Stephan Egghart 
Translator

on Lyrikline: 12 poems translated

from: français to: allemand

Original

Translation

Césure - VI.f.

français | Habib Tengour


En effet, au terme de sa retraite appliquée, à apprendre de la bouche des étoiles et du vent, celui qui s’est reconnu seul le don de dire vient soumet-tre son offrande à des juges notoires.

Le mutisme de la trace reste une entrée en matière obligée. Chacun se dé-brouille pour tenir l’écoute en haleine.

Ce qui se dit est convenu : la peinture de l’aimée comme l’éloge du clan ou les confidences salaces.

« Quel intérêt ? dit-elle. Je n’entends que désarroi. Une agonie. L’exil est stérile. Où est la vie ? »

Elle est là.

Quand le poème est dit et que tombe la sentence.

© Editions WIGWAM
from: Césure. [Collection Wigwam #59]
Rennes: Editions WIGWAM, 2006
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2010

Zäsur - VI.f.

allemand


Und tatsächlich wird der, der einzig sich selbst die Gabe der Rede zu
spricht, am Ende seines Rückzugs in der Wüste, wo Wind und Sternenmund
 seine Lehrmeister waren, mit seiner Darbietung vor berufene Richter treten.

Die schweigende Spur ist der stets verbindliche Auftakt. Jeder gibt sein Bestes,
 die Hörer in Atem zu halten.

Was gesagt wird, ist konventionell: das Bild der Geliebten, das Loblied des
 Stammes, saftige Bekenntnisse.

„Was bringt das?“, fragt sie. „Ich höre nichts als Verzweiflung. Todesqualen.
 Das Exil ist steril. Aber wo steckt das Leben?“

Genau eben hier.

Wenn das Gedicht erklingt und der Schiedsspruch ergeht.

Aus dem Französischen von Regina Keil-Sagawe unter Mitwirkung von Stephan Egghart

Césure - VI.

français | Habib Tengour


Elle n’a jamais quitté cette trace qui se lit dans la roche quelquefois. Chacun localise là où une nostalgie le presse. Pour la décrire tu invoques les arbres et la faune à l’entour. Tous les patelins d’Arabie, et leurs fleurs précoces et leurs bourrasques y passent.

Une géographie idéale où les stations s’équivalent. Les femmes de la tribu sont belles et inaccessibles. Le désir violent moque ton ardeur. Il dérive sans rete-nue dans la joute. Il y a aussi le vin rouge et les algarades.

« Et l’amour ? Comment cela se passe, dans le désert ? Car ces gens aiment par-dessus tout ! »

Le poète se fie à sa technique et l’étendue du vocabulaire. Il a toute une année pour accomplir sa tâche.

© Editions WIGWAM
from: Césure. [Collection Wigwam #59]
Rennes: Editions WIGWAM, 2006
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2010

Zäsur - VI.

allemand


Sie hat die Spur, die man zeitweise im Felsen erkennt, nie verlassen. Ein jeder wähnt sie eben dort, wo ihn die Sehnsucht quält. Um sie zu be-schreiben, bemühst du die Bäume und die Tierwelt ringsum. Sämtliche Orte Arabiens finden Erwähnung, alle Frühlingsblumen, jeder Windstoß.

Eine ideale Landschaft, in der alle Stationen gleichwertig sind. Die Frauen des Stammes sind schön und unnahbar. Dein Feuer spottet der Flamme. Unge-hemmt entlädt es sich im geistreichen Wettstreit. Oder auch bei Rotwein und Rauferei.

„Und die Liebe? Wie steht es mit ihr in der Wüste? Denn diesen Leuten geht Liebe doch über alles!“

Der Dichter vertraut auf seine Technik und den breiten Wortschatz. Er hat ein ganzes Jahr, seine Aufgabe zu meistern.

Aus dem Französischen von Regina Keil-Sagawe unter Mitwirkung von Stephan Egghart

Césure - V.e.

français | Habib Tengour


Itinéraire biaisé par une fièvre morbide. Que de faux-semblants par crainte d’examiner un cadre banal. La complaisance te dispense d’interroger, non pas la trace carbonisée – depuis longtemps elle a cessé de répondre, mais celle aux yeux rouges dans le palanquin.

