Collectif des traducteurs passa porta  (passa porta vertalerscollectief)
Translator

on Lyrikline: 19 poems translated

from: french to: german, dutch

Original

Translation

Tracasse

french | Laurence Vielle

Dernier souhait de janvier.
il y aurait / il y aura
un bâtiment au milieu de la ville
qui permettra d’accueillir 400 ou 500 sans-logis.
Je pense au projet « DoucheFLUX» près de la gare du Midi
à soutenir absolument en ces jours de frimas.

C’est le temps des gants
des gants des gens qui passent
tracasse dit Momo
à la terrasse de l’Union
c’est le temps des gants
gants solitaires gants pour personne
feuilles mortes aux pavés gris
paumes ouvertes des démunis
en boule au creux des porches
les souhaits s’effilochent
aux petits matins blancs
lumières électriques s’effacent
au chemin des écoles
mains perdues des mendiants
en froid sur le bitume
chaque gant égaré
un message semé
au ventre de l’hiver
c’est le temps des gants
des gants des gens qui passent
souhaits des plus fragiles
dis donne-moi asile
un toit donne-moi toit
pour pas mourir de froid
toit où m’asseoir
toit où manger
me soulager
toit où laver
mes habits las
toit ou poser
mon corps froissé
toit oui toit
tracasse
toi
pour moi
te casse pas
donne-moi toit
avant que je ne me
fracasse
regarde-moi
j’ai froid

© Laurence Vielle
from: Poète National(er) Dichter des Vaderlands
Bruxelles
Audio production: Pierre Devalet

Tracasse

german

es soll/wird mitten in der stadt

ein gebäude errichtet werden,

in dem obdachlose aufgefangen werden,

mindestens 400 oder 500 obdachlose.


Die handschuhsaison ist angebrochen

handschuhe von passanten

müh dich nicht, sagt Momo

auf der Terrasse der Union

es ist handschuhsaison

einsame handschuhe handschuhe für niemanden

tote blätter auf grauen pflastersteinen

hingehaltene hände nutzloser leute

eingerollt in die eingangshöhlen

die wünsche ausgefranst

im weißen morgengrauen

elektrische lampen erlöschen

auf dem weg zur schule

verlorene bettlerhände

halb taub auf dem asphalt

jeder verlorene handschuh

ein gesäter bericht

in den eingeweiden des winters

es ist handschuhsaison

handschuhe von passanten

wünsche der verletzlichsten unter uns

komm, gib mir eine bleibe

ein dach gib mir obdach

damit ich nicht vor kälte krepiere

ein dach unter dem ich sitzen kann

ein dach unter dem ich essen kann

meine notdurft verrichten kann

ein dach, wo ich meine müden kleider

waschen kann

meinen geschundenen körper

ein dach ja ein dach

tu doch was

du

für mich

mach dich nicht aus dem staub

gib mir ein dach

bevor ich

zum wrack werde

sieh mich an

mir ist kalt

Übersetzerung: Isabel Hessel und das Übersetzerkollektiv von Passa Porta, 2017

Tracasse

french | Laurence Vielle

Dernier souhait de janvier.
il y aurait / il y aura
un bâtiment au milieu de la ville
qui permettra d’accueillir 400 ou 500 sans-logis.
Je pense au projet « DoucheFLUX» près de la gare du Midi
à soutenir absolument en ces jours de frimas.

C’est le temps des gants
des gants des gens qui passent
tracasse dit Momo
à la terrasse de l’Union
c’est le temps des gants
gants solitaires gants pour personne
feuilles mortes aux pavés gris
paumes ouvertes des démunis
en boule au creux des porches
les souhaits s’effilochent
aux petits matins blancs
lumières électriques s’effacent
au chemin des écoles
mains perdues des mendiants
en froid sur le bitume
chaque gant égaré
un message semé
au ventre de l’hiver
c’est le temps des gants
des gants des gens qui passent
souhaits des plus fragiles
dis donne-moi asile
un toit donne-moi toit
pour pas mourir de froid
toit où m’asseoir
toit où manger
me soulager
toit où laver
mes habits las
toit ou poser
mon corps froissé
toit oui toit
tracasse
toi
pour moi
te casse pas
donne-moi toit
avant que je ne me
fracasse
regarde-moi
j’ai froid

© Laurence Vielle
from: Poète National(er) Dichter des Vaderlands
Bruxelles
Audio production: Pierre Devalet

De handschoenentijd is begonnen…

dutch

Laatste nieuwjaarswens.
er zou/ zal een gebouw
komen midden in de stad
waar de thuislozen onderdak vinden
op zijn minst 400 of 500 thuislozen.
Zo is er het project ‘Douche Flux’ dichtbij station Brussel-Zuid
dat we in deze rijpdagen zeker moeten steunen

De handschoenentijd is begonnen
handschoenen van voorbijgangers
geen nood zegt Momo
op het terras van de Union
het is handschoenentijd
eenzame handschoenen handschoenen voor niemand
dode bladeren op de grijze plavuizen
open handen van de arme sukkelaars
opgerold in de holte van de portieken
de wensen uitgerafeld
in het witte ochtendkrieken
elektrische lichtjes doven uit
op weg naar school
verloren handen van de bedelaars
verkleumd op het asfalt
voor iedere handschoen verloren
een bericht gezaaid
in de buik van de winter
het is handschoenentijd
handschoenen van voorbijgangers
wensen van de breekbaarste mensen
zeg geef mij onderdak
een dak geef mij onderdak
om niet van kou te creperen
een onderdak waar ik kan zitten
waar ik kan eten
waar ik mij kan ontlasten
een onderdak waar ik mijn moeë plunje
kan wassen
mijn zere lijf
een dak ja een dak
doe toch iets
jij
voor mij
maak je niet uit de voeten
geef mij onderdak
of ik word
een wrak
kijk me aan
ik heb het koud

Nederlandse vertaling: Vertalerscollectief van Passa Porta, 2016

Source

french | Laurence Vielle

Matin sur Bruxelles
je marche à contresens de tous les travailleurs
qui descendent du train
vague de corps pressés déferle sur la cité
je pars à contresens aux sources de l’Escaut
ah ça c’est un voyage
prendre le train pour Mons
puis la voiture avec Maarten Inghels
le poète d’Anvers qui va marcher dix jours
de la source à sa ville
on passe la frontière
je pars à contresens aux sources de l’Escaut
qui ne s’en soucie guère des frontières
depuis cent ans il veille
les os de Verhaeren
Rimbaud le marcheur l’a longé lui aussi
Hugo le saute-frontières et tant d’autres
ah ça c’est un voyage la source de l’Escaut
point de Gouy d’où l’eau jaillit
quelle matrice te nourrit ?
Demain j’irai je crois
aux sources de moi-même
je ne sais pas encore
dans quel train je monterai
à quel quai j’embarquerai
après-demain à contresens encore
j’irai à la source de la vie
de la joie du temps de l’amour
aux sources de l’Europe aussi
pour honorer Emile poète européen
l’Europe des marcheurs
des sillonneurs des resourceurs
ouverte à ceux d’ailleurs
qui nourrit son souffle court
aux souffles nouveaux venus
l’Europe sociale et inclusive
qui prend appui sur les petits
l’Europe où se repeuplent
campagnes et vallées
un jour par an nous marchons tous
en quête d’une source
l’Europe trouée se réveille
ah j’aimerais m’y rendre à cette source-là
source source une goutte t’initie
source du fond obscur renouvelle nos langues
rafraîchis pieds gosiers
mouille vocables envahis chairs
ouvre-nous le chemin.

© Laurence Vielle
from: Poète National(er) Dichter des Vaderlands
Bruxelles
Audio production: Pierre Devalet

Bron

dutch

Ochtend over Brussel
ik wandel tegen de stroom van alle arbeiders in
die uit de trein stappen
golf van gehaaste lichamen die de stad instromen
ik vertrek tegen de stroom van de bronnen van de Schelde in
ah wat een reis
de trein naar Bergen nemen
en dan de auto met Maarten Inghels
de Antwerpse dichter die tien dagen lang zal wandelen
van de bron naar zijn stad
we steken de grens over
ik vertrek tegen de stroom van de bronnen van de Schelde in
die zich van grenzen niets aantrekt
al honderd jaar waakt hij over
het gebeente van Verhaeren
Rimbaud de wandelaar is er ook voorbijgelopen
Hugo de grensspringer en zovele anderen
ah wat een reis de bron van de Schelde
stipje Gouy waar het water opborrelt
welke moederlijf voedt je?
Morgen geloof ik loop ik
naar de bronnen van mezelf
ik weet nog niet
in welke trein ik stap
op welk perron ik instap
overmorgen nog eens tegen de stroom in
loop ik naar de bron van het leven
van de vreugde van de tijd van de liefde
naar de bronnen van Europa ook
om Émile de Europese dichter te eren
het Europa van de wandelaars
van de trekkers van de herbronners
open voor wie van elders komt
Europa dat zijn korte adem voedt
aan de adem van de nieuwkomers
het sociale en insluitende Europa
dat op de kleinen steunt
Europa waar platteland
en valleien weer worden bevolkt
eens in het jaar wandelen we met ons allen
op zoek naar een bron
Europa ontwaakt vol gaten
ah wat zou ik graag naar die bron daar gaan
bron bron een druppel wijdt je in
bron van de donkere bodem maak onze talen weer nieuw
verfris voeten kelen
bevloei woorden overspoel lichamen
leg de weg voor ons open

Vertaald door het Vertalerscollectief van Passa Porta (2016)

