Apparitions


Falaise debout chargée d’apparitions devant l’indifférence du soleil. Ton oeil, ta joue, ta bouche, tout ton visage tranquille s’acharne. Après le premier effet de la souffrance — ta distraction, oh ! —, une haute mémoire. Tu te heurtes de plein fouet contre ses terreurs en boucle sur les fissures du tain. Les mots manquent. Ton histoire comme celle de l’univers, authentiques et rugueuses. Voilà les états de ta souffrance, le reste de tes nuits, un supplément de dimanches et d’astres. Tu regardes droit devant toi. Disponible au réel, à ce jeune siècle alentour.



Tout te rapproche de ta peur, tout t’en écarte : demain, plus tard, tu portes loin ta solitude. Tes portraits de femme, tes silhouettes à venir, tes cheveux, tes gestes se reforment. Et pourquoi pas l’espoir ? Grain par grain, entre son et silence. C’est fou ce qui se cache sous les mains. Le crâne, les rêves assiégés. La vie à même le vif de la falaise. Tu dis : je suis ces figures qui défilent, remplies d’impertinences, et cette menace à ciel cru, son bourdonnement, son noir quotidien. Tu dis : nous nous serrons doucement les unes contre les autres.



D‘un côté, les événements du jour filent dans le brouillard : l’ambre de tes faces, les combats, les défis, les fatigues, les soifs déchirent tes pensées ; de l’autre — main dans la main, ménagerie et mélancolie, on dirait —, une enfant opiniâtre se soulève et se pose, souveraine, sous l’autorité de l’un de tes regards. Maintenant, elle dit. Comme s’il s’agissait de se frayer une voie entre les obstacles du dedans et de l’ailleurs. Voilà, c’est ça, l’air de rien, au plus profond, dans la gravité de soi : renaître. Une vision naturelle de l’éternité.



© Denise Desautels
Producción de Audio: 2007 Literaturwerkstatt Berlin

Erscheinungen


Aufrechte Klippen, aufgeschichtete Erscheinungen vor der ungerührten Sonne. Dein Auge, deine Wange, dein Mund, dein ganzes stilles Gesicht insistiert. Nach dem ersten Einfluss des Leidens – deine Geistesabwesenheit, ach ! –, ein enormes Gedächtnis. Du prallst mit voller Wucht gegen sein wiederholtes Entsetzen auf die Fissuren des Spiegelbilds. Die Worte fehlen. Deine Geschichte, wie die des Alls, authentisch zerklüftet. Hier, die Zustände deines Elends, der Rest deiner Nächte, eine Sonntags- und Gestirnsbeilage. Du blickst nach vorn, stellst dich der Wirklichkeit, in dem jungen Jahrhundert ringsumher.


Alles drängt dich an deine Angst, alles entfernt dich von ihr: Morgen, später, trägst du deine Einsamkeit fort. Deine Portraits einer Frau, deine künftigen Silhouetten, dein Haar, deine Gesten formieren sich neu. Und warum nicht hoffen? Korn um Korn, zwischen Schall und Schweigen. Verrückt, was sich unter den Händen versteckt. Der Schädel, die umzingelten Träume. Das Leben, abgeschilferte Klippen. Du sagst: Ich bin die Figuren, die passieren, voller Schamlosigkeiten, das Dräuen des ungeschminkten Himmels, sein Brummen, seine alltägliche Schwärze. Du sagst: Wir drücken uns sacht aneinander.


Zum einen verstreicht das Tagesgeschehen im Nebel: Der Bernstein deiner Gesichter, die Kämpfe, die Provokationen, die Zerschlagenheit, der Durst dekomponieren deine Gedanken; zum anderen – Hand in Hand, Menagerie und Melancholie, könnte man meinen – reckt sich ein kompromissloses Kind und setzt sich selbstherrlich, unter der Aufsicht einer deiner Blicke. Jetzt, sagt es. Als ginge es darum, sich einen Weg zu bahnen, zwischen den inneren Hindernissen und dem Irgendwo. Genau, das ist es, als sei nichts, abgrundtief, in der eigenen Schwerkraft: Wiederauferstehen. Eine selbstverständliche Vision von Ewigkeit.



Deutsche Fassung von Sabine Scho.
Die Übersetzung entstand im Rahmen des Übersetzungsworkshops
Versschmuggel des Poesiefestivals Berlin 2007