Elizabeth Grech 
Translator

on Lyrikline: 5 poems translated

from: maltés to: francés

Original

Translation

Ħofor Suwed

maltés | Adrian Grima

Mara li taqra x-xorti,
għidli jekk hemmx biżżejjed riżq fil-pala t’idi.
Għax jekk m’hemmx,
naqleb il-mejda bik b’kollox,
u naqbad l-ewwel ajruplan lejn il-ħofor suwed
li ma jinħbewx wara l-ħżuż ta’ jdejna.

Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2010

Trous noirs

francés

Voyante,
Dis-moi s’il y a assez de chance
dans la paume de ma main.
S’il n’y en a pas,
je renverserai cette table et toi avec,
et je prendrai le premier avion pour les trous noirs
qui ne se cachent pas derrière les lignes de nos mains.

Traduction: Elizabeth Grech

Dit-Tagħbija Barranija

maltés | Adrian Grima

Lanqas taħt id-doċċa ma jeħfief dal-piż.
Il-misħun jaħbat ’l hawn u ’l hinn bla kwiet
imma dahri jibqa’ maqbud
ġo did-diqa trasparenti.
Dirgħajja ma jintelqux,
lanqas ma’ ġenbejja,
u ndur ġo dal-kwadru nkejjuż
qisni tapp tas-sufra dieħel lura f’postu.
Nistenna l-misħun dejjem ġej
imma dit-tagħbija barranija ma trid teħfief b’xejn.

Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2010

Ce poids étranger

francés

Ce poids ne s’allège même pas sous la douche.
L’eau chaude frappe ici et là sans répit
mais mon dos reste prisonnier
de cette angoisse transparente.
Mes épaules ne se lâchent point,
mes hanches non plus,
et je tourne dans cette case taquine
comme un bouchon de liège qui reprend sa place.
J’attends l’eau chaude couler
mais ce poids étranger
ne veut toujours pas s’alléger.

Traduction: Elizabeth Grech

Hüzün

maltés | Antoine Cassar


İstanbul'da bir güz. Tarifsiz bir hüzün:
toute épreuve n'est qu'ébauche. Schlafwandlerstadt, awash
amid the mist, ambula por la bruma, iroxx
liżar tal-fwar mal-lampa, qui nulle part n'y allume...

Blinking, beckoning, barking, basking in the dusk, strewn
with the absence of May. İpek gibi ve loş,
miroir brouillé de buée où la soif se reproche,
bħall-gawwi abjad ragħwa wara t-tranja tal-barkun.

İşte dumanlı nur, ein staubig Abendsturm,
pátina de hollín. In a back alley lodge,
un derviche s'épanouit comme une orchidée blanche,
reaching up to be gathered with the scythe of tattered moon.

Estambul es distancia, es ansia de otro ayer,
–bugün dün, yarın dün, ve dün sonsuz bir keder–

belt itqarnat max-xatt, titlenbeb miż-żinżifru,
belt tiżżerżaq mis-swaba’ appik appik imissu,
belt titfettet, titfellel, titgerrem mill-bebbux...

Bir varmış, bir yokmuş, açık kanatlı kuş,
er träumt von höherem Flug noch zwischen Sturz und Sturz.

Sous une lune en décours, j'ai lu dans la lueur
l'écriture qui demeure sur les murs de malheur:

Minarets pierce the clouds
pining towards the sun.
The flame has done its rounds.
The light, once more, undone.

Dans l'automne monochrome Istanbul embaume son âme.
Bu akşam boğuyor. Çan. Can. Ezan. Hazan.

© Antoine Cassar
from: Mużajk. An Exploration in Multilingual Verse
Edizzjoni Skarta, 2008
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2009

Hüzün (Tristesse)

francés


Un automne à Istanbul. Une tristesse indéfinissable:
toute épreuve n’est qu’ébauche. Ville de somnambules, inondée
dans le brouillard, ambulante dans la brume, saupoudrant
un drap de vapeur sur la lampe, qui nulle part n’y allume…

Clignotant, appelant, aboyant, se prélassant dans le crépuscule, parsemée
de l’absence de mai. Soyeuse et sombre,
miroir brouillé de buée où la soif se reproche,
comme les mouettes blanches-écume qui suivent le sillage du ponton.

Voici une lueur brumeuse, une tempête poussiéreuse du soir,
une patine de suie. Dans un pavillon au fond d'une ruelle,
un derviche s’épanouit comme une orchidée blanche,
étendant les bras pour être fauché par la lune déchirée.