« Va-t-en ! J’allaite mon bébé. Tu ne suceras pas mon sein cette nuit… et les miens sont des guerriers impitoyables ! »

Quand l’orage éclate, tu as déjà trouvé refuge sous une couette satinée. C’est toute une histoire chuchotée à l’aimée pour la séduire. Une histoire reprise dans le cercle des compagnons pour célébrer l’exploit et tester les mots dans une parole véritable.


Rien ne peut t’atteindre maintenant que les jours te portent haut.

© Editions WIGWAM
from: Césure. [Collection Wigwam #59]
Rennes: Editions WIGWAM, 2006
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2010

Zäsur - V.e.

allemand


Manisches Fieber lenkt deinen Weg. So viele Trugbilder aus Angst vor dem banalen Hier. Eigenliebe bewahrt dich davor, sie zu befragen – nicht die verkohlte Spur, die schon lange verstummt ist, sondern die mit den geröteten Augen in der Sänfte.

„Scher dich fort! Ich stille mein Kind. Du wirst heute Nacht nicht an meinem Busen liegen … und die Meinen sind gnadenlose Krieger!“

Als das Gewitter losbricht, liegst du längst sicher unter einer Seidendecke. Ge-schichten, ihr ins Ohr geflüstert, um sie zu verführen. Eine Geschichte, die du im Kreis der Gefährten neu erzählst, um dich feiern zu lassen und die Wörter auf ihre Eignung zum wahren Wort zu prüfen.



Jetzt, auf dem Zenit deines Ruhms, kann dich nichts berühren.

Aus dem Französischen von Regina Keil-Sagawe unter Mitwirkung von Stephan Egghart

Césure - V.

français | Habib Tengour


Il n’y a rien. Renouveler l’expérience ? La douleur perd toute matériali-té. Au moment de la levée du camp, le cœur se serre. L’œil se contracte. Un horizon vide.

Qu’à cela ne tienne ! Les plaisirs du corps ne sont pas vains. Ils illuminent l’âme comme le luminaire de l’ermite…

Sur l’Euphrate, les vents se déchaînent pour te rappeler l’épouvante d’une nuit sacrée et l’éclat de tes frasques.

L’évocation suggère quelques images voilées à l’assaut d’une mémoire incer-taine. Avec patience, tu charges les mots de subvertir la trame du poème pour transmettre une respiration. Peu importe si les bêtes sauvages ne quittent pas leur tanière pour te tenir compagnie.

© Editions WIGWAM
from: Césure. [Collection Wigwam #59]
Rennes: Editions WIGWAM, 2006
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2010

Zäsur - V.

allemand


Hier ist nichts. Es aufs Neue wagen? Der Schmerz verliert seine Kon-turen. Beim Abbruch der Zelte verkrampft sich das Herz. Die Pupille verengt sich. Am Horizont nichts.

Und wenn schon! Sinnesfreuden sind nie vergebens. Sie illuminieren die Seele wie der flackernde Lichtschein des Eremiten …

Über dem Euphrat toben entfesselt die Winde, rufen das Grauen einer heiligen Nacht in dir wach und den Glanz deiner Orgien.

Der Beschwörung entsteigen verschleierte Bilder, bedrängen ein taumelndes Gedächtnis. Geduldig rüstest du die Worte, das Raster des Gedichts zu spren-gen, damit der Atem fließen kann. Auch wenn die wilden Tiere in ihrer Höhle bleiben, statt dir Gesellschaft zu leisten.

Aus dem Französischen von Regina Keil-Sagawe unter Mitwirkung von Stephan Egghart

Césure - IV.d.

français | Habib Tengour


Illusoire l’écueil. D’un éloge, les subsides assurés. Le souvenir ravive un désir de coupes non entamées, de sabre et de lance.

Les attaches sont rompues depuis longtemps…

Cette langue florissante – un tissage délicat l’irradie vers la divinité absente ; elle s’étrangle à l’évocation d’une maison en ruines. Lieux désertés, aux eaux saumâtres, livrés au brigandage.

Tu as plié avec cette peur du retour et des coupeurs de routes métamorphosée en astuce.



