962
Audio production: H.Strunk / M.Mechner, literaturWERKstatt berlin, 2003

Dans le cercle familial

français

Une lumière funèbre, éteinte,
refroidit les conifères
dont l’écorce dure après la mort,
et tout est arrêté dans cette vallée
creusée par le temps avec douceur :
dans le cercle familial
d’où s’échapper est insensé.

À l’intérieur d’un silence aussi connu
les morts sont plus vivants que les vivants :
depuis les chambres propres sentant le camphre
ils descendent par les trappes dans les poêles
revêtues de bois, ils replacent leurs portraits,
reviennent à l’étable pour revoir le bétail
de pure race brune.

                          Mais,
sans les trappes à taupe, sans les parapluies
pour attraper les hirondelles;
imprudents, non négligents en élans,
derrière quel carillon vous vous en allez,
les enfants par les prés frissonnants ?

La pierre est dans sa corne.
Le poulailler s’appuie contre son sureau.
Les phalanges restent longtemps entremêlées
aux murs de l’église.
La fontaine avec l’eau se tient compagnie.
Et moi, restitué
à un amour plus discret pour la vie… ?

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Due passi con Lucia, d’autunno

italien | Giorgio Orelli

I fichi del ricco traboccano dal parco,
ma neanche il porco li mangia.
Sembrano buoni, così belli e pieni,
ma nessuno li mangia.
Imbratteranno presto la viuzza.

Vieni, Lucia, che andiamo
per una strada meno stretta
dove cadono ricci con castagne
e possiamo giocare a pestarci le ombre
senza che abbàino cani.

© Giorgio Orelli
from: Sinopie
Milano : Arnoldo Mondadori Editore, 1977
Audio production: H.Strunk / M.Mechner, literaturWERKstatt berlin, 2003

Promenade avec Lucia, en automne

français

Les figues du riche débordent du parc,
mais pas même le cochon les mange.
Elles ont l’air bonnes, si belles et pleines,
mais personne ne les mange.
Elles saliront bientôt la ruelle.

Viens Lucia, allons-nous en  
par une rue moins étroite
où tombent les bogues avec les châtaines
où nous pouvons jouer à piétiner nos ombres
sans que n’aboient les chiens.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Messaggi di speranza

italien | Nanni Balestrini

Tutti i giorni la stessa cosa
parlano a bassa voce

che giorno è oggi
parlano a stento

oggi  è un altro giorno
parlano in fretta

giorno dopo giorno
parlano a bocca chiusa

è stato un gran bel giorno
parlano tanto per parlare

il  gran giorno era giunto
parlano a fior di labbra

non è di  tutti  i  giorni
parlano per allusioni

noti è affare di  giorni
parlano senza  riflettere

da quel giorno nessuno li ha visti
parlano da soli

un giorno o l'altro
parlano da anni

campano giorno per giorno
parlano perché hanno la lingua

ai nostri giorni
parlano fra sé e sé

al  giorno d'oggi
non c'è nessuno con cui parlare

verrà il giorno in cui
tutto parla contro di loro

un giorno lo sapranno
parlano a quattr'occhi

va a giorni
parlano a cuore aperto

non tutti i giorni sono uguali
parlano al muro

i giorni si accorciano
parlano al vento

sembra giorno
parlano a vanvera

ci corre quanto dal giorno alla notte
i fatti parlano da sé

si vede la luce del giorno
parlano del più e del meno

è chiaro come la luce del giorno
i muti parlano a segni

verrà,  a giorni
se ne vanno senza parlare

uno di questi giorni
parlano tutti insieme

© Nanni Balestrini
from: Tutto in una volta : 50 poesie per 50 anni
Spinea - Venezia: Edizioni del Leone, 2003
ISBN: 88-7314-068-8
Audio production: 2006, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

Messages d’espoir

français

Tous les jours la même chose
ils parlent à voix basse

aujourd’hui c’est quel jour
ils parlent péniblement

aujourd'hui est un autre jour
ils parlent en vitesse

jour après jour
ils parlent la bouche fermée

c’était une grande belle journée
ils parlent pour parler

le grand jour était arrivé
ils parlent à fleur de lèvres

ce n’est pas tous les jours
ils parlent par allusion

remarquez c’est une question de jours
ils parlent sans réfléchir

depuis ce jour-là personne ne les a vus
ils parlent tout seuls

un jour ou l’autre
ils parlent depuis des années

ils vivent au jour le jour
ils parlent parce qu’ils ont une langue

de nos jours
ils parlent entre soi et soi

aujourd’hui
il n’y a personne avec qui parler

le jour viendra où
tout parlera contre eux

ils le sauront un jour
ils se parlent dans les yeux

il change à chaque jour
ils parlent à cœur ouvert

les jours ne sont pas tous égaux
ils parlent aux murs

les jours raccourcissent
ils parlent au vent

on dirait le jour
ils parlent à tort et à travers

différents comme le jour et la nuit
les faits parlent d’eux-mêmes

on voit la lumière du jour
ils parlent du plus et du moins

c’est clair comme la lumière du jour
les muets parlent par signes

il viendra dans quelques jours
ils s’en vont sans parler

un de ces jours
ils parlent en même temps

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Lui

italien | Donata Berra

Avevano un bell'offrirgli ex voto
erigere tempietti innumeri chiesette
cappelle a picco sugli scogli, nicchie
a perpendicolo sul mare: lui

lui che sarebbe il loro protettore
il solo patrono loro accreditato
Aghios Eolios, santo e pescatore

lui non riuscivano mai a prenderlo.


Così con quel poco sego
prima che fosse alba
gli accendevano smilze candeline
gialle, infilzate fuori
nella sabbia, in riva, ma lui
lui era già sul mare
già sul mare aperto
a spaziare, che alcuni
credono di poter dire, e pensare
che lui
è lo stesso come le schiene
per gioco curve dei delfini,
lui già svagava basso sulle curve onde, svariava
radente a braccia spalancate, a rondine
non a croce, no, sfiorante
il mare che non finisce.

Altri fermi sulla riva di un grande Egeo
dicevano che
quando tutti son via e
non c'è più nessuno
quel suono che si ascolta è il suo,
altri inviperiti lo vituperano
dicono, perfido! se ne stia
persino posato
sugli spilli di punta delle ali
alle rondini di mare.

© Verlag Im Waldgut / Donata Berra
from: Maria, schräg an einen Pfosten gelehnt / Maria, di sguincio, addossata a un palo. Gedichte / Poesie. Aus dem Italienischen übersetzt von J. Kelter
Frauenfeld: Im Waldgut, 1999
ISBN: 3-7294-0285-4
Audio production: 2001 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin

Lui

français

Ils avaient beau lui offrir des ex-voto
ériger de petits temples innombrables de petites églises
des chapelles à pic sur les falaises, des niches
en surplomb sur la mer : lui

lui qui est leur protecteur
le seul et unique patron
Aghios Eolios, saint et pêcheur

lui ils n’arrivaient jamais à le prendre.

Ainsi avec ce peu de suif
avant que se pointe l’aube
ils lui allumaient de maigres petites chandelles
jaunes, plantées dehors
dans le sable, sur le rivage, mais lui
il était déjà en mer
déjà en haute mer
en train de planer, certains
croient pouvoir dire, et penser
que lui
il ressemble au dos
des dauphins courbé par jeu,
déjà il errait bas sur les ondes courbées, il errait
rasant à bras ouverts, comme une hirondelle
non pas en croix, non, effleurant
la mer qui n’a pas de fin.

D’autres, arrêtés immobiles sur le rivage d’une grande Égée
disaient que
lorsque tous sont partis et
qu’il n’y a plus personne
ce son entendu est le sien,
d’autres furieux le déshonorent
ils disent, perfide! qu’il reste
donc posé
sur la pointe aiguillée des ailes
des hirondelles de mer.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

luglio, notte

italien | Antonella Anedda


Perché il male si scomponga come il criceto sepolto in una scatola di scarpe nella terra dell'orto.

Perché arrivi a me stanotte lo spavento destinato ad altri.

La vedo, questa donna che per ore ha fissato il televisore
acceso e ora grida contro un altro corpo in penombra
immobile sulla poltrona senza colore.

from: Notti di pace occidentale [Notturni]
Roma: Donzelli, 1999

juillet, nuit

français

Pour que le mal se fractionne comme le hamster enseveli dans une boîte à
chaussures dans la terre du potager. Pour que m’arrive cette nuit l’épouvante
destinée aux autres. Je la vois, cette femme qui pendant des heures a fixé des
yeux la télévision allumée et maintenant crie contre un autre corps dans la
pénombre immobile dans le fauteuil fade.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Lai del ragionare lento

italien | Lello Voce




Così non va, non va, non va, ti dico

che così non va: come una supernova

esplosa come un astro strizzato di fresco

come la tua bocca stanca e tesa

accelerata come particella ora non so più

nemmeno se sia una stella o invece

pajette incollata allo sguardo scheggia

di diamante che ti fora le pupille o

desiderio di luce che sfarfalla all’orizzonte

dell’ultimo oltremondo viaggio

condanna che ci danna panna acida che

ingozza la parola che ora già ci strozza

perché così non va, non va, non va:

è ormai soltanto un buco nero di sentimenti

e fiati amore addomesticato casalingo come

un tigre prigioniero o invece credi

che dovremmo dimissionare l’anima e

restar lì a vedere se alla fine ci sarà il

premio il lingotto la crociera che ci crocifigge

lo sforzo che infine ci infigge nel

ricordo lo share di un suicidio spettacolare

e notiziabile sintesi ultima dello scibile

di noi genere umano di noi genere estinto

di noi umani generati usati rottamati



(se ti parlo ormai non mi parlo, se mi parlo

ormai non ti parlo e se ne parlo credimi

è solo perché nel fiato che si elide in pensieri

resta la nostalgia di quando era ieri)


Così non dura, non dura, non dura, vi dico

che così non dura: qui si muore di fame

e d’obesità si muore di ricchezza e povertà,

si muore di solitudine e rumore si muore

in nome di Dio per liberarsi di Dio si

muore per il solo gusto di farlo e sentirsi anche

solo per un attimo Dio e io che qui trafitto

stringo al petto tutto il mio disfatto me

straccio il contratto e già tremo nel tirare

il dado credetemi vedrete che alla fine della fine

saremo colpevoli nostro malgrado e

ci saranno fiumi inutili di sangue e inchiostro mostri

perché così non dura, non dura, non dura:

forse saranno gli uccelli o un brulicare d’insetti

o gli occhi stretti delle belve degli esseri

striscianti delle selve né ce ne saranno in salvo

ma ce ne saranno invece di feroci dal cuore

calvo e le mascelle strette a digrignarci le

colpe a morderci l’anima al garretto a

strapparci confessioni torturate dal privilegio a

dettare l’ultimo florilegio lo spasimo ironico

che con un rutto dirà punto e basta che

dell’ultimo distrutto farà monumento del lamento

sberleffo sentimento spento tormento



(se vi parlo ormai non mi parlo, se mi parlo

ormai non vi parlo e se ne parlo credetemi

è solo perché le parole sono il ritmo della riscossa

insulto autismo acre che dà la scossa)


Così finisce male, male, male, gli dico

che così finisce male: perché ormai non ci sono

più perché né parole adatte allo sbigottimento
  
né attimi d’innamoramento né voglia di

vento perché si vive di spavento contento

di buio a cinque stelle di corpi senza pelle di

cielo senza faville di mascelle serrate di

maschere clonate si vive d’ignominia e falsità e

il male è un ovvietà un’abitudine è un luogo

comune un vestito rozzo e tozzo sul futuro

un muro duro e scuro scudo transazione emozionale

investimento sentimentale senza sale

perché così finisce male, male, male:

e non vale il trucco dell’opulenza né quello bieco

della scienza non vale il Dow Jones che sale

non vale la conquista dello spazio e nemmeno

la commozione per lo strazio né le viscere

immolate all’eterna sordità del cielo solo forse

strappando il velo forse scavando fino alle radici

del melo e del canto comune dell’aspro pelo

e del gastrico gonfio di gas e bugie gonfio di

cibo e bolo e chimo e chilo dopo chilo dimagrirsi

il profitto sino a renderlo esistenza scommessa
  
rischio di utopia respiro lungo e promessa



(se gli  parlo ormai non mi parlo, se mi parlo

ormai non gli  parlo e se ne parlo credimi

è solo perché odio dire io l’avevo detto,

perché non c’è scampo e scampo non c’è se l’ho detto)


Così non va così non dura così finisce male:

c’è un’aria che spira un’atmosfera da strage

un clima che intima gente che plaude prona s’inchina

c’è che chi dovrebbe opporsi pone

domande e non ha risposte c’è che nessuno

ha più speranze riposte ma solo azioni e buoni

bontà in borsino e sentimenti in finanziera

c’è che è una mal’aria tutta umida di violenza e

senza ripari a cui correre né santi a cui ricorrere

c’è che anche i tuoi occhi ormai non vedono

quanto ciechi sono divenuti i miei vecchi di dolore

e di ore presbiti di anni e orbi di debiti

perché così non va così non dura così finisce male:

non c’è più sale nemmeno a fare male

solo cocci di bicchieri frantumi di piatti aguzzi

feroci come voci colli di bottiglia miglia e

miglia di parole e parole e parole resti d’ossa

senza morsi torsi d’uomini e donne gonne

vuote di gambe mani senza braccia piedi senza

dita solo quest’interminabile parodia di vita

sgradita senza uscita questo tronco d’esistenza

che non fa più resistenza che s’arrende ma

poi già domani si pente pensa per vizio per

abitudine che forse è possibile credibile immaginabile

che raschia il fondo si nutre d’avanzi e scampoli

e sogni e intanto avanza avanza come un’onda

come un vento come un rigo che copre con la lana

dei versi il corpo nudo di noi due, riversi…




11 settembre 2001

© Lello Voce
from: L'esercizio della Lingua
Modena: Mazzoli editore, 2002

Lai du raisonnement lent

français




Ça ne va pas comme ça, ça ne va pas, ça ne va pas, je te dis

que ça ne va pas comme ça : comme une supernova

qui a explosé comme un astre à peine pressé

comme ta bouche fatiguée et tendue

accélérée comme une particule je ne sais même plus

à présent s’il s’agit d’une étoile ou plutôt

d’une paillette collée au regard éclat

de diamant qui perce tes pupilles ou

désir de lumière qui papillonne à l’horizon

du dernier outre-monde voyage

jugement qui nous ment aliment acide qui

avale la parole et qui maintenant déjà nous étouffe

parce que ça ne va pas comme ça, ça ne va pas, ça ne va pas :

désormais ce n’est rien qu’un trou noir de sentiments

et souffles amour dompté domestiqué casanier comme

un tigre prisonnier ou au contraire tu crois

que nous devrions démissionner de notre âme et

rester là pour voir si à la fin il y aura le

prix le lingot la croisière qui nous crucifie

l’effort qui finalement plonge dans

le souvenir le share*  d’un suicide spectaculaire

et médiatisable synthèse ultime de la connaissance

de nous genre humain de nous genre éteint

de nous humains générés usés ferraille




(si je te parle désormais je ne me parle pas, si je me parle

désormais je ne te parle pas et si j’en parle crois-moi

c’est seulement parce que dans le souffle qui se scinde en
pensées
demeure la nostalgie de quand c’était hier)




