Alain Lance
francés
Das innerste Afrika
Komm in ein wärmeres Land
mit Rosenwetter
Und grünen laubigen Türen
Wo unverkleidete Männer
Deine Genossen sind.
Dahin! Dahin
Möcht ich mit dir, Geliebter
Komm
aus deinem Bau deinem lebenslänglichen Planjahr ewigen
Schnee / Wartesaal wo die Geschichte auf den vergilbten
Fahrplan starrt die Reisenden ranzig / Truppengelände
TRAUNERN IST NICHT GESTATTET
Unter die sachten Tamarisken
In den Tropenregen, der die Losungen
Abwäscht, trockenen Protokolle.
Sieh das Meer, das dagegen ist
Mit fröhlichen Wellen, und ins Offene geht
dahin
Dahin führt kein Weg.
Wenn du gehst, hebt die Zeit ihre Flügel.
Nimm den Pfad gleich links durch die Brust
Und überschreite die Grenze.
Wo die Zitronen blühn, piff paff!
En quelque soir, par exemple, le touriste naïf EUROPA
SACKBAHNHOF die verdunkelten Züge aus der vierten
Welt vor Hunger berstend / hinter der Zeitmauer Getöse
unverständliche Schreie / Blut sickert aus den Nähten
der Niederlage / Zukunftsgraupel und fast will / Mir es
scheinen, es sei, als in der bleiernen Zeit
Sie können dich töten, aber vielleicht
Kommst du davon
Ledig und unbestimmt
komm! ins Offene, Freund!
Nicht im Süden liegt es, Ausland nicht
Wo unverkleidete Männer
Wo der Regen
Denn nicht Mächtiges ists, zum Leben aber gehört es
Was wir wollen
wo dich keiner
Das innerste Land, die Fremde
Erwartet. Du mußt die Grenze überschreiten
Mit deinem gültigen Gesicht.
Dein rotes Spanien, dein Libanon
Erreiche es vor der Rente.
Wir befinden uns, sagte er, auf einer schiefen Ebne. Alles
deutet darauf hin, daß es abwärts geht. Schließen Sie ein-
mal die Augen und hören Sie, wie es knirscht. Das ist das
Ende. Warten wir ab, wir werden es erleben. Wir sind
auf dem besten Weg. Wir brauchen nur fortzufahren mit
der Übung. Vor einiger Zeit konnten wir z. B. das Brett
oder wie man es nennen will zurückwippen über den Null-
punkt und sagen: es geht aufwärts! Jetzt ist es eine end-
gültige Schräge in den Keller. Zu den Kakerlaken, meine
Damen und Herrn. Bleiben Sie ruhig, gehn Sie in die
Firma, wickeln Sie sich in die Plane, fassen Sie sich kurz.
Wir haben die furchtbare Nachricht vernommen, wir
haben nichts hinzuzusetzen. Adieu. Sagte der Mann in
Itzehoe und glitt hinter dem Fenster hinab.
Non! wir werden den Sommer nicht mehr in diesem geiz-
igen Land verbringen, wo wir immer nur einander ver-
sprochene Waisen sind,
komm
Steckmuscheln, Zikaden
Mach dich auf
Lebenslänglicher Leib:
SIEH DAS MEER, DAS DAGEGEN IST.
ERREICHE ES VOR DER RENTE.
DU MUSST DIE GRENZE ÜBERSCHREITEN.
De: Langsamer knirschender Morgen. Gedichte
Frankfurt am Main: Suhrkamp Verlag, 1987
ISBN: 3-518-04423-0
Producción de Audio: 2000 M. Mechner, literaturWERKstatt berlin
L'AFRIQUE LA PLUS INTERIEURE
Viens dans un pays plus chaud
temps des rosés
Portes vertes en feuillage
Où des hommes sans déguisement
Sont des camarades.
Là-bas ! Là-bas je voudrais
M'en aller avec toi, mon aimé
Viens
sors de ton édifice, de ton année planifiée à vie, neige éternelle/
salle d'attente où l'Histoire a les yeux fixés sur l'horaire jauni
sur les voyageurs rancis / terrain de manœuvre
TRISTESSE INTERDITE
Sous les doux tamaris
Sous la pluie tropicale qui lessive
Les mots d'ordre, les arides comptes-rendus.
Vois la mer, qui est contre
En vagues joyeuses et s'ouvre au grand large
là-bas
Là-bas où ne mène aucun chemin,
II suffit que tu marches, le temps prend son vol.
Prend le premier sentier à gauche à travers la poitrine
Et franchis la frontière.
Où fleurit l'oranger, pan ! pan !
En quelque soir, par exemple, le touriste naïf EUROPE GARE
TERMINUS les trains obscurcis du quart
monde explosant de faim / derrière le mur du temps
mugissements cris incompréhensibles / le sang suinte des
coutures de la défaite / grêlons de l'avenir et c'est
pour moi / comme si le temps était de plomb
Ils peuvent te tuer mais peut-être
En réchapperas-tu
Libre et indéterminé
viens ! vers le large, ami !
Ce n'est pas dans le Sud, pas à l'étranger
Où des hommes non déguisés
Où la pluie
Car ce n'est d'aucun pouvoir mais du domaine de la vie ce
Que nous voulons
où nul ne t'attend
Le pays le plus intérieur, l'inconnu.
Tu dois franchir la frontière
Muni d'un visage encore valide.
Ton Espagne rouge, ton Liban
Atteins-le avant la retraite.
Nous nous trouvons, disait-il, sur un plan incliné. Tout indique
que les choses dégringolent. Fermez un instant les yeux et
écoutez comme ça grince. C'est la fin. Encore un peu de
patience, et ça va venir. On y va tout droit. On n'a qu'à
continuer l'exercice. Il y a peu de temps encore, une pichenette
suffisait à rétablir l'équilibre et l'on pouvait dire : ça repart vers
le haut ! Maintenant c'est une pente définitive qui mène tout
droit dans la cave. Chez les cancrelats, mesdames et messieurs.
Gardez votre calme, allez dans la boîte, enroulez-vous dans la
bâche, soyez brefs. Nous avons appris la terrible nouvelle, nous
n'avons rien à ajouter. Adieu. A dit l'homme d'Itzehoe, et il
disparut de la fenêtre, happé par le sol.
Non ! nous ne passerons pas l'été dans ce pays avare où nous ne serons jamais
que des orphelins fiancés,
viens
Bulots, cigales de mer
Ouvre-toi
Corps à perpétuité :
VOIS LA MER QUI EST CONTRE.
ATTEINS-LA AVANT LA RETRAITE.
TU DOIS FRANCHIR LA FRONTIÈRE.
Tiré de: Le massacre des illusions, Éditions L'Oreille du Loup, 2011.