Istanbul est distance, le désir ardent d’un autre hier,
-aujourd’hui est hier, demain est hier, et hier est un chagrin sans fin-

une ville qui étend ses tentacules le long de la côte, étirée par la brise gelée,
une ville qui file entre deux doigts sur le point de se toucher,
une ville qui se tranche, qui s’émiette, qui se grignote par les escargots…

Il était une fois un oiseau aux ailes ouvertes,
encore de chute en chute il rêve d’un vol plus haut.

Sous une lune en décours, j’ai lu dans la lueur l
’écriture qui demeure sur les murs de malheur:

Des minarets percent les nuées
qui se languissent vers le soleil.
La flamme a fait sa tournée.
La lumière, de nouveau, défaite.

Dans l’automne monochrome Istanbul enbaume son âme.
Le soir s’étouffe. Cloche. Esprit. Appel à la prière. La tristesse de l’automne.

Traduit par Elizabeth Grech

Ciao amore ciao

maltés | Antoine Cassar


Adagio, a tuo agio, il festeggiar d'un bacio,
tbissima lewn ix-xemx, turisti f'art il-ħolm,
arc-en-ciel, que tu es belle!, deux corps qui font une ombre,
si scioglie la mia lingua, e chiudo gli occhi, e taccio...

mais, vrai, j'ai trop pleuré! Bufera a fine maggio,
de rigueur, le malheur, perduto ormai l'amor,
old and cold, my soul sold, the seams of dreams untold,
e il cuore disseccato in un tubo da saggio.

Ahimè, me equivoqué, faccio un auto da fé,
una rosa è una rosa, ma tu sei una sposa,
u għad ninsa, għad ninsa t-togħma ta' ġildtek ħalib il-mogħża...

papillon de janvier, laissons-le, ça y est,
colorín colorado, este cuento se ha acabado,
my friend, this is the end, adieu, ho abdicato.

© Antoine Cassar
from: Mużajk. An Exploration in Multilingual Verse
Edizzjoni Skarta, 2008
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2009

Adieu amour adieu

francés


Doucement, à ton aise, la fête d’un baiser,
un sourire couleur du soleil, touristes dans la terre des rêves,
arc-en-ciel, que tu es belle!, deux corps qui font une ombre,
ma langue se fond, et je ferme les yeux, et je me tais...

mais, vrai, j’ai trop pleuré! Une tempête de fin mai,
de rigueur, le malheur, perdu désormais l’amour;
vieux et froid, mon âme vendue, les coutures de rêves pas racontés,
et le cœur disséqué dans une éprouvette.

Hélas, je me suis trompé, je fais un auto-da-fé,
une rose est une rose, mais toi tu es une épouse,
et j’oublierai, j’oublierai le goût de ta peau au lait de chèvre...

papillon de janvier, laissons-le, ça y est,
couleurine colorée, cette histoire est terminée,
mon amie, c’est fini, adieu, j’ai abdiqué.

Traduit par Elizabeth Grech

Ansjetà Oħra

maltés | Adrian Grima

Kieku nista’,
inġorr dir-riħa tan-nagħniegħ ma’ mnifsejja,
naqla’ l-iskaldi ta’ l-ansjetà bil-ponta u l-vini
tal-weraq aħdar tiegħu,
nintelaq minn tuli qalb ix-xtieli mxarrba
taħt xemx nieżla
u nibla’, boqqa boqqa,
dir-riħa skunċertanti.

Imma din mhix ħlief ansjetà ġdida,
poeżija oħra inutli,
diskors imlissen biex jimla l-karta ta’ l-eżami tal-moħħ
li jgħarraq lill-qalb f’xewqatu.

Ansjuża din l-ansjetà li tfuħ.

Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2010

Une autre angoisse

francés

Si je pouvais,
je porterais cette odeur de menthe à mes narines,
j’arracherai les épines d’angoisse
et les veines de ses feuilles vertes.
Au coucher du soleil,
je m’allongerais au coeur des plantes humides
et j’avalerais à petites gorgées,
leurs effluves déconcertantes.

Mais ce n’est qu’une nouvelle angoisse,
une autre poésie inutile,
un discours articulé pour remplir les feuilles
de l’examen cérébral
noyant le coeur dans ses désirs.

Elle est angoissée cette angoisse parfumée.

Traduction: Elizabeth Grech