Christian Prigent
petit lever
petit lever
matin à la volée le mal le trop
de soleil dans le noir reclus
alors j’ai l’ire le henni
ssement malivole dans
l’oeil énormément
un coin de ciel c’est
un peu d’en-moins un clin
de zéro piqué
d’ailes acerbes
dehors est un brin
de paille un
fétu dans une bouse par
où l’air suce la terre
ce brin je l’ai comme un veau
dans les trous du nez
ô morves ! renâclements !
la vie n’est qu’un reniflement
un peu après nous fûmes aux verdures
ah l’homélie des foisons !
l’essaim des foutus sons !
mais malgré l’armature le jet pur des
peupliers
les arcs les bâtons les
perspectives concentrées dans des flaques
grand trou flou partout :
dégoût ! dégoût !
ah me dis-je rien ni
mouches ni larmes ni
bouche en cul ne
elle et moi rien
ne nous ni os ni
trèfle luzerne cageots
ni cani
cule ni noroît ni
lapins poules becs
dents poils sanguinolements
non
non
non
ne nous pompera le peu
d’air entre nous mon dieu !
pourtant ça le fit car le
grand trou flou foutu fut
l’âme
or l’âme la
macule du
cul l’âme
mâle
est la came l’oeuf
de vacuité
et ça meule on
plie
on vide dedans sa vie
on est dans les peurs
l’âme tu commences fort ditelle
et moi : le corps j’ai vu
que c’était foutu alors
l’âme on ne sait jamais
car l’âme est la lame
qui cuit la
muqueuse qui
creuse la vie
est un trou d’âme meulé
dans
la masse du corps pas
de quoi meugler encore
sinon qu’en ça se sent la douceur d’être
fort à force
d’être quasi mort
ah la peur la garce
le purin farce
la crosse dedans
c’est l’os protestant
être rien zéro
pur trou de présent
va ose
os
axe rosse
souque ton bout
des crasses et des boues
moi pas couché moi
crampe moi
hampe du reste de quasi moi mort
moi vissé essoré moi sort
son âme bande encore
si se naît son corps de la bonde immonde
des bières des colères
des écumes des
glaires d’amertume
l’ouïe à l’ouïssance c’est
la fuie le sens
glisse purins et murènes reins
reines érèbes je
demeure dans la bouche
de la vérité louche
je demeure oui mais ja
mais (deux mots) moi
je suis ce mât ou garce
crosse qu’écrase
la peur
la peur : caresse d’âme
gelée je l’ai comme l’oeil
du monde qui plombe
la bête obtuse de ma tête
l’âme quand elle a faim dit :
qui mange mal devient
le mal qu’il mange
alors j’ai la faim
la faim spiralée des
lèpres des folies des rhumes
ça fume la lie
du monde je
mange la fange
je suis un ange
je crache les vacheries
j’avale je ris
oui
le monde rit en moi quand il me
nourrit pour
rire pour me
pourrir