Nicole Martel
Translator
on Lyrikline: 9 poems translated
from: english to: french
Original
Translation
Castle
english | Zoë Skoulding
all defences rise in a few straight lines
all sprung with traps
a curtain tower edging into weather
foundations in rock
the walls run with drops of green
as the sides of a glass
resist the flanking fire the enemy
deflected in mirrors arrow slits
loopholes of light the glint of an eye
sweat on skin trust me
as winter comes through walls of
these foreign stones another
country coming through the cracks
the ramparts wind around
the wind passing on her breath is
safety durability and strength
will laugh a siege to scorn
the oak door booms an entrance
above the shopping mall above the stability
of violence trust me forever
from: Remains of a Future City
Seren Books, 2008
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2009
Château
french
Toutes les lignes de défense montent droit
toutes tendues avec des trappes
une tour protectrice se glisse impérieuse dans le temps
avec des fondations dans le roc
les murs parcourus de lichen vert
comme les parois d’un verre
résistent aux tirs de biais de l’ennemi
détournés vers les miroirs fentes de flèches
meurtrières de lumière l’étincelle dans un oeil
de la sueur sur la peau croyez-moi
alors que l’hiver vient en traversant les murs
de pierres étrangères un autre
pays survient à travers les fissures
les ramparts s’enroulent autour
du vent qui perce son souffle est
‘sécurité, durabilité et force’
le château va se rire d’un siège méprisable
la porte de chêne grince une entrée
au-dessus de la galerie marchande au-dessus de la constante
violence ayez confiance pour toujours
The Building Constructed from its Own Fall
english | Zoë Skoulding
Our feet drag with the effort of
holding it all up. Or is this
weight the way it holds us
down? It begins with an echo,
then a footprint in rubble,
dust gathered into clouds
that churn into a storm
before the ground unsettles,
loose bricks flying up
in the repulsion of forces –
upper storeys rocket
from billows of cement
bound in the blast as walls
heave themselves together,
steel unbuckles, cracks
in the concrete disappear.
Hard to say whether this is
destruction or creation
as the building rises to a tremor,
the shape of itself shifting
into true, the core straight
above its foundation –
a split second of balance
before the fuse lit in a place
that used to be the future.
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2009
L’immeuble bâti dans l’élan même de sa chute
french
Nos pieds traînent tant nous nous forçons
à le tenir érigé. Ou serait-ce
son poids qui nous retient
en bas? Cela commence par un écho,
puis une marque de pas dans les décombres,
des nuages de poussière
tourbillonnent en tempête
avant que le sol ne réagisse,
que des briques branlantes s’envolent
dans le conflit des forces -
les étages supérieurs fusent
des remous de ciment
rassemblés dans l’explosion tandis que des murs
se hissent les uns les autres,
l’acier se courbe, des fissures
dans la construction disparaissent.
Difficile de dire si c’est
de la destruction ou de la création
tandis que l’édifice en vient à trembler,
sa propre forme déplaçant
son aplomb, son coeur directement
au-dessus de ses fondations -
une fraction de seconde d’équilibre
avant que le détonateur ne soit allumé quelque part
là où était l’avenir auparavant.