Source

french | Laurence Vielle

Matin sur Bruxelles
je marche à contresens de tous les travailleurs
qui descendent du train
vague de corps pressés déferle sur la cité
je pars à contresens aux sources de l’Escaut
ah ça c’est un voyage
prendre le train pour Mons
puis la voiture avec Maarten Inghels
le poète d’Anvers qui va marcher dix jours
de la source à sa ville
on passe la frontière
je pars à contresens aux sources de l’Escaut
qui ne s’en soucie guère des frontières
depuis cent ans il veille
les os de Verhaeren
Rimbaud le marcheur l’a longé lui aussi
Hugo le saute-frontières et tant d’autres
ah ça c’est un voyage la source de l’Escaut
point de Gouy d’où l’eau jaillit
quelle matrice te nourrit ?
Demain j’irai je crois
aux sources de moi-même
je ne sais pas encore
dans quel train je monterai
à quel quai j’embarquerai
après-demain à contresens encore
j’irai à la source de la vie
de la joie du temps de l’amour
aux sources de l’Europe aussi
pour honorer Emile poète européen
l’Europe des marcheurs
des sillonneurs des resourceurs
ouverte à ceux d’ailleurs
qui nourrit son souffle court
aux souffles nouveaux venus
l’Europe sociale et inclusive
qui prend appui sur les petits
l’Europe où se repeuplent
campagnes et vallées
un jour par an nous marchons tous
en quête d’une source
l’Europe trouée se réveille
ah j’aimerais m’y rendre à cette source-là
source source une goutte t’initie
source du fond obscur renouvelle nos langues
rafraîchis pieds gosiers
mouille vocables envahis chairs
ouvre-nous le chemin.

© Laurence Vielle
from: Poète National(er) Dichter des Vaderlands
Bruxelles
Audio production: Pierre Devalet

Ursprung

german

Morgen über Brüssel
ich gehe stromaufwärts den arbeitern entgegen
die alle aus den zügen steigen
flutwelle eiliger leute die in die stadt schwappen
ich gehe stromaufwärts zum ursprung der Schelde
ach welch eine reise
den zug nach Bergen nehmen
dann das auto mit Maarten Inghels
dem dichter Antwerpens er wandert zehn tage
von der quelle bis zu seiner stadt
wir überqueren die grenze
ich gehe stromaufwärts zum ursprung der Schelde
die sich nichts aus grenzen macht
schon seit hundert jahren wacht
sie über Verhaerens gebeine
Rimbaud der wanderer kam auch hier vorbei
Hugo der grenzhüpfer und so viele andre
ach welch eine reise die quelle der Schelde
fleckchen Gouy wo das wasser quillt
welchen mutterschoß ernährst du bloß?
Morgen glaub ich geh ich
zum ursprung meiner selbst
ich weiß noch nicht
welchen zug ich nehme
auf welchem gleis ich einsteigen werde
übermorgen noch einmal stromaufwärts
geh ich zum ursprung des lebens
der freude der liebe der zeit
zum ursprung Europas auch
um Émile den europäischen dichter zu ehren
das Europa der wanderer
der ziehenden zurück-zum-ursprung-gehenden
offen für die von anderswo her
das seine kurzatmigkeit nährt
mit dem atem der neuankömmlinge
das Europa sozial und umarmend
das auf die kleinen leute baut
Europa wo land
wo täler wieder bevölkert werden
einen tag im jahr wandern wir zusammen
auf der suche nach dem ursprung
Europa erwacht mit lauter löchern
ach wie gern ging ich zurück zu dieser quelle
quell quell ein tropfen weiht dich ein
quelle des dunklen bodens mach unsre sprachen wieder neu
erfrische füße schlünde
bewässre wörter überspühle körper
breite den weg vor uns aus.

Übersetzung: Isabel Hessel und das Übersetzerkollektiv von Passa Porta

Vies à vies

french | Laurence Vielle

tu crois que c’est possible toi / ? /
12 / sans-papiers /
face à
200 policiers armés 20 combis de police 10 chiens 1 hélicoptère /
vis / à / vis /
visages / blindés / face à / visages / sans papiers /
12 êtres / pacifiques / pas les terroristes / pour lesquels /
les grosses artilleries / martèlent / ma ta notre ville /
non
12
dans la nuit douce / hommes / tirés du lit/
on arrache leur porte / on arrache maigre racine / qu’ils tentent d’enfoncer / dans terre ma ta notre terre / contre vents et marées / abris violés / on arrache maigre visage / qu’ils tentent de fixer / sur papier / pour vivre / libres /
12 / remisés / en centres fermés /
sombres temps
je pense aux sombres temps / que mes parents ont vu / qu’ils espéraient que je ne verrais /
pas
quel est ce pays / où je tu vis / où nous vivons /
un cri
il faut crier / que / pas ça
vies
à vies
à vies crier
que ça fait mal
aux enfants de mon pays
à l’air de mon pays
au cœur de mon pays
ma langue bégaye aux sombres temps
où l’espace entre êtres
est réduit à bave sans âme
de quel pays suis-je poète
je te le raconterai demain
le pays que je rêve
mais sûr de sûr
pas celui-ci

© Laurence Vielle
from: Poète National(er) Dichter des Vaderlands
Bruxelles
Audio production: Pierre Devalet

Levens tegen levens

dutch

vind je echt dat dit kan / ? /
12 / sans-papiers /
tegenover
200 gewapende agenten 20 politiebusjes 10 honden 1 helikopter /
oog / in / oog /
gepantserde / gezichten / tegenover / sans-papiers /gezichten /
12 vreedzame / mensen / niet de terroristen / voor wie /
de zware artillerie / mijn jouw onze stad / doet daveren /
nee
12
mannen / in de zachte nacht / uit bed gesleurd /
men rukt hun deur los / men rukt hun povere wortel uit / die ze trachten te poten / in grond mijn jouw onze grond / door dik en dun / geschonden schuiloord / men rukt hun uitgemergelde gezicht af / dat ze proberen vast te leggen / op papier / om vrij / te leven /
12 / vergrendeld / in gesloten centra /
sombere tijden
ik denk aan de sombere tijden / die mijn ouders hebben gekend / waarvan ze hoopten dat ik ze /
nooit / zou kennen
wat is dit land / waar ik jij leven / waar wij leven /
een schreeuw
we moeten schreeuwen / nee / dat niet
levens
tegen levens
schreeuwen voor de levens
dat het de kinderen
van mijn land bezeert
de lucht van mijn land
het hart van mijn land
mijn taal stottert in de sombere tijden
waar van de ruimte tussen mensen
slechts zielloos kwijl overblijft
van welk land ben ik de dichter
ik vertel het je morgen wel
het land waar ik van droom
maar zeker heel zeker
niet dit land

Vertaald door het Vertalerscollectief van Passa Porta (2016)

Vies à vies

french | Laurence Vielle

tu crois que c’est possible toi / ? /
12 / sans-papiers /
face à
200 policiers armés 20 combis de police 10 chiens 1 hélicoptère /
vis / à / vis /
visages / blindés / face à / visages / sans papiers /
12 êtres / pacifiques / pas les terroristes / pour lesquels /
les grosses artilleries / martèlent / ma ta notre ville /
non
12
dans la nuit douce / hommes / tirés du lit/
on arrache leur porte / on arrache maigre racine / qu’ils tentent d’enfoncer / dans terre ma ta notre terre / contre vents et marées / abris violés / on arrache maigre visage / qu’ils tentent de fixer / sur papier / pour vivre / libres /
12 / remisés / en centres fermés /
sombres temps
je pense aux sombres temps / que mes parents ont vu / qu’ils espéraient que je ne verrais /
pas
quel est ce pays / où je tu vis / où nous vivons /
un cri
il faut crier / que / pas ça
vies
à vies
à vies crier
que ça fait mal
aux enfants de mon pays
à l’air de mon pays
au cœur de mon pays
ma langue bégaye aux sombres temps
où l’espace entre êtres
est réduit à bave sans âme
de quel pays suis-je poète
je te le raconterai demain
le pays que je rêve
mais sûr de sûr
pas celui-ci

© Laurence Vielle
from: Poète National(er) Dichter des Vaderlands
Bruxelles
Audio production: Pierre Devalet

Leben Gegen Leben

german

sag / glaubst du das / ? /
12 / menschen ohne papiere / stehen /
200 bewaffneten polizisten 20 kombis 10 hunden 1 helikopter /
aug / in / auge /
gegenüber

gepanzerte / gesichter / gegenüber / gesichtern / ohne papiere /
12 friedliche / menschen / nicht die terroristen / weshalb /
die schweren geschütze / meine deine unsere stadt / erschüttern /
nein
12
in milder nacht / aus dem bette gezerrte / männer /
man reißt ihre tür auf / man reißt ihre spärlichen wurzeln aus / die sie wachsen lassen wollten / im boden meinem deinem unserem boden / durch dick und dünn / geschändeter schutzraum / man reißt ihnen das ausgemergelte gesicht herunter / das sie versuchen festzulegen / auf papier / um frei / zu leben /
12 / hinter gittern / in geschlossenen zentren /
düstere zeiten
ich denke an die düsteren zeiten / die meine eltern gekannt haben / von denen sie hofften ich müsse sie / nie / erleben
was ist dieses land / in dem ich lebe du lebst / wo wir leben /
ein schrei
wir müssen schreien / dass / nicht dass
leben
gegen leben
schreien für diese leben
dass es den kindern
meines landes wehtut
der luft meines landes
dem herzen meines landes
in düsteren zeiten stottert meine sprache
wo vom raum zwischen menschen
bloß seelenloses geifern übrig bleibt
von welchem land bin ich der dichter
das erzähle ich dir morgen
dem land von dem ich träume
aber bestimmt ganz bestimmt
nicht diesem land

