Arno Calleja
la forêt
la forêt
il n'y a rien à faire, je laisse les cheveux pousser, la nature est grande autour et les choses se font, les ongles et le temps vers la mort avancent et je laisse pousser, les poils sont rien à faire, noirs,
la nature est manifeste, elle est une forêt autour de chez moi, je sors de chez moi il n'y a rien d'autre à faire, et je marche dans la forêt et dure des heures de marche et jusqu'au noir de la nuit, arrivent, bonsoir, les pensées viennent,
en marche les pensées viennent et pas les idées, ni les images ni les souvenirs mais les pensées seules dans la marche, je ne censure rien tous les clapets me sont ouverts et de tous côtés ce qui vient c'est les pensées,
la coule des pensées, blanches et rouges, la forêt, j'avance au balancement du pas dans les feuilles entre le coulement rouge et blanc des pensées, le miel derrière les yeux,
les pas sont dans le noir, les couleurs ici plus puissantes que les mots, ce sont elles qui pensent, et l'on pourrait dire envahissent, la mort n'existe pas dans la forêt, derrière les yeux le miel rouge et le miel blanc des pensées envahissent,
autour de la forêt est noire pour qui la mort n'existe pas, c'est en marchant comme ça au noir que souvent je me pleure, à cause du grand se-sentir-vivant qui me prend, les mots débandent dans la couleur, c'est par elle l'envahissement, et les pleurs de la marche, dans la sève, du se-sentir-vivant,
alors je me sens être sexe, et les pensées qui me viennent ont les filles dedans, et dans les pensées ce n'est pas l'image des filles mais le se-sentir-vivant des filles pour moi qui arrive,
alors il y aura des gestes, et nous irons faire les gestes dans la chambre, et la peau éteindra la lumière,
quand je marche dans la forêt dans le rouge et dans le blanc il y a mille gens, je marche en larme et quelque part je serai toujours vivant, je le dis c'est drôle mais c'est comme ça,
à la place des mots le rouge et le blanc pour les pensées convoquent les gestes, les gestes sont toujours des gestes de sexe, l'envahissement a lieu dans la forêt, à ce point on ne dit plus je,
pour les pensées les gestes font les phrases, des dessins dans l'air, aux mouvements de chauve-souris, les manières des mains singent l'ancienne manière des bouches, à ce moment là j'ai dedans mille gens,
alors je sors de la forêt, vers le chez moi, j'ai eu le sexe dans le noir par la marche, avec les deux couleurs, ma peau a tourné autour de l'axe de mon torse, je suis mort et le jeu a commencé, tant qu'on meurt toujours le jeu commence,