在公园里 / Zai gongyuan li

今天,如愿以偿,下午四点,
靠在中山公园的长椅上,我深深地
睡了一觉。醒来感到若有所失。

并不是从那些打木兰拳的女人,
和那些踢足球的孩子身上,而是从我,
从我在草坪边睡觉的那个惬意的间歇,

一些东西消失了!我从孕妇的肚子,
击球声,蝉声,和飞过公园上空的飞机的
嗡响中听到越来越多的间隙。

我曾经认为,天空就是银行
会失去它的财富,它的风暴,它的
空洞;但我,没有什么可供丧失。

我所有过的,在我看见的时侯,
就不属于我。我所有过的,在我说话时,
就已经消失;没有形状,没有质量。

我甚至知道吹乱葬礼上哭泣的亲人的衣服的
并不是死者的呼吸,
                和歉意。噢,不是。

(09/03/97)

© Xiao Kaiyu
De: Xuexi zhi tian (Das süsse Lernen)
Beijing: Gongren, 2000
Producción de Audio: 2001 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin

DANS LE JARDIN PUBLIC

Aujourd'hui , comme un voeu exaucé , à quatre heures de l'après-midi ,
adossé à un banc du jardin public Zhongshan * , profondément
je me suis endormi . En m'éveillant , j'avais l'impression d'avoir perdu quelque chose .

Cela n'était pas de ces femmes qui s'adonnaient à la boxe Mulan * ,
ni du corps de ces enfants qui jouaient au football , mais de moi .
De moi dans cette rémission satisfaisante de la sieste à côté d'une pelouse ,

quelque chose s'était perdu . Dans le ventre des femmes enceintes ,
dans le bruit des coups de ballon , dans le bruit des cigales , et des avions qui passaient
                                                                                                   au-dessus du jardin public
en vrombissant j'entendais de plus en plus d'intervalles .

J'ai toujours cru , que le ciel était une banque *
et qu'il pouvait perdre ses richesses , ses tempêtes , son
vide ; mais moi , je n'avais rien que je puisse offrir à la perte .

Tout ce que j'avais eu , lorsque je l'ai regardé ,
ne m'appartenait plus . Tout ce que j'avais eu , lorsque je parlais ,
avait déjà disparu ; sans forme , sans substance .

Et je sais même que ce qui agite les habits du proche en pleurs durant les funérailles
ce n'est pas la respiration  du mort ,
                                                         ni le regret . Oh non .
 

( 3 . 9 . 1997 )

* Zhongshan : autre nom de Sun Yat'sen

* La boxe Mulan :  il s'agit d'une sorte de gymnastique très en vogue à Shanghaï . Les adeptes munies de larges éventails exécutent  diverses figures de groupe

* Le rapprochement entre ciel et banque est traditionnel puisque l'on brûle des liasses de faux-billets en offrande , dans le culte des morts . On parle aussi de la banque des enfers.

Traduit du chinois par Michèle Métail