Übersetzung: Isabel Hessel und das Übersetzerkollektiv von Passa Porta (2016)

Première fois

french | Laurence Vielle

Holà hoooola
tournez nuages chantez kermesses
tremblez chemins bouches déployez-vous
première fois c’est la première fois
première fois que quoi ?

qu’la poésie déferle assiège
démène rallume et renouvelle
aujourd’hui 150 jeunes poètes
du nord au sud d’ouest en est
trament riment claquent
les mots de leur première fois
‘parfois raté mais jamais faux’
comme écrit Charles Ducal
première fois que tu t’envoles en bécane
première colline que tu grimpes
première fois que tu salues la mer
premier amour première gifle
premier baiser premier déluge
premier deuil retour aux racines premières
première fois que tu quittes
le bout du bout de ta rue
premier taureau dont tu es fier
premier soulèvement du monde
premier livre que tu relis
premier pas première mort
l’horreur se banalise
premier rêve première extase
première rupture première danse
premier jour pour toujours
les jeunes poètes ce matin
soufflent dans ma poitrine
sifflent entre mes lèvres
je marche dans la rue
au vent bouleversé de leurs premières fois
langue en printemps langue étincelle
langue en rage langue en cavale
langue ébranlée agite et veille
le monde qui se terre
à l’air à l’air disent les poètes
pétrie de premières fois
la ville me dévisage
ce qui tombe vient au monde
et se relève après tempête
tombe vient au monde
et nous révèle neufs toujours
et nous relie
beaux trébucheurs
boiteux sublimes
au même arbre de vie.

© Laurence Vielle
from: Poète National(er) Dichter des Vaderlands
Bruxelles
Audio production: Pierre Devalet

Eerste keer

dutch

Hola hoooola
draai maar wolken zing maar kermis
beef maar wegen monden ga wijd open staan
de eerste keer het is de eerste keer
de eerste keer dat wat?

dat de poëzie overspoelt belegert
tekeergaat aansteekt en vernieuwt
zo zie je vandaag 100 jonge dichters
van noord en zuid van west en oost
de woorden van hun eerste keer
beramen rijmen spuien
‘soms verkeerd maar nooit fout’
zoals Charles Ducal al schreef
de eerste keer dat je op de fiets wegstuift
de eerste heuvel die je beklimt
de eerste keer dat je de zee groet
de eerste liefde de eerste klap
de eerste zoen de eerste stortvloed
de eerste rouw terugkeer naar je eerste wortels
de eerste keer dat je het eind
van het eind van je straat verlaat
de eerste stier waar je trots op bent
het eerste oproer op aarde
het eerste boek dat je herleest
de eerste stap de eerste dood
de gruwel wordt banaal
de eerste droom eerste extase
de eerste breuk de eerste dans
elke dag de eerste dag
vanochtend ademen
de jonge dichters in mijn borst
fluiten ze tussen mijn lippen
ik loop op straat
in de onthutste wind van hun eerste keer
voorjaarstaal vonkende taal
razende taal vluchtende taal
geschokte taal beroer en waak
over de aarde die zich ingraaft
meer lucht! lucht! zeggen de dichters
gekneed door eerste keren
staart de stad me aan
wat valt komt ter wereld
en richt zich op na de storm
valt komt ter wereld
en openbaart ons als altijd nieuw
en bindt ons
mooie strompelaars
heerlijke hinkepoten
aan dezelfde levensboom.

Vertaald door het Vertalerscollectief van Passa Porta: Pierre Geron, Danielle Losman, Bart Vonck en Katelijne De Vuyst

Première fois

french | Laurence Vielle

Holà hoooola
tournez nuages chantez kermesses
tremblez chemins bouches déployez-vous
première fois c’est la première fois
première fois que quoi ?

qu’la poésie déferle assiège
démène rallume et renouvelle
aujourd’hui 150 jeunes poètes
du nord au sud d’ouest en est
trament riment claquent
les mots de leur première fois
‘parfois raté mais jamais faux’
comme écrit Charles Ducal
première fois que tu t’envoles en bécane
première colline que tu grimpes
première fois que tu salues la mer
premier amour première gifle
premier baiser premier déluge
premier deuil retour aux racines premières
première fois que tu quittes
le bout du bout de ta rue
premier taureau dont tu es fier
premier soulèvement du monde
premier livre que tu relis
premier pas première mort
l’horreur se banalise
premier rêve première extase
première rupture première danse
premier jour pour toujours
les jeunes poètes ce matin
soufflent dans ma poitrine
sifflent entre mes lèvres
je marche dans la rue
au vent bouleversé de leurs premières fois
langue en printemps langue étincelle
langue en rage langue en cavale
langue ébranlée agite et veille
le monde qui se terre
à l’air à l’air disent les poètes
pétrie de premières fois
la ville me dévisage
ce qui tombe vient au monde
et se relève après tempête
tombe vient au monde
et nous révèle neufs toujours
et nous relie
beaux trébucheurs
boiteux sublimes
au même arbre de vie.

© Laurence Vielle
from: Poète National(er) Dichter des Vaderlands
Bruxelles
Audio production: Pierre Devalet

Das erste Mal

german

Holla hoooolla
dreht euch wolken singt kirmes
zittert wege münder öffnet euch weit
das erste mal es ist das erste mal
das erste mal dass was?

dass die poesie überschwemmt belagert
sich austobt ansteckt und erneuert
so sieht man heute 100 junge dichter
aus nord und süd von west und ost
die wörter ihres ersten mals
schätzen reimen klatschen
,manchmal falsch doch nie verkehrt’
wie Charles Ducal schon schrieb
das erste mal dass du auf dem rad dahinfliegst
der erste hügel den du erklimmst
das erste mal dass du das meer begrüßt
die erste liebe der ersten schlag
der erste kuss die erste flut
die erste trauer rückkehr zu den ursprünglichen wurzeln
das erste mal dass du das ende
des endes deiner straße verlässt
der erste stier auf den du stolz bist
der erste aufstand auf erden
das erste buch das du aufs neue liest
der erste schritt der erste tod
das grauen wird banal
der erste traum die erste extase
der erste bruch der erste tanz
der erste tag auf ewig
die jungen dichter heute
atmen in meiner brust
pfeifen zwischen meinen lippen
ich wandele auf der straße
im bestürzten wind ihres ersten mals
frühjahrssprache funkende sprache
rasende sprache flüchtende sprache
geschockte sprache berührt und wacht
über die erde die sich eingräbt
mehr luft! mehr luft! rufen die dichter
geknetet von den ersten malen
schaut die stadt mich an
was fällt kommt zur welt
richtet sich auf nach dem sturm
fällt kommt zur welt
und offenbart uns ewig neu
und bindet uns
schöne stolperfüße
herrliche hinkebeine
am selben lebensbaum.

Übersetzung: Isabel Hessel und das Übersetzerkollektiv von Passa Porta

Traversée

french | Laurence Vielle

Le train naar ons landje a amené
italiens polonais français
grecs marocains espagnols
et ceux de l’est et ceux du sud
et ceux de l’ouest et ceux du nord
a charrié forces vives
petit pays klein landje
depuis toujours pétri
de tant de traversées
ah treinen treinen
train des partitions de fils
où chantent les corbeaux
le train avale visages
et puis les rend aux quais
d’une autre vie
ah le train le train
qui déplace la mienne
d’un quai à l’autre
de l’Europe
d’une langue à l’autre
de la Belgique
de Bruxelles tu pars vers Liège
et puis Luik et puis Liège
de Bruxelles tu pars vers Mons
et puis Bergen et puis Mons
quand les bras de mon amour
sont là pour m’accueillir
il est bon le retour
et je pense à tous ceux
lâchés au quai d’ici
sans bras pour les cueillir
ah treinen treinen
petit train électrique
de mon père de mon frère
traverse mon enfance
montagnes de carton pâte
personnages minuscules
nous recréions le monde
nous sommes ces petites femmes
tout petits hommes
réenchantons le monde encore
aux rails de nos vies
le train file défile enfile
les paysages de nos visages
qui se reflètent dans la vitre
se fondent à chaque prairie
chaque ciel qui effeuille
toutes les formes des nuages
s’y perdent nos visages
train des premières ou secondes classes
les vaches blanches nous regardent
ou l’animal sauvage immobile en effroi
train des courriers des marchandises
des pauvres bêtes d’abattoir
des convois noirs pas revenus
train de toutes les mémoires
ô treinen treinen
le train parfois est en retard
piétinent les passagers
quai du train qui déraille
de trein s’il part à l’heure
est sur une ligne sans obstacle
si un corps n’est pas désespéré
est sur une ligne sans obstacle
le train parfois est trash
et quand le train à grande vitesse
passe au pays d’à côté
mon âme assise reste à m’attendre
sur le quai de Bruxelles
le train parfois s’arrête à chaque gare
avant qu’elle ne s’efface
face aux guichets automatiques
salue l’homme au sifflet du départ
un bruit presqu’un klaxon
ferme les portes du wagon
et si le train ne roule plus
tout le pays est suspendu
au chant des corbeaux sur le fil
le train relie trace des lignes
cliqu’tis des tricoteuses
des baladeuses et des liseuses
train des ordis et des rêveurs
treinen des contrôleurs
train des traintrains quotidiens
emmène-moi au littoral
emmène-moi en Hautes Fagnes
ouvrons mijn vriend ouvrons le train
aux sans papiers aux sans rivages
et que le train tout comme
les veines bleues du monde
charrie ici coeurs nouveaux
pour y semer entrains de vie
train démocratique fenêtres claires
offre-nous un ticket ouvert
chaque premier dimanche du mois
pour explorer tout bled
où les rails filent encore
que notre pays devienne
labo de nos curiosités
à l’étranger si près
qui partage avec nous
nos contrées séparées
oh ooooh train trrrrein
trrrrreinen trrrrrrrrrain
trrrrransporte-moi
trrrrravaille-moi ébrrrranle-moi
entrrraîne-moi trrrrame de roulis neufs
le tissu pâle
de nos corps endormis

et tandis que j’écris
un homme face à moi
en boule sur banquette
voyageur sans ticket
dans son silence implore
l’argent pour continuer
vivant le grand voyage