Underpass
english | Zoë Skoulding
a wave on gut strings
changes phase at each
slam into polished stone
as skaters echo in the
bahnhof air caught
in their bodies as a
gulp on windpipe
slap of board vibrating
in the ear I lose bearings
underground come out
two streets later how far
out of place a question
of the balance between
echoes under stone
white-knuckle saunters
through the streets and
out of the rubble angels
free from gravity
gilt catching the light
the wall down the
movement of internal
displacement fractures
the wall a sentence
crumbling into air
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2009
Passage souterrain
french
une onde sonore sur des cordes de boyau
varie d’un échelon à chaque
choc sur une roche polie
comme les patineurs font écho dans
l’air banhnof enfermé
dans leur corps comme
un serrement bloquant la trachée
un coup sur une planche de bois qui vibre
dans l’oreille je perds mes points de repère
sous terre et je refais surface
deux rues plus loin à quel point
égarée c’est une question
d’équilibre entre
les échos sous la pierre
terrifiantes promenades
dans les rues et
parmi les décombres des anges
libérés de la gravité
une dorure capture la lumière
le mur dans un mouvement
de déclin interne
se fracture
le mur une phrase
s’émiette
The House Where it is Impossible Not to Fall in Love
english | Zoë Skoulding
In the flick of an eye
the room shrinks to a double pulse
and you recognise half of everything
The chairs
too far apart
teeter
Extravagant fables gather in doorways
circulate like draughts with no reference
to the real
which disappears
under the carpet
when your voice at breaking point
rolls over a mouthful of bricks
to fill these crumbling arches that have
opened up all over you
and you should go home now but you never can
from: Remains of a Future City
Seren Books, 2008
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2009
La maison où il est impossible de ne pas tomber amoureux
french
En un clin d’oeil
la pièce se réduit à un double pouls
et tu reconnais la moitié de toute chose
Les chaises
trop éloignées l’une de l’autre
chancèlent
D’extravagantes fables se rassemblent dans les entrées
circulent comme des courants sans référence
au réel qui disparaît
sous le tapis
quand ta voix au point de rupture
roule sur une bouchée de briques
pour emplir ces arches en ruines qui se sont
ouvertes partout sur toi
et tu devrais rentrer à la maison maintenant mais tu ne peux jamais
The New Bridge
english | Zoë Skoulding
as the vein runs
under fragile reconstructions
of what was holding us together
the river made of time and water
I walk beside the swing of your pulse
and your heart pumps
in both directions at once
the lines of the landscape
run through me to somewhere else
sight lines shriek into the present
loyalties tattooed in rose and gold
stop my mouth for
we are water and time
runs through us
the river sings between be-
tween rose and gold the blood
runs between us outlines of fish
in the shadows slipping green
on this side of the river we and on that side they
from: Remains of a Future City
Wales UK: Seren Books, 2008
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2009
Le nouveau pont
french
tandis que la veine court
sous les fragiles reconstructions
de ce qui nous liait
la rivière faite de temps et d’eau
je marche près du rythme de ton pouls
et ton coeur bat
dans les deux sens à la fois
les lignes du paysage
défilent à travers moi vers un ailleurs
les lignes de perspective interpellent dans le présent
leurs loyautés tatouées de rose et d’or
retiennent ma bouche car
nous sommes eau et le temps
nous traverse
la rivière chante entre ses
rives entre le rose et l’or le sang
trace entre nous des profils de poisson
dans les ombres qui passent au vert
de ce côté-ci de la rivière nous
de l’autre côté eux
Astrolaire
english | Zoë Skoulding
I walked in the garden
under planets and streetlights
between streetlight and
flower strung
between elements
between the streets converging
a rose does not know
it is a rose
the city
does not know it is a rose
the city opened
I unfolded myself
through lines of symmetry
the hidden
asterion star flower
punctured the dark
life of
its root skeins stretched over sky
as satellites bloomed around
the world
from: Remains of a Future City
Wales, UK: Seren Books, 2008
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2009
Astrolaire
french
J’ai marché dans le jardin
sous les planètes et les lampadaires
entre les lampadaires et
une fleur tendue
entre des éléments
entre des rues convergentes
une rose ne sait pas
qu’elle est une rose
la ville
ne sait pas qu’elle est une rose
la ville ouverte
je me suis déployée
à travers des lignes de symétrie
l’astérion
cachée fleur étoile
perfora l’obscure
vie de
ses racines en échevaux tendues dans le ciel
comme des satellites qui fleuriraient tout autour
du monde
The Old Walls
english | Zoë Skoulding
The wall is who we are and they are not and
farther in the boundaries collapse in a rush of
security as cells multiply and break through stone
translucent grit cracks the skin open to the elements
we go down through layers and this is history
a low door at the foot of the walls opens into starry
arches articulate as loin bones the slender joints
lithe as a voice disappearing from behind the
words behind the walls where water moves
against deep tones of trees that cloud the air
behind the smell of wet earth the voice leaves
the shape of itself and the footprints of walkers
trace the shell of the city its dead words
we crawled out of our words tender like snails
and the new city grows from the loins of the old
as lichen spreads in acid maps invading and
retreating the city runs along fingers runs along
roads and wires and into fields and the sightlines
run back to the city in wires and the walls
keep nothing out and the nothing beyond as a cloud
of eyes moves through the streets and falls like rain
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2009
Les vieux murs
french
Le mur, c’est ce que nous sommes et ce qu’ils ne sont pas et
plus loin à l’intérieur les frontières s’écroulent dans une rage de
sécurité tandis que des cellules se multiplient et percent à travers
des pierrres des fentes de gravier translucide la peau ouverte aux éléments
nous descendons plusieurs strates et voici l’histoire
une porte basse au pied des murs s’ouvre sur des arches
en formes d’étoiles et elles s’articulent comme les anches les jointures fines
souples comme une voix qui disparaît derrière
les mots derrière les murs là où l’eau coule
devant les tons foncés d’arbres qui assombrissent l’air
derrière l’odeur de terre humide la voix laisse
sa propre trace et les pistes des marcheurs
dessinent l’enceinte de la ville ses mots morts
nous avons rampé hors de nos mots tendres comme des escargots
et la nouvelle cité grandit des entrailles de la vieille cité
comme se répand le lichen dans des cartes acides qui envahissent
puis se retirent la ville court le long des doigts court le long
des routes et des cables et vers des champs et les perspectives
reviennent à la ville par des fils et les murs
ne retiennent rien à l’extérieur et le rien au-delà comme un nuage
d’yeux se déplace dans les rues et pleut comme pluie.
