Benoit Jutras
JE PEUX DIRE CE QUE JE VEUX
Je peux dire ce que je veux, je ne suis pas là, je n’ai pas les clés de ma vie, je suis homme et femme et cheval et chien, la fantaisie finale et l’entêtement des cantiques. Je suis invisible par temps clair, je ne sens pas mon corps ni le baiser qui le traverse. Des citronniers en fleurs jusqu’au désert de Tabernas, le ciel devient souvent une grotte, des enfants y courent en file indienne, les uns disparaissant dans le soleil, les autres dans mes vies antérieures. Cette nuit je suis une lame, une éphémère. Je suis immaculé, comme quelqu’un qui effraie.