© Laurence Vielle
from: Poète National(er) Dichter des Vaderlands
Bruxelles
Audio production: Pierre Devalet

Doortocht

dutch

De trein bracht italianen
polen fransen grieken
marokkanen spanjaarden vers not’ pays
mensen uit het oosten en het zuiden
mensen uit het westen en het noorden
vervoerde levende krachten
klein landje petit pays
vanouds gekneed
door zoveel passage
ach trains trains
trein van dradenpartituren
waar de raven zingen
de trein slikt gezichten in
en spuwt ze uit op de perrons
van een ander leven
ach de trein de trein
die mijn leven
van het ene naar het andere perron
van Europa voert
van de ene naar de andere taal
in België
uit Bruxelles vertrek je naar Liège
en dan Luik en dan Liège
uit Bruxelles vertrek je naar Mons
en dan Bergen en dan Mons
wanneer de armen van mijn geliefde
er zijn om me welkom te heten
de thuiskomst is goed
en ik denk aan allen die
hier op het perron werden gelost
zonder armen om hen op te vangen
ach trains trains
het elektrische treintje
van mijn vader van mijn broer
trekt door mijn kindertijd
bergen van papier-maché
minuscule personages
we schiepen de wereld opnieuw
we zijn die vrouwtjes
piepkleine ventjes
we maken de wereld weer blij
op de rails van ons leven
de trein raast rijgt
de landschappen van onze gezichten aaneen
die in de ruit worden weerkaatst
opgaan in elk weiland
elke lucht die alle gedaanten
van de wolken leest
onze gezichten lossen er in op
trein met eerste- of tweedeklaswagons
de witte koeien staren ons aan
of het van schrik verstijfde wild dier
posttreinen goederentreinen treinen
vol arm slachtvee
zwarte nooit teruggekeerde konvooien
trein van elke herinnering
ach trains trains
soms heeft de trein vertraging
trappelen de reizigers
perron van de trein die ontspoort
als le train tijdig vertrekt
heeft hij ruim baan op het spoor
als een lichaam niet wanhopig is
heeft hij ruim baan op het spoor
soms is de trein trash
en als de trein in volle vaart
het buurland binnen rijdt
zit mijn ziel op me te wachten
op het perron in Brussel
soms houdt de trein halt in elk station
voor zij vervaagt
bij het automatische loket
groet de man die het startsein blaast
een geluid haast een claxon
slaat de treindeur dicht
en als de trein niet meer rijdt
staat het hele land stil
bij het lied van de raven op de draad
de trein verbindt zet lijnen uit
getik van breisters
van walkmans en e-bookreaders
trein van laptops en van dromers
les trains van de controleurs
trein van de dagelijkse sleur
breng me naar de kust
breng me naar de Hoge Venen
kom mon ami we stellen de trein open
voor mensen zonder papieren zonder oevers
opdat de trein net als
de blauwe aders van de wereld
hier nieuwe harten aan zou voeren
om er animo en moed te zaaien
democratische trein heldere ramen
schenk ons een vrijkaartje
elke eerste zondag van de maand
om elk gehucht te verkennen
waar er nog sporen lopen
opdat ons land het lab zou worden
van onze nieuwsgierigheid
naar het zo nabije buitenland
dat met ons
onze gescheiden regio’s deelt
oo oooooo trein trrrrain
trrrrrains trrrrrrrrrein
verrrrrvoerrrrr me
bewerrrrrrrk me verrrrrwarrrr me
voerrrrr me mee denderrrrend nieuw rrraster
het bleke weefsel
van onze slapende lijven

en terwijl ik zit te schrijven
zit een man ineengerold
op de bank tegenover mij
reiziger zonder biljet
en smeekt me in stilte
om geld en om levend
zijn grote reis verder te zetten

Vertaald door het Vertalerscollectief van Passa Porta.

Traversée

french | Laurence Vielle

Le train naar ons landje a amené
italiens polonais français
grecs marocains espagnols
et ceux de l’est et ceux du sud
et ceux de l’ouest et ceux du nord
a charrié forces vives
petit pays klein landje
depuis toujours pétri
de tant de traversées
ah treinen treinen
train des partitions de fils
où chantent les corbeaux
le train avale visages
et puis les rend aux quais
d’une autre vie
ah le train le train
qui déplace la mienne
d’un quai à l’autre
de l’Europe
d’une langue à l’autre
de la Belgique
de Bruxelles tu pars vers Liège
et puis Luik et puis Liège
de Bruxelles tu pars vers Mons
et puis Bergen et puis Mons
quand les bras de mon amour
sont là pour m’accueillir
il est bon le retour
et je pense à tous ceux
lâchés au quai d’ici
sans bras pour les cueillir
ah treinen treinen
petit train électrique
de mon père de mon frère
traverse mon enfance
montagnes de carton pâte
personnages minuscules
nous recréions le monde
nous sommes ces petites femmes
tout petits hommes
réenchantons le monde encore
aux rails de nos vies
le train file défile enfile
les paysages de nos visages
qui se reflètent dans la vitre
se fondent à chaque prairie
chaque ciel qui effeuille
toutes les formes des nuages
s’y perdent nos visages
train des premières ou secondes classes
les vaches blanches nous regardent
ou l’animal sauvage immobile en effroi
train des courriers des marchandises
des pauvres bêtes d’abattoir
des convois noirs pas revenus
train de toutes les mémoires
ô treinen treinen
le train parfois est en retard
piétinent les passagers
quai du train qui déraille
de trein s’il part à l’heure
est sur une ligne sans obstacle
si un corps n’est pas désespéré
est sur une ligne sans obstacle
le train parfois est trash
et quand le train à grande vitesse
passe au pays d’à côté
mon âme assise reste à m’attendre
sur le quai de Bruxelles
le train parfois s’arrête à chaque gare
avant qu’elle ne s’efface
face aux guichets automatiques
salue l’homme au sifflet du départ
un bruit presqu’un klaxon
ferme les portes du wagon
et si le train ne roule plus
tout le pays est suspendu
au chant des corbeaux sur le fil
le train relie trace des lignes
cliqu’tis des tricoteuses
des baladeuses et des liseuses
train des ordis et des rêveurs
treinen des contrôleurs
train des traintrains quotidiens
emmène-moi au littoral
emmène-moi en Hautes Fagnes
ouvrons mijn vriend ouvrons le train
aux sans papiers aux sans rivages
et que le train tout comme
les veines bleues du monde
charrie ici coeurs nouveaux
pour y semer entrains de vie
train démocratique fenêtres claires
offre-nous un ticket ouvert
chaque premier dimanche du mois
pour explorer tout bled
où les rails filent encore
que notre pays devienne
labo de nos curiosités
à l’étranger si près
qui partage avec nous
nos contrées séparées
oh ooooh train trrrrein
trrrrreinen trrrrrrrrrain
trrrrransporte-moi
trrrrravaille-moi ébrrrranle-moi
entrrraîne-moi trrrrame de roulis neufs
le tissu pâle
de nos corps endormis

et tandis que j’écris
un homme face à moi
en boule sur banquette
voyageur sans ticket
dans son silence implore
l’argent pour continuer
vivant le grand voyage

© Laurence Vielle
from: Poète National(er) Dichter des Vaderlands
Bruxelles
Audio production: Pierre Devalet