Ça ne va pas durer comme ça, ça ne va pas durer, pas durer, je vous dis

que ça ne va pas durer : ici on meurt de faim

et d’obésité on meurt de richesse et de pauvreté,

on meurt de solitude et de bruit on meurt

au nom de Dieu pour se libérer de Dieu on

meurt pour le seul goût de mourir et de se sentir rien

que pour un moment Dieu et moi ici transpercé

je serre contre ma poitrine tout mon être défait

je déchire le contrat et je tremble déjà en lançant

le dé croyez-moi vous verrez qu’à la fine fin

nous serons coupables malgré nous et

il y aura des fleuves inutiles de sang et d’encre des monstres

parce que ça ne va pas durer comme ça, ça ne va pas durer, pas durer :

ce sera peut-être des oiseaux ou un grouillement d’insectes

ou les yeux bridés des bêtes des êtres

glissants des selves et il n’y en aura pas à l’abri

mais il y en aura pourtant quelques-uns féroces au cœur

chauve et aux mâchoires serrées pour faire grincer nos

fautes à nous mordre l’âme au jarret à

nous extorquer des confessions torturées par le privilège à

dicter le dernier florilège le spasme ironique

qui d’un seul rot dira point final que

du dernier achèvement érigera un monument à la plainte

dérision sentiment éteint tourment




(si je vous parle désormais je ne me parle pas, si je me parle

désormais je ne vous parle et si j’en parle croyez-moi

c’est seulement parce que les mots sont le rythme de la rescousse

insulte autisme acide qui donne une secousse)




Ça finit mal comme ça, mal, mal, je lui dis

que ça finit mal comme ça : car désormais je n’y suis

plus car ni les mots bons pour la stupeur

ni les instants d’amour ni l’envie de

vent car on vit d’épouvante contente

d’obscurité à cinq étoiles de corps sans peau de

ciel sans étincelles de mâchoires serrées de

masques clonés on vit d’ignonimie et de faussetés et

le mal est une évidence une habitude c’est un lieu

commun un vêtement grossier et grossi sur le futur

un mur dur et obscur bouclier transaction émotionnelle

investissement sentimental sans sel

car comme ça, ça finit mal, mal, mal :

et ne vaut rien le truc de l’opulence ni celui oblique

de la science ne vaut rien le Dow Jones qui grimpe

ne vaut rien la conquête de l’espace ni

l’émotion pour le déchirement ni les viscères

immolées à l’éternelle surdité du ciel seul peut-être

en arrachant le voile peut-être en creusant jusqu’aux racines

du pommier et du chant commun du poil raide

et du gastrique gonflé de gaz et de mensonges bourré de

nourriture et bol et chyme et kilo après kilo amincir

le profit jusqu’à le transformer en existence pari

risque d’utopie longue respiration et promesse.




(si je lui parle désormais je ne me parle pas, si je me parle

désormais je ne lui parle et si j’en parle crois-moi

c’est seulement parce que je déteste dire je l’avais dit,

car il n’y a pas d’issue et d’issue il n’y a pas si je l’ai dit)




Ça ne va pas comme ça ne dure pas comme ça, ça finit mal :

il y a un vent qui emporte une atmosphère de massacre

un climat qui enjoint les gens qui applaudissent se soumettent

il y a que celui qui devrait s’opposer pose

des questions et n’obtient pas de réponses il y a que personne

n’a plus d’espoirs secrets mais seulement des actions et des

bons à la bourse et sentiments en redingote

il y a un air mauvais tout humide de violence et

sans abri où se cacher ni saints à qui se vouer

il y a que même tes yeux désormais ne voient plus

combien les miens sont devenus aveugles et vieux de douleur

et des heures presbytes sous les ans et aveugles sous les dettes

car ça ne va pas comme ça ne dure pas comme ça, ça finit mal :

il n’y a même plus de sel pour faire mal

que des débris de verres des éclats d’assiettes tranchants

féroces comme des voix goulots de bouteille milles et

milles de mots et de mots et de mots restes d’ossements

sans morsures torses d’hommes et de femmes jupes

vides de jambes mains sans bras pieds sans

orteils seule cette interminable parodie de la vie

désagréable sans issue ce tronc d’existence

qui n’offre plus de résistance qui se rend mais

puis déjà demain qui se repent pense par vice par

habitude que peut-être il est possible crédible imaginable

qui racle le fond se nourrit de restes et de retailles

et de rêves et entre-temps avance avance comme une vague

comme un vent comme une ligne qui couvre avec la laine

des vers le corps nu de nous deux, renversés…



11 septembre 2001




*   N.d.T. En anglais dans le texte, signifie « cote d’écoute ».

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Lai del ragionare caotico

italien | Lello Voce



lacrime e sangue e mazze e martelli e falci e forconi

e fegati e fulminee intrusioni all’alba

mandato in mano alla ricerca del nero del nerissimo

scuro dell’oscuro annerirsi del fiato del

polmone e del cardiaco illegalmente detenuto

nascosto celato abilmente nella cassa toracica

abusivamente pulsante insomma una vita a scrocco

furtivamente nera come la pece nera come

un sospetto nera di rabbia nera come il nero di uno

scacco nera come il nero del futuro del duro

domani delle nostre mani nere più nere dell’anima

nere di profitti nere da sconfitti nere come

il nero di uno scarafaggio a forma di sentimento

che ci striscia sotto le pareti dell’anima nero

come il sangue antico nell’ampolla che si frantuma

e diviene polvere nera esplosiva e muta

nero come una tuta nera nero come un cappuccio nero

più nero della notte nero di carni cotte

nero di cani randagi nero di lingua morta asfissiata

nero come una vena salassata come una

flebite del respiro nero come quei blindati schierati

lì in fondo sul confine della ragione nero

come le maschere come gli scudi gli stivali

come la paura che ho dentro la voglia d’avere ali



(è ovvio che si tratta di una tattica d’azione dell’

ordinato svolgersi delle teorie del caos

è scontato che ha una sintassi di corse e colpi

brevi come accenti acuti che infrangono)


in ordine sparso a piccoli gruppi andando controcorrente

travisati traditi travestiti a manciate

più o meno nello stesso momento più o meno

in tutta la città più o meno presentandosi a iosa

con la spranga che bacia il cristallo e lo spacca con boati

e gas che disperdono il vento con

sirene lanciate a duecento all’ora in vicoli e strade

dove le squadre  squadrano le folle e più

o meno le squagliano con estintori fieri della loro

potenza e noi più o meno anneghiamo più

o meno all’altezza di quella piazza più o meno

all’altezza della piccola pozza di sangue più

o meno dove restano tracce coagulate di rabbia

calpestate da cingolati e pneumatici chiodati

allora dove il nero si stempera nel nero dove gli occhi

si fanno ciechi dove puoi vedere anche

ciò che non si può guardare più o meno nel momento

dello sparo della detonazione del cuore

in frammenti dove c’è il luogo per ribellarsi senza

ragione il posto nero dove s’annerisce  il

nero dove il nero s’annera di nubi s’infila su

per i tubi e fa china dell’acqua e fa nero il volto

nera la bocca i denti nere le labbra nella cianosi decisiva

salto al buio oltre l’altro che moriva



(è evidente che si tratta di formazioni infiltrate

da carbonio ed anidride e zolfo minate ingrate

di sentimenti a manciate con tettoniche aleatorie

di sismi e singhiozzi di discorsi rimasti mozzi)


né c’è paesaggio od orizzonte né indulto e la tolleranza

è a zero è tolleranza nera ed avara è

come un respiro incartapecorito e sporco

è come un torto protetto e annegato nel nero di seppia

nel nero della greppia povera del morto

nel nero esempio nel severo moderarsi dell’assassinio

è come un topo con pelo rosso e occhi blu un topo

tutto sporco che striscia e che fugge un topo

mezzo roco che prova a spiegare tra un colpo e l’altro

mentre annega negli sputi e prova a dire

la sua a giustificare tra una staffilata e l’altra

mentre ormai palpita sul pavimento e si mastica le

viscere un topo nero di grumi e di gridi nero

di scuse e bugie nero di tutto e di niente nero che

mente e inganna nero bugiardo nero di botte

date di giorno e scontate di notte come dolori o

ferite nere come il coagulo di senso nere più nere

piaghe vere che spurgano parole e infettano

le ore mentre il topo fugge veloce si getta in salvo

nel mare tutto nero del pensiero squittisce

di rabbia promette vendetta poi scompare oltre

l’angolo d’ogni incubo e resta solo la sua ombra

nera mentre si ammanettano i feriti e le fratture sporgono

dai cellulari le grida dagli auricolari



(è chiaro che si tratta di ricordi confusi di

refusi indotti dal dolore di deliri e sogni di lapsus

è lampante che la verità è nel presupposto e non nella

traccia del  proiettile che si conficca docile)



e a volerlo contare uno per uno questo morto

è un morto che ne vale migliaia un prezzo discount

da pagare senza bisogno di rate o un’offerta speciale

da consumare subito in piedi un fast-blood

e se pensi che dietro ogni ferita c’è una famiglia

vestita a lutto della gente oscura vestita in nero

che affoga nelle gramaglie del destino nero come

una divisa come una maschera un manganello

nero come un pneumatico chiodato mentre

stira il cadavere e gli lascia un battistrada come nero

tatuaggio al torace o la canna brunita della

pistola che sporge nera come il buco all’altezza dello

zigomo sinistro o il foro d’uscita più piccolo

ma nero come un pozzo nero come un alito zozzo

col cadavere da fotografare col cadavere da

immortalare abbandonato sull’asfalto nero come le

labbra del morto scure come le ragioni del torto

la legittimazione dell’assassinio di chi giustizia

la giustizia e poi si fa la legge e il santo lo gabba

lo dribbla l’inganna lo danna e poi lo scanna

ridendo il giorno di festa santificando il suo nome

e poi beve fino a notte e rutta d’orgoglio nero

come plotone di stivali e tacchi neri coi lacrimogeni

innestati alle palpebre e l’odio alle vertebre



uguali oggi a com’erano ieri uguali oggi

a come saranno domani quando in fila e a capo chino

attenderanno lo schianto possente che li spazzerà

lo schiaffo rude che ridendo lieto li annienterà

© Lello Voce
from: L'esercizio della Lingua
Modena: Mazzoli editore, 2002

Lai du raisonnement chaotique

français

larmes et sang et massues et marteaux et faux et fourches

et foies et intrusions éclair à l’aube

mandat en main à la recherche du noir du très noir

sombre du sombre noircissement du souffle du

poumon et du cardiaque illégalement emprisonné

caché occulté habilement dans la cage thoracique

qui bat abusivement en somme une vie aux dépens des autres

furtivement noire comme de la poix noire comme

un soupçon noire de rage noire comme le noir d’un

pion noire comme le noir du futur du dur

lendemain de nos mains noires plus noires que l’âme

noires de profits noires de défaites noires comme

le noir d’une blatte à forme de sentiment

qui nous glisse sous les murs de l’âme noir

comme le sang ancien dans l’ampoule qui se brise

et devient poussière noire explosive et muette

noir comme une salopette noire noir comme un capuchon noir

plus noir que la nuit noir de viandes cuites

noir de chiens errants noir de langue morte asphyxiée

noir comme une veine exsangue comme une

phlébite du souffle noir comme ces blindés déployés

là au fond à la frontière de la raison noir

comme les masques comme les boucliers les bottes

comme la peur que je ressens à l’intérieur l’envie d’avoir des ailes

(il est clair qu’il s’agit d’une tactique d’action du

développement ordonné des théories du chaos

il est acquis qu’elle possède une syntaxe de courses et des coups

brefs comme des accents aigus qui frappent)

en ordre éparpillé en petits groupes en s’en allant à contrecourant

défigurés trahis travestis à belles mains

plus ou moins au même moment plus ou moins

dans toute la ville plus ou moins se présentant à foison

avec la barre qui embrasse le crystal et le fend en vrombissements

et gaz qui dispersent le vent avec

des sirènes lancées à deux cents à l’heure dans les ruelles et les rues

où les escadrons écartent les foules et plus

ou moins les font fondre grâce à des extincteurs fiers de leur

puissance et nous qui plus ou moins nous noyons plus

ou moins à la hauteur de cette place-là plus ou moins

à la hauteur de la petite flaque de sang plus

ou moins où il reste des traces coagulées de rage

piétinées par les chars d’assaut et les pneus cloués

alors où le noir se dilue dans le noir où les yeux

deviennent aveugles où tu peux voir aussi

cela qui ne peut se regarder plus ou moins au moment

du coup de feu de la détonation du cœur

en éclats où se trouve le lieu pour se révolter sans

raison le noir lieu où le noir

se noircit où le noir se noircit de nuages s’introduit dans

les tuyaux et transforme l’eau en encre et noircit le visage

noire la bouche les dents noires les lèvres dans la cyanose décisive

saut dans le vide par dessus l’autre qui mourait


(c’est évident qu’il s’agit de formations infiltrées

de carbone et d’anhydrite et de soufre minées ingrates

de sentiments à pleines mains avec des tectoniques aléatoires

de séismes et sanglots de discours restés coupés)


il n’y a ni passage ou horizon ni indult et la tolérance

est à zéro une tolérance noire et avare c’est

comme un souffle parcheminé et sale

c’est comme un tort protégé et noyé dans l’encre de seiche

dans le noir de la pauvre mangeoire du mort

dans le noir exemple dans la sévère modération du meurtre

c’est comme une souris au poil roux et aux yeux bleus une souris

toute sale qui rampe et s’enfuit une souris

à moitié rauque qui essaie d’expliquer entre deux coups

tout en se noyant dans les crachats et qui essaie de dire

son opinion de justifier entre deux coups de fouet

tandis qu’elle palpite désormais sur le plancher et mastique ses

viscères une souris noire de caillots et de cris noire

d’excuses et de mensonges noire de tout et de rien noire qui

ment et trompe noire menteur noire de coups

donnés le jour et escomptés la nuit comme douleurs ou

blessures noires comme le caillot du sens noires plus noires

véritables plaies qui dégorgent des mots et infectent

les heures tandis que la souris s’enfuit véloce se sauve

dans la mer toute noire de la pensée hurle

de rage promet la vengeance et ensuite disparaît par-delà

le coin de chaque cauchemar et ne reste que son ombre

noire pendant que l’on ligote les blessés et les fractures ressortent

des cellulaires les cris des auriculaires


(il est clair qu’il s’agit de souvenirs confus de

coquilles causées par la douleur de délires et songes de lapsus

cela saute aux yeux que la vérité réside dans la prémisse et non dans la

trace du projectile qui s’enfonce docile)

et vouloir le compter un par un ce mort

est un mort qui en vaut des milliers un prix discount*

à payer en un seul versement ou aubaine

à consommer sur-le-champ debout un fast-blood**

et si tu penses que derrière chaque blessure il y a une famille

en habit de deuil des gens obscurs habillés de noir

qui se noient dans les habits de deuil du destin noir comme

un uniforme comme un masque une matraque

noir comme un pneu à clous en train

de repasser le cadavre et il lui imprime sa bande de roulement
                                                                                  [comme un noir

tatouage sur le thorax ou le canon noirci du

pistolet qui dépasse noir comme le trou à la hauteur de

la pommette gauche ou le trou de sortie plus petit

mais noir comme un égout comme une mauvaise haleine

avec le cadavre à photographier avec le cadavre à

immortaliser abandonné sur l’asphalte noir comme les

lèvres foncées du mort comme les raisons du tort

la légitimation du meurtre de qui exécute

la justice et après fait sa propre loi et berne le saint

le dribble le trompe le maudit et après l’égorge

en riant le jour de fête en sanctifiant son nom

et après il boit jusqu’à la nuit et rotte d’orgueil noir

comme peloton de bottes et talons noirs avec les lacrymogènes

branchés aux paupières et la haine aux vertèbres



pareils aujourd’hui à comme ils étaient hier pareils aujourd’hui

à comme ils seront demain quand en rang et tête baissée

ils attendront le puissant impact qui les balayera

la claque franche qui en souriant heureuse les anéantira






*En anglais dans le texte.