Tout a changé ! Les vins de la Trappe croupissent dans l’œil torve du censeur. Adieu bravade des jours pour mesurer la valeur. Que de belles aimées dont il ne reste que le nom comme une exhortation à émigrer : Nawâr, Hurayra, Mayya, Abla ou Umm ‘Amr…

Dépossédé face à ta mort, tu appelles les braves du lignage à la rescousse.
Réitérer le salut n’engage à rien.

De la longue errance de  nos pères, nous n’avons tiré aucune semonce.

© Editions WIGWAM
from: Césure. [Collection Wigwam #59]
Rennes: Editions WIGWAM, 2006
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2010

Zäsur - IV.d.

allemand


Kein Stein, sich zu reiben. Doch ein Preisgedicht sichert den Unterhalt. Die Erinnerung weckt das Verlangen nach randvollen Pokalen, nach Säbel und Speer.

Längst sind alle Bande gekappt …

Diese üppige Sprache – kunstvoll gesponnen dringt ihre Strahlkraft bis zur abwesenden Gottheit; doch will man Ruinen Leben einhauchen, verhaspelt sie sich. Verlassene Stätten, Brackwassertümpel, leichtes Spiel für Räuber.

Trotz der Angst vor der Rückkehr und vor Wegelagerern, die dir als Vorwand diente, bist du schließlich eingeknickt.



Alles ist anders! Der La Trappe-Wein wird schal im grimmen Auge des Zen-sors. Adieu ihr glorreichen Tage des heldenhaften Wettstreits. All die Schönen, die Geliebten, von denen nur der Name bleibt wie ein Ansporn zu Emigration: Nawât, Hurayra, Mayya, Abla, Umm ‘Amr …

Bar und bloß angesichts des Todes, erbittest du den Beistand der heldenhaften Ahnen.

Die wiederholte Anrufung verpflichtet ja zu nichts.

Aus der langen Irrfahrt unserer Väter haben wir keine Lehre gezogen.

Aus dem Französischen von Regina Keil-Sagawe unter Mitwirkung von Stephan Egghart

Césure - IV.

français | Habib Tengour


Y a-t-il quelqu'un ? La question ne semble pas absurde malgré la déso-lation des lieux. A y réfléchir, il doit bien y avoir une âme en sursis. Elle hante les parages. Il a appris à déclamer pour masquer ses demandes. Il a même fini par ne plus rien attendre, laissant les mots dire à leur guise. D'ailleurs, ce ne sont pas les mots qui disent mais la manière ou le regard d'accompagnement. Avec le temps le stock se réduit considérablement. Il n'ose plus puiser dans le lexique. Ce qu'il sait dire, il ne sait plus le dire. C’est à peine s’il articule. Cet amour, par exemple, qui est là. Tatouage au dos d’une main. Il est bien là. Dans le miroitement. Et lui-même au bord des larmes et du rire. A peine s'il distingue les traces du campement au milieu des débris.  



Il se remémore sans hésitation tous les vers des poètes anciens.

© Editions WIGWAM
from: Césure. [Collection Wigwam #59]
Rennes: Editions WIGWAM, 2006
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2010

Zäsur - IV.

allemand


Ist jemand hier? Die Frage scheint nicht absurd, auch wenn die Gegend trostlos wirkt. Recht bedacht, spukt gewiss unerlöst eine Seele umher. Er hat gelernt zu deklamieren, um seine Wünsche zu verbergen. Bis er keinerlei Erwartung mehr hatte und die Wörter für sich sprechen ließ. Sprechend sind ohnehin nicht die Wörter, sondern der Ton oder der begleitende Blick. Mit der Zeit versiegen seine Vorräte. Er wagt nicht mehr, aus dem Sprachschatz zu schöpfen. Weiß nicht mehr zu sagen, was er zu sagen weiß. Kann kaum noch artikulieren. Diese Liebe zum Beispiel, die einfach da ist. Tätowierung auf dem Rücken der Hand. Einfach da. Aufblitzend. Und er selbst am Rande der Trä-nen, zwischen Weinen und Lachen. Kaum mehr erkennt er die Spuren des La-gers inmitten der Trümmer.



Er kann ohne Zögern die Verse der Dichter zitieren.

Aus dem Französischen von Regina Keil-Sagawe unter Mitwirkung von Stephan Egghart

Césure - III.c.

français | Habib Tengour


Vivre est le temps de la mort… Là, une vie neuve.