Passage

german

Der zug brachte polen
italiener griechen franzosen
spanier marokkaner vers notr’ pays
und die aus dem westen die aus dem süden
und die aus dem osten die aus dem norden
verfrachtete lebensenergie
kleines land petit pays
seit jeher von soviel
verkehr geprägt
ach züge züge
train aus kabelpartituren
auf denen die raben krächzen
der zug schluckt gesichter
und spuckt sie aufs gleis
eines anderen lebens
ach der zug der zug
der mein leben verlagert
von einem bahnsteig Europas
auf den anderen
von einer sprache Belgiens
zur anderen
von Bruxelles fährst du nach Liège
und dann von Luik nach Liège
von Bruxelles fährst du nach Mons
und dann nach Bergen dann nach Mons
wenn die arme meines liebsten
mich dort willkommen heißen
gut ist die heimkehr
und ich denke an alle die hier
auf dem gleis abgestellt werden
ohne arme die sie empfangen
ach trains trains
kleine elektrische eisenbahn
meines vaters meines bruders
fährt durch meine kinderjahre
berge aus pappmaché
figuren winzigklein
wir schufen die welt aufs neu
wir sind die kleinen frauen
minikleine männchen
machen die welt wieder froh
auf den schienen unseres lebens
der zug rast reiht
die landschaften unserer gesichter aneinander
die sich im fenster spiegeln
aufgehn in jedem weideland
in jedem himmel der alle formen
der wolken pflückt
wo unsere gesichter sich verlieren
zug der ersten oder zweiten klassen
die weißen kühe beobachten uns
und furchtsam regloses wildgetier
mal postzüge mal güterzüge
züge mit bedauernswertem schlachtvieh
schwarze nie wiederkerende konvois
zug all dieser erinnerungen
ah trains trains
manchmal hat der zug verspätung
die passagiere treten auf der stelle
entgleistes bahngleis
fährt der zug pünktlich ab
heißt es freie fahrt voraus
ist der körper nicht verkrampft
heißt es freie fahrt voraus
der zug ist manchmal müll
und während er mit hohem tempo
ins nachbarland einfährt
setzt meine seele sich hin und wartet
auf mich am Brüsseler bahnsteig
der zug hält manchmal an jeder station
bevor sie sich auflöst
an automatischen schaltern
grüßt der mann indem er das signal pfeift
ein geräusch gleich einer hupe
schließt die türen der wagons
und wenn der zug nicht mehr fährt
hängt das ganze land am lied `
des rabens auf dem drahtseil
der zug verbindet folgt den schienen
klicken von strickerinnen
von walkmans und e-bookreadern
zug der laptops und der träumer
trains der kontrolleure
zug der alltäglichen routine
bring mich zur küste
bring mich ins Hohe Venn
komm mon ami lass uns den zug
für leute ohne papiere ohne ufer öffnen
wie auch die blauen adern
der welt befördert der zug
hier ganz neue herzen
um dort bald lebenslust zu säen
demokratischer zug durchsichtige fenster
spendier uns eine freifahrt
jeden ersten sonntag des monats
um jeden weiler zu erkunden
wo jetzt noch schienen liegen
lass unser land das labor
unserer neugier werden
im ach so nahen ausland
das sich mit uns die
getrennten regionen teilt
ooooh derrrr zug le trrrrain
kedengkedengkedeng
brrrrring mich bearrrrrbeite mich
errrrrschüttre mich trrrage mich fort
schmiede neue schienen
das blasse gewebe
unserer schlafenden körper

und während ich so schreibe
sitzt ein eingerollter mann
mir gegenüber auf dem platz
reisender ohne ticket
und fleht auf leise weise
um geld um lebend fortzusetzen
seine große reise

Übersetzung: Isabel Hessel und das Übersetzerkollektiv von Passa Porta

Sécurité

french | Laurence Vielle

sécurité
tranquillité
d’esprit
donnez-moi un peu de
tranquillité d’esprit
messieurs dames sans état d’âme
moi j’ai besoin
d’un toit
de quoi manger pour mes enfants
des soins et peut-être un
jardin à cultiver
nommez dans mon pays
un ministre au bonheur
pour ma sécu/sérénité
et coeur ouvert à l’autre
et voyager aussi
guetter biches et nuages
des chemins pour marcher
relier sans boucan
des bancs jolis pour se parler
des arbres à nos côtés
pour nous pousser à demeurer
apprenez-moi musique
apprenez-moi poèmes
avivez nos désirs
de beauté
vous dites chaque jour
« il faut oser encore
faire des économies
le coût de la sécu
il ne fait que grimper
arrêtons cette hausse »
et la sociale sécurité
qui partage bien-être
pour tous, forts et fragiles
qui porte paix à l’âme
s’étrique encore un peu
tandis que meurt de froid
un homme dans ma cité
l’autre sécurité
vous nous la brandissez
tanks tanks sur nos pavés
« citoyennes citoyens
pour votre bien nous débloquons
millions millions d’euros
sécu sécucu sécurrr
sécuritétététététété tétététététététété
c’est pour votre sécucurrritétététététététété »
père mère toute la famille
devant télé a peur
reste chez soi
à cette sécurité-là
messieurs dames qui pour nous gouvernez
je n’y crois pas

© Laurence Vielle
from: Poète National(er) Dichter des Vaderlands
Bruxelles
Audio production: Pierre Devalet

Veiligheid

dutch

veiligheid
gemoeds-
rust
geef mij wat
gemoedsrust
heren dames zonder scrupules
ik heb een dak
nodig
eten voor mijn kinderen
verzorging en wie weet een
tuin om in te werken
benoem in mijn land
een minister van geluk
voor mijn veilig/gelatenheid
en een hart open voor de ander
en reizen wil ik ook
reeën en wolken bespieden
wegen om op te stappen
om zonder herrie met elkaar te verbinden
mooie banken om met elkaar te praten
bomen die naast ons staan
die ons aanzetten om te blijven
breng me muziek bij
breng me gedichten bij
wakker onze verlangens
naar schoonheid aan
iedere dag zeggen jullie
“ durf nog meer te
besparen
de kosten van de sociale zekerheid
blijven maar oplopen
die stijging moet gestopt”
en de zekerheid de sociale
die welvaart onder iedereen
verdeelt, onder sterken en zwakken
die rust brengt in de ziel
de zekerheid die bijdraagt
aan mijn zielenrust
wordt nog een beetje ingekort
terwijl een man in mijn woonwijk
van koude sterft
de andere veiligheid
jullie zwaaien ermee
tanks tanks op onze keien
“ burgers vrouwen mannen
voor jullie welzijn maken wij
miljoenen en miljoenen euros vrij
vei veilig veilighei
veiligheidheidheidheidheidheid heidheidheidheid
het is voor jullie veiveiligheidheidheidheidheidheidheid”
moeder vader het hele gezin
zit bang voor de teevee
blijft thuis
in die veiligheid
heren dames die voor ons besturen
neen daar geloof ik niet in

Vertaald door het Vertalerscollectief van Passa Porta: Pierre Geron, Danielle Losman, Bart Vonck en Katelijne De Vuyst

Sécurité

french | Laurence Vielle

sécurité
tranquillité
d’esprit
donnez-moi un peu de
tranquillité d’esprit
messieurs dames sans état d’âme
moi j’ai besoin
d’un toit
de quoi manger pour mes enfants
des soins et peut-être un
jardin à cultiver
nommez dans mon pays
un ministre au bonheur
pour ma sécu/sérénité
et coeur ouvert à l’autre
et voyager aussi
guetter biches et nuages
des chemins pour marcher
relier sans boucan
des bancs jolis pour se parler
des arbres à nos côtés
pour nous pousser à demeurer
apprenez-moi musique
apprenez-moi poèmes
avivez nos désirs
de beauté
vous dites chaque jour
« il faut oser encore
faire des économies
le coût de la sécu
il ne fait que grimper
arrêtons cette hausse »
et la sociale sécurité
qui partage bien-être
pour tous, forts et fragiles
qui porte paix à l’âme
s’étrique encore un peu
tandis que meurt de froid
un homme dans ma cité
l’autre sécurité
vous nous la brandissez
tanks tanks sur nos pavés
« citoyennes citoyens
pour votre bien nous débloquons
millions millions d’euros
sécu sécucu sécurrr
sécuritétététététété tétététététététété
c’est pour votre sécucurrritétététététététété »
père mère toute la famille
devant télé a peur
reste chez soi
à cette sécurité-là
messieurs dames qui pour nous gouvernez
je n’y crois pas

© Laurence Vielle
from: Poète National(er) Dichter des Vaderlands
Bruxelles
Audio production: Pierre Devalet

Sicherheit

german

sicherheit
innere gemüts-
ruhe
gebt mir ein wenig
gemütsruhe
meine damen und herren ohne skrupel
ich brauche
ein dach überm kopf
was zu essen für meine kinder
pflege und vielleicht einen
garten zum hegen
ernennt bitte in meinem land
einen minister für glück
für meine sicher/gelassenheit
und ein offenes herz für den andern
und reisen will ich auch
belauern rehe und wolken
begehbare wege
die ohne tamtam verbinden
hübsche bänke zum reden
bäume neben uns
die uns zum bleiben ermuntern
bringt mir musik bei
bringt mir poesie bei
entfacht unser bedürfnis
nach schönheit
ihr sagt jeden tag
„wir müssen sparen
die kosten der sicherheit
wachsen täglich in die höhe
wir müssen den anstieg stoppen”
und die sicherheit die soziale
die die wohlfahrt unter allen
verteilt, starken und schwachen
die seelenruhe bringt
wird noch ein wenig eingekürzt
während in meinem viertel
ein mann vor kälte stirbt
die andere sicherheit
ihr fuchtelt damit vor unseren nasen
panzer panzer auf unseren straßen
„bürgerinnen und bürger
zu ihrem besten geben wir
millionen und millionen euros frei
sich sicherhei sicherrrrheit
sicherheieieieieieieit heieieieieieieieit
es ist zu eurer sisisisicherrrrrrrheittttt”
vater mutter die ganze familie
in angst vor dem fernseher
bleibt zuhaus
in dieser sicherheit
damen und herren die für uns regieren
ich glaube wir verlieren

Übersetzung: das Übersetzerkollektiv von Passa Porta

Message à l’avenir

french | Laurence Vielle

Je t'écris d'un pays où le pôle nord a changé de cap
les moteurs dévastent l'air
noircissent nos poumons
les enfants galopent dans les écrans
les animaux sont abattus à grande vitesse
pour fournir à nos panses viande terne
on achète, on consomme, on jette
notre temps file, file et file
nous construisons l'arme qui nous tue tous
en poussant juste sur un bouton
nous divisons la planète par lignes invisibles
interdit de les franchir si tu demandes asile
nous rêvons de conquérir l'espace
pour affamer une autre terre
nos frères meurent de faim de froid
à même les trottoirs aux pays des nantis
les plus âgés croupissent dans les mouroirs
l'eau la belle eau la ruisselante
nous la filtrons pour apaiser nos soifs.

