Seasamh Fóid

Tá an fód ag imeacht ina luaithreach,
Ó dhonn go bán,
Ach las sé, las, is dhóigh ar feadh i bhfad,
Agus théigh.
Ag tiontú ina luaithreach bán
Ón chraiceann isteach,
Tá fionnadh air, nó féasóg seachtaine ar ghiall teann seanduine
Agus imíonn an crot deimhin dronuilleogach sin
Ba fhianaise ar scil na bhfear,
Is imíonn na poill a d’fhág an píce
Ba fhianaise ar a neart.
Tá bealóg ann, domhain, dearg, nimhneach.
Char thréig na déithe teallaigh go fóill an áit seo.
An dul ó sholas, nach sin an t-am
Do leannáin, don phleanáil, don oiliúint faoi rún,
Don fhilíocht?

© Greágóir Ó Dúill

Contributions à l’histoire du renoncement

Au moment où j’ai arrêté d’écrire des critiques
je les écrivais dans chaque phrase exprimée.
Au moment où j’ai arrêté d’écrire
toute rencontre avec la parole devenait littérature.
Je dis « devenait » car en ce moment je suis de nouveau
le crayon à la main
et je tiens le journal de mes renoncements
à la langue, à la parole, à la chose.
Depuis toujours j’ai préféré l’incertitude;
de nombreuses formes de prétention me remplissaient
régulièrement des tristes étendues du vide
derrière lequel on entrevoyait des doigts sombres de pieuvre
et la solitude des illusions somptueuses du néant,
que ce matin j’ai lues dans le poème d’un ami,
et sur lesquelles juraient «les pères et les enfants»
des générations heureuses. Haut à l’horizon, au-delà duquel
je ne vois plus que ma propre figure
dans le miroir de l’océan, vole un oiseau solitaire.
C’est, prononcée ou suspendue pour un instant,
ma phrase aux vibrations en conflit.
J’en suis plus fier tout de même que d’une signification
prononcée.

1988

Traduit du croate par Vanda Mikšić