Espacement des étapes.

L’érosion de la roche chagrine l’œil. Comme au jour de la migration, tu ne trouves plus de mots pour décrire le bruissement qui te soulève le cœur. Re-monte une inscription semblable à ce tatouage au dos de la main.

Vide le ciel comme la demeure et cet arbre qui ploie l’égaré vers la poussière. L’oiseau tournoie au dessus du crâne avec la patience d’une tortue. Autruches et gazelles ont fui les parages. Tout est à l’abandon. Des attaches brisées.

Les années ont passé et l’errance a recouvert le souvenir. Que de causes dé-fendues pour éprouver nos limites !… Tant d’étrangers – vis-à-vis de lumière – sont venus dans la maison…

L’exil n’a laissé qu’un vague souvenir d’images mouvantes.

© Editions WIGWAM
from: Césure. [Collection Wigwam #59]
Rennes: Editions WIGWAM, 2006
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2010

Zäsur - III.c.

allemand


Leben – die Zeit des Todes ... Dort aber ein neues Leben.

Die Etappen werden länger.

Der Anblick verwitterten Felsens schmerzt. Wie am Tag des großen Auf-bruchs findest du keine Worte mehr für dieses Brausen, das dir den Magen umdreht. Eine Inschrift erscheint, fast wie die Tätowierung auf dem Rücken der Hand.

Der Himmel so leer wie die Wohnstatt – und da der Baum, der den Verirrten in den Staub drückt. Der Vogel, der über dem Schädel kreist, geduldig wie die Schildkröte. Strauße und Gazellen sind längst fort. Alles ist verwildert. Zerbro-chene Bande.

Die Jahre sind dahingegangen, die Irrfahrt hat sich über die Erinnerung gelegt. All die hehren Ziele, nur um unsere Grenzen zu erfahren …! So viele Fremde – Gegenüber aus Licht – kamen in unser Haus …

Vom Exil blieb fast nichts. Nur die vage Erinnerung bewegter Bilder.

Aus dem Französischen von Regina Keil-Sagawe unter Mitwirkung von Stephan Egghart

Césure - III

français | Habib Tengour


Vestiges - ces intailles tombées en poussières…

Depuis longtemps,

nos corps guettent un répit. Un clignement pour se glisser en silence au milieu du campement. S’abriter.

Célébrations…

Tu imagines des retrouvailles au pied d’un arc-en-ciel. Comment reprendre un dialogue amoureux à la césure même ? Révéler le fond de son âme. Taire les questions pour ne pas rouvrir des blessures. Ouvrir les bras. Il y aura à boire et à manger pour tous les convives, de la musique et des feux sur les toits pour signaler le festin.

Ton désir incline le regard. Comme une hésitation…

Des images vives pour tenir compagnie.

Un attirail de bazar.

© Editions WIGWAM
from: Césure. [Collection Wigwam #59]
Rennes: Editions WIGWAM, 2006
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2010

Zäsur - III

allemand


Relikte – Gemmen und Siegel zerfallend im Staub …

Seit langem

sucht unser Körper eine Atempause. Ein Blinzeln, schon schleichst du ins La-ger. Geborgenheit.

Welch ein Fest …

Du denkst an ein Wiedersehen am Fuß des Regenbogens. Wie führt man es fort, das verliebte Geflüster, nach der Zäsur? Den Abgrund der Seele entblö-ßen. Nur keine Fragen, nicht an alte Wunden rühren. Die Arme weit öffnen. Es gibt Speis und Trank für alle, Musik und auf den Dächern Freudenfeuer, die weithin vom Gastmahl künden.

Dein Begehren beugt den Blick. Fast ein Zögern …

Pulsierende Bilder, die dir Gesellschaft leisten.

Grellbunt, wie vom Basar.

Aus dem Französischen von Regina Keil-Sagawe unter Mitwirkung von Stephan Egghart

Césure - II.b.

français | Habib Tengour

Ligne à peine tracée… Lointain dans le bleu du jour.

Ce n’est pas en vain que tu interroges la demeure. Elle s’ouvre au dieu immobile, dans une familiarité troublante. Comme pour te désigner ce quelque chose à saisir et à garder en dehors de toute nostalgie.