Dans ton cœur qui demain battra
un peu du mien y chantera
chante qui chante le demain
d'aujourd'hui
tu lis ces mots c'est que tu vis
célèbre la vie qui passe
marche, marche, arpente les chemins
et de tes mains à d'autres reliées
aime, oui, aime le monde qui est le tien
et de tes lèvres et de ton souffle
invente les mots de ton poème
chair lumineuse aux enfants de demain.

© Laurence Vielle
from: Poète National(er) Dichter des Vaderlands
Bruxelles
Audio production: Pierre Devalet

Bericht voor de toekomst

dutch

Ik schrijf je uit een land waar de noordpool op drift is geslagen
motoren verpesten de lucht
en kleuren onze longen zwart
kinderen draven in de schermen
dieren worden in ijltempo geslacht
om onze pensen flets vlees te voeren
we kopen verbruiken gooien weg
de tijd vliegt vliegt en vliegt
we maken het wapen dat ons allemaal uit zal roeien
gewoon door een knop in te drukken
we verdelen de planeet met onzichtbare lijnen
die je niet mag overschrijden als je asielzoeker bent
we dromen ervan de ruimte te veroveren
om een andere aarde uit te hongeren
onze broeders sterven van honger en van kou
op de trottoirs van de rijkemensenlanden
oudjes creperen in sterfhuizen
het water het mooie ruisende water
wordt gefilterd om onze dorst te lessen

In je hart dat morgen zal kloppen
zal iets van mijn hart zingen
zing ja zing het morgen van vandaag
je leest deze woorden omdat je leeft
vier het leven dat verstrijkt
loop loop trek over de wegen
en hou ja hou hand in hand met alle anderen
van de wereld die jou toebehoort
en vind met je lippen en je adem
de woorden uit van je gedicht
lichtend vlees voor de kinderen van morgen.

Vertaald door het Vertalerscollectief van Passa Porta

Message à l’avenir

french | Laurence Vielle

Je t'écris d'un pays où le pôle nord a changé de cap
les moteurs dévastent l'air
noircissent nos poumons
les enfants galopent dans les écrans
les animaux sont abattus à grande vitesse
pour fournir à nos panses viande terne
on achète, on consomme, on jette
notre temps file, file et file
nous construisons l'arme qui nous tue tous
en poussant juste sur un bouton
nous divisons la planète par lignes invisibles
interdit de les franchir si tu demandes asile
nous rêvons de conquérir l'espace
pour affamer une autre terre
nos frères meurent de faim de froid
à même les trottoirs aux pays des nantis
les plus âgés croupissent dans les mouroirs
l'eau la belle eau la ruisselante
nous la filtrons pour apaiser nos soifs.

Dans ton cœur qui demain battra
un peu du mien y chantera
chante qui chante le demain
d'aujourd'hui
tu lis ces mots c'est que tu vis
célèbre la vie qui passe
marche, marche, arpente les chemins
et de tes mains à d'autres reliées
aime, oui, aime le monde qui est le tien
et de tes lèvres et de ton souffle
invente les mots de ton poème
chair lumineuse aux enfants de demain.

© Laurence Vielle
from: Poète National(er) Dichter des Vaderlands
Bruxelles
Audio production: Pierre Devalet

Bericht für die Zukunft

german

Ich schreibe dir aus einem land wo der nordpol abgedriftet ist
motoren verschmutzen die luft
färben unsere lungen schwarz
kinder traben in den bildschirmen
tiere werden im eiltempo geschlachtet
um unsere mägen mit fahlem fleisch zu füttern
wir kaufen verbrauchen schmeißen weg
die zeit fliegt davon davon davon
wir bauen die waffe die uns alle töten wird
einfach per knopfdruck
wir unterteilen den planet mit unsichtbare linien
die du nicht übertreten darfst wenn du asyl suchst
wir träumen davon das weltall zu erobern
um eine andere erde auszuhungern
unsere brüder sterben vor hunger und kälte
auf den gehsteigen der reicheleuteländer
die ältesten krepieren in sterbehäusern
das wasser das schöne rauschende wasser
wir filtern es um unseren durst zu löschen

in deinem herzen das morgen schlagen wird
wird etwas von meinem herzen singen
sing ja sing das morgen von heute
du liest diese worte das bedeutet du lebst
genieße das leben das vergeht
laufe laufe zieh durch die straßen
und halte ja halte hand in hand mit allen anderen
liebe oh liebe die welt die ja deine ist
und erfinde mit deinen lippen deinem atem
die worte für deine gedicht
leuchtendes fleisch für die kinder von morgen.

Übersetzung: Isabel Hessel und das Übersetzerkollektiv von Passa Porta

Tu es cible

french | Laurence Vielle

Tu es cible
je suis cible
nous sommes cibles
cibles pour balle
fanatique
qui se glisse
dans nos plis
fracasse ma ta carcasse
je suis tu es
potentielle fracassée
je suis tu es tu es
cible cible
la haine ronge l’âme
dans les rues de Bruxelles
un pigeon frôle le visage d’un homme
nous nous sourions
nos yeux se disent
que nous sommes cibles oui
cibles d’amour
danseurs de nos peaux cibles
tous nos possibles
ma ville
au cœur
fêlé
nos peaux cibles
dans tes rues dansent
aujourd’hui
demain
tous nos possibles

© Laurence Vielle
from: Poète National(er) Dichter des Vaderlands
Bruxelles
Audio production: Pierre Devalet

Je bent doelwit

dutch

je bent doelwit
ik ben doelwit
wij zijn doelwitten
doelwitten voor een fanatieke
kogel
die in onze plooien
glijdt
mijn je karkas
kraakt
ik ben je bent
denkbaar geraakt
ik ben je bent jij bent
doelwit doelwit
de haat knaagt aan de ziel
in de straten van Brussel
een duif scheert langs het gezicht van een man
we glimlachen
onze ogen zeggen
dat we doelwitten zijn jazeker
doelwitten van liefde
dansers met ons doelwitte vel
ons doelwitte vel
al ons veronderstellen
mijn stad
met het hart
gebarsten
ons doelwitte vel
danst in je straten
vandaag
morgen
al ons veronderstellen

Vertaald door het Vertalerscollectief van Passa Porta

Tu es cible

french | Laurence Vielle

Tu es cible
je suis cible
nous sommes cibles
cibles pour balle
fanatique
qui se glisse
dans nos plis
fracasse ma ta carcasse
je suis tu es
potentielle fracassée
je suis tu es tu es
cible cible
la haine ronge l’âme
dans les rues de Bruxelles
un pigeon frôle le visage d’un homme
nous nous sourions
nos yeux se disent
que nous sommes cibles oui
cibles d’amour
danseurs de nos peaux cibles
tous nos possibles
ma ville
au cœur
fêlé
nos peaux cibles
dans tes rues dansent
aujourd’hui
demain
tous nos possibles

© Laurence Vielle
from: Poète National(er) Dichter des Vaderlands
Bruxelles
Audio production: Pierre Devalet

du bist zielscheibe

german

du bist zielscheibe
ich bin zielscheibe
wir sind zielscheiben
zielscheiben für
eine fanatische kugel
die in unsere falten
gleitet
dein mein skelett zerschmettert
ich bin du bist
vielleicht zerschmettert
ich bin du bist du bist
zielscheibe zielscheibe
der hass höhlt die seele aus
in den straßen von brüssel
eine taube streift das gesicht eines mannes
wir lächeln uns an
unsere augen sagen einander
dass wir zielscheiben sind ja
zielscheiben für die liebe
tänzer mit zielscheibenhaut
so viele mögliche ziele
meine stadt
deren herz
zersprungen
unsere zielscheibenhäute
in deinen straßen tanzen
heute
morgen
so viele mögliche ziele

Übersetzung: das Übersetzerkollektiv von Passa Porta

ASILE POETIQUE

french | Laurence Vielle

A toi qui crois pouvoir décider
dans notre pays
le cours des migrations
qui reste qui entre qui sort
je désire te dire
qu’un vaste mouvement de poésie
doux et indéfectible
vague sismique
déferle sur la Belgique;
nous sommes de plus en plus nombreux
à réveiller nos êtres
par la force du poème.
Nous sommes bientôt 10 millions
nous les poètes de ce pays;
les mots désir accueil et impulsion
présence ouverture insurrection
vibrent dans nos langues
pour lever une constituante;
nous remplaçons le mot frontière
par ligne de bienvenue,
nous désirons que les écoles du pays
soient joyeusement multilingues
et que chaque enfant d’ici
apprenne l’art de la paix et de la poésie;
nous désirons
que tu descendes dans la cité
écouter la parole du passant
du marcheur du voyageur de l’arpenteur;
nous désirons qu’aucun habitant ici
ne souffre du froid et de la faim,
nous désirons que le vent qui nous traverse
soit l’énergie de nos lumières;
nous, les 10 millions de poètes,
désirons cela ardemment.
Je désire te dire
que rien ne nous arrête
dans notre désir de désirer
la vie;
notre vague sismique
douce et indéfectible
est une langue de feu plus forte chaque jour
des nombreux voyageurs arrivés d’autres terres;
et nous désirons
que chaque habitant du pays
sur la porte de son logis
maison arbre appartement
bagnole tente ou cabane
pose l’enseigne
DOMO DE POEZIA
Au moins une fois par an
s’y dit la parole d’un poète
fenêtre ouverte
rage essentielle
contre la mort de la lumière.

