Nino Muzzi

italiano

Le roman de la pelouse




Depuis l’enfance, la psychologie des arbres, les tiges sur son cœur rongées par les insectes. Elle aime le sang
vert de la pelouse fraîchement coupée, ses monstres chimiques liquéfiés. La noyade interdite, les pissenlits
mangés par leurs racines, des paroles de condamnés lui montent à la tête. Elle boit l’eau à même le tuyau
d’arrosage. Une queue de tigre, un serpent sans écaille s’enfonce dans sa gorge.

Le printemps éveille tous les sens.

Dans le deuxième chapitre, sa mère, corps lacéré dans son maillot de bain Jantzen, s’allonge avec ses yeux de
chat. Encore le gazon, un lit d’épines, celui d’une sainte qui avorte sous le balcon sans reconnaître son enfant.

La pelouse est un mal nécessaire. L’homme s’appuie sur la tondeuse, le ventre lourd sur le sac d’immondices, il
respire l’essence brûlée et rêve aux jeunes filles asiatiques laissées en plan sur l’écran de veille.

La tondeuse n’a pas de sexe. Elle va et vient dans le cerveau de son propriétaire. Un homme anonyme qui se
croit immortel. Ses poils sont drus, ses doigts malhabiles. Si la mécanique lui échappe, il en veut au ciel et à
l’éternité.

Sa queue à vif dans les corolles des pâquerettes annonce l’arrivée de l’été.

Le dénouement n’étonne en rien. La jeune fille fait de la pelouse un sujet étonnant. Penchée sur ses livres, elle
imagine la cour avec ses cocktails servis pendant les anniversaires, tourbillons, amours naissants d’adolescents
sur le mobilier de jonc;  dérives nocturnes sous les arbres, herbes folles et défendues.

Les dames de la pelouse la visitent en rêve. Déesses chevauchant des flamands roses sur le parterre; lièvres,
mouffettes et marmottes, animaux de banlieue devenus complices de cette jeune fille en fleurs.

L’harmonie règne.

La conclusion émeut, la fin d’une époque. Son père met la tondeuse au rancart et fait recouvrir le sol d’un tapis
vert synthétique, simulacre parfait de ce que sera la vie familiale à l’avenir.

© Carole David
ÉDITIONS LES HERBES ROUGES, 2010
Producción de Audio: UNEQ

Il romanzo del prato

Fin dall'infanzia, la psicologia degli alberi, gli steli del suo cuore rosicchiati dagli insetti. Lei ama il sangue

verde del prato falciato di fresco, i suoi mostri chimici liquefatti. L’annegamento proibito, i piscialletto

mangiati dalle radici, parole di condannati le  montano alla testa. Beve

l'acqua dal tubo

per annaffiare. Una coda di tigre, un serpente senza squame affonda nella sua gola.

 

La primavera risveglia tutti i sensi.

 

Nel secondo capitolo, sua madre, corpo lacerato nel suo costume da bagno Jantzen, si sdraia con i suoi occhi di

gatto. Ancora l’erbetta, un letto di spine, quello di una santa che abortisce sotto il balcone senza riconoscere il proprio bambino.

 

Il prato è un male necessario. L'uomo si appoggia al tosaerba, lo stomaco pesante sul sacco della spazzatura, lui

respira benzina bruciata e pensa alle giovani ragazze asiatiche lasciate sullo screen saver.

 

Il tosaerba non ha sesso. Va e viene nel cervello del suo proprietario.

Un uomo anonimo che si

crede immortale. I suoi peli sono ispidi, le sue dita maldestre. Se la meccanica gli sfugge, inveisce contro il cielo e

l’eternità.

 

La sua coda a contatto delle corolle di margherite annuncia l'arrivo dell'estate.

 

Il finale non sorprende per niente. La ragazza fa del prato un soggetto

fantastico. China sui suoi libri, lei

immagina il cortile con i suoi cocktail serviti durante i compleanni, gli sconvolgimenti, gli amori adolescenziali nascenti

sui mobili di giunco; derive notturne sotto gli alberi, erbe folli e proibite.

 

 

Le signore del prato la visitano in sogno. Dee a cavallo di fenicotteri

rosa sul parterre; lepri,

puzzole e marmotte, animali di banlieue diventati complici di questa giovane ragazza in fiore.

 

L'armonia regna.

 

La conclusione è commovente, la fine di un’epoca. Suo padre ripone il tosaerba e fa coprire il terreno con un tappeto

verde sintetico, simulacro perfetto di come sarà la vita familiare in futuro.

Traduzione: Nino Muzzi