PSALAM O NEBROJENOM

Na otoku vidjeh tristo koza
i trideset jaraca,
čudo od ovaca,
četiri tisuće pognutih
i na stotine živahnih ovnova.
Osamdeset magarica i deset tužnih magaraca
sedam stotina tridest pet konja,
dva u kasu, mazga njihovih
dvije stotine četrdeset i šest.
Stada i stada neizmjerna.
A nijednog pastira.
S magarcem se nađoh licem u lice,
bijasmo suočeni u tami staje.
Nakon viđenja, propjevah:

gledam ti otok, nepoznati Bože
i na koljenima klečim
pred djelom očiju
gledam ti zemlju crvenu
djelo tvojih ranjenih tabana
gledam ti stabla stamena
djelo tvojih šaka i nokata.
Ničega se ne moraš stidjeti.
Ni groblja, odrona, skeleta,
šišarki beskorisnih.
Ni smokve besplodne u kamenjaru.
Ni bogalja zakraljenih.
Ni kostiju što dršću rasute
ispod zemlje i pjevaju hvale Gospodu.
Ni magaraca što gledaju se oči u oči
nasamo s ljudima, nasamo s tobom.

© Dražen Katunarić
Producción de Audio: Croatian P.E.N. Centre

PSAUME SUR L'INNOMBRABLE

Sur une île je vis trois cents chèvres
et trente boucs,
une multitude des brebis,
quatre mille courbées,
des centaines de béliers fougueux.
Quatre-vingts ânesses et dix ânes tristes,
sept cent trente-cinq chevaux,
deux au trot, de leurs mulets
deux cent quarante-six.
Des troupeaux, des troupeaux innombrables.
Mais aucun berger.

Avec un âne je me trouvai face à face,
l’un à l’autre confrontés dans une étable obscure.
Après cette vision, je me mis à chanter:

je regarde ton île, Dieu inconnu,
et je m’agenouille
devant l'oeuvre des yeux;
je regarde ta terre rouge,
oeuvre de tes pieds blessés,
je regarde tes arbres vigoureux,
oeuvre de tes poings et de tes ongles.
De rien tu ne dois avoir honte.
Ni du cimetière, de l'éboulement, du squelette,
des pommes de pin inutiles.
Ni du figuier stérile dans la pierraille.
Ni des estropiés faits rois.
Ni des os qui tremblent dispersés
sous la terre et chantent les louanges du Seigneur.
Ni des ânes qui se regardent les yeux dans les yeux
seuls avec les hommes, seuls avec toi.

Traduit du croate par Borka Legras