© Laurence Vielle
Audio production: Pierre Devalet

POETISCHES ASYL

german

Du, der du über die wege der migration
in unserem land meinst bestimmen zu dürfen,
wer rein darf und wer draußen bleibt,
dir will ich sagen,
ganz Belgien wird von einer poesiebewegung erfasst,
sanft und widerspenstig,
wie eine seismische woge;
wir werden immer mehr,
denn unser innerstes wesen erwacht,
dank der poesie.
Bald werden wir 10 millionen sein
wir dichter dieses landes;
die wörter verlangen-willkommen-drang-
anwesenheit-offenheit-widerstandhallen
in unseren sprachen wieder,
wollen sich im grundgesetz verankern;
wir ersetzen das wort grenze
durch willkommenslinie,
wir wollen köstliche mehrsprachigkeit
in jeder schule dieses landes,
jedes kind von hier
soll die kunst des friedens und der poesie erlernen;
wir wollen weiter
dass du in die stadt hineingehst,
die botschaft von einem passanten vernimmst,
dem spaziergänger, reisenden oder flaneur;
wir wollen, dass kein einwohner hier
an kälte oder hunger leidet,
wollen, dass der wind, der durch uns hindurchweht
zur kraft unseres leuchtens wird;
wir, die 10 millionen dichter,
wollen das aus tiefstem herzen.
Ich will dir verraten:
nichts kann unseren willen brechen,
das leben zu wollen;
unsere sanfte, widerspenstige,
seismische woge
ist eine sprache des feuers, täglich
von den zahlreichen reisenden
aus aller welt angeschürt;
wir wollen weiter,
dass jeder bewohner dieses landes
an die tür seiner wohnung
– seines hauses-baums-appartements-
autos-zelts oder hütte –
dieses schild nagelt
DOMO DE POEZIA
Mindestens einmal im Jahr
wehen hier dichterworte
durchs offene fenster,
wache wut wider das verlöschen des lichts.

Übersetzung: das Übersetzerkollektiv von Passa Porta

Lettre à Bruxelles

french | Laurence Vielle

Bruxelles aux tavernes qui brillent dans les jours courts
d’hiver phares d’une grande mer tu viens t’y réchauffer
Bruxelles la joyeuse multilingue Bruxelles tu dis coeke
chouke manneke dikkenek et fritkot Bruxelles où se
démènent ceux qui abritent les héros bafoués des grandes
traversées Bruxelles où des poèmes apparaissent sur les
pavés seulement aux jours pluvieux Bruxelles mon coeur
en miettes au bord des rails je marche à grandes jambes
je t’arpente prends-moi dans tes plis caresse-moi sous ton
ciel bas enivre-moi ville basse enfouie dans tes entrailles
soubassements secrets au palais de Justice gigantesque
gâteau schieve architecte sans plan pour l’avenir tous les
sans-papiers peuvent s’y abriter Bruxelles aux vélos sans
pistes aux embout’ emmène-moi dans ton sac à main
Bruxelles aux mouettes qui reviennent l’hiver étirent la mer
à tire d’ailes embruns du nord et vagues à l’âme Bruxelles
aux arbres qu’on fauche aux espaces verts en disparition
aux doucheflux Bruxelles qui tient encore ajustées les
pièces d’un puzzle chiffonné entre les doigts des ministres
voraces Bruxelles du roi de la reine des princes des
princillons Bruxelles des perruches flèches vertes Bruxelles
où nos peaux cibles dansent tous les possibles Bruxelles
où les semelles des étrangers amènent semences fraîches
pour réveiller les visages endormis ville d’eau aux canaux
emmurés langues de bois si la Belgique disparaissait il
resterait encore Brussel aux langues en feu et en ardeurs
l’eau est pour tous mon ami mijn vriend my friend viens
t’abreuver Bruxelles des tramways souterrains des baleines
jaunes disparues Bruxelles aux neuf sphères aux héros de bd
qui escaladent les murs Bruxelles aux choux qui poussent
encore porte de Hal aux chercheurs de trésors entre les
pavés de la place du Jeu de Balle au Greenwich effacé les
échiquiers tu les trouves de quatorze à vingt-trois heures aux
halles Saint-Géry Bruxelles aux belladones du quartier des
Tanneurs Bruxelles aux cafés suspendus Bruxelles la fêlée
la trouée Brussel en travaux la sans-tunnels aux milliers de
sentinelles trop is te veel Bruxelles XXL Brussel XXSmall
tu fais un pas tu es au Maroc un pas encore au Matongué
un autre pas marché chinois un pas plus loin tu es au port
passe la Senne Bruxelles des zinneke de toutes les parades
hart boven hard le monde entier y passe aux passoires de
l’Europe Bruxelles des technocrates Bruxelles aux boutiques
à poèmes aux nuits trouées de jour aux jours troués de nuit
les pipes ne sont pas des pipes le ciel vole dans les oiseaux
Bruxelles où passent Cliff Rimbaud Verlaine foire du midi
un coup de révolver trous de balles fritkots et smoutebollen
s’emballent t’as pas cent balles ? Bruxelles des néons roses et
mon amour y passe pour toujours Bruxelles des trains des
train-train quotidiens troupeaux des travailleurs européens
Bruxelles faut la peindre faut la chanter la danser la dorloter
la rafistoler la reverdir des grands jardins potagers à chaque
déclaration obsolète d’un politique on fait pousser un arbre
la ville est une forêt pour fleurir tes poumons je te le dis allez
Brussel aux avions qui passent sans crier gare Brussel contre
vents et marées avec vents et marées Bruxelles de toutes
les guiboles ville des marcheurs des arpenteurs Bruxelles
graffes-y tes rêves de ville à foison c’est à toi c’est pour toi
ton chant ta voix ton souffle tes pas façonnent Bruxelles
terre libre je te déclare ville libre ah non peut-être ? ville
des poètes ville des visages à découvert des coeurs ouverts
des passants qui battent le pavé faut pas rester enfermé
c’est mauvais pour les yeux Brussel c’est une page blanche
encore et tu l’écris cette page est pour toi Bruxelles je t’aime

© Laurence Vielle
Audio production: SonaLitté

Brief aan Brussel

dutch

Brussel met je bistro’s die op korte winterdagen stralen
als vuurtorens bij de zee je komt je er warmen Brussel het
vrolijke veeltalige Brussel wil ik omarmen je zegt sjoeke
couque manneke dikkenek en fritkot Brussel waar mensen
hun best doen om de verguisde helden van de grote oversteek
op te vangen Brussel waar gedichten alleen op regendagen
op kasseien verschijnen Brussel mijn hart verkruimeld
langs de sporen ik loop met reuzenpassen ik doorkruis de
stad ik verken al je assen koester me in je kleinste hoekjes
Brussel streel me onder je lage luchten maak me dronken
benedenstad geborgen in je onderbuik geheime krochten
onder het Justitiepaleis reusachtige roomtaart schieven
architect zonder plan voor de toekomst alle mensen zonder
papieren kunnen er schuilen Brussel met je fietsen zonder
paden met je files stop me in je handtas en neem me mee
Brussel met je meeuwen die ‘s winters terugkeren de zee
uitspannen met hun vleugelslag noordelijke miezel en
weemoed in het hart Brussel met je bomen die worden geveld
met je parken die verdwijnen met je vossen die ’s nachts
door de steegjes stuiven Brussel met je doucheFLUX Brussel
dat de stukjes nog bijeen weet te houden van een puzzel
die door de vingers van vratige ministers wordt verkreukt
Brussel van de koning de koningin van de prinsen en
prinsjes Brussel van de parkieten groene pijlen Brussel waar
onze lijven dansen op het ritme van alle kansen Brussel
waar vreemde zolen nieuw zaad strooien om de ingedutte
gezichten op te fleuren stad van water van ommuurde
kanalen van holle frasen als België zou verdwijnen zal
Bruxelles met zijn vlammende vurige talen er nog altijd
zijn het water is van iedereen mon ami mijn vriend my
friend kom je er laven Brussel van de ondergrondse trams
van verdwenen gele walvissen Brussel met je negen bollen
met je striphelden die de muren beklimmen Brussel met
je spruitjes die nog altijd bij de Hallepoort groeien met je
schattenjagers tussen de kasseien van het Vossenplein met
de Greenwich van weleer schaakspelen kun je nu van twee
tot elf in de Sint-Gorikshallen Brussel met je belladones
van de Huidevetterswijk Brussel met je uitgestelde koffies
Brussel gebarsten stad vol gaten Brussel bouwwerf stad
zonder tunnels met je duizenden soldaten trop is te veel
Bruxelles XXL Brussel XXSmall een paar passen en je staat
in Marokko een pas nog en hier is Matonge, nog een en
daar is de Chinese markt zet nog een pas en je bent in
de haven vloeit de Zenne Brussel van de zinnekes van alle
parades hart boven hard de hele wereld passeert in het
vergiet van Europa Brussel van de technocraten Brussel
met je boetieken je gedichten je nachten waar de dag
binnensijpelt je dagen waar de nacht binnensijpelt waar een
pijp geen pijp is de lucht in de vogels vliegt Brussel waar
Cliff Rimbaud en Verlaine lopen Zuidfoor een knal een
schotwond fritkoten en een pakske smoutebollen geif ma
ne kie oenderd balle? Brussel van de roze neonlichten en
mijn lief loopt er voor altijd rond Brussel van de treinen van
de dagelijkse slameur van hele horden Europees werkvolk
Brussel ze moeten je schilderen ze moeten je zingen dansen
vertroetelen oplappen grote volkstuinen moeten je groener
maken voor elke idiote uitspraak van een politieker moet
een nieuwe boom groeien de stad wordt zo een bos waar je
longen kunnen bloeien ik zeg je allez Bruxelles met je non
stop overscherende vliegtuigen Bruxelles tegen de stroom
in met de stroom mee Bruxelles van elk stel benen van de
stapper de wandelaar de flaneur Brussel tag er je dromen
met hele stromen het is van jou of het is voor jou je lied je
stem je adem je stappen maken Brussel tot vrij gebied ik
doop je vrijstad ah non peut-être? stad van dichters stad
van franke gezichten van open harten van passanten die
slenteren op straat sluit je niet op dat is slecht voor je ogen
Bruxelles is nog altijd een blanco blad en je beschrijft het
dit blad is voor jou Brussel ik hou van jou