**En anglais dans le texte.

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

don’t talk with strangers

italien | Elisa Biagini

Nonna, mano
di lupo,
         apri
la mia voce, apri la mia gola per
riempirmi anche meglio
di cibo, per usarmi le
corde per stendere i
panni,
         per fare di me
aruspicina:
e che tutto sia in tono
(da vera signora):
il sugo di pomodoro,
il sangue,
i miei calzini.

© Einaudi Editore
from: L'ospite
Torino: Einaudi Editore, 2004
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2008

don’t talk with strangers

français

Grand-mère, main
de loup,
           ouvre
ma voix, ouvre ma gorge pour
me bourrer encore mieux
de nourriture, pour user mes cordes
à linge,
          pour faire de moi
une aruspicine :
et que tout soit dans le ton
(en vraie madame):
la sauce tomate,
le sang,
mes chaussettes.

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Diffamazioni

italien | Valerio Magrelli

A Pierpaolo Pasolini
 
 
 
Avebbe minacciato un benzinaio
con la pistola carica
di un proiettile d'oro.
Cineasta e poeta, orafo e orco!
Ma cosa contestare a quest'accusa,
l'arma o la sua pallottola?
Santa Romana Chiesa o l'usignolo?
Quel colpo mai sparato traversa la sua opera
piegandola ad un duplice ossimòro,
fantastico fantasma di violenza
e pietà, di sangue e alloro.

© Valerio Magrelli
from: Poesie e altre poesie (1980-1992)
Turin: Einaudi, 1996

Diffamations

français

À Pierpaolo Pasolini

Il aurait menacé un pompiste
avec un pistolet chargé
d'un projectile d'or.
Cinéaste et poète, orfèvre et ogre!
Mais que contester à cette accusation,
l'arme ou la balle?
La Sainte Église Romaine ou le rossignol?
Ce coup jamais tiré traverse son œuvre
la pliant à un double oxymore,
fantastique fantôme de violence
et pitié, de sang et laurier.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

DESTINO

italien | Paolo Ruffilli

È in quel remoto soffio
dentro al cuore
che ognuno riconosce
il suo destino.
Il sogno più proibito:
l'idea di un infinito
perfino quotidiano,
lasciato in sorte
al corpo dell'amore.
Arreso e imprigionato
per conservare intatto
il suo sapore,
sottratto al vuoto
tenuto tra le cosce
a lungo, invano,
come l'acqua
che scivola comunque
dalla mano.

DESTIN

français

Là dans ce lointain souffle
au cœur
chacun reconnaît
son destin.
Le plus interdit des rêves :
l’idée d’un infini
bien que quotidien,
par hasard laissé
au corps de l’amour.
Soumis et emprisonné
pour garder intacte
sa saveur,
soustrait au vide
retenu entre les cuisses
longtemps, en vain,
comme l’eau
qui glisse néanmoins
de la main.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

DESIDERIO

italien | Paolo Ruffilli

Penso di me
che frugo con la mano
il corpo arreso e
aperto a ogni assalto
e ascolto intanto,
teso sul tonfo
del tuo cuore,
la voce che cigola
e che stride
pronunciando:
"amore".
Penso di me che
conto piano
ogni anfratto e appiglio
scoperta e nascondiglio
tuo di me che punto
e mi assottiglio
e cerco e inseguo
misurandola sul serio
la causa
di tanto desiderio.

DÉSIR

français

Je pense à moi
qui fouille avec la main
le corps offert et
ouvert à chaque assaut
et j’écoute en attendant,
tendu sur le bruit sourd
de ton cœur,
la voix qui grince
et crie
en prononçant:
                «amour».
Je pense à moi qui
compte lentement
tes anfractuosités et points d’appui
autant découverte qu’abri
à moi qui pointe
et me réduis
et cherche et poursuis
en la mesurant véritablement
la cause
d’un tel désir.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

La notte più bella della mia vita

italien | Claudio Pozzani

La notte più bella della mia vita
è passata così,
dentro un garage dai muri scrostati.
È passata così,
senza che la riconoscessi
entrando da una fessura
della saracinesca abbassata
accompagnata dalla voce degli spazzini.
La notte più bella della mia vita
è passata così,
sopra un cofano ancora caldo
versando champagne sul tuo corpo
e lanciando bottiglie vuote contro il muro.
Oh, sì...
forse per un attimo
un impercettibile secondo
la mia pelle la riconobbe
drizzando i peli
e secernendo sudore
ma tutto sparì
nella brace della tua sigaretta.
La notte più bella della mia vita
se ne è andata così,
strisciando fuori
da dove era entrata,
voltandosi per guardarmi
ancora una volta
mentre in ginocchio raccoglievo
i cocci di bottiglia
i miei vestiti
ed i tuoi ultimi sorrisi.

© Claudio Pozzani
from: Saudade e Spleen
Paris: Alchimies Poétiques, Éditions Lanore, 2001
ISBN: 2-85157-196-6
Audio production: 2006, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

La plus belle nuit de ma vie

français

La plus belle nuit de ma vie
est passée ainsi,
dans un garage aux murs squamés.
Elle est passée ainsi,
sans que je ne la reconnaisse
en s’infiltrant par le jour
du rideau de fer baissé
accompagnée par la voix des balayeurs.
La plus belle nuit de ma vie
est passée ainsi,
sur un capot encore chaud
en versant du champagne sur ton corps
et en lançant des bouteilles vides sur le mur.
Oh! oui…
peut-être un instant
une imperceptible seconde
ma peau l’a reconnue
en redressant ses poils
et en secrétant de la sueur
mais tout a disparu
dans la braise de ta cigarette.
La plus belle nuit de ma vie
s’en est allée ainsi,
en se traînant dehors
par où elle était entrée,
en se retournant pour me regarder
une fois encore
alors qu’à genoux je ramassais
les éclats de bouteille
mes vêtements
et tes derniers sourires.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

La Marcia dell’Ombra

italien | Claudio Pozzani

Stanno cadendo corde dal cielo
e gelide catene ti danzano attorno
E' un mondo di nodi
da sciogliere al buio
tra un lampo e l'altro
di fosforo e grida
E' un groviglio di corde
che rifiutano forbici
È un pettine che s'incastra
dentro chiome che non pensano

E'ombra... omora
E' un battito di ciglia ancora

Mi guardo attorno e vedo muri
persino il mio specchio è diventato un muro
sui tuoi seni è cresciuta una pelle di muro   
il mio cuore, i miei sensi reincarnati in muri '
E continuano a piovere preghiere e bestemmie
che evaporano appena toccan la sabbia    
e continuano a strisciare in un silenzio velenoso
avverbi, aggettivi e parole senza suono

E ombra... ombra...
e un battito di ciglia ancora

Del sole vedo solo il suo riflesso
nelle pozze iridescenti di acqua piovana,
della luna indovino la presenza nel buio
dal lontano abbaiare dei cani legati
La mia pace non è la mancanza di guerra
La mia pace è l'assenza del concetto di guerra

Non ombra... ombra...
ma un battito di ciglia ancora

© Claudio Pozzani
from: unveröffentlichtem Manuskript
Audio production: 2006, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

La Marche de l’Ombre

français

Des cordes tombent du ciel
et autour de toi dansent des chaînes gelées
C’est un monde de nœuds
qu’il faut défaire dans le noir
entre un éclair et l’autre
de phosphore et de cris
C’est un enchevêtrement de cordes
qui se refusent aux ciseaux
C’est un peigne qui s’encastre
dans des chevelures qui ne pensent point

C’est de l’ombre… ombre…
C’est encore un battement de cils

Je regarde autour et ne vois que des murs
même mon miroir est devenu mur
sur tes seins a poussé une peau de mur
mon cœur, mes sens réincarnés en murs
Et il continue de pleuvoir prières et blasphèmes
évaporés sitôt qu’ils touchent le sable
et continuent de glisser dans un silence vénéneux
des adverbes, des adjectifs, des mots privés de son

C’est de l’ombre… ombre
et un battement de cils encore

Du soleil je ne vois que le reflet
dans les flaques d’eau iridescentes,
je devine dans le noir la présence de la lune
par le lointain aboiement des chiens attachés
Ma paix n’est pas un manque de guerre
Ma paix est l’absence du concept de guerre

Non pas ombre… ombre…
mais un battement de cils encore

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

La donna dalle lacrime dolci

italien | Claudio Pozzani

Sei la donna dalle lacrime dolci
Ogni tuo gesto è una fiamma leggera
Sei l'ombra, sei il gatto che fugge e poi ritorna
Sei l'impatto del treno contro i rami
sporgenti

Un alambicco pieno di mercurio e di zolfo
bolle di notte tra i tuoi seni perfetti
Quanti alchimisti hanno perso i polmoni
inseguendo i fumi del tuo corpo sudato!

Sei la donna che detta il ritmo delle stagioni,
che dimezza l'attesa tra un mio battito e l'altro
Sei Venere che sorge da una colata di lava
Sei Psiche che tiene sempre accesa la luce

Calpesti la terra e neanche ti accorgi
che ad ogni tuo passo prende vita un giardino
Per i tuoi capelli il vento sta ringraziando Dio
per avergli donato uno scopo di vita.

© Claudio Pozzani
from: Saudade e Spleen
Paris: Alchimies Poétiques, Éditions Lanore, 2001
ISBN: 2-85157-196-6
Audio production: 2006, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

La femme aux douces larmes

français

Tu es la femme aux douces larmes
Chacun de tes gestes est une flamme légère
Tu es l’ombre, le chat qui s’enfuit et puis revient
Tu es l’impact du train sur les branches
saillantes

Un plein alambic de mercure et de soufre
bulles de nuit entre tes seins parfaits
Combien d’alchimistes ont perdu leurs poumons
en poursuivant la fumée de ton corps en nage!

Tu es la femme qui dicte le rythme des saisons,
qui coupe l’attente entre mon battement et l’autre
Tu es Vénus surgissant d’une coulée de lave
Tu es Psyché qui toujours garde la lumière allumée

Tu piétines la terre sans même te rendre compte
que chacun de tes pas fait naître un jardin
Dans tes cheveux le vent remercie Dieu
d’avoir donné un but à sa vie.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Danzo

italien | Claudio Pozzani

Danzo la danza delle idee geniali
sperando che tu mi dica qualcosa di nuovo
Danzo la danza dei perdenti e perduti
sapendo che i miei passi saranno vani
Danzo la danza degli ingenui felici
credendo che il mio sudore serva a qualcuno
Danzo la danza dei profittatori
e danzerò finché mi pagherai

E danzo, danzo, danzo
per vincere la mia arroganza
Danzo, danzo, danzo
il perché non ha importanza

Danzo la danza dei maledetti
perché lo spleen mi arriva fino al torace
Danzo la danza dei presuntuosi
perché anche tu lo sei se ti credi al mio livello
Danzo la danza degli indesiderati
mi sono allenato molto davanti alle porte chiuse
Danzo la danza degli insofferenti
ti puoi spostare un po' più in là, per favore?

E danzo, danzo, danzo
fino a che resterò in piedi
Danzo, danzo, danzo
perché sei tu che me lo chiedi.

© Claudio Pozzani
from: Saudade e Spleen
Paris: Alchimies Poétiques, Éditions Lanore, 2001
ISBN: 2-85157-196-6
Audio production: 2006, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

Je danse

français

Je danse la danse des idées géniales
en espérant que tu me dises quelque chose de neuf
Je danse la danse des perdants et des perdus
en sachant que seront vains mes pas
je danse la danse des ingénus heureux
en croyant que ma sueur serve à quelqu’un
Je danse la danse des profiteurs
et danserai tant que tu mes payes

Et je danse, danse, danse
pour vaincre mon arrogance
Je danse, danse, danse
le pourquoi n’a pas d’importance

Je danse la danse des damnés
car le spleen arrive jusqu’à mon thorax
Je danse la danse des présomptueux
car tu l’es aussi si tu te crois à mon niveau
Je danse la danse des non désirés
je me suis beaucoup entraîné devant les portes fermées
Je danse la danse des intolérants
peux-tu bouger un peu plus par là, s’il-te-plaît?

Et je danse, danse, danse
tant que je resterai debout
Je danse, danse, danse
puisque tu me le demandes.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Dal buffo buio

italien | Giorgio Orelli

Dal buffo buio
sotto una falda della mia giacca
tu dici: « Io vedo l'acqua
d'un fiume che si chiama Ticino
lo riconosco dai sassi
Vedo il sole che è un fuoco
e se lo tocchi con senza guanti ti scotti
Devo dire una cosa alla tua ascella
una cosa pochissimo da ridere
Che neve bizantina
Sento un rumore un odore di strano
c’è qualcosa che non funziona?
forse l'ucchetto, non so
ma forse mi confondo con prima
Pensa: se io fossi una rana
quest'anno morirei »

« Vedi gli ossiuri? gli ussari? gli ossimori?
Vedi i topi andarsene compunti
dal Centro Storico verso il Governo? »

« Vedo due che si occhiano
Vedo la sveglia che ci guarda in ginocchio
Vedo un fiore che c'era il vento
Vedo un morto ferito
Vedo il pennello dei tempi dei tempi
il tuo giovine pennello da barba
Vedo un battello morbido
Vedo te ma non come attraverso
il cono del gelato »

« E poi? »
« Vedo una cosa che cominica per GN »
« Cosa? »
« Gnente »

(« Era solo per dirti che son qui,
solo per salutarti »)

© Giorgio Orelli
from: Sinopie
Milano: Arnoldo Mondadori Editore, 1977
Audio production: H.Strunk / M.Mechner, literaturWERKstatt berlin, 2003

Depuis la drôle d’obscurité

français

Depuis la drôle d’obscurité
d’en dessous les basques de mon veston
tu dis : « Je vois l’eau
d’une rivière qui s’appelle Tessin
je la reconnais à ses pierres
Je vois le soleil qui est un feu
et si tu le touches avec pas de gants tu te brûles
Je dois dire une chose à ton aisselle
une chose pas drôle du tout
Quelle neige byzantine
J’entends un bruit une odeur étrange
y a-t-il quelque chose qui ne marche pas ?
le cad’enas peut-être, je ne sais pas
mais peut-être que je me trompe avec avant
Imagine : si j‘étais une grenouille
cette année je mourrais »

« Vois-tu les oxyures ? les hussards ? les oxymores ?
Vois-tu les souris s’en aller penaudes
depuis la Vieille Ville vers le palais du Gouvernement ? »

« Je vois deux individus qui s’observent
Je vois le réveille-matin qui nous regarde à genoux
Je vois une fleur où il y avait du vent
Je vois un mort blessé
Je vois le pinceau des temps des temps
ton jeune blaireau
Je vois un bateau souple
Je te vois mais pas comme à travers
un cornet de glace »

« Et ensuite ? »
« Je vois une chose qui commence par RR »
« Quoi? »
« Rrien »

(« C’était seulement pour te dire que je suis là,
rien que pour te saluer »)