Ce que tu déchiffres dans les décombres, tu ne l’ignores pas puisque tu serres, farouche, le manteau de voyage dans l’attente de nouvelles.
La crainte, tu l’abandonnes avec les provisions de route. Tu sais la fille de Ma’bad prête à clamer ta louange.

Ce sont trois choses qui maintiennent en vie - sagesse de caravanier. Une jouissance infinie. Ces fils de la poussière savaient honorer l’hôte et discerner la plainte d’une chamelle. Ils paradaient, oisifs et prodigues,

 surtout altérés au moment de la mort.

© Editions WIGWAM
from: Césure. [Collection Wigwam #59]
Rennes: Editions WIGWAM, 2006
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2010

Zäsur - II.b.

allemand


Kaum erkennbar die Linie … In der blauen Ferne des Tages.

Nicht vergebens befragst du die Wohnstatt. Sie öffnet sich Gott, dem Unbe-weglichen, in beklemmender Vertrautheit. Als ob sie dir einen Wink geben wollte, was es zu fassen und bewahren gilt jenseits aller Nostalgie.

Was du in den Trümmern liest, ist dir nicht neu argwöhnend, schnürst du den Reisemantel, in Erwartung neuer Kunde. Erst mit der Wegzehrung lässt du die Furcht zurück. Du weißt, die Tochter Ma’bads steht bereit, dein Loblied zu singen.

Drei sind der Dinge, die dich am Leben erhalten– so die Weisheit der Kara-waniers. Genuss ohne Ende. Diese Söhne des Staubs wussten den Gast zu eh-ren und im Lied die Klage der Kamelin zu hören. Sie spielten sich für ihr Le-ben gern auf, verschwenderische Müßiggänger,

dürstend zumal in der Stunde des Todes.

Aus dem Französischen von Regina Keil-Sagawe unter Mitwirkung von Stephan Egghart

Césure - II.

français | Habib Tengour


          Largesses. Tu donnes et tu reçois. Tu relances la donne. Sans arrêt.

Debout.

Turbulence du rituel. Se délester gaiement. Avec ostentation.

Entretenir à bout de bras un feu caduc dans la nuit. Les jours s'amenuisent à
 mesure que le chant recouvre les cavités de la maison. Celle que tu interpelles
 n'est pas vide. Tu as soupiré. Un nom dans le bruissement du vent.

Puis langui devant la porte.

Longuement.

Il n’y a personne pour prêter l’oreille à un discours amoureux convenu.
 Les tournures sont subtiles. La forme ne vise pas qu’à des prouesses
 d’équilibristes. L’écho te saisit parfois à la gorge.



Tu as même gravé ses initiales dans le bois pour tromper l’attente.

© Editions WIGWAM
from: Césure. [Collection Wigwam #59]
Rennes: Editions WIGWAM, 2006
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2010

Zäsur - II.

allemand

Großzügige Gaben. Du gibst und nimmst entgegen. Sorgst für neue Gegebenheiten. Unentwegt. Aufrecht.

Turbulente Rituale. Fröhlichen Herzens Ballast abwerfen. Mit großer Geste.
Am langen Arm ein nächtlich glimmendes Feuer schüren. Die Tage schwinden
 umso rascher dahin, je voller der Gesang im Haus widerhallt. Jenes, dem dein
 Ruf gilt, steht nicht leer. Auf deinen Lippen ein Seufzen. Ein Name im
wispernden Wind.

Du hast dich in Sehnsucht vor der Tür verzehrt.

Endlos ...

Konventionelles Liebesgetändel findet kein Gehör. Subtile Eleganz im Aus-druck. Die Form will mehr als kühne Sprachakrobatik.

Mintunter packt dich das Echo an der Gurgel.



Sogar ihre Initialen schnitzt du ins Holz, um das Warten zu verkürzen.

Aus dem Französischen von Regina Keil-Sagawe unter Mitwirkung von Stephan Egghart

Césure - I.a.

français | Habib Tengour


Summum où culmine échange et changement sans que le rythme ne soit rompu ni la parole polluée.

Le temps d’une respiration...

