André Velter
Clowns pour clowns
Clowns pour clowns
Acrobates, jongleurs, trapézistes, cracheurs de feu,
dompteurs, cavaliers, magiciens, danseurs de corde
sont au cirque les glorieuses métaphores
d’un monde qui troque chaque jour un peu plus
le goût du risque et la vie à la roulotte
contre le premier principe de précaution venu
et la peur sédentaire.
Où s’exercent encore, loin des chapiteaux,
une telle volonté, une telle bravoure, une telle superbe ?
Où se livre encore de tels corps à corps
qui transfigurent l’effort, qui incarnent les rêves ?
Et quand déferlent les pitreries,
c’est le même ordre qui se défait sur la piste
au milieu des éclats de rires.
On se dit qu’avec ou sans pantalon bouffant,
avec ou sans chaussures immenses,
les princes, les excellences, les éminences,
les présidents de tout et de n’importe quoi
n’accompliront jamais rien de plus
que quelques tours dans la sciure
ponctués par douze coups de cymbales...
Il n’a d’ailleurs pas manqués d’empereurs
pour usurper le nom d’Auguste
sans avoir le tact ou le scrupule
de se mettre un nez rouge.