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Istruzioni per l’uso pratico della signorina Richmond

italien | Nanni Balestrini

Nettatela squamatela infilatele nel ventre
le erbe odorose fissatela allo spiedo
con un sottile filo metallico o con uno spago
umido grigliatela alla carbonella accesa

cospargetela con rosmarino e alloro
lasciatela riposare per un'ora così che
tutti gli aromi la penetrino poi scuoiatela
e pulitela tagliatela in grossi pezzi

infilzatela ben unta d'olio sullo spiedo
e praticatele qualche taglio sulla pelle
perché non abbia a screpolarsi fatela cuocere
a fuoco moderato spruzzandola di sale

tagliatela a dadini portatela a bollore
mescolando senza interruzione cuocetela
a fuoco scoperto molto dolce per 20 minuti
colatela attraverso un setaccio sottile

ponetela in una casseruola che la contenga
appena copritela con acqua fredda e portatela
lentamente a bollore toglietela dal fuoco
e lasciatela immersa nel liquido per 10 minuti

pulitela conditela con sale e pepe
immergetela nel latte passatela nella farina
fatela saltare nel burro e in olio
finché sia ben dorata da ambo le parti

ammollatela nel latte per 24 ore
immergetela infarinata nella padella
con l'olio che fuma friggetela
e sgocciolatela dorata e croccante

fondete il burro in una padella pesante
e fatevela saltare finché sia tenera fatela
dorare senza che prenda troppo colore se diventa
troppo asciutta aggiungete un po' di vino

spennellatela con burro sciolto e ponetela
sulla griglia riscaldata e unta
cuocetela per 7 minuti rivoltatela
spennellatela con altro burro e grigliatela

tagliatela a fette di un centimetro
abbondante di spessore pepatela e battetela
con un pestacarne di legno fatela rosolare
finché prenda colore sopra e sotto

allargatela sul tagliere e battetela
sino a ridurla dello spessore di 1 centimetro
arrotolatela e legatela con un filo grosso
fatela rosolare a fuoco vivo coprendola

cuocetela a fuoco dolce da 45 a 60 minuti
è pronta quando la carne si sfalda facilmente
con una forchetta aiutandovi con la garza
sollevatela con delicatezza slegatela e affettatela

con un grosso ago da calza o con le punte
di una forchetta punzecchiatela qua e là
poi portatela lentamente a bollore deve
rimanere morbida e avere la pelle intatta

pestatela con una mazza di legno
pulita spellata e privata della vescichetta
e degli occhi ponetela in una pentola capace
e fatela bollire per due ore coperta

strofinatela con un tovagliolo bagnato
legatela ponetela in una pentola capace
portatela a ebollizione scolatela sciacquatela
ripetete più volte l'ebollizione con cura

disossatela dalla testa alle spalle salatela
all'interno e ricucitela con cura dandole
ancora la sua forma legatele insieme
le gambe anteriori e quelle posteriori

sventratela spellatela rimuovendo con un
coltellino la pelle sul dorso cominciando
dalla coda e tirandola indietro di colpo
sul ventre la pelle non si toglie ma si raschia

tenetela a bagno per 12 ore in acqua
fredda spesso rinnovata poi fatela bollire
scolandola non appena è tenera poi
toglietele delicatamente la pelle

immergetela in acqua non troppo calda
dopo averle chiuso l'ano con un pezzetto
di sughero o altro fatela bollire 15 minuti
sgocciolatela spaccatela per il lungo

appogiatela voltata sul dorso sopra un
tagliere e tagliatela nel senso della lunghezza
con un pesante coltello spruzzatela
con un poco di burro fuso e servitela calda

ponetela sul tagliere fatele un'incisione
fra le gambe posteriori e l'ano
rovesciatele la pelle e tiratela verso l'alto
liberate le gambe davanti fino alla testa

toglietele la testa e le interiora
squamatela apritela lungo il ventre
mettete da parte le uova dall'aspetto corallino
e togliete la lisca lavatela asciugatela

passatela alla fiamma e raschiatela
bene con la lama di un coltello
per togliere i peli praticatele un taglio
nel ventre e toglietele le interiora

pulitela molto bene svuotatela anche
dei polmoni e ghiandole passatela alla fiamma
lavatela asciugatela infilatele nell'apertura
naturale le erbe aromatiche sale e pepe

cospargete le cavità interne con un poco
di sale e pepe fiammeggiatela con cognac
ponetela in forno dolce e fatela arrostire
per circa un'ora innaffiandola frequentemente

pulitela all'interno e all'esterno spalmatela
internamente con burro ammorbidito cucitela
avvolgetela in una sottile fetta di lardo
e arrostitela in forno dolce per circa 1 ora

pulitela e riempitela con la farcia
legatele le gambe cucitele l'apertura
ponetela nel forno con un poco di vino bianco
e burro servitela nel tegamino caldissimo

lasciatela marinare per 2 giorni
copritela con vino rosé e chiudete il recipiente
con carta oleata cuocete a forno basso finché
la carne sarà cotta ma consistente

adagiatela su un foglio di carta oleata
a forma di cuore praticatele tre tagli trasversali
cospargetela con brandy chiudete il cartoccio
mettetela in un tegame e infornate per circa 1 ora

sfornatela cospargetela di succo di limone
ponetele una piccola mela rossa in bocca
guarnitele le orecchie con rametti di prezzemolo
e adagiatela sopra un letto di crescione

© Nanni Balestrini
from: Tutto in una volta : 50 poesie per 50 anni
Spinea - Venezia: Edizioni del Leone, 2003
ISBN: 88-7314-068-8
Audio production: 2006, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

Instructions pour l’usage pratique de la demoiselle Richmond

français

Nettoyez-la écaillez-la enfilez-lui dans le ventre
les herbes odorantes embrochez-la
avec un mince fil métallique ou avec de la ficelle
humide grillez-la sur le charbon de bois

parsemez-la de romarin et de laurier
laissez-la reposer une heure de sorte que
tous les aromes la pénètrent puis écorchez-la
et nettoyez-la coupez-la en gros morceaux

bien ointe d’huile empalez-la dans une broche
et pratiquez-lui quelques entailles sur la peau
pour qu’elle ne craquèle pas faites-la cuire
à feu moyen tout en la saupoudrant de sel

coupez-la en petits dés amenez-la à ébullition
en brassant sans interruption cuisez-la
à feu très doux sans couvercle pendant 20 minutes
passez-la au tamis mais avec des mailles serrées

posez-la dans une casserole juste assez
grande recouvrez-la d’eau froide et amenez-la
lentement à ébullition retirez-la du feu
et laissez-la immergée dans le liquide pendant 10 minutes

nettoyez-la apprêtez-la avec sel et poivre
immergez-la dans le lait passez-la dans la farine
faites-la sauter au beurre et dans l’huile
jusqu’à ce qu’elle soit bien dorée des deux côtés

trempez-la dans le lait pendant 24 heures
immergez-la enfarinée dans la poêle
avec l’huile qui fume et faites-la frire
et égouttez-la dorée et croquante

faites fondre du beurre dans une lourde poêle
et faites-la sauter jusqu’à ce qu’elle soit tendre faites-la
dorer sans qu’elle ne prenne trop de couleur si elle devient
trop sèche ajoutez un peu de vin

badigeonnez-la avec du beurre fondu et déposez-la
sur le gril réchauffé et huilé
cuisez-la pendant 7 minutes retournez-la
badigeonnez-la avec d’autre beurre et grillez-la

coupez-la en tranches d’un bon centimètre
d’épaisseur poivrez-la et aplatissez-la
avec un attendrisseur à viande en bois faites-la rissoler
jusqu’à ce qu’elle prenne de la couleur dessus et dessous

étendez-la sur la planche et aplatissez-la
pour la réduire à une épaisseur de 1 centimètre
enroulez-la et attachez-la avec du gros fil
faites-la rissoler à feu vif en la recouvrant

cuisez-la à feu doux de 45 à 60 minutes
c’est prêt quand la viande se défait facilement
avec la fourchette en vous aidant avec de la gaze
soulevez-la délicatement détachez-la et tranchez-la

à l’aide d’une grande aiguille à tricoter ou avec les dents
d’une fourchette piquez-la ça et là
puis amenez-la lentement à ébullition elle doit
rester moelleuse et avoir la peau intacte

aplatissez-la avec un attendrisseur à viande en bois
nettoyée dépouillée et privée de vésicules
et des yeux posez-la dans une grande marmite
et faites-la bouillir pendant deux heures couvrir

frottez-la avec une serviette mouillée
attachez-la posez-la dans une grande marmite
amenez-la à ébullition égouttez-la rincez-la
répétez plusieurs fois l’ébullition avec soin

désossez-la de la tête aux épaules salez-la
à l’intérieur et recousez-la avec soin en lui redonnant
sa forme attachez ensemble
les jambes antérieures et celles postérieures

éventrez-la écorchez-la tout en remuant avec un
petit couteau la peau sur le dos en commençant
par la queue et la tirant de derrière d’un coup
la peau du ventre ne s’enlève pas mais se racle

faites-la tremper pendant 12 heures dans l’eau
froide souvent renouvelée puis faites-la bouillir
tout en l’égouttant sitôt qu’elle est tendre puis
enlevez-lui délicatement la peau

immergez-la dans de l’eau pas trop chaude
après lui avoir fermé l’anus avec un petit morceau
de liège ou autre faites-la bouillir 15 minutes
laissez égoutter fendez-la sur le long

appuyez-la retournée sur le dos sur une
planche et coupez-la dans le sens de la longueur
à l’aide d’un couteau massif aspergez-la
avec un peu de beurre fondu et servez-la chaude

posez-la sur la planche faites-lui une incision
entre les jambes postérieures et l’anus
retournez-lui la peau et tirez-la vers le haut
libérez les jambes antérieures jusqu’à la tête

enlevez-lui la tête et les intérieurs
écaillez-la ouvrez-la le long du ventre
mettez en retrait les œufs à l’aspect corallin
et enlevez l’arête centrale lavez-la essuyez-la

passez-la à la flamme et raclez-la
bien avec la lame d’un couteau
pour enlever les poils pratiquez une entaille
dans le ventre et enlevez-lui les intérieurs

nettoyez-la très bien videz-la aussi
de ses poumons et glandes passez-la à la flamme
lavez-la essuyez-la enfilez-lui dans l’ouverture
naturelle les herbes aromatiques sel et poivre

saupoudrez les cavités internes avec un peu
de sel et poivre faites flamber au cognac
mettez-la au four doux et faites-la rôtir
une heure environ tout en l’arrosant fréquemment

nettoyez-la à l’intérieur et à l’extérieur beurrez-la
intérieurement avec du beurre ramolli cuisez-la
enveloppez-la dans une mince tranche de lard
et rôtissez-la au four doux environ 1 heure

nettoyez-la et garnissez-la de farce
attachez-lui les jambes cousez-lui l’ouverture
mettez-la au four avec un peu de vin blanc
et du beurre servez-la dans un petit chaudron très chaud

laissez-la mariner pendant 2 jours
couvrez-la de vin rosé et fermez le récipient
avec du papier huilé cuisez au four doux jusqu’à
ce que la viande soit cuite mais consistante

étendez-la sur une feuille de papier huilé
en forme de cœur pratiquez trois entailles transversales
aspergez avec du brandy repliez le papier
mettez-la dans un chaudron et enfournez 1 heure environ

sortez-la du four aspergez-la de jus de citron
mettez-lui une petite pomme rouge en bouche
garnissez-lui les oreilles de brins de persil
et étendez-la sur un lit de cresson

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Io abito il mio cervello

italien | Valerio Magrelli

Io abito il mio cervello
come un tranquillo possidente le sue terre.
Per tutto il giorno il mio lavoro
è nel farle fruttare,
il mio frutto nel farle lavorare.
E prima di dormire
mi affaccio a guardarle
con il pudore dell’uomo
per la sua immagine.
Il mio cervello abita in me
come un tranquillo possidente le sue terre.

© Valerio Magrelli
from: Ora serrata retinae
Mailand: Feltrinelli, 1980

J’habite mon cerveau

français

J’habite mon cerveau
comme un calme propriétaire ses terres.
Tout le jour mon travail
c’est qu’elles fructifient,
mon fruit qu’elles travaillent.
Avant d’aller dormir
je me penche et les regarde
avec la pudeur de l’homme
envers sa propre image.
Mon cerveau m’habite
comme un calme propriétaire ses terres.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

In questo modo

italien | Nanni Balestrini

Questi sono i nodi, queste le cicatrici,
gli abiti che hai indossato, la stagione inattesa
sull'asfalto dove ancora vivremo, quella nuvola
che abbastanza somiglia alia teiera già

fredda, con la faccia di uno che sta male,
azzurro come il ristorante, la distanza,
sebbene siano le nove, i preparativi
pressochè ultimati, papaveri distillati,

credendo ai miei occhi, sporgendo dal tetto
sulle cime dei pini recisi, ma
inganni il titolo, garanzia ai passanti,
che quasi tutti se ne sono andati, si annidano

necessari e la barca che tu non trovi
mai, ma necessaria perché attraversiamo
quantunque noi non guardiamo e dove
vediamo se pure non c'è rimedio e passano

ancora incerti i luoghi dove
confini nettamente segnati ci rivelano...
Poi il cielo dovrà pur mutare. Come io potrei
cambiare di colpo argomento e pochi se ne

accorgerebbero, il tonfo che fruga ancora
sordo le ore del pomeriggio, e profondo
e i sassi che hai sotto la schiena o la fuga
di sostantivi corrosi dalle stravolte strutture -

comunque niente di nuovo, la pomice
sui gomiti, se non c'è posto che per uno di noi
e appena uscito di casa s'imbatte,
tu t'imbatti, se hai capito quanto ti aspetto

© Nanni Balestrini
from: Tutto in una volta : 50 poesie per 50 anni
Spinea - Venezia: Edizioni del Leone, 2003
ISBN: 88-7314-068-8
Audio production: 2006, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

De cette manière

français

Voici les nœuds, voilà les cicatrices,
les vêtements que tu as portés, la saison inattendue
sur l’asphalte où encore nous vivrons, ce nuage
qui ressemble assez à la théière déjà

froide, avec le visage de quelqu’un qui est malade,
bleu comme le restaurant, la distance,
bien qu’il soit neuf heures, les préparatifs
presque achevés, pavots distillés,

croyant en mes yeux, dépassant du toit
sur les cimes des pins coupés, mais
tu trahis le titre, garantie aux passants,
que presque tous sont partis, ils se cachent

nécessaires et la barque que tu ne trouves
jamais, mais nécessaire parce que nous traversons
quoique nous ne regardons pas et où
nous voyons si même il n’y a pas de remède et ils passent

encore incertains les lieux où
les limites nettement marquées nous révèlent…
Puis le ciel devra bien changer. Comme moi je pourrais
changer d’un coup de sujet et peu de gens s’en

apercevraient, le bruit qui fouille encore
sourd les heures de l’après-midi, et profond
et les cailloux que tu as sous le dos ou la fugue
de substantifs rongés par les structures bouleversées –

toutefois rien de nouveau, la pierre ponce
sur les coudes, s’il n’y a de place que pour un seul de nous
et à peine sorti de la maison il rencontre quelqu’un,
tu rencontres quelqu’un, si tu as compris combien je t’attends

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

In poco d’ora

italien | Giorgio Orelli

In quella parte dell'anno non più giovinetto
che tuttavia uno, se muore, muore d'inverno,
la ragazza che viaggia sul diretto
del San Gottardo, in diagonale
con me e di fronte all'anziana signora
che l'accompagna (parlano insieme tedesco)
è ticinese, torna a Zurigo per cura,
ed io penso: « Ahi, tant’è pallida
che morte è poco più. Certo ha i giorni contati
(mi ha detto che non va meglio), forse
questa compita signora è la moglie del medico... Spesso
così: quando uno, nel Ticino, dopo aver speso soldi e soldi, gli dicono
che non c'è più niente da fare,
va a Zurigo. O a Lourdes ».
                                             Poi, durante la sosta
in non so quale stazione, sentiamo improvvisa la pioggia
picchiare sul tetto del treno, ed io dico: « Laggiù nel Ticino
non piove da mesi, perciò mi rallegra quest'acqua »,
ed è allora che tutto si sposta come tra sole e pioggia
e ringavagno la speranza, ché la ragazza, venuta a sedersi
fra la signora e me, dice a un tratto che il male di cui soffre
non è poi tanto grave, si tratta soltanto
di una storia un po' lunga alla spina dorsale,
ed è contenta, pallida di un pallore consueto.