L’évidence du trait te surprend comme à la remontée du fleuve. Une lumière apparaît dans le suspens.
 Aveuglante, puis ténue. Les images se découvrent, toutes, égales à l’aune d’une trace en extinction.

Des pierres noircies ça et là.

Débris désertés.

Il n’est plus question d’un détour pour interroger à nouveau des restes éprou-vés par le temps.
Que la cendre persiste encore dans le roc laissent le visiteur
 perplexe. Des mots jaillissent, plein de convoitise, à faire pencher l’arçon. « Tu
massacres mon chameau et mon honneur, dit-elle. Je ne me donnerai pas… »

Tu t’emportes dans le sillage sans mesurer le poids d’un exil.

Une oscillation de courte durée.

Le constat est un défaut d’éloquence là où l’oubli délimite le nom.

© Editions WIGWAM
from: Césure. [Collection Wigwam #59]
Rennes: Editions WIGWAM, 2006
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2010

Zäsur - I.a.

allemand


Ein Hochgefühl, wenn sich Austausch und Wandel begegnen, ohne den Rhythmus zu brechen noch die Sprache zu beflecken.

Einen Atemzug lang …

So treffend der Strich, überraschend wie der jäh schwellende Fluss. Ein Licht
 erstrahlt, in der Schwebe. Blendend, dann gedämpft. Bilder ziehen herauf, alle
 ebenbürtig vor der verwehenden Spur.

Geschwärzte Steine, hier und da.

Trümmer, verlassen.

Kein Gedanke mehr an Umwege, um noch mehr zernagte Ruinen zu befragen
. Dass immer noch Asche am Felsen haftet, lässt den Besucher staunen. Worte
blitzen auf, derart begehrlich, dass der Sattel unter der Sänfte verrutscht. „Du ruinierst mein Kamel, und meine Ehre“, erwidert sie. „Ich werde mich niemals hingeben …“

Du treibst weiter im Strom, machst dir nicht klar, wie schwer sie lastet, die Bürde des Exils.

Ein kurzes Schwanken.

Was bleibt, ist mangelnde Wortgewandtheit, wo das Vergessen den Namen begrenzt.

Aus dem Französischen von Regina Keil-Sagawe unter Mitwirkung von Stephan Egghart

Césure - I.

français | Habib Tengour


           S'il vient interroger une trace à moitié calcinée, c'est poussé par
 un atavisme ou plutôt une technique jalousement gardée. Dans le secret, il a
 tissé le poème. Des mois de retraite dans le désert, livré aux vents, pour se
 conformer à la tradition. Gerçures et fouet. L'âpreté de l'écho initie à des
 ruptures de ton. Le sang se dilue dans l'éloignement. Se découvre alors la
fragilité du rythme
 avec une peur soudaine de l'obscurité. Il ne dira rien du frémissement de l'ouïe
ni de l'étrangeté des visions. Des images sonores se bousculent...

Il se tient debout pour évoquer la demeure.

La circonstance est banale contrairement aux mots pour la décrire.

Toute une mise en scène rhétorique pour évacuer le mutisme de la cendre.

© Editions WIGWAM
from: Césure. [Collection Wigwam #59]
Rennes: Editions WIGWAM, 2006
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2010

Zäsur - I

allemand


Warum eine verdorrte Spur befragen. Weil ein archaischer Trieb dazu
treibt. Eine streng gehütete Technik vielmehr. Er hat das Gedicht im
Geheimen gewebt. Monate des Rückzugs in der Wüste, bei Wind und Wetter,
gemäß der Tradition. Die Haut rissig, sturmgepeitscht. Das schroffe Echo
lehrt Brechungen im Ton. Das Blut zerrinnt mit der Entfernung. Er merkt,
wie anfällig der Rhythmus ist; jäh ist die Furcht vor der Finsternis da. Schwei
gen wird er von den Vibrationen im Ohr, von den seltsamen Visionen. Klang
bilder überstürzen sich…

Stehend beschwört er die Wohnstatt herauf.

Die Umstände sind gewöhnlich, nicht die Worte, sie zu beschreiben.

Erst rhetorischer Aufwand erlaubt, die stumme Asche zum Reden zu bringen.

Aus dem Französischen von Regina Keil-Sagawe unter Mitwirkung von Stephan Egghart