Vertaald door het Vertalerscollectief van Passa Porta

Lettre à Bruxelles

french | Laurence Vielle

Bruxelles aux tavernes qui brillent dans les jours courts
d’hiver phares d’une grande mer tu viens t’y réchauffer
Bruxelles la joyeuse multilingue Bruxelles tu dis coeke
chouke manneke dikkenek et fritkot Bruxelles où se
démènent ceux qui abritent les héros bafoués des grandes
traversées Bruxelles où des poèmes apparaissent sur les
pavés seulement aux jours pluvieux Bruxelles mon coeur
en miettes au bord des rails je marche à grandes jambes
je t’arpente prends-moi dans tes plis caresse-moi sous ton
ciel bas enivre-moi ville basse enfouie dans tes entrailles
soubassements secrets au palais de Justice gigantesque
gâteau schieve architecte sans plan pour l’avenir tous les
sans-papiers peuvent s’y abriter Bruxelles aux vélos sans
pistes aux embout’ emmène-moi dans ton sac à main
Bruxelles aux mouettes qui reviennent l’hiver étirent la mer
à tire d’ailes embruns du nord et vagues à l’âme Bruxelles
aux arbres qu’on fauche aux espaces verts en disparition
aux doucheflux Bruxelles qui tient encore ajustées les
pièces d’un puzzle chiffonné entre les doigts des ministres
voraces Bruxelles du roi de la reine des princes des
princillons Bruxelles des perruches flèches vertes Bruxelles
où nos peaux cibles dansent tous les possibles Bruxelles
où les semelles des étrangers amènent semences fraîches
pour réveiller les visages endormis ville d’eau aux canaux
emmurés langues de bois si la Belgique disparaissait il
resterait encore Brussel aux langues en feu et en ardeurs
l’eau est pour tous mon ami mijn vriend my friend viens
t’abreuver Bruxelles des tramways souterrains des baleines
jaunes disparues Bruxelles aux neuf sphères aux héros de bd
qui escaladent les murs Bruxelles aux choux qui poussent
encore porte de Hal aux chercheurs de trésors entre les
pavés de la place du Jeu de Balle au Greenwich effacé les
échiquiers tu les trouves de quatorze à vingt-trois heures aux
halles Saint-Géry Bruxelles aux belladones du quartier des
Tanneurs Bruxelles aux cafés suspendus Bruxelles la fêlée
la trouée Brussel en travaux la sans-tunnels aux milliers de
sentinelles trop is te veel Bruxelles XXL Brussel XXSmall
tu fais un pas tu es au Maroc un pas encore au Matongué
un autre pas marché chinois un pas plus loin tu es au port
passe la Senne Bruxelles des zinneke de toutes les parades
hart boven hard le monde entier y passe aux passoires de
l’Europe Bruxelles des technocrates Bruxelles aux boutiques
à poèmes aux nuits trouées de jour aux jours troués de nuit
les pipes ne sont pas des pipes le ciel vole dans les oiseaux
Bruxelles où passent Cliff Rimbaud Verlaine foire du midi
un coup de révolver trous de balles fritkots et smoutebollen
s’emballent t’as pas cent balles ? Bruxelles des néons roses et
mon amour y passe pour toujours Bruxelles des trains des
train-train quotidiens troupeaux des travailleurs européens
Bruxelles faut la peindre faut la chanter la danser la dorloter
la rafistoler la reverdir des grands jardins potagers à chaque
déclaration obsolète d’un politique on fait pousser un arbre
la ville est une forêt pour fleurir tes poumons je te le dis allez
Brussel aux avions qui passent sans crier gare Brussel contre
vents et marées avec vents et marées Bruxelles de toutes
les guiboles ville des marcheurs des arpenteurs Bruxelles
graffes-y tes rêves de ville à foison c’est à toi c’est pour toi
ton chant ta voix ton souffle tes pas façonnent Bruxelles
terre libre je te déclare ville libre ah non peut-être ? ville
des poètes ville des visages à découvert des coeurs ouverts
des passants qui battent le pavé faut pas rester enfermé
c’est mauvais pour les yeux Brussel c’est une page blanche
encore et tu l’écris cette page est pour toi Bruxelles je t’aime

© Laurence Vielle
Audio production: SonaLitté

Brief an Brüssel

german

Brüssel mit seinen bistros die an kurzen wintertagen wie
leuchttürme an einem großen meer strahlen hier wärmst
du dich auf Brüssel das fröhliche mehrsprachige Brüssel
sagst sjoeke couque manneke dikkenek und fritkot Brüssel
wo sich so mancher redlich bemüht den geschmähten
helden der großen überfahrt obdach zu gewähren Brüssel
wo sich gedichte nur an regentagen auf pflastersteinen
zeigen Brüssel mein herz zerbröckelt entlang der gleise
ich mache riesenschritte durchquere die stadt erkunde all
deine achsen mache es mir in deinen kleinsten winkeln
behaglich aale mich unter deinen tief hängenden wolken
mach mich betrunken unterstadt geborgen in deinem
unterleib geheime krypten unter dem Justitizpalast
megatörtchen schieven architect ohne plan für die zukunft
jeder mensch ohne papiere kann sich hier unterstellen
Brüssel mit den fahrrädern ohne radwege mit deinen
staus steck mich in deine handtasche und nimm mich mit
Brüssel mit den möwen die im winter wiederkehren das
meer mit ihren flügeln aufspannen nördlicher nieselregen
die wehmut im herzen Brüssel mit den bäumen die man
fällt den parks die verschwinden und mit den füchsen die
nachts durch deine gassen schleichen Brüssel mit deinem
doucheFLUX Brüssel das es gerade noch schafft die stücke
des puzzels zusammenzuhalten das hände gefräßiger
minister zerknüllt haben Brüssel des königs der königin
der prinzen und prinzlein Brüssel der sittiche der grünen
pfeile Brüssel wo unsere körper im rythmus sämtlicher
möglichkeiten tanzen und fremde fußsohlen neue samen
herantragen um die eingedösten gesichter aufzumuntern
stadt des wassers der ummauerten kanäle der leeren
phrasen wenn Belgien verschwände würde Brüssel
fortbestehen mit seinen flammenden feurigen sprachen das
wasser gehört doch allen mon ami mijn vriend my friend
komm und labe dich Brüssel der unterirdischen bahnen
und verschwundenen gelben walfische Brüssel mit deinen
neun kugeln mit deinen comic-helden die die wände
hochklettern Brüssel mit deinem rosenkohl der noch
immer bei Hallepoort wächst der schattenjäger zwischen
den pflastersteinen des Vossenplein mit seinem Greenwich
von einst schach spielen kannst du jetzt von zwei bis elf
in den Sint-Gorikshallen Brüssel mit deinen beladonnes
des Tanneursviertels Brüssel mit deinen cafés suspendus
Brüssel du löchrige aus den fugen geratene stadt Brüssel
die baustelle Brüssel ohne tunnel mit tausenden soldaten
trop ist zu viel Bruxelles XXL Brüssel XXSmall ein paar
schritte und du bist in Marokko noch einen und da ist
Matonge noch einen und da ist der chinesische markt gehe
noch einen schritt und du bist im hafen fließt die Zenne
Brüssel der zinnekesparaden der vielen demonstrationen
hart boven hard hand aufs herz die ganze welt geht durch
das sieb Europas Brüssel der technokraten Brüssel und
deine boutiquen mit gedichten und nächten die zum tag
werden wo eine pfeife keine pfeife ist die luft in vögel fliegt
Brüssel wo Cliff Rimbaud und Verlaine herumspazieren
Foire du Midi ein gewehrschuß schallt eine schußwunde
fritkot und ein pakske smoutebollen Brüssel haste nich ma
hundert kröten? Brüssel der rosa neonlichter Brüssel der
züge der täglichen mühsal ganzer heerscharen Europäischer
arbeitskräfte Brüssel sie müssen dich malen müssen dich
singen tanzen verhätscheln ausbessern große gemüsegärten
sollen dich grüner machen für jede idiotische äußerung
eines politikers muss ein neuer baum wachsen die stadt
wird ein wald wo deine lungen wachsen können ich
sage dir allez Bruxelles mit deinen permanent über dich
hinweg fliegenden flugzeugen Brüssel wider den strom mit
dem strom Brüssel von jedem paar beine des eiligen des
spaziergängers des flaneurs Brüssel tagge deine träume mit
ganzen strömen es ist für dich dieses lied deine stimme
dein atem deine schritte machen Brüssel zu einem freien
gebiet ich taufe dich freistadt ah non peut-être? stadt der
dichter stadt aufgeweckter gesichter und offener herzen
von passanten die durch die straßen schlendern verschließe
dich nicht das ist nicht gut für deine augen Bruxelles ist
noch immer ein weißes blatt und du beschreibst es dieses
blatt ist für dich Brüssel mon amour

Übersetzung: Isabel Hessel und das Übersetzerkollektiv von Passa Porta