© Giorgio Orelli
from: Sinopie
Milano: Arnoldo Mondadori Editore, 1977
Audio production: H.Strunk / M.Mechner, literaturWERKstatt berlin, 2003

En peu de temps

français

En ce temps de l’année non plus très jeune
puisque quand on meurt, on meurt en hiver,
la fille qui voyage à bord du direct
du Saint-Gothard, de biais
avec moi et devant la vieille dame
qui l’accompagne (ensemble elles parlent allemand)
est tessinoise, elle rentre à Zurich pour se soigner,
et je pense : « Aïe ! elle est si pâle
presque autant que la mort. Pour sûr, ses jours sont comptés
(elle m’a dit que ça ne va pas mieux), peut-être
cette dame polie est-elle la femme du médecin… Souvent
il en est ainsi : quand, dans le Tessin, quelqu’un a dépensé
                                        [beaucoup d’argent et après on lui dit  
qu’il n’y a plus rien à faire,
il s’en va à Zurich. Ou à Lourdes ».
                                         Ensuite, à l’arrêt
de je ne sais plus quelle gare, nous entendons une pluie soudaine
battre sur le toit du train, et moi je dis : « Là-bas dans le Tessin
il ne pleut pas depuis des mois, voilà pourquoi cette eau me réjouit »,
et c’est alors que tout se déplace comme entre soleil et pluie
et je reprends espoir, car la fille, venue s’asseoir
entre moi et la dame, dit tout à coup que la maladie dont elle souffre
après tout n’est pas si grave, qu’il s’agit seulement
d’une histoire un peu plus longue à l’épine dorsale,
et elle est contente, pâle d’une pâleur normale.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Il fiume

italien | Remo Fasani

Il fiume... la mia infanzia n'era tutta
vinta. Veniva di lontano e andava
lontano. E mi affacciavo al suo mistero,
a quel suo mondo che mi rivelava
la vita accesa istante per istante.

Una bolla, e la seguo con il fiato
sospeso, vedo che si frange a un gorgo,
o ristà, prigioniera, dietro un sasso,
o si allontana e perde. Poi mi volto,
ne cerco e seguo un'altra, ancora un'altra.

Il fiume era le stagioni, l'anno.
In crescita e turbato da principio,
poi ricolmo, sospeso a cielo e nuvole,
poi fondo limpido a se stesso, agli altri,
infine vetro, anche senza gelo.

Ma più era le piene, le alluvioni.
Un giorno o due di furia... Poi la calma,
il ritorno alla norma e lo stupore
di non trovarla. Il fiume ora appariva
un altro, aveva dislocato tutto.

E qualche cosa andava dislocandosi,
ora, in chi lo guardava. E non soltanto
per lo sfacelo: per la trama tenera
su certe sabbie prima inesistenti.
La grazia ch'era al fondo della furia.

© Remo Fasani
from: Qui e ora
Lugano: Edizioni Pantarei, 1971
Audio production: H.Strunk / M.Mechner, literaturWERKstatt berlin, 2003

La rivière

français

La rivière… mon enfance en était toute
remplie. Elle venait de loin et allait
loin. Et je m’ouvrais à son mystère,
à son monde à elle qui me dévoilait
la vie allumée à chaque instant.

Une bulle, et je la suis en retenant
mon souffle, je la vois se briser contre un remous,
ou se retrouver prisonnière, derrière une roche,
ou s’éloigner et se perdre. Puis je me tourne,
j’en cherche et en poursuis une autre, une autre encore.

La rivière était les saisons, l’année.
Montante et troublée au début,
puis pleine, suspendue au ciel et aux nuages,
puis fond limpide à lui-même, aux autres,
enfin verre, même sans le gel.

Mais elle était surtout les crues, les déluges.
Un jour ou deux de fureur… Puis le calme,
le retour à la norme et la surprise
de ne plus la retrouver. La rivière paraissait maintenant
une autre, elle avait tout déplacé.

Et quelque chose allait se déplacer,
maintenant, en celui qui la regardait. Et non seulement
pour le ravage : pour la trame subtile
sur certains sables qui n’existaient pas auparavant.
La grâce qu’il y avait au fond de la fureur.

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Ho vomitato l’anima

italien | Claudio Pozzani

Ho vomitato l'anima
ieri
e adesso mi sento più leggero
posso nuotare
libero
senza zavorre di rimorsi e cattiverie
Ho vomitato l'anima
ieri
e ho sporcato il cesso
Non so cosa mi uscisse dal corpo
sembrava limatura di ferro
mischiata a cotone insanguinato
forse aveva segato le sbarre
per poter scappare
forse si era ferita
forse infettata
Ho vomitato l'anima
ieri
ma non è stato come me l'aspettavo
Pensavo che attendesse
le trombe del Giudizio Universale
la barca di Caronte
o almeno un rintocco di diafane campane
Niente
Non ce la faceva più a restarmi dentro
Scalciava
Urlava
Soffocava
e io mi forzavo
sopportavo
perché pensavo che fosse indispensabile
avere un'anima
e anche lei pensava
d'aver bisogno d'un corpo
E' strisciata via dalla mia bocca
la sua coda era lunga e spinosa
e si agitava guardandosi attorno
Ho vomitato l'anima
ieri
e chissà dov'è finita
sembrava fatta di mercurio
imprendibile
come quando ce l'avevo dentro
e mi rovesciavano come un guanto
restando attoniti
davanti alle mie pareti lisce
Ho vomitato l'anima
ieri
e oggi i Nullibisti di Henry Moore
mi vogliono già
come loro capolista
alle prossime elezioni
Appena sei vuoto
vieni scelto
per rappresentare gli altri
Un bidone che può contenere
più rifiuti possibili
Rifiuti di carta
Rifiuti di carne
Rifiuti nati per essere rifiuti
Rifiuti fatti per non essere rifiuti
Ho vomitato l'anima
ieri
e forse mi manca già
non so più con chi mentire
quando sono solo
quando sogno solo
Il letto a volte m'ingoia
mi accoglie sorridente
e poi si piega a metà
come una pizza mangiata con le mani
e io mi sento digerito
nei sogni
digerito bene quando non li ricordo
digerito male quando i miei occhi
al risveglio si spalancano di colpo
e mi sputano fuori
Ho vomitato l'anima
ieri
e forse se ne sta nascosta
nel sifone
sta arringando grumi di capelli
microbi & saponi
incrostature nere di chissà cosa
Cosa starà dicendo di me?
Se ne parlerà male
ogni mattina il lavabo
s'intaserà per sciopero
Eppure anche voi, Popoli degli Scarichi,
avevate fiducia del mento
che intravvedete dal buco
Non lasciatevi corrompere anche voi
come ho fatto io
ora lei è la vostra guida
come lo è stata per me
Vi farà diventare profumati, bianchi & puliti
Un Popolo dello Scarico senza identità
Voi abituati a guardare dal basso in alto
e a provarci gusto
Come quando io bambino alzavo lo sguardo
e vedevo le nuvole marzoline
impigliarsi nei baffi di mio padre
o la mano di mia madre
che pendeva come una liana
a cui appendermi sicuro
e voi, Popoli dello Scarico
non riuscivate ancora a vedermi
perché al piccolo lavabo
io non arrivavo ancora
neppure sopra una sedia
Ho vomitato l'anima
ieri
e fu forse rigurgito infantile
latte e biscotti al plasmon
scaldati dal mio giovane ventre
Avere un'anima al plasmon
Al napalm, al plancton, al clacson
Avere un'anima e vomitarla
e quel vomito animarlo
Non è colpa mia se anche stasera
sono costretto a inventarmi storie che nessuno mi racconta mai
e non è neanche questione
d'essere un eterno bambino,
perché gli altri non sono cresciuti
sono soltanto già morti
e al Cimitero sì, ci vado a giocare
ma la noia ben presto si trasforma in zanzare buie
Mangio bestie morte fatte a fette
Ho l'immagine di un moribondo sopra il mio letto
Ho studiato e amato le opere di uomini morti
Le cose morte mi hanno sempre nutrito corpo e anima
E il primo è dannatamente vivo ed instancabile
E la seconda addirittura è fuggita via
Ho vomitato l'anima
ieri
e chi se ne frega
al primo freddo rientrerà da sola
come un gatto scappato sui tetti
che rientra starnutente e arruffato
Forse si starà proprio azzuffando
con i gatti che in varie epoche mi sono stati accanto
e che per tutta la loro vita
amarono di me soprattutto le mani
quando si trasformavano in ciotole piene
o in spazzole ossute calde
Ho vomitato l'anima
ieri
ma tu mi sei rimasta dentro
eravate nella stessa cella
e lei se n'è andata senza dirti nulla
o sei voluta restare
ti manca poco per uscire regolarmente
perché scappare, dunque?
No, tu mi sei rimasta dentro
dentro come sempre
E' uscito di tutto dal mio corpo
Umori, bestemmie, sogni, raffreddori, denti da latte
Adesso anche l'anima
E'uscito di tutto, dicevo,
tranne te
e tranne me
Ho vomitato l'anima
ieri
sembrava un mazzo di rose sul pavimento
come uno di quelli che mi facevano arrossire al ristorante
perché non sapevo cosa dovevo fare
e ti avrebbe tenute le mani occupate tornando a casa
Quelle mani, ahimé soltanto due,
che avrei voluto sanguisughe da salasso su di me
dieci, venti soffici ventose tiepide sulla schiena
a togliere umidità, vuoto ed amarezza.
Ho vomitato l'anima,
ieri.

© Claudio Pozzani
from: Saudade e Spleen
Paris: Alchimies Poétiques, Éditions Lanore, 2001
ISBN: 2-85157-196-6
Audio production: 2006, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

J’ai vomi mon âme

français

J’ai vomi mon âme
hier
à présent je me sens plus léger
je peux nager
librement
sans le poids des remords ni méchancetés
J’ai vomi mon âme
hier
et j’ai sali mes chiottes
J’ignore ce qui m’est sorti du corps
on aurait dit de la limaille de fer
mêlée à du coton ensanglanté
peut-être avait-elle scié les barreaux
pour pouvoir s’enfuir
peut-être s’était-elle blessée
ou infectée
J’ai vomi mon âme
hier
mais ça ne s’est pas passé comme voulu
Je pensais qu’elle attendrait
les trompettes du Jugement Dernier
la barque de Charon
ou tout au plus un subtil son de cloche
Rien
Elle n’en pouvait plus de rester en moi
Donnait des coups de pieds
Hurlait
Suffoquait
et moi je m’y efforçais
supportais
car je pensais que d’avoir une âme
est indispensable
et elle aussi pensait
avoir besoin d’un corps
Elle est sortie par ma bouche
sa queue était longue et épineuse
elle s’agitait en regardant autour d’elle
J’ai vomi mon âme
hier
qui sait où elle est allée
on aurait dit du mercure
insaisissable
comme quand je l’avais à l’intérieur
et ils me retournaient comme un gant
demeurant stupéfaits
face à mes parois lisses
J’ai vomi mon âme
hier
et aujourd’hui les Nullibistes de Henry More
voudraient que je sois
leur tête de liste
aux prochaines élections
Aussitôt vide
et on te choisit
pour représenter les autres
Un bidon pouvant contenir
le plus de déchets possible
Déchets de papier
Déchets de viande
Déchets faits pour être déchets
Déchets faits pour n’être pas des rejets
J’ai vomi mon âme
hier
et peut-être me manque-t-elle déjà
je ne sais plus avec qui mentir
quand je suis seul
quand je rêve seul
Mon lit parfois m’avale
m’accueille en souriant
et ensuite il se plie en deux
telle une pizza mangée avec les mains
et moi je me sens digéré
dans les rêves
bien digéré quand je ne m’en souviens plus
mal digéré quand au réveil
j’ouvre grands les yeux d’un coup
et qu’ils me recrachent
J’ai vomi mon âme
hier
et peut-être est-elle restée cachée
dans le siphon
en haranguant noeuds de cheveux
microbes & savons
incrustations noires de qui sait quoi
Que sera-t-elle en train de dire de moi?
Si elle en dit du mal
chaque matin le lavabo
se bouchera et fera la grève
Et vous aussi, Peuples des Ordures,
vous êtes fiés au menton
entrevu par le trou
Ne vous laissez pas corrompre vous aussi
comme je l’ai fait moi-même
désormais elle est votre guide
comme elle l’a été pour moi
Vous serez grâce à elle parfumés, blancs & propres
Un Peuple de la Décharge sans identité
Vous, habitués à regarder de bas en haut
et à y prendre goût
Comme lorsqu’enfant je levais les yeux
et voyais les nuages de mars
s’emmêler dans les moustaches de mon père
ou la main de ma mère
qui pendait comme une liane
où me suspendre en toute sécurité
et vous, Peuples de la Décharge
vous ne parveniez pas encore à me voir
car le petit lavabo
je ne l’atteignais pas encore
même debout sur une chaise
J’ai vomi mon âme
hier
et c’était peut-être un rot d’enfant
lait et biscuits au plasmon
réchauffés par mon jeune ventre
Avoir une âme au plasmon
Au napalm, au plancton, au klaxon
Avoir une âme et la vomir
et ce vomi l’animer
Ce n’est pas ma faute si ce soir aussi
je suis obligé de m’inventer des histoires
que personne ne me raconte jamais
et ce n’est pas une question
d’être un éternel enfant,
parce que les autres n’ont pas grandi
ils sont seulement déjà morts
et oui, au Cimetière j’y vais jouer
mais l’ennui bien vite se transforme en moustiques sombres
Je mange des bêtes mortes coupées en tranches
J’ai l’image du moribond au-dessus de mon lit
J’ai étudié et aimé les œuvres d’hommes morts
Des choses mortes je me suis toujours nourri corps et âme
Le premier est sacrément vivant et infatigable
La seconde s’est tout simplement enfuie
J’ai vomi mon âme
hier
et tout le monde s’en fout
aux premiers froids elle rentrera d’elle-même
comme un chat qui s’est sauvé sur les toits
et qui tout ébouriffé revient en éternuant  
Peut-être justement qu’elle se chamaille
avec les chats qui en diverses époques m’ont accompagné
et qui durant toute leur vie
ont aimé mes mains surtout
lorsqu’elles se changeaient en bols pleins
ou en chaudes brosses osseuses
J’ai vomi mon âme
hier
mais toi tu es demeurée à l’intérieur de moi
vous étiez dans la même cellule
et elle s’en est allée sans rien te dire
ou c’est toi qui a voulu rester
il n’en faut pas beaucoup plus pour que tu sortes régulièrement
pourquoi donc t’échapper?
Non, tu es restée à l’intérieur de moi
à l’intérieur comme toujours
Tout est sorti d’un coup de mon corps
Humeurs, blasphèmes, rêves, rhumes, dents de lait
Maintenant même l’âme
Tout est sorti d’un coup, je disais,
sauf toi
et sauf moi
J’ai vomi mon âme
hier
on aurait dit un bouquet de roses sur le plancher
comme un de ceux qui me faisaient rougir au restaurant
parce que je ne savais pas ce que je devais faire
et il aurait gardé tes mains occupées au retour à la maison
Ces mains, hélas, seulement deux,
que je souhaiterais être sur moi des sangsues
dix, vingt douces et tièdes ventouses sur mon dos
pour en absorber l’humidité, le vide et l’amertume.
J’ai vomi mon âme,
hier.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

GUARDANDO LA LUNA

italien | Vivian Lamarque

Oh essere anche noi la luna di qualcuno!
Noi che guardiamo, essere guardati
luccicare. Sembrare – da lontano –
la candida luna che non siamo.

from: Poesie 1972 - 2002
Milano: Arnoldo Mondadori Editore, 2002
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2008

TOUT EN REGARDANT LA LUNE

français

Oh! être nous aussi la lune de quelqu'un!
Nous qui regardons, nous que l’on regarde
briller. Ressembler – de loin –
à la lune candide que nous ne sommes pas.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Genova, Saudade & Spleen

italien | Claudio Pozzani

Genova nemica degli ombrelli
la pioggia ed il vento cateti
di un improbabile scaleno
Genova pianta carnivora
con le scalinate-fauci
golose di mamme con la spesa
Genova dalle spore di mare
Abbiamo salsedine anche nel cuore
abbiamo salite e discese
anche nelle strade dei nostri sogni
Genova samba di onde
col mare tenuto lontano coi gomiti di diga
o attirato da calamite rocciose
Genova coi pendoli in cucina
che battono ore
di velluto a coste larghe
Genova ronzìo di mosche
che sfuggono ai pugni sulla tovaglia
ai cerchi di vino e alle briciole stanche
Genova saudade e spleen...
Guardo la torre
che nessuno visita e conosce
fra una lacrima e l'altra
della mia finestra salata.

