Jean-Marc Desgent
[Voici la grande machine de ma robe de mariée]
[Voici la grande machine de ma robe de mariée]
Voici la grande machine de ma robe de mariée éveillée, endormie.
L’amour prend la forme d’un cheval de fer qui fait le vent des fous, les rails sont lancés, je suis traversé par les états-nations (on n’a pas connu plus tragique), le rythme est langue normale : homme-femme, homme-femme, cœur-cœur, peur-peur et j’entre en gare.
Je suis la pauvre passion, immenses verrières de toi, moi, pourtant, on met à jour mon sexe et l’autre sexe : toi, moi, les étrangers du visible, les apeurés d’être avant ou devant le monde, pendant et après le sang qui roule sur la caisse de nos corps. Et mes deux ressemblances : l’animal de moi en chacun, mais pour personne et la tristesse des attouchements (ils sont les détruits du sens qu’on donne à n’importe quoi).
À partir de là, je deviens mortel pour vrai et fin de non-recevoir, aussi roche poreuse que corps en passoire comme lorsque nous nous donnons aux anges.
***
On est l’objet du massacre comme on dit les objets du désir : on est moins que la fente bleue, argentée, bleue, argentée devant soi aux voilures coupées (le volatile de fin coton est une vue de l’esprit), on est sans tremblements ou autres agitations qui connaissent bien la loi de la pesanteur.
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Plus on fait l’abstraction, plus il est facile de tuer la fille avec garçon effiloché. Je suis longue volée de plombs comme un rideau tombé… Et ça tombe, les deux amoureux !
Je fais le pont entre leurs deux cuisses, ma bouche, ma langue, ma dyslexie sont moitié-moitié : à droite, un peu de vie encore, à gauche, un peu de souffle court, cuisse droite, un peu l’odeur, cuisse gauche, un peu la mort, au centre, un peu d’eau
vinaigrée suant des hanches percées, gauche, droite, gauche, droite et jusqu’au vide.
Ça nous apprendra, toi, moi, à vouloir donner tout.