You Will Live in Your Own Cathedral
english | Zoë Skoulding
The cathedral of sand is a storm
trickling through fingers, loose between roots,
or a single grit in the eye.
The cathedral of trees is built of mottled wings
and daubs of light on trunks or the carved
names of lovers surviving love.
The cathedral of letters trembles at the edges
of paper curling and yellowing
under the force of gravity or promises.
The cathedral of words is buttressed
against the pressure of lips falling open
on air caught in a windpipe.
The cathedral of winds whispers
through airwaves, cables or repeated loops
in the pitch glissando of speech.
The cathedral of books is on fire, its tongues
rushing into wind as charred pages
sweep up to settle in the dark, like snow.
The cathedral of glass is misted over
by the scratch of voices wearing it to sand.
from: Remains of a Future City
Wales, UK: Seren Books, 2008
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2009
Tu vivras dans ta propre cathédrale
french
La cathédrale de sable est une tourmente
qui file entre les doigts, libérée entre les racines,
ou un simple grain de poussière dans l’oeil.
La cathédrale des arbres est faite d’ailes mouchetées
et de taches de lumière sur les troncs ou des noms
gravés des amoureux qui ont survécu à l’amour.
La cathédrale des lettres tremble à ses frontières
de papier qui gondole et jaunit
sous la force de la gravité ou de promesses.
La cathédrale des mots s’arc-boute
contre la pression des lèvres qui s’entrouvrent
à l’air prisonnier de la trachée.
La cathédrale des vents murmure
dans les ondes, à travers les cables ou les volutes répétées
dans le ton glissando de la parole.
La cathédrale des livres est en feu, ses langues
courent vers le vent tandis que des pages brûlées
s’envolent pour s’installer dans l’obscurité, comme de la neige.
La cathédrale de verre est embuée
à cause des voix grinçantes
qui l’usent et la retournent au sable.
Building Site
english | Zoë Skoulding
Between the buildings
trees reach down
to languages
of soil and worms,
leaves gloss argots of glass and steel;
woods lie down on floors
to bounce back
every word, every word
you speak
with the long
echo of your footsteps down into the mud.
In simultaneous decay and growth
this maze of streets and squares
puts down its roots,
unsettling the ground
with every new inflection, every
demolition: first the trees, then the wooden
houses, bricks, the broken concrete.
Look,
now you can see in the ruins how
buildings took hold and pushed up
through your bones, rubble, walls of earth,
this tangle of useless pipes.
Audio production: Literaturwerkstatt Berlin 2009
Chantier de construction
french
Entre les immeubles
des arbres se penchent
vers des langages
de sol et de vers de terre,
des feuilles reflètent des argots de verre et d’acier;
des pièces de bois reposent sur des planchers
afin de faire rebondir
chaque mot chaque mot
que vous prononcez
avec le long
écho de vos pas dans la boue.
Dans un mélange simultané de délabrement et de croissance
ce labyrinthe de rues et de squares
plante ses racines
en bouleversant le sol
avec chaque intonation nouvelle, chaque
démolition: d’abord les arbres, puis les maisons
de bois, les briques, le béton cassé.
Regardez,
maitenant vous pouvez voir dans les ruines comment
les immeubles se sont ancrés et ont grandi
à travers vos os, vos décombres, vos parois de terre,
ce fouillis de tuyaux inutiles.