© Claudio Pozzani
from: Saudade e Spleen
Paris: Alchimies Poétiques, Éditions Lanore, 2001
ISBN: 2-85157-196-6
Audio production: 2006, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

Gênes, Saudade & Spleen

français

Gênes ennemie des parapluies
la pluie et le vent côtés
d’un improbable triangle scalène
Gênes plante carnivore
avec ses escaliers-gueules
gourmandes de mères avec les provisions
Gênes aux spores de mer
Nous avons du sel jusque dans le cœur
Nous avons des montées et des descentes
jusque dans les routes de nos songes
Gênes samba d’ondes
avec la mer gardée à distance par les coudes des digues
ou attirée par des aimants rocheux
Gênes avec des pendules à la cuisine
qui marquent les heures
de velours aux larges côtes
Gênes bourdonnement de mouches
qui s’enfuient des poings sur la nappe
des cernes de vin et des miettes fatiguées
Gênes saudade et spleen…
Je regarde la tour
que personne ne visite ni ne connaît
entre une larme et l’autre
de ma fenêtre salée.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Frammento della martora

italien | Giorgio Orelli


A quest'ora la martora chi sa
dove fugge con la sua gola d'arancia.
Tra i lampi forse s'arrampica, sta
col muso aguzzo in giú sul pino e spia,
mentre riscoppia la fucileria.

© Giorgio Orelli
from: L’ora del tempo
Milano: Arnoldo Mondadori Editore, 1962
Audio production: H.Strunk / M.Mechner, literaturWERKstatt berlin, 2003

Fragment de la martre

français


À cette heure la martre qui sait
où elle s’enfuit avec sa gorge d’orange.
Parmi les éclairs peut-être elle grimpe,
son museau pointu vers le bas dans le pin elle espionne,
tandis qu’éclate la fusillade.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

FIORIREMO

italien | Vivian Lamarque

Fioriremo fioriremo
nella gentile terra fioriremo tutti
tutte, ogni mattina, io spero
alle sette, di fiorire
pratolina.

from: Poesie 1972 - 2002
Milano: Arnoldo Mondadori Editore, 2002
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2008

NOUS FLEURIRONS

français

Nous fleurirons nous fleurirons
dans la douce terre nous fleurirons tous
toutes, chaque matin, j’espère
à sept heures, fleurir
en pâquerette.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Finistere

italien | Nanni Balestrini

cosa formano le mani
abbiamo fatto tutto quello
che abbiamo
mescolati i diversi
con le dita segnando
la superficie
segni senza
segnali
da quella parte
passano uccelli
nuovi
senza fine
nel vento e
cancella

© Nanni Balestrini
from: Tutto in una volta : 50 poesie per 50 anni
Spinea - Venezia: Edizioni del Leone , 2003
ISBN: 88-7314-068-8
Audio production: 2006, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

Finistère

français

que forment les mains
nous avons fait tout cela
que nous avons
mélangés les divers
avec les doigts marquant
la superficie
signes sans
signaux
de ce côté-là
passent des oiseaux
nouveaux
sans fin
dans le vent et
annule

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Elletra (1998-2003)

italien | Nanni Balestrini

qui parla Elettra
ondeggianti carne e sangue
Elettra le sue voci
che tingono di rosso
le sue voci ondeggianti
il mare e scrivono
carne e sangue che tingono
la storia colpiscono
di rosso il mare
cuore stomaco cervello
e scrivono la storia
la seduzione dolcemente
colpiscono cuore stomaco
inconsapevole di chi vive
cervello la seduzione
in uno strano presente
dolcemente inconsapevole
senza farsi apparentemente
di chi vive in uno strano
troppe domande anche se poi
presente senza farsi
il suo rapporto con la vita
apparentemente troppe domande
sembra particolare continuo
anche se poi il suo rapporto
ma non definitivo un modo
con la vita sembra particolare
forse estremo di convivere
continuo ma non definitivo
con la sua fragilità con quell'irrequietezza
un modo forse estremo
disordinata che è il suo fascino
di convivere con la sua fragilità
è tutte queste cose insieme
con quell'irrequietezza disordinata
a tante altre è una bella
che è il suo fascino è tutte queste cose
partita emozionale
insieme a tante altre
fatta di piccoli e profondi
è una bella partita
slittamenti del sentimento
emozionale fatta di piccoli
che i corpi li fa danzare
e profondi slittamenti
li riempie di tic
del sentimento che i corpi
nevrosi tenerezza
li fa danzare li riempie
che i corpi li scopre
di tic nevrosi
come sono fatti che non sanno
tenerezza che i corpi
come non perdere il desiderio
li scopre come sono fatti
lasciandoli muovere respirare
che non sanno come non perdere
soprattutto nelle loro diversità
il desiderio lasciandoli muovere
per molti irresponsabile che è il tentativo
respirare soprattutto
di fare i conti tra un quotidiano
nelle loro diversità per molti irresponsabile
e quei sogni di libertà
che è il tentativo di fare i conti
di vivere a tutto campo
tra un quotidiano e quei sogni
anche facendosi del male
di libertà di vivere
carne e sangue affrontando
a tutto campo anche facendosi
anche la dimensione sconosciuta
del male carne e sangue
della malattia la paura
affrontando anche la dimensione
della morte senza giudicare
sconosciuta della malattia
un gioco intenso di metafore
la paura della morte
tessute come la trama
senza giudicare un gioco intenso
incessante di un tappeto
di metafore tessute
una memoria allargata
come la trama incessante
i colori sgargianti
di un tappeto una memoria
una storia per immagini
allargata i colori
il piano narrativo sfuma
sgargianti una storia
gioca sull'ambiguo
per immagini in cui il piano narrativo
e mai sulla certezza sul fascino
sfuma gioca
della moltiplicazione sulla sfida
sull'ambiguo e mai sulla certezza
di catturare l'infinito
sul fascino della moltiplicazione
riflesso di specchi
sulla sfida di catturare
che è l'esistenza su questo intreccio
l'infinito riflesso
potente di sogno
di specchi che è l'esistenza
dilatato e l'occhio
su questo intreccio potente
dilatato sul presente
di sogno dilatato
acuto osservatore
e l'occhio dilatato
di una realtà in cui riesce
sul presente acuto
a catturare gli strati
osservatore di una realtà
sovrapposti sotto il sole
in cui riesce a catturare
del supplizio qui parla
gli strati sovrapposti
qui parla Elettra
sotto il sole del supplizio

© Nanni Balestrini
from: Tutto in una volta : 50 poesie per 50 anni
Spinea - Venezia: Edizioni del Leone, 2003
ISBN: 88-7314-068-8
Audio production: 2006, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

Électre (1998-2003)

français

Chœur premier

ici parle Électre
chair et sang ondoyants
Électre ses voix
qui teignent de rouge
ses voix ondoyantes
la mer et ils écrivent
chair et sang qui teignent
l’histoire touchent
de rouge la mer
cœur estomac cerveau
et ils écrivent l’histoire
la séduction doucement
touchent cœur estomac
inconscient de qui vit
cerveau la séduction
dans un étrange présent
doucement inconsciente
sans se poser apparemment
de qui vit dans un étrange
trop de questions même si après
présent sans se poser
son rapport à la vie
apparemment trop de questions
semble particulier continu
même si après son rapport
mais non définitif une manière
à la vie semble particulier
peut-être extrême de cohabiter
continu mais non définitif
avec sa fragilité avec cette inquiétude
une manière peut-être extrême
désordonnée qui est son charme
de cohabiter avec sa fragilité
ce sont toutes ces choses réunies
avec cette inquiétude désordonnée
pour tant d’autres c’est une belle
qui est son charme ce sont toutes ces choses
partie émotionnelle
réunies à tant d’autres
faite de petits et profonds
c’est une belle partie
glissements du sentiment
émotionnelle faite de petits
que les corps les fait danser
et profonds glissements
les remplit de tics
du sentiment que les corps
névrose tendresse
les fait danser les remplit
que les corps les découvre
de tics névrose
comme ils sont faits qu’ils ignorent
tendresse que les corps
comme ne pas perdre le désir
les découvre comme ils sont faits
en les laissant bouger respirer
qu’ils ignorent comment ne pas perdre
surtout dans leur diversité
le désir en les laissant bouger
pour plusieurs irresponsable qui est la tentative
respirer surtout
de régler ses comptes entre un quotidien
dans leurs différences pour plusieurs irresponsable
et ces rêves de liberté
qui est la tentative de régler ses comptes
de vivre à fond
entre un quotidien et ces rêves
même en se faisant du mal
de liberté de vivre
chair et sang affrontant
à fond même se faisant
même la dimension inconnue
du mal chair et sang
de la maladie la peur
affrontant aussi la dimension
de la mort sans juger
inconnue de la maladie
un jeu intense de métaphores
la peur de la mort
tissées comme la trame
sans juger un jeu intense
incessant d’un tapis
de métaphores tissées
une mémoire élargie
comme la trame incessante
les couleurs criardes
d’un tapis une mémoire
une histoire par images
élargie les couleurs
le plan narratif s’estompe
criardes une histoire
joue sur l’ambigu
par images dont le plan narratif
et jamais sur la certitude sur le charme
s’estompe joue
de la multiplication sur le défi
sur l’ambigu et jamais sur la certitude
de capturer l’infini
sur le charme de la multiplication
reflet de miroirs
sur le défi de capturer
qui est l’existence sur cet enchevêtrement
l’infini reflet
puissant de rêve
de miroir qui est l’existence
dilaté et l’œil
sur cet enchevêtrement puissant
dilaté sur le présent
de rêve dilaté
observateur pointu
et l’œil dilaté
d’une réalité où il réussit
sur le présent pointu
à capturer les strates
observateur d’une réalité
superposés sous le soleil
où il réussit à capturer
du supplice ici parle
les strates superposées
ici parle Électre
sous le soleil du supplice

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Eco del monte

italien | Remo Fasani

Appari! grido, Appari! alla montagna,
che senza fine lungo i giorni e il tempo
da me volge lo sguardo e resta sola.
Appari! la montagna mi risponde...
E questa voce non è ancora spenta
che già torna invincibile il silenzio
e l'orma antica pasce sulle rocce.


Note:
Versi suggeriti da un passo di Meister Eckhart:
"E' come se, ritto di fronte a un'alta montagna, uno gridasse
'Sei là?'. L'eco gli risponde 'Sei là?'. Se grida 'Appari!',
l'eco risponde 'Appari!'".

© Remo Fasani
from: Un altro segno: 1959-64
Milano: All'insegna del pesco d'oro, 1965
Audio production: H.Strunk / M.Mechner, literaturWERKstatt berlin, 2003

Écho de la montagne

français

Apparais! crié-je, Apparais! à la montagne,
qui sans fin au fil des jours et du temps
détourne de moi son regard et reste seule.
Apparais! la montagne me répond…
Et cette voix n’est pas encore éteinte
que déjà revient invincible le silence
et l’ancienne trace paît sur les rochers.


N.d.A. Ces vers ont été suggérés par un passage de Meister Eckhart :
« C’est comme si, débout devant une haute montagne, quelqu’un criait
"Es-tu là ?". L’écho lui répond : "Es-tu là ?". S’il crie "Apparais!",
l’écho lui répond "Apparais!"».

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Condom&Poetry n.4

italien | Lello Voce

E' vero: faccio cybersesso e allora m'abbandono
divento uomo, donna, cavallo o vibro-ermafrodita
e prendo e ficco e transgenero e intanto mi condono
la scelta fissa e delego al tasto che tocco con le dita

di scagliare il bit eretto e duro che già la sodomizza
con lei (via schermo) che digita la natica e m'aizza
(ma sulle dita ho messo condom dieci e di colore oscuro
                    non corro rischi: io faccio sesso solo se è sicuro

© Lello Voce
from: Farfalle da Combattimento
Milano: Bompiani editore, 1999

Condom & Poetry no 4

français

C’est vrai : je fais du cybersexe et c’est ainsi que je m’abandonne
je deviens homme, femme, cheval ou vibro-hermaphrodite
et je prends et je mets et je transgénère et entre-temps je me soustrais
à l’option fixe et je délègue au clavier que je touche des doigts

de jeter le bit en érection et dur qui déjà la sodomise
avec elle (à l’écran) qui compose la fesse et m’excite
(mais sur mes doigts j’ai glissé un condom no dix et de couleur foncée
                                                          je ne cours aucun risque : je ne fais
                                                                   du sexe que s’il est sécuritaire

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Cerco una posa della scrittura

italien | Valerio Magrelli

Cerco una posa della scrittura,
la luce e l’ora in cui ritrarla
e nel disegno descriverne le linee,
il suo diagramma e il grado,
la madre matematica.
Arrivare al verso estremo
senza doverlo dire,
come quei giocatori che gettano
le carte dell’ultima mano
chiudendo la partita senza un termine.

© Valerio Magrelli
from: Ora serrata retinae
Mailand: Feltrinelli, 1980

Je cherche une posture de l’écriture

français

Je cherche une posture de l’écriture,
la lumière et le moment où la portraiturer
et dans le dessin en décrire les lignes,
son diagramme et le degré,
la mère mathématique.
Parvenir au vers extrême
sans devoir le dire,
comme ces joueurs qui jettent
leur carte sans attendre la fin
arrêtant la partie avant son terme.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

CARA TERRA

italien | Vivian Lamarque

Cara terra, nostra futura
copertina gentile, non in tinta
unita, a fiori e foglie i ricami
preziosi con i quali ci dirai per sempre
buonanotte.

from: Poesie 1972 - 2002
Milano: Arnoldo Mondadori Editore, 2002
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2008

CHÈRE TERRE

français

Chère terre, notre future
et douce petite couverture, non à teinte
unie, à fleurs et à feuilles les broderies
fines avec lesquelles tu nous diras
bonne nuit pour toujours.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Blackout 6-12

italien | Nanni Balestrini

6.

un addio con il rock

la foto di un cuore di carta un cuore fatto con un
manifesto per concerto appallottolato

sarebbe ora di mettersi il cuore in pace

con grande dispiacere di molti siamo di nuovo all'anno zero  

guardiamo indietro agli scorsi dieci anni e troveremo
facilmente la ragione di questo stupore

la sua coerenza rivoluzionaria di cui ci si vorrebbe
sbarazzare per sognare in pace

la prova sta in questo stupore

perché ha segnato l'inizio dì un'epoca e continuerà ritornare

anno zero perché come nel 1968 ogni precedente egemonia
culturale sulle nuove generazioni deve riconoscere
la propria debolezza

lo spiacevole 1968 non finirà più

mostrando contemporaneamente la fine di ogni pretesa
di egemonia culturale sui giovani

il pubblico si è mostrato in forma diversa e è divenuto
una cosa diversa


7.

come un incubo di questa cultura e di questa società

la sua coerenza rivoluzionaria di cui ci si vorrebbe sbarazzare
per sognare in pace

la fine della cattiva letteratura del riflusso che era essa
stessa una pretesa egemonia

il pubblico si è mostrato in forma diversa e è divenuto
una cosa diversa

la prova sta proprio nella vastità delle reazioni che i
mass-media si sono trovati a registrare

l'Arena è bastata a interrompere questo cattivo sogno

che vorrebbe continuare a vendere i propri prodotti
che nessuno vuole più

con grande dispiacere di molti siamo di nuovo all'anno zero

tutti i giorni nelle fabbriche italiane succede molto di più

lo spiacevole 1968 non finirà più

sono animali nuovi che in Fiat si portano dietro il loro
passato la loro vita privata la loro insofferenza per tutte
le autorità

la Fiat teme il loro odio per la fabbrica


8.

il potere da una parte i giovani dall'altra

lo spiacevole 1968 non finirà più

ci hanno provato tutti a recuperare i giovani

l'Arena è bastata a interrompere questo cattivo sogno

tutto ciò che nel 1968 era ancora latente o indeterminato
si è ora radicalizzato

la sua coerenza rivoluzionaria di cui ci si vorrebbe
sbarazzare per sognare in pace

per i nuovi operai la fabbrica è di Agnelli dicono a me
serve per farci i soldi e tirare a campare

non fanno che pensare al giorno in cui lasceranno la Fiat per

per tutti il lavoro che si compie quotidianamente è
noioso e nocivo

la Fiat teme il loro odio per la fabbrica

e cioè la musica lo stero il viaggiare il leggere l'andare
al cinema

i capi Fiat non hanno mai visto gli operai ridere e gli
viene una rabbia della madonna


9.

il sogno del riflusso era questo sogno della falsa coscienza

l'Arena è bastata a interrompere questo cattivo sogno

altri si fanno uno spinello e ridono come pazzi

i capi Fiat non hanno mai visto gli operai ridere e gli
viene una rabbia della madonna

le femministe poi sghignazzano tutte le volte che qualche
maschio dà ordini

è l'universo dei valori d'uso che si scontra con la
fabbrica e la produzione

soprattutto i capireparto sentono sulla pelle il loro disprezzo

la Fiat teme il loro odio per la fabbrica

ci sono i gay fanno boccacce scrivono sui muri viva Renato Zero

nel 1979 si è esaurita anche la speranza della fabbrica
come luogo in cui si lotta per il potere

studiare viaggiare suonare fare gli artigiani o andare in India

non fanno che pensare al giorno in cui lasceranno la Fiat per


10.

questi giovani arrivano da un altro pianeta ha commentato

è l'universo dei valori d'uso che si scontra con la
fabbrica e la produzione

e si convincono che non ci sia nessuno strumento
possibile per modificare il loro privato

non fanno che pensare al giorno in cui lasceranno Fiat per

per lavorare ma appena suona la sirena scappano come
lepri se possono si mettono in mutua

nella città disgregata dall'immigrazione resa inumana
dai quartieri ghetto dove la qualità della vita è drammatica

il salario è insufficiente perché l'unica comparazione
possibile sono i bisogni che emergono

i capi Fiat non hanno mai visto gli operai ridere e gli
viene una rabbia della madonna

non si affezionano al posto come ai tempi del miracolo economico

nel 1979 si è esaurita anche la speranza della fabbrica
come luogo in cui si lotta per il potere


11.

i giovani escono dalla fabbrica e entrano nello spettacolo

nel 1979 si è esaurita anche la speranza della fabbrica
come luogo in cui si lotta per il potere

infatti nel 1969 è finito spazzato via dall'operaio massa
il mito della grande azienda a cui il dipendente doveva
tutto e a cui era legato con la professionalità il lavoro
la morale

nella città disgregata dall'immigrazione resa inumana
dai quartieri ghetto dove la qualità della vita è drammatica

il salario non è più misura come per la generazione precedente
della sproporzione fra le prestazioni effettuate
e quanto percepito

è l'universo dei valori d'uso che si scontra con la
fabbrica e la produzione


12.

nella fabbrica non c'è speranza

nella città disgregata dall'immigrazione resa inumana
dai quartieri ghetto dove la qualità della vita è drammatica

© Nanni Balestrini
from: La violenza illustrata seguita da Blackout
Roma: Derive Approdi srl, 2001
ISBN: 88-87423-37-3
Audio production: 2006, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

Blackout 6-12

français

6.

un adieu avec du rock

la photo d’un cœur en papier un cœur fait avec une
affiche de spectacle roulée en boule

il serait temps d’avoir le cœur en paix

au grand déplaisir de plusieurs nous sommes de nouveau à l’an zéro

regardons les dix dernières années et nous trouverons
facilement la raison de cette stupeur

sa cohérence révolutionnaire dont on voudrait
se débarrasser pour rêver en paix

la preuve réside dans cette stupeur

parce qu’elle a marqué le début d’une époque et reviendra continuellement

l’an zéro parce que comme en 1968 chaque précédente hégémonie
culturelle sur les nouvelles générations doit reconnaître
sa faiblesse

le déplaisant 1968 ne finira plus

en montrant simultanément la fin de chaque prétention
d’hégémonie culturelle sur les jeunes

le public s’est montré sous une forme différente et est devenu
une chose différente

7.

tel un cauchemar de cette culture et de cette société

sa cohérence révolutionnaire dont on voudrait se débarrasser
pour rêver en paix

la fin de la mauvaise littérature du reflux qu’elle était elle
même une prétendue hégémonie  

le public s’est montré sous une forme différente et est devenu
une chose différente

la preuve réside exactement dans l’amplitude des réactions que les
mass-média se sont retrouvés à enregistrer

a suffit l’Arena pour interrompre ce mauvais rêve

qui voudrait continuer à vendre ses produits
que personne ne veut plus

au grand déplaisir de plusieurs nous sommes de nouveau à l’an zéro

tous les jours dans les usines italiennes il s’en passe beaucoup plus

le déplaisant 1968 ne finira plus

ce sont des animaux nouveaux chez Fiat ils traînent leur
passé leur vie privée leur intolérance pour toutes
les autorités

Fiat craint leur haine pour l’usine

8.

le pouvoir d’un côté les jeunes de l’autre

le déplaisant 1968 ne finira plus

ils s’y sont tous essayés à récupérer les jeunes

a suffit l’Arena pour interrompre ce mauvais rêve

tout ce qui en 1968 était encore latent ou indéterminé
s’est maintenant radicalisé

sa cohérence révolutionnaire dont on voudrait
se débarrasser pour rêver en paix

pour les nouveaux ouvriers l’usine appartient à Agnelli me disent-ils
elle permet de gagner de l’argent et de se laisser vivre

ils ne font que penser au jour où ils quitteront Fiat pour

pour chacun le travail qui s’accomplit quotidiennement est
ennuyeux et nocif

Fiat craint leur haine pour l’usine

c’est-à-dire la musique le stéréo voyager lire aller
au cinéma

les patrons de Fiat n’ont jamais vu rire les ouvriers et cela
les enrage au plus haut point

9.

le rêve du reflux était ce rêve de la fausse conscience

a suffit l’Arena pour interrompre ce mauvais rêve

d’autres fument un joint et rient comme des fous

les patrons de Fiat n’ont jamais vu rire les ouvriers et cela
les enrage au plus haut point

les féministes ensuite ricanent toutes les fois qu’un quelconque
mâle donne des ordres

c’est l’univers des valeurs d’usage qui s’affronte
avec l’usine et la production

les chefs d’équipe surtout ressentent leur mépris

Fiat craint leur haine pour l’usine

il y a les gays ils font des grimaces écrivent sur les murs vive Renato Zero

en 1979 s’est évanoui aussi l’espoir de l’usine
comme lieu où on lutte pour le pouvoir

étudier voyager faire de la musique de l’artisanat ou aller en Inde

ils ne font que penser au jour où ils quitteront Fiat pour

10.

ces jeunes viennent d’une autre planète a-t-il commenté

c’est l’univers des valeurs d’usage qui s’affronte
avec l’usine et la production

et ils se convainquent qu’il n’existe aucun instrument
possible pour modifier leur vie privée

ils ne font que penser au jour où ils quitteront Fiat pour

pour travailler mais à peine sonne la sirène ils s’enfuient comme
des lièvres s’ils le peuvent ils prennent des congés de maladie

dans la ville désagrégée par l’immigration rendue inhumaine
par les quartiers ghetto où la qualité de vie est dramatique

le salaire est insuffisant parce que l’unique comparaison
possible sont les besoins qui émergent

les patrons de Fiat n’ont jamais vu rire les ouvriers et cela
les enrage au plus haut point

ils ne s’attachent pas à leur emploi comme au temps du miracle économique

en 1979 s’est évanoui aussi l’espoir de l’usine
comme lieu où on lutte pour le pouvoir

11.

les jeunes sortent de l’usine et entrent dans le spectacle

en 1979 s’est évanoui aussi l’espoir de l’usine
comme lieu où on lutte pour le pouvoir

en effet en 1969 a été balayé par la masse ouvrière
le mythe de la grande entreprise à laquelle l’employé devait
tout et à laquelle il était lié avec le professionnalisme le travail
la morale

dans la ville désagrégée par l’immigration rendue inhumaine
par les quartiers ghetto où la qualité de vie est dramatique

le salaire n’est plus une mesure comme pour la génération précédente
de la disproportion entre les prestations effectuées
et ce qui est gagné

c’est l’univers des valeurs d’usage qui s’affronte
avec l’usine et la production

12.

dans l’usine il n’y a pas d’espoir

dans la ville désagrégée par l’immigration rendue inhumaine
par les quartiers ghetto où la qualité de vie est dramatique

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Ascoltando una relazione in tedesco

italien | Giorgio Orelli

I

Nicht nur come sei come siamo per giorni
e giorni e fredda pioggia straziamagnolie
e il treno che sommuove da Lucerna
a Berna nel vivo la vacca
con acerbe lucertole in gita scolastica
sondern auch nell'istante che si torna a guardare
non corvi l'uno di fronte all'altro
come in attesa del padrino
ma fermo quasi un piede sul bianco pallone
un ragazzo attizzato per la notturna partita
fresco smeraldo in l'ora che si fiacca

© Giorgio Orelli
from: Spiracoli
Milano: Arnoldo Mondadori Editore, 1989
Audio production: H.Strunk / M.Mechner, literaturWERKstatt berlin, 2003

En assistant à une conférence en allemand

français

I

Nicht nur comme tu es comme nous sommes des jours
et des jours durant et une pluie froide écorchemagnolias
et le train de Lucerne
à Berne qui secoue la vache dans le vif
avec des lézards acerbes en excursion scolaire
sondern auch au moment où l’on regarde à nouveau
non des corbeaux l’un devant l’autre
comme dans l’attente du parrain
mais presque arrêté le pied sur le ballon blanc
un garçon excité à cause de la partie nocturne
frais émeraude dans l’heure qui se rompt.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Annunci immobiliari

italien | Valerio Magrelli

Affittasi villino sopra la ferrovia
con tavernetta adiacente
il capolinea dei bus
e salotto limitrofo al metrò.
Povere case abitate dal rumore
dove famiglie piccole e isolate
si stringono - uccelletti sopra i cavi
dell'alta tensione. L'alta
tensione del censo
e delle classi, l'alta
tensione del denaro,
quella scossa invisibile
che divide le vacche
nei campi, e voi da noi.
Non toccare la corrente che ti scivola accanto,
lasciala sospirare mentre romba
via sui tralicci
nel suo cupreo fiume
intrecciato.

© Valerio Magrelli
from: Didascalie per la lettura di un giornale
Turin: Einaudi, 1999

Annonces immobilières

français

À louer petite villa au-dessus de la voie ferrée
avec minibar adjacent
terminus des bus
et salon limitrophe au métro.
Pauvres maisons habitées par le bruit
où petites familles isolées
se serrent – oisillons sur les câbles
de la haute tension. La haute
tension du patrimoine
et des classes, la haute
tension de l’argent,
cette invisible secousse
qui sépare les vaches
dans les champs, et vous de nous.
Ne touche pas au courant qui glisse tout près,
laisse-le soupirer tandis qu’il gronde
sur les pylônes
dans son fleuve de cuivre
entortillé.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

AMORE

italien | Paolo Ruffilli

Così, di colpo
mi colgo sullo specchio
stretto nell'abbraccio
mentre mi proietto
oltre me stesso:
contratto desiderio
e strazio di un soggetto
che mima la fusione. Ma
annulla la finzione e il sogno
di unione più totale
proprio l'oggetto
duro che, intanto,
sale su nel mezzo
di noi due
e che si oppone
corpo estraneo
alla sua stessa affermazione.

AMOUR

français

Ainsi, tout à coup
je me surprends au miroir
serré dans l’embrassade
tandis que je me projette
au-delà de moi-même:
désir contracté
et supplice d’un sujet
qui mime la fusion. Mais
annule la fiction et le rêve
d’union la plus totale
le véritable objet
dur qui, enfin,
monte jusqu’au milieu
de nous deux
et s’oppose
corps étranger
à sa propre affirmation.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Al bel tempo

italien | Remo Fasani

Mi volevo raccogliere, star solo.

Ma, dalla strada sotto la finestra,
venne dapprima il conversare alto
di mio fratello e di un nostro vicino.

Poi trombe di bambini che impietose
si sfidavano a squilli d'esultanza.

Poi l'abbaiare, da dietro la casa,
del cane ancora giovane e sorpreso
da ogni cosa che gli tocca i sensi.

Poi una, due, tre e più automobili
che, mi accorsi, passavano a intervalli
troppo vicini, se già circonvalla
tutto il villaggio l'assidua autostrada.

Poi, da lontano, un gallo che spandeva
intempestivo, a mezzo la mattina,
il suo grigo d'inutile trionfo.

Poi nuove voci, di due donne, piane,
ma che pure vibravano nell'aria
serena e come vuota del settembre.

Poi altro ancora. E sempre le automobili,
questo rumore che più esprime il sordo
fuggire dei viventi dalla vita
che ascolta un senso...
                                     C'era da impazzire,
o da invocare il suono della pioggia,
ch'è sempre uno, non si avverte, e placa.

Ma vinse la pietà per il bel tempo,
per i miei simili e per quanti insieme
con loro si godevano gli estremi
giorni d'estate. Anch'io ero nel mondo.

© Remo Fasani
from: Dediche
Foggia: Bastogi , 1983
Audio production: H.Strunk / M.Mechner, literaturWERKstatt berlin, 2003

Au beau temps

français

Je voulais me recueillir, rester seul.

Mais, de la rue sous la fenêtre,
j’entendis d’abord mon frère qui
conversait à voix haute avec un voisin.

Puis les trompettes d’enfants qui sans pitié
se mesuraient aux sons d’exultation.

Puis l’aboiement, de l’arrière de la maison,
du chien encore jeune et surpris
par chaque chose qui touche ses sens.

Ensuite une, deux, trois voitures et plus
qui, je m’aperçus, passaient à intervalles
trop serrés, car l’autoroute fréquentée
fait le tour déjà de tout le village.

Puis, de loin, un coq qui répandait
intempestif, au milieu du matin,
son cri de triomphe inutile.

Puis des voix nouvelles, de deux femmes, basses,
mais qui pourtant vibraient dans l’air
serein et comme vide de septembre.

Puis autre chose encore. Et toujours les voitures,
ce bruit qui le mieux exprime la fuite
sourde des vivants hors de la vie
et qui écoute un sens…
                    C’était à devenir fou,
ou à invoquer le son de la pluie,
qui est toujours un, on ne l’entend pas, et qui apaise.

Mais la pitié pour le beau temps l’emporta,
pour mes semblables et pour ceux qui
avec eux profitaient des derniers
jours d’été. Moi aussi j’étais dans le monde.

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Agli svizzeri tedeschi e a molti altri

italien | Remo Fasani

Vi siete rifugiati ed esiliati
nel dialetto, l'idillio sempiterno.
Ora nel vostro limbo state in pace.
Il mondo è grande, ha paradiso e inferno.

© Remo Fasani
from: Altre quaranta quartine
Audio production: H.Strunk / M.Mechner, literaturWERKstatt berlin, 2003

Aux Suisses-Allemands et à beaucoup d’autres

français

Vous vous êtes réfugiés et exilés
dans le dialecte, le sempiternel idylle.
Dans vos limbes vous êtes en paix à présent.
Le monde est grand, il a le paradis et l’enfer.

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

A VACANZA CONCLUSA

italien | Vivian Lamarque

A vacanza conclusa
dal treno vedere
chi ancora sulla spiaggia
gioca, s i bagna.
La loro vacanza non è
ancora finita:
sarà così sarà così
lasciare la vita?

from: Poesie 1972 - 2002
Milano: Arnoldo Mondadori Editore, 2002
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2008

À LA FIN DES VACANCES

français

À la fin des vacances
voir depuis le train
qui joue encore
sur la plage, qui se baigne.
Leurs vacances ne sont pas
encore finies :
est-ce que ce sera ainsi, ce sera ainsi
quitter la vie ?

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

A UN ALBERO MERAVIGLIOSO

italien | Vivian Lamarque

Caro albero meraviglioso
che dal treno qualcuno
ti ha tirato un sacchetto
di plastica viola
che te lo tieni stupito
sulla mano del ramo
come per dire
cos’è questo fiore strano?
speriamo che il vento
se lo porti lontano.
Ci vediamo al prossimo viaggio
ricorderò il numero del filare
il tuo indirizzo, ho contato
i chilometri dopo lo scalo-merci
arrivederci.

from: Poesie 1972 - 2002
Milano: Arnoldo Mondadori Editore, 2002
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2008

À UN ARBRE MERVEILLEUX

français

Cher arbre merveilleux
quelqu’un depuis le train
t’a lancé un sachet
de plastique violet
que tu tiens étonné
dans la main de ta branche
comme pour dire
qu’est-ce que cette fleur étrange ?
espérons que le vent
l’emporte au loin.
Nous nous reverrons lors du prochain voyage
je me souviendrai le numéro de la rangée
ton adresse, j’ai compté
les kilomètres après la gare de marchandises
au revoir.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

N.Gretel

italien | Elisa Biagini

Conti le pillole,
i sassi per

ritornare alla
tua casa-forno,

a quando eri
solo impasto

a riposare.

© Einaudi Editore
from: L'ospite
Torino: Einaudi Editore, 2004
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2008

N. Gretel

français

Tu comptes les pilules,
les pierres pour

revenir à
ta maison-four,

à quand tu étais
seulement pâte

qui reposait.

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

Ma noi

italien | Nanni Balestrini

1.1
non la riproduzione
con gli occhi del linguaggio
da qualsiasi parte ti metti
non mima niente
un varco incolmabile
un mare di ambiguità
dietro la pagina
gli anni della palude

                                                              non la riproduzione
                                                              nel paesaggio verbale
                                                              dopo la confusione delle
                                                              non c'è più posto per loro
                                                              la rivoluzione non è un
                                                              si lamentano sempre
                                                              mentre passiamo bruciando
                                                              un'altra restaurazione
                                                              la negazione di un modo di formare

                                        con gli occhi del linguaggio
                                        dopo la confusione delle
                                        il rifiuto della storia
                                        delle intenzioni e delle idee
                                        5.3
                                        senza lasciar tracce
                                        7.3
                                        questo tipo di montaggio
                                        non è un sentimento

                                                              da qualsiasi parte ti metti
                                                              non c'è più posto per loro
                                                              delle intenzioni e delle idee
                                                              nel paesaggio verbale
                                                              l'amnistia ai fascisti
                                                              hanno fatto la ricostruzione
                                                              non c'è più tempo da perdere
                                                              voi non lo avete trasformato
                                                              in altre parole

non mima niente
la rivoluzione non è un
3.5
l'amnistia ai fascisti
5.5
l'azione consiste nel confronto fra
il linguaggio del linguaggio  
qui manca un verso
9.5

                             un varco incolmabile
                             si lamentano sempre
                             senza lasciar tracce
                             hanno fatto la ricostruzione
                             l'azione consiste nel confronto fra
                             il rifiuto della storia
                             sovrappone un'altra immagine
                             l'arte dell'impazienza
                             la parola come un oggetto

un mare di ambiguità
mentre passiamo bruciando
3.7
non c'è più tempo da perdere
il linguaggio del linguaggio
sovrappone un'altra immagine
7.7
dopo un lungo silenzio
viene un verso più lungo di tutti gli altri

                                                              dietro la pagina
                                                              un'altra restaurazione
                                                              questo tipo di montaggio
                                                              voi non lo avete trasformato
                                                              qui manca un verso
                                                              l'arte dell'impazienza
                                                              dopo un lungo silenzio
                                                              nel paesaggio verbale
                                                              l'aborto della resistenza

                                        gli anni della palude
                                        la negazione di un modo di formare
                                        non é un sentimento
                                        in altre parole
                                        5.9
                                        la parola come un oggetto
                                        viene un verso più lungo di tutti gli altri
                                        l'aborto della resistenza
                                        il rifiuto della storia

© Nanni Balestrini
from: Tutto in una volta : 50 poesie per 50 anni
Spinea - Venezia: Edizioni del Leone, 2003
ISBN: 88-7314-068-8
Audio production: 2006, M.Mechner / Literaturwerkstatt Berlin

Mais nous

français

1.1
non la reproduction
avec les yeux du langage
où que tu te places
cela ne mime rien
un passage impossible à combler
une mer d’ambiguïté
derrière la page
des années de marécages


                                          non la reproduction
                                          dans le paysage verbal
                                          après la confusion des
                                          il n’y plus de place pour elles
                                          la révolution n’est pas un
                                          ils se plaignent toujours
                                          tandis que nous passons en brûlant
                                          une autre restauration
                                          la négation d’une façon de former


                        avec les yeux du langage
                        après la confusion des
                        le refus de l’histoire
                        des intentions et des idées
                        5.3
                        sans laisser de traces
                        7.3
            ce type de montage
           n’est point un sentiment


                                          où que tu te places
                                         il n’y plus de place pour elles
                                         des intentions et des idées
                                         dans le paysage verbal
                                         l’amnistie aux fascistes
                                         ils ont fait la reconstruction
                                         il n’y a plus de temps à perdre
                                         vous ne l’avez pas transformé
                                         en d’autres mots


cela ne mime rien
la révolution n’est pas un
3.5
l’amnistie aux fascistes
5.5
l’action consiste dans la confrontation entre
le langage du langage
ici il manque un vers
9.5


                       un passage impossible à combler
                       ils se plaignent toujours
                       sans laisser de traces
                       ils ont fait la reconstruction
                       l’action consiste dans la confrontation entre
                       le refus de l’histoire
                       superpose une autre image
                                         l’art de l’impatience
                                         le mot comme un objet


une mer d’ambiguïté
tandis que nous passons en brûlant
3.7
il n’y a plus de temps à perdre
le langage du langage
superpose une autre image
7.7
après un long silence
arrive un vers plus long que tous les autres


                                         derrière la page
                                         une autre restauration
                                         ce type de montage
                                         vous ne l’avez pas transformé
                                         ici il manque un vers
                                         l’art de l’impatience
                                         après un long silence
                                         dans le paysage verbal
                                         l’avortement de la résistance


                      des années de marécages
                      la négation d’une façon de former
                      n’est point un sentiment
                      en d’autres mots
                      5.9
                      le mot comme un objet
                      arrive un vers plus long que tous les autres
           l’avortement de la résistance
           le refus de l’histoire

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

L'uomo che va nel bosco

italien | Giorgio Orelli

L'uomo che va nel bosco (lo rallegra
un suono di campana da non sa
bene quale paese: certezza di bel tempo?)
pensa a un tratto i compagni ch'è mutile chiamare,
i compagni spariti con le bocche
sporche di mirtilli in intrichi
d'ombra e sole.
                           La briga della vita
lo stesso giorno, o un altro, lo dimentica
al margine d'un nulla in cui sorge
come una riva un poggio e donne girano

il viso alla parete dei monti
con sulle spalle falci, che, divaricate,
oscillando, scintillano.

Al suo ritorno l'aria
è quella giusta, sottile, che punge
se anche nessuno, nel frattempo, è morto.

© Giorgio Orelli
from: L’ora del tempo
Milano: Arnoldo Mondadori Editore, 1962
Audio production: H.Strunk / M.Mechner, literaturWERKstatt berlin, 2003

L’homme qui va dans le bois

français

L’homme qui va dans le bois (le son d’une
cloche il ne sait pas bien de quel village le réjouit : certitude
de beau temps ?)
pense soudain aux camarades qu’il est inutile d’appeler,
ses camarades disparus avec leur bouche
sale de bleuets en des tressages
d’ombre et de soleil.

                   La bataille de la vie
le même jour, ou un autre, l’oublie
à la limite d’un vide où surgit
tel un rivage une colline et des femmes tournent

leur visage à la paroi des monts
des faucilles sur les épaules, qui, ouvertes,
brillent en oscillant.

À son retour l’air
est juste, subtil, il pique
même si personne, entre-temps, n’est mort.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

L'imballatore

italien | Valerio Magrelli

"Cos'è la traduzione? Su un vassoio
                    la testa pallida e fiammante d'un poeta"
                                                                
 
 
L'imballatore chino
che mi svuota la stanza
fa il mio stesso lavoro.
Anch'io faccio cambiare casa
alle parole, alle parole
che non sono mie,
e metto mano a ciò
che non conosco senza capire
cosa sto spostando.
Sto spostando me stesso
traducendo il passato in un presente
che viaggia sigillato
racchiuso dentro pagine
o dentro casse con la scritta
"Fragile" di cui ignoro l'interno.
E' questo il futuro, la spola, il traslato,
il tempo manovale e citeriore,
trasferimento e tropo,
la ditta di trasloco.

© Valerio Magrelli
from: Esercizi di tiptologia
Mailand: Arnoldo Mondadori Editore, 1992

L'emballeur

français

«Qu'est-ce que la traduction? Sur un plateau,
                     la tête flambante et blême d'un poète».
                                                          Vladimir Nabokov


L'emballeur affairé
qui vide ma chambre
fait le même travail que moi.
Je déménage aussi
des mots, des mots
qui ne sont pas les miens,
je manipule ce que
j'ignore sans comprendre
ce que je trimballe.
Je me trimballe moi-même
traduisant le passé en un présent
qui voyage scellé,
coincé entre des pages
ou dans des caisses avec l’étiquette
«Fragile» et je ne sais leur contenu.
C'est cela le futur, la navette, la translation,
le temps manutentionné et citérieur,
transfert et trope,
la firme de déménagement.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

L'allarme

italien | Remo Fasani

Tu che cammini per diporto
in mezzo al bosco, fermati un momento:
vedi gli alberi morti e moribondi.

Guarda i fantasmi grigi, monchi,
mummificati da un tenace musco:
non ignorarle, le funeste insegne.

Poi getta un urlo e fuggì pure:
ritorna in mezzo agli uomini, i dormienti,
dai, forse è ancora tempo, dai l'allarme.

© Remo Fasani
from: Un luogo sulla terra
Bellinzona: Casagrande, 1987
Audio production: H.Strunk / M.Mechner, literaturWERKstatt berlin, 2003

L’alarme

français

Toi qui marches par loisir
au milieu du bois, arrête-toi un moment :
vois les arbres morts et moribonds.

Regarde les fantômes gris, manchots,
momifiés dans une mousse tenace :
ne les ignore pas, les enseignes funestes.

Puis lance un cri et aussi enfuis-toi :
reviens parmi les hommes, les dormeurs,
sonne, peut-être il est encore temps, sonne l’alarme.

Traduit de l'italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

E’ QUASI FACILE

italien | Vivian Lamarque

E’ quasi facile
fare una poesia
basta prendere un pezzetto
di carta e una matita, è come
per la terra fare un filo d’erba
una margherita.

from: Poesie 1972 - 2002
Milano: Arnoldo Mondadori Editore, 2002
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2008

C’EST PRESQUE FACILE

français

C’est presque facile
à faire un poème
il suffit de prendre un petit bout
de papier et un crayon, c’est comme
pour la terre faire un brin d’herbe
une marguerite.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino

DA NESSUNA PARTE

italien | Paolo Ruffilli

Quante volte
sono partito
appena giorno o
nel cuore della notte
e, molte, controvoglia
nel dispetto finito
con la testa
sulla soglia del ritorno.
Se si potessero sommare
una all'altra
tutte le rotte
e aggiungere le mete
foglia su foglia
quale catena lunga
di deriva,
che mostruoso disegno
della distanza
si comporrerebbe nel totale
sulle carte...
sarebbe la riprova
di una condanna
senza mai riposo,
si vedrebbe
che non si avanza
di una spanna,
che più si va
e meno si trova,
che non si arriva
da nessuna parte.

NULLE PART

français

Combien de fois
suis-je parti
au lever du jour ou
au cœur de la nuit
et, d’autres fois encore, contre mon gré
l’emportement passé
la tête sur
le seuil du retour.
Si on pouvait additionner
une à l’autre
toutes les routes
et ajouter les destinations
feuille sur feuille
quelle longue chaîne
de dérives,
quel monstrueux dessin
de la distance
en résulterait à la fin
sur les cartes…
ce serait la preuve nouvelle
d’une condamnation
sans jamais de répit,
on verrait
que l’on n’avance pas
d’un pouce,
que plus on va
moins on trouve,
que l’on n’arrive
nulle part.

Traduit par Francis Catalano et